• Aucun résultat trouvé

L A MÉTROPOLISATION : DÉFINITIONS ET ENJEUX

Dans le document RECHERCHE 7 : POLITIQUE DE LA VILLE – (Page 10-13)

Volet 3 : Benchmark et recommandations

1.4 L A MÉTROPOLISATION : DÉFINITIONS ET ENJEUX

Il est souvent considéré que les villes wallonnes ne participent pas suffisamment à la dynamique de métropolisation (Bianchet B., Godart M.F. et Hanin Y., 2016), vu, notamment, un déficit d’attractivité. Toutefois, au préalable, il parait indispensable de préciser le concept.

Le terme de métropolisation est largement usité, tant dans la littérature scientifique qui traite d’économie spatiale que dans la presse. « Ainsi l’économiste, partant du degré de mondialisation des économies territoriales, va plutôt chercher à mettre en évidence les processus de création de valeur en mettant en avant l’intensité des interactions de toutes sortes générées par l’espace urbain et les échanges. Le sociologue, lui, s’intéressera davantage aux mécanismes sociétaux et regardera les dynamiques de concentration des fonctions supérieures, des classes créatives ou dirigeantes, de leur mise en réseaux et les effets que cela peut avoir en termes d’organisations sociales. Quant au géographe ou à l’urbaniste, ils s’intéresseront plutôt aux effets spatiaux des mutations socio-économiques en mettant l’accent sur la morphologie, la dilatation des espaces urbains et la montée en puissance de rapports d’interdépendance plus ou moins discontinus entre les territoires. » (Béhar, 2010, cité dans CERTU, 2013, p. 23).

Cette dynamique, notamment liée au développement des technologies de l’information et de la communication, est analysée dès la fin du siècle dernier et se révèle effectivement structurante. « La métropolisation apparaît comme une « étape » ou une « phase » dans un processus d’urbanisation supra-historique, et la métapole comme une forme urbaine co-structurée par l’usage de nouvelles techniques de communication de conservation et de déplacement des biens, des personnes et des informations. » (Ascher, 1995).

À cette dynamique est évidemment associée la question des réseaux, qu’ils soient réels ou virtuels. « La métropolisation n’est pas un phénomène spatial caractéristique, mais un processus socio-économique qui fait que les villes s’insèrent dans un mouvement de globalisation de l’économie et des modes de vie concomitamment. Cela ne signifie pas que la métropolisation ne se transcrit pas dans des formes spatiales, mais cela n’en est pas le ressort premier. La métropolisation recouvre les phénomènes qui font que des espaces, des

« systèmes urbains » […] entrent dans le concert de l’économie mondiale. » (CERTU, 2013, p. 5).

5 Cette note a été rédigée avec l’aide de Christophe Breuer, assistant doctorant au service de Géographie économique de l’ULiège.

Et bien évidemment cela n’est pas sans incidence sur l’organisation du système urbain :

« La métropolisation n’est pas […] la simple consolidation de la puissance d’une agglomération qui irait s’accroissant. Elle se traduit aussi par une certaine

« polyterritorialisation » du développement au sens où elle se compose et recompose des systèmes de liens et d’interdépendances entre territoires. » (CERTU, 2013, p. 25). « À l’échelle des phénomènes urbains qui tendent à se régionaliser du fait de leur consommation croissante d’espace (régions métropolitaines), la métropolisation ne se confond pas avec l’urbanisation stricto sensu, pas plus qu’elle ne s’identifie totalement avec la globalisation (Scott, 2000) ». Comme l’observe David Mangin (2009), « ce qui différencie en premier lieu une métropole d’une agglomération ordinaire, c’est un réseau supplémentaire d’infrastructures permettant des liaisons intercontinentales (hub aériens, ferroviaires, routiers) ».

Quelques enjeux

La métropolisation est consubstantielle aux dynamiques économiques et à leur globalisation.

Il s’agit dès lors de comprendre de quelle manière la globalisation, dont l’essence est la réorganisation de la production des biens et des services (segmentation, dispersion, concentration), impacte le territoire et inversement. « L’une des questions centrales relève de l’aptitude de ces systèmes locaux à s’insérer dans des réseaux interrégionaux, européens et mondiaux par la performance et le rayonnement de leurs fonctions. Ce qui va impacter sur un degré plus ou moins grand, plus ou moins achevé de métropolisation. » (CERTU, 2013, p. 22).

La métropolisation interroge la capacité des territoires à nouer des liens et à se connecter sur les différents réseaux d’échanges matériels et immatériels (voir CERTU, 2013, p. 7). Au niveau local, le territoire urbain se déstructure et se restructure sous cette dynamique de métropolisation et de connexion à des réseaux mondialisés (CERTU, 2013, p. 8). Cela se traduit notamment par une érosion du modèle urbain avec un centre où se concentrait l’emploi, et une périphérie résidentielle.

La métropolisation s’accompagne d’un processus de recomposition politique et de gouvernance dont l’un des enjeux est de ne pas opposer les centres urbains aux espaces périphériques, alors que la tendance est le renforcement des profils sociologiques et économiques (Hoffmann-Martinot et Sellers, 2007).

La métropolisation peut avoir une incidence sur la périurbanisation (CERTU, 2013, p. 9), au travers des infrastructures de communication, du coût du foncier et des modes de production de l’habitat. Les espaces périurbains et suburbains apparaissent comme un enjeu majeur, car ils constituent des lieux de déploiement d’équipements impossibles à développer en milieu urbain. « Ces espaces périphériques contribuent à la construction de valeur pour leurs centres urbains : la qualité de l’environnement aux alentours, la qualité de l’accueil et des espaces de loisirs, l’offre d’un habitat individuel de qualité pour les cadres, l’attrait des paysages participent de la valorisation des métropoles » (CERTU, 2013, p. 37).

Et toujours selon le CERTU (2013, p. 41), « il ne peut y avoir de développement économique ou de politique d’aménagement de l’espace sans grands projets. Ceux-ci, en sus qu’ils contribuent à équiper et à façonner le territoire, jouent un rôle essentiel dans le positionnement et dans la fabrication de l’image ».

Enfin, la métropolisation présente également des impacts en matière de cohésion sociale :

« La métropolisation se traduisant par la polarisation de l’espace explique également la concentration spatiale de la pauvreté dans certains îlots ainsi que l’émergence de sérieuses disparités entre les multiples municipalités suburbaines » (Ghorra-Gobin, 2010, p. 30).

2. VOLET 1 : ANALYSE DE LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE DES

Dans le document RECHERCHE 7 : POLITIQUE DE LA VILLE – (Page 10-13)