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1714 Guillemette Bellongle

B. L’origine sociale

Comme nous l’avons dit auparavant l’argent demandé pour la dot religieuse est un puissant frein à l’accomplissement de l’appel de Dieu. Seules certaines classes sociales - la noblesse et la bourgeoisie, plus ou moins aisée - étaient, à l’époque, en mesure d’y répondre pour peu qu’elles n’aient pas choisi l’autre « solution traditionnelle537 » pour une fille (le

mariage). Les autres, issues du monde de la boutique, de l’artisanat ou de la paysannerie538, se

frayent un chemin parmi leurs compagnes mieux nanties… mais aux mœurs, sans nul doute, quelque peu différentes539.

536 Cette ouverture sociale, voire cette « préférence pour les milieux populaires, sans exclusive toutefois » s’explique aussi par l’humble quotidien de « ces servantes des pauvres ». BREJON DE LAVERGNEE Matthieu, Histoire des Filles de la Charité, XVIIe-XVIIIe siècle : la rue pour le cloître, [Paris], Fayard, 2011, p. 289.

537 LUX-STERRITT Laurence, « Les religieuses en mouvement. Ursulines françaises et dames anglaises à l’aube du XVIIème siècle », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2005/4 - n°52-4, p. 9. Les jeunes filles n’ont ainsi d’autre possibilité que de suivre le vieil adage, « aut maritus, aut murus », le mari ou le cloître.

Le choix d’entrer dans tel ou tel couvent ne repose pas sur une un seul principe causal, rendant ainsi son explication parfois malaisée pour celui qui cherche à l’expliciter le mieux possible. Mais une idée demeure encore en ce XVIIIème siècle : tout comme dans le cas d’un mariage, « l’entrée en religion […] doit illustrer la famille540 », tout comme le prestige de la

famille doit illustrer celle du couvent, en retour541. Certes, la renommée acquise par certains

ordres au cours des siècles comme les bénédictines (notamment, à Rennes542) ou encore, celle,

plus récente des visitandines ou des carmélites543 (ordres présents, tous les deux, à Vannes),

attire des jeunes filles issues d’illustres familles là où ces ordres sont implantés.

539 Les abrégés n’abordent pas vraiment cette idée de différence sociale. Mais les mots et les tournures de phrases trahissent quelque peu les préjugés inhérents au milieu social dont on est issu. La loi des hommes est loin de la loi de Dieu pourrait-on dire et l’égalité devant l’autel n’existe pas vraiment. Elle est, peut-être, plus subtile, moins insidieuse mais nous n’en savons, malheureusement, rien. Tout au plus pouvons-nous supposer, comme le fait Karine Jégou, dans son mémoire sur le recrutement dans les communautés féminines rennaises, quelques problèmes de cohabitation entre des jeunes filles issues d’environnements sociaux différents. JEGOU Karine, Etude de sociologie religieuse : le recrutement dans les communautés féminines rennaises (17e et 18e siècles), mémoire de maîtrise en histoire, université Rennes 2, 1996, p. 44.

540 BREJON DE LAVERGNEE Matthieu, Histoire des Filles de la Charité, XVIIe-XVIIIe siècle : la rue pour le cloître, [Paris], Fayard, 2011, p. 292.

541 C’est notamment le cas de l’abbaye Saint-Georges de Rennes, édifiée sous l'impulsion du duc Alain III pour y accueillir les moniales bénédictines. Celle-ci, nommée abbaye royale suite au rattachement de la Bretagne à la France n’admit en ses murs que des jeunes filles issues de la meilleure noblesse du pays. JEGOU Karine, Etude de sociologie religieuse : le recrutement dans les communautés féminines rennaises (17e et 18e siècles), mémoire de maîtrise en histoire, université Rennes 2, 1996, p. 94. CHALINE Olivier, « Familles parlementaires, familles dévotes, Rennes au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, N°114-1, 2007, p. 6-7.

Mais il n’en demeure pas moins qu’au sein du couvent de Notre-Dame de Charité de Vannes s’en trouvent aussi, quelques-unes.

Ce point sur l’origine sociale des religieuses du couvent vannetais s’apparente, quelque peu à un voyage dans les subtilités de la langue, reflet des mentalités de l’époque. Les mots sont, en effet, porteurs d’une distinction sociale plus ou moins grande. Ainsi, une jeune fille issue d’une "bonne et ancienne famille" n’est pas une jeune fille issue d’une "honnête famille". Le rang social s’imprime ainsi jusque dans les termes mêmes employés par la rédactrice. L’utilisation d’un ou de plusieurs épithètes comme "honnête", "honorable", "riche", "aisée" associés au nom commun "famille", ajoute, ici et là, une respectabilité plus ou moins grande aux géniteurs. Le rang tout comme le degré de distinction sociale se reflètent ainsi dans le vocabulaire utilisé pour qualifier une défunte. Celle qui manie la plume sait tout cela. Elle sait la portée des mots dont elle fait un usage plus ou moins appuyé, parsemant son récit de détails plus ou élogieux544, voire plus ou moins merveilleux. Quand la noblesse de la

religieuse en question est avérée - d’une famille d’ancienne extraction -, la rédactrice ne peut

543 DINET Dominique, Vocation et fidélité : le recrutement des Réguliers dans les diocèses d’Auxerre, Langres et Dijon (XVIIe-XVIIIe), Paris, Economica, “Histoire” (Economica), n°19, 1988, p. 509. Philippe Jarnoux rappelle cette idée d’entretien mutuel d’une image entre une famille et le couvent qui accueille l’un de ses enfants. JARNOUX Philippe, op. cit., p. 479.

544 C’est tout particulièrement le cas de sœur Marie de Saint-Dominique Richer dont l’abrégé abonde de formules élogieuses à l’égard de la fille « d’un cadet de noblesse de Normandie ». Abrégé de sœur Marie de Saint-Dominique Richer, f° 1290.

la passer sous silence car ce serait faire affront aux « nobles et belles alliances545 » d’une

famille. Nous trouvons ainsi la mention de cette illustre extraction dans vingt abrégés546.

Pour nous, vivant dans une époque où l’honorabilité ne sert plus du tout à classer socialement quelqu’un547, il a été parfois bien difficile de se frayer un chemin parmi ces

"avant-noms" comme les qualifie ainsi Karine Jégou dans son mémoire sur le recrutement des communautés religieuses féminines rennaises548. Toutes ces dénominations sociales ont été,

pour nous, autant de petits cailloux entravant nos recherches sur cette question du recrutement social du couvent vannetais… Elles n’ont pas toujours été des amers destinés à trouver ce que nous souhaitions trouver - des repères sociaux - mais, bien plus, des pierres d’égarement.

545 Abrégé de sœur Marie Anne du Saint-Esprit Le Rebours du Vaumadeuc, f° 615.

546 Il est à noter que parfois, dans les cas où plusieurs jeunes filles issues de la même famille noble sont au couvent, seule l’une d’entre elle porte cette mention d’illustre naissance. C’est le cas des sœurs Le Boudoul du Baudory où seule sœur Marie de Saint-Paul Le Boudoul du Baudory voit celle-ci notée sur le papier: « on y remarqua des lors, un fond de piéte hereditaire a sa famille ainsi que la noblesse ». Abrégé de sœur Marie de Saint-Paul Le Boudoul du Baudory, f° 1088.

547 Chaque époque a son propre vocabulaire pour assigner une place à quelqu’un. La distinction sociale contemporaine - la hiérarchie - s’apparente souvent à un subtil mélange de plusieurs facteurs qui, associés entre eux, donnent une assise sociale certaine (facteur social, économique, culturel…).

548 JEGOU Karine, Etude de sociologie religieuse : le recrutement dans les communautés féminines rennaises (17e et 18e siècles), mémoire de maîtrise en histoire, université Rennes 2, 1996, p. 41.

Afin de démêler, au mieux, les fils de ces filiations et de tenter de dresser le portrait social - et donc, qualitatif - de cette communauté vannetaise549, nous avons utilisé plusieurs

sources s’intéressant à la noblesse et aux filiations bretonnes :

■ Le Nobiliaire et armorial de Bretagne de Pol Potier de Courcy550,

■ Le Recueil des filiations bretonnes de Henri Frotier de la Messelière551

■ Le Répertoire général de bio-bibliographie bretonne de René Kerviler552.

Ces sources nous ont permis, en complément des annotations biographiques découvertes dans le livre du chapitre et le livre des vœux553, de trouver la trace de quelques grandes 549 Une communauté se partageant entre noblesse et roture.

550 POTIER DE COURCY Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, 4ème éd, [Rennes] : [J. Plihon et L. Hervé], 1890 ; Mayenne, J. Floch, 1970, 3 vol., XXXVI-515-[122] p.-[3] f. 562-[54] p.-[7].

551 FROTIER DE LA MESSELIERE, Recueil des filiations bretonnes directes des représentants des familles nobles, de bourgeoisie armoriée ou le plus fréquemment alliées à la noblesse d’origine bretonnes, ou résidant actuellement en Bretagne depuis leur plus ancien auteur vivant en 1650, Mayenne, J. Floch, 1976, 5 vol., VII- 708 p., 712 p., 716 p., 711 p., 925 p.

552 KERVILER René, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, Mayenne, J. Floch, 1976, 8 vol., VIII- 417-446 p., 402-477 p., 477-479 p., 490-510 p., 477-478 p., 482-479 p., 480-478 p., 481-479 p.

553 La mention du rang occupé par la religieuse au sein du couvent vannetais a certes, pu renforcer quelque peu notre analyse sociale mais, simplement à la marge, si l’on peut dire. C’est le cas de sœur Marie de la Nativité Olivier qui, en raison de son statut de converse n’appartient pas à la noblesse mais à la roture. Par ailleurs, la brièveté de sa vie - 526 mots -, tout comme sa sobriété de sa vie viennent confirmer ce classement parmi les roturières.

familles locales ayant placé certaines de leurs filles au couvent (comme les Le Gouvello de Keriaval554, les du Bouëtiez de Kerorguen ou encore, les Cramezel de Kerhué555). Toutefois,

nous sommes parfois restée dans l’incertitude pour certaines de ces défuntes, les "condamnant" au silence de l’histoire, longtemps "cruel privilège" du sexe dit faible556.

Notre corpus de travail, pour ce point sur les origines sociales des religieuses, a ainsi été constitué à partir des:

 140 abrégés présent dans le livre du couvent de Notre-Dame de Charité de Vannes dont un, incomplet (celui de sœur Marie de l’Enfant-Jésus Feger557),

554 Sœur Marie de Sainte-Cécile Le Gouvello de Keriaval, Sœur Marie de Sainte-Claire Le Gouvello de Keriaval.

555 Des trois filles entrées au couvent de Vannes en 1749, nous ne possédons l’abrégé que de l’une d’entre elles, sœur Marie de Sainte-Hélène Cramezel de Kerhué.

 5 abrégés dont deux, incomplets558, découverts aux Archives départementales des

Côtes d’Armor (ADCA H 467).

Nous disposons ainsi, au total, de 145 abrégés de religieuses559. Toutefois, pour

certaines d’entre elles, l’origine sociale n’a pas pu être solidement établie en raison du peu de détails fournis par la rédactrice560 et du peu d’informations trouvées sur ces celles-ci au cours

de nos recherches.

1. Noblesse et roture au couvent ou l’alliance de la distinction et de l’honnêteté sociale : Le couvent de Notre-Dame de Charité de Vannes ne déroge pas à la règle - implicite - suivante : au rang social occupé par la postulante dans le monde répond, en retour, un rang

558 L’abrégé incomplet est celui de sœur Marie de Sainte-Monique Berrigaut, décédée au couvent de Vannes le 22 juillet 1772.

559 Nous avons pris le parti de nous intéresser uniquement aux religieuses possédant un abrégé. Ainsi nous n’inclurons pas, dans ce point, celles qui, par la présence d’une sœur au couvent et possédant une biographie, pourraient être inclues dans notre base de travail (c’est le cas, notamment de sœur Marie de Sainte-Elisabeth de Cramezel de Kerhué, d’origine noble, entrée au couvent avec ses deux sœurs, sœurs dont ne possédons pas l’abrégé).

conventuel dans ce lieu situé en retrait du monde561. Ainsi, appartenir au second ordre de la

société de l’époque - la noblesse -, c’est être destiné à devenir sœur de chœur (voire, supérieure si la distinction est grande562). En conséquence, à Vannes, aucune jeune fille

d’origine noble n’a revêtu l’habit de sœur converse. Le rang social tout comme la culture acquise au sein du milieu familial ne les prédisposaient pas à cette place subalterne au sein d’un couvent. Elles étaient destinées à chanter au chœur.

Cette idée de hiérarchie par l’argent et par l’habitus culturel n’est nullement remise en cause par celles qui en sont les victimes involontaires. La société française du XVIIIème siècle est, en effet, une société d’ordres, de « divisions et [de] subdivisions multipliées563 »,

créant un ordre général, dans lequel « il y a une bonne harmonie564 ». Même si, dans

l’Evangile de Marc, Jésus dit « qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le

561 « Les origines familiales et sociales des religieuses demeuraient l’un des éléments importants de leur identité, même après de longues années dans le cloître », POUTRIN Isabelle, « Les religieuses espagnoles au siècle d’or :

Entre dépendance sociale et autonomie spirituelle », Les Cahiers du Centre de recherche historique, n°40, 2007, p. 4.

562

563 LOYSEAU Charles, Traité des ordres et simples dignités, Châteaudun, l’Abel Angelier, 1610, p. 1.

Royaume de Dieu565 », dans la réalité du XVIIIème, force est de constater que ce principe est

quelque peu mis à mal…. Le couvent qui est, en quelque sorte, la préfiguration du Royaume de Dieu, rend la vie plus difficile566 à celles à qui une généreuse naissance fait défaut.

■ La noblesse au couvent ou le chemin le plus sûr pour devenir soeur de choeur Si les représentantes du "sang bleu" ne sont pas majoritaires dans ce couvent567, il n’en

demeure pas moins qu’elles y ont une certaine importance : 69 jeunes filles d’origine noble sur les 144 religieuses étudiées (47,91%).

565 Mc, 10 : 23.

566 Les tâches, en effet, ne sont pas les mêmes entre les sœurs de chœur et les sœurs converses, ces dernières s’occupant des travaux quotidiens (ménage, cuisine…), tout en étant soumises aux ordres de la sœur supérieure et des sœurs de chœur.

567 Tout du moins pas majoritaires parmi les religieuses dont nous possédons les abrégés… ce qui laisse, tout de même de côté, 109 religieuses sans généalogie dûment établie (en dehors du cas des sœurs de Cramezel de Kerhué, évoqué ci-dessus) et donc, près de 57% (56,91%) de taux d’élucidation en matière d’origine sociale des postulantes à l’ordre de Dieu.

Origine sociale des religieuses de Notre-Dame de Charité de Vannes La noblesse est un mot qui recouvre des situations bien différentes :

« Certes, un même statut juridique, la conscience d’appartenir à un même ordre, parfois les mêmes préjugés, tout ceci fait que l’on a pu parler d’égalité de toute noblesse. En fait, la disparité entre la naissance, les fortunes, les talents, les charges, les carrières et les emplois n’est nulle part aussi grande qu’au sein du second ordre et la « noble familiarité » décrite par Sébastien Mercier et unissant toutes les catégories de noblesse semble bien difficile à étendre à l’ensemble de l’ordre568 ».

A Vannes, cette même disparité sociale parmi le second ordre est notable. L’ancienneté, les charges et les alliances matrimoniales dessinent ainsi un paysage nobiliaire quelque peu contrasté, où la richesse n’est pas toujours existante.

 La noblesse en héritage :

Dans le couvent de Vannes, quelques religieuses peuvent se revendiquer d’un grand nom et d’une ancienne extraction, « premier critère de différenciation. Car c’est ce qui compte en premier lieu, c’est le plan du paraître, c’est d’être bien né et de pouvoir faire la preuve de nombreux quartiers569 » :

568 BECHU Philippe, « Noblesse d'épée et tradition militaire au XVIIIème siècle », Histoire, économie et société, 1983, n°4. p. 507.

 Sœur Marie de la Sainte-Trinité Le Rebours du Vaumadeuc570, dont la vie mentionne

la « noblesse de son extraction et les alliances de la sa maison avec les plus illustres de la province571 »,

 Sœur Marie de la Saint-Charles Le Rebours du Vaumadeuc, dans l’abrégé de laquelle nous trouvons la citation suivante : « nous ne toucherons qu’en passant, ce qui regarde la grandeur de son extraction572 »,

 Soeur Marie du Cœur de Jésus de Combles, jeune fille « de noble d’extraction et [dont les parents] faisoient dans cette ville une tres belle figure573 »,

570 Cette famille d’ancienne extraction, a été confirmée dans son rang lors de la réformation de 1669. Elle fut propriétaire du manoir du Vaumadeuc, acheté en 1685. Ce dernier, situé aujourd’hui sur la commune de Pléven dans les Côtes d’Armor est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 4 février 1926.

571 Abrégé de Marie de la Sainte-Trinité Le Rebours du Vaumadeuc, f° 143.

572 Abrégé de Marie de la Saint-Charles Le Rebours du Vaumadeuc, f° 432. La mention de cette illustre extraction est absente dans les abrégés des deux autres soeurs Le Rebours du Vaumadeuc (sœur Marie de l’Annonciation Le Rebours du Vaumadeuc et sœur Marie du Saint-Esprit Le Rebours du Vaumadeuc).

573 Abrégé de sœur Marie du Cœur de Jésus de Combles, f° 817. Cette mention de l’extraction familiale n’est pas réitérée dans les abrégés de ses deux sœurs (sœur Marie de la Passion de Combles et sœur Marie du Saint- Sacrement de Combles).

 Soeur Marie de Saint-Louis Gouro de Pommery, religieuse « qui se plaisoit a s’humilier ainsy et ne parloit jamais de la noblesse de son extraction, quoi que monsieur son pere fut d’une des plus anciennes maisons de Bretagne574 »,

 Soeur Marie de l’Enfant-Jésus Le Rebours du Vaumadeuc, où il est dit : « Nous nous ne arresterons point icy à retracer l’ancienneté de la noblesse de son extraction et ses belles alliances, outre que le point n’est pas ce qui nous distingue aux yeux de Dieu, ny même à ceux des gens sensées, sur tout dans l’etat religieux575 »

A ces postulantes bien nées, il est possible d’en ajouter trois autres, issues d’illustres maisons. Mais ce sont les seuls cas de nobles titrés ayant mis leur fille au couvent de Vannes :

 Soeur Marie Anne de la Trinité du Plessis de Rosmadec576, fille de Bonne d’Espinosse

et de Sébastien de Rosmadec, marquis du Plessis-Josso, dont la rédactrice souligne la « noblesse de ses ancêtres577 »,

574 Abrégé de sœur Marie de Saint-Louis Gouro de Pommery, f° 919.

575 Abrégé de sœur Marie l’Enfant-Jésus Le Rebours du Vaumadeuc, f° 986. Cette religieuse est la nièce des sœurs Le Rebours du Vaumadeuc mentionnées ci-dessus.

576 Elle est, par son père, la petite-fille de la marquise de Rosmadec, une des fondatrices du couvent vannetais. Abrégé de sœur Marie de Sainte-Cécile Le Gouvello de Keriaval, f° 533.

 Sœur Marie de Jésus-Crucifié de Goulaine, fille de Louis Samuel de Goulaine et Jeanne-Geneviève de Rosmadec, héritière du marquisat de Goulaine578, « [famille] alliez à

tout ce que la France a de plus noble et de plus brillant579 »,

 Sœur Marie de Sainte-Elisabeth du Guesclin, fille de Bertrand-Charles du Guesclin580,

seigneur de la roberie, gendarme du Roi sous le prince de Soubise et de Renée Gouret, dame de Cranhac581. Pour cette religieuse, la rédactrice s’immisce personnellement dans le récit :

« je ne marreteray point icy a relever celle de notre chere deffunte puis qu’il suffit pour en

577 Abrégé de sœur Marie Anne de la Trinité de Rosmadec. ADM, 69 H 30, Petit Couvent de Vannes, Livre du couvent, f°795.

578 POTIER DE COURCY Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, II, 4ème éd, [Rennes] : [J. Plihon et L. Hervé], 1890 ; Mayenne, J. Floch, 1970, p. 551.

579 Abrégé de sœur Marie de Jésus Crucifié de Goulaine. ADM, 69 H 30, Petit Couvent de Vannes, Livre du couvent, f°1276. En 1655, la branche aînée des de Goulaine sera fondue dans celle des de Rosmadec.

580 Ses trois nièces, Judith, Julie et Charlotte entrèrent, elle, à Saint-Yves à Rennes. JEGOU Karine, Etude de sociologie religieuse : le recrutement dans les communautés féminines rennaises (17e et 18e siècles), mémoire de maîtrise en histoire, université Rennes 2, 1996, p. 104.

581 Fille aînée de César Gouret, chevalier, seigneur de Cranhac, la Motte, Bignon, Limur, Boassel, Villeneuve, du Plessis et de Saint-Dolay, et de Marie-Anne Guichardy de Martigné. Ses trois cousines, Françoise-Judith, Charlotte et Julienne seront elles, religieuses hospitalières au couvent Saint-Yves de Rennes. JEGOU Karine, op. cit., p. 104.

connoitre l’eclat qu’elle estoit de l’illustre maison de Bertrand du Guesclin, renomé dans l’histoire par ses beaux exploits582 ».

En dehors de ces religieuses où la qualité et la condition sont soulignées par la rédactrice, la noblesse se fait plus "discrète". Certes, les éloges s’invitent toujours sous la