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L’orientation motivationnelle en fonction du nombre de sessions complétées

CHAPITRE 4 – DISCUSSION

4.1. Interprétation des résultats

4.1.3. L’orientation motivationnelle en fonction du nombre de sessions complétées

Les résultats d’analyse révèlent que le nombre de sessions complétées dans le programme de formation ne semble pas influencer l’orientation motivationnelle des étudiants sondés. L’orientation vers la tâche (1 session = 4.67, 3 sessions = 4.45, 5 sessions = 4.52, 7 sessions = 4.61) et l’orientation vers l’ego (1 session = 3.31, 3 sessions = 3.41, 5 sessions = 3.57, 7 sessions = 3.22) sont comparables pour chacune des sessions et ne diffèrent pas significativement, exception faite de l’orientation vers la tâche entre les participants ayant complété 1 session et ceux ayant complété 3 sessions (cf. Tableaux 3.2, 3.4 et 3.6). En effet, on peut remarquer que l’orientation vers la tâche diffère de manière statistiquement significative entre ces deux sessions (cf. Tableau 3.6). Les étudiants sondés ayant complété 1 session (4.67) ont un niveau d’orientation vers la tâche plus élevé que ceux ayant complété 3 sessions (4.45). Notons toutefois que cet écart, bien que statistiquement significatif, est relativement faible et que ces deux résultats représentent des orientations vers la tâche somme toute très élevées.

Cette différence significative de l’orientation vers la tâche nous est difficilement explicable1. Du côté de la

formation, rien ne peut expliquer manifestement cet écart, puisque les cours de première année du Baccalauréat en intervention sportive (BIS) et du Baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé (BEÉPS) sont généralement de nature semblable que les cours de deuxième année de ces mêmes programmes. Ensuite, nous serions peut-être tentés d’observer le genre des étudiants ayant complété 1 session et 3 sessions pour expliquer cette différence, mais le faire serait d’oublier que l’orientation vers la tâche ne diffère pas en fonction du genre, ceci étant le propre de l’orientation vers l’ego uniquement. Du coup, cette explication n’est pas plausible. De plus, il faut souligner qu’une distinction significative a été retrouvée entre les étudiants ayant complété 1 session et 3 sessions, mais pas entre les étudiants ayant complété 3 sessions et 5 sessions, ou entre les étudiants ayant complété 1 session et 5 sessions, ce qui laisse perplexe. Cependant, il semble possible d’expliquer cette différence par les participants eux-mêmes. En fait, puisque ce ne sont pas les mêmes étudiants que nous avons interrogés au fil des ans, mais plutôt des cohortes constituées d’étudiants différents, il est possible que les cohortes aient, à l’origine, des orientations vers la tâche plus ou moins élevées que les autres cohortes. Au final, aucune autre explication de cette différence de l’orientation vers la tâche ne nous semble probable. Il nous tient toutefois de rappeler que bien qu’elle soit statistiquement significative, dans les circonstances, elle ne semble guère signifiante. En effet, nous disent Fortin et Gagnon (2016), il arrive parfois que « [d]es résultats significatifs ne sont pas nécessairement d’un grand intérêt » (p. 449) pour la recherche et la pratique. Tel nous semble être le cas ici. Ce faisant, il sera considéré dans le reste de cet exposé que, pris

1 Il tient de rappeler au lectorat que le principal chercheur de cette étude est assez familier avec les programmes de formation initiale à

l’intervention en ÉPS du DÉPUL de par ses fonctions parallèles comme enseignant au sein de ces mêmes programmes. Par conséquent, l’interprétation des résultats est effectuée, en partie, à partir de connaissances résultantes de cette fonction.

globalement et après considération, le nombre de sessions complétées n’influence pas l’orientation motivationnelle.

Maintenant, comment expliquer que le nombre de sessions complétées dans les programmes de formation initiale à l’intervention en ÉPS du DÉPUL ne semble avoir aucune influence sur l’orientation motivationnelle des étudiants sondés ? Plusieurs hypothèses peuvent être postulées. Tout d’abord, nous devons considérer la possibilité qu’un programme de formation initiale ne puisse pas, de par ses diverses activités de formation, influencer l’orientation motivationnelle des étudiants. Il se peut que l’orientation motivationnelle se soit déjà « cristallisée » avant même qu’ils intègrent leur formation universitaire et qu’il soit impossible de l’influencer. Cependant, cette explication nous semble peu vraisemblable, puisqu’en fait, il est assez probable qu’un environnement social de formation universitaire puisse, à long terme, influencer l’orientation motivationnelle des étudiants. En effet, on peut concevoir le lieu de formation universitaire comme un contexte d’accomplissement où réside un climat motivationnel, c’est-à-dire un endroit où l’on retrouve plusieurs références implicites et explicites aux différents critères d’accomplissement des buts reliés à la tâche et à l’ego. Ces références susceptibles d’influencer l’orientation motivationnelle se retrouvent à l’intérieur des cours pratiques et théoriques et des stages, dans les différentes lectures proposées, lors des discussions avec les professeurs et chargés de cours, etc. Par ailleurs, les résultats de l’étude longitudinale de Fryer et Elliot (2007) sur la stabilité et le changement de l’orientation motivationnelle d’étudiants universitaires en psychologie durant une session universitaire montrent que l’orientation motivationnelle peut changer. En définitive, tout porte à croire que les programmes de formation ont le potentiel d’influencer l’orientation motivationnelle des étudiants, ce qui nous amène à écarter cette première hypothèse.

Ensuite, nous pouvons tenter d’expliquer ces résultats à propos de l’invariabilité de l’orientation motivationnelle par l’hypothèse qu’il soit difficile d’augmenter une orientation motivationnelle chez un individu au-delà d’un certain niveau. Dans le cas présent, cette hypothèse est tout à fait légitime lorsque l’on observe les résultats très élevés relatifs à l’orientation vers la tâche (femmes = 4.62, hommes = 4.53 ; BIS = 4.58, BEÉPS = 4.56 ; 1 session = 4.67, 3 sessions = 4.45, 5 sessions = 4.52, 7 sessions = 4.61 ; pour une moyenne globale chez l’ensemble des étudiants de 4.57). En effet, comment rendre une personne déjà hautement orientée vers la tâche encore plus orientée vers la tâche ? Il semble peu probable que cela puisse être possible. En contrepartie, si cette hypothèse s’applique bien pour l’orientation vers la tâche, elle ne peut toutefois s’étendre à l’orientation vers l’ego. En effet, les résultats associés à l’orientation vers l’ego sont plus modérés que ceux obtenus pour l’orientation vers la tâche (femmes = 3.24, hommes = 3.48 ; BIS = 3.37, BEÉPS = 3.39 ; 1 session = 3.31, 3 sessions = 3.41, 5 sessions = 3.57, 7 sessions = 3.22 ; pour une moyenne globale chez l’ensemble des étudiants de 3.38). Tout porte à croire qu’un niveau d’orientation motivationnelle situé entre 3 et 4 peut être augmenté (ou diminué) par une formation de plusieurs années. Au final, il est possible que cette hypothèse puisse

raisonnablement expliquer le fait que le nombre de sessions complétées ne semble pas augmenter l’orientation vers la tâche. Toutefois, elle ne peut expliquer pourquoi le nombre de sessions complétées ne semble pas avoir d’effet sur l’orientation vers l’ego, car, rappelons-le, aucun lien statistiquement significatif n’a été observé entre l’orientation vers l’ego et le nombre de sessions complétées.

Finalement, une dernière hypothèse possible de la stabilité des résultats est que les programmes de formation n’influencent pas, ou pas suffisamment, l’orientation motivationnelle des étudiants sondés entre la fin de la première session et la fin de la septième session d’étude. Cela pourrait être dû à l’absence d’une telle visée chez les programmes de formation ou bien à la présence de cette visée qui, néanmoins, ne se réalise pas effectivement. Concernant cette dernière possibilité, le climat motivationnel instauré dans les programmes de formation pourrait ne pas être suffisamment présent, signifiant, cohérent ou explicite pour influencer l’orientation motivationnelle des étudiants sondés. À cette explication, il importe toutefois de préciser que nous ne connaissons pas l’orientation motivationnelle des étudiants nouvellement inscrits et n’ayant complété aucune session dans leur programme de formation. Ainsi, nous ne pouvons pas comparer les étudiants qui n’ont pas encore entrepris leur formation à ceux qui ont complété 1 session. Il est donc possible que les programmes de formation influencent significativement l’orientation motivationnelle des étudiants à leur première session universitaire uniquement. Nous reviendrons sur ce point dans la prochaine section sur les limites de l’étude.

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