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Chapitre 4 : Discussion

3 Exercice de Projection :

3.2 L’offre de soins :

L’offre de soins est communément définie par la densité de chirurgiens-dentistes, pour 100 000 habitants. La densité moyenne en France au 1er janvier 2013 était de 63 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants (Sicart, 2013). Cette densité n’est pas uniformément répartie sur le territoire, les régions du Sud de la France étant plutôt sur-dotées et celle du Nord sous-dotées, sauf l’Alsace, l’Ile de France et la Bretagne (figure 1.3). L’étude de l’implantation des chirurgiens-dentistes à l’échelle des bassins de vie met en évidence une implantation principalement urbaine et périurbaine (Barlet et Collin, 2007) (figure 1.5). Malgré un maillage territorial inégal, l’accessibilité géographique est largement acceptable avec un indice de concentration spatiale (indice de Gini) très proche des supermarchés. Ce qui signifie que la répartition des chirurgiens-dentistes sur le territoire français est aussi bonne que celle des supermarchés sur ce même territoire. Considérant la nécessité moins quotidienne du recours aux chirurgiens-dentistes, qu’aux supermarchés, il peut être admis que la profession présente actuellement un bon maillage territorial.

3.2.2 Projection de l’offre de soins :

En considérant toujours la densité de chirurgiens-dentistes par habitant comme la référence de l’offre de soins, celle-ci est fonction de l’installation des jeunes chirurgiens-dentistes, du départ à la retraite des plus anciens, ainsi que du nombre d’habitants sur le territoire concerné.

Nous avons pu mettre en avant que toutes les régions actuellement sous dotées en chirurgiens- dentistes, hormis le Nord-Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne, présentent une population vieillissante de chirurgiens-dentistes et sont les régions les moins attractives pour les nouveaux diplômés (figure 1.10). Il est donc fort probable que les inégalités territoriales en termes de densité de chirurgiens-dentistes soient amenées à s’accroître.

En regardant les projections d’évolution de la population des régions à l’horizon 2030 (figure 2.4), nous pouvons constater que les régions sur-dotées présenteront un taux de croissance de la

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population bien plus marqué que les régions sous-dotées, ce qui irait dans le sens d’une réduction des inégalités de densités.

L’offre de soins ne peut, dans les faits, se résumer à la densité, car tous les chirurgiens-dentistes ne travaillent pas autant. En effet, l’étude des revenus des chirurgiens-dentistes (Bellamy, 2013) permet de mettre en avant de grandes disparités en termes de revenus (tableau 1.3). Ainsi les femmes ont un revenu médian moitié moins élevé que les hommes, ceci étant dû pour partie à un montant moins élevé d’honoraires sans dépassement ce qui traduit une plus faible activité. En 2003 déjà, la mission odontologie (Bois et al., 2003) évoquait le fait que « beaucoup de femmes, pour des raisons familiales le plus souvent, travaillent à temps partiel et pour certaines ne travaillent pas du tout. ». Étant donné le taux de féminisation grandissant de la profession, nous ne pouvons exclure qu’il faille dans ces conditions, une densité plus importante de chirurgiens-dentistes pour la même offre de soins dans les décennies à venir.

D’autre part, la mission odontologie (Bois et al., 2003) évoquait dans son rapport une évolution sociétale où « les plus jeunes chirurgiens-dentistes, très attachés à la qualité de la vie, ne veulent travailler que 32 heures environ par semaine » alors que leurs aînés travaillaient plus de 40 heures par semaine. Ainsi le rapport conclut que dans ces conditions, « il ne faut pas considérer qu’un jeune chirurgien-dentiste remplacera un ancien chirurgien-dentiste ». L’analyse des revenus des chirurgiens- dentistes (Tableau 1.3) semble confirmer partiellement cette hypothèse, car certes les chirurgiens- dentistes de moins de quarante ans ont un revenu plus faible que leurs aînés, mais celui des quarantenaires est plus élevé que celui des cinquantenaires et des soixantenaires. Il n’est pas à exclure que ce phénomène soit davantage lié aux années d’expérience en libéral, ainsi qu’à l’augmentation de la part des honoraires avec dépassement. Ainsi pour affirmer que cette différence de revenu provient d’une différence de volume d’activité il faudrait comparer les honoraires sans dépassement encaissés par chaque catégorie d’âge.

Du fait de la féminisation de la profession et de l’évolution sociétale, il semble plus raisonnable de considérer qu’il faut une augmentation de la densité des chirurgiens-dentistes pour assurer la même offre de soins qu’aujourd’hui.

L’offre de soins, dans le secteur odontologique, est jusqu’à présent en France dispensée quasi exclusivement par des chirurgiens-dentistes. Bien qu’étant les seuls exécutant des soins dentaires, il est primordial de considérer le rôle de l’assistant (e) dentaire dans l’offre de soins. Par la délégation de tâches que le chirurgien-dentiste peut lui faire, celui-ci se décharge d’un certain nombre de ses activités péri-soignantes, lui permettant par là même d’augmenter son temps au fauteuil. Le rapport de l’observatoire des métiers des professions libérales sur les cabinets dentaires (OMPL, 2012) évoque un taux de croissance du nombre de cabinets employeurs de 0.5 % par an (2 % entre 2006 et 2010) et une hausse du ratio employé/employeur de 1,82 en 1998 à 2,12 en 2008. Ainsi cette hausse de l’emploi augmente très probablement la productivité horaire des chirurgiens-dentistes employeurs en termes de soins. D’autre part, la profession d’assistant(e) dentaire devait être inscrite dans le code de la santé publique en 2011 grâce à la loi Fourcade mais cette proposition a été censurée par le conseil constitutionnel. Depuis la situation n’a pas évolué mais il n’est pas à exclure que cette profession voit

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un jour ses prérogatives s’étendre comme c’est le cas dans des pays anglo-saxons ou il existe un statut d’hygiéniste dentaire autonome. Ainsi les hygiénistes dentaires détiennent dans ces pays une part de l’offre de soins principalement pour l’hygiène et la prévention.

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