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de l’inflation dans l’UEMOA

1.3.3 L’interprétation des résultats

On présente d’abord les résultats avant de les interpréter. Ils montrent que les valeurs de la statistique de Fisher (entre 9,89 et 36,73), étant élevées avec des pro-babilités nulles (Prob.(statistique de Fisher) = 0,000), indiquent que la régression présente une significativité globale satisfaisante. Avec des probabilités supérieures à 5%, les tests de Sargan révèlent que les variables instrumentales sont valides et les tests d’Arellano et Bond indiquent une absence d’autocorrélation de second ordre. Le caractère dynamique de la régression est confirmé par la significativité des coefficients de la variable retardée. Les variables ont le signe attendu et sont significatives à l’exception du taux de croissance du PIB réel et du gap de pro-duction. Les vitesses d’ajustement, représentées par les coefficients de la valeur retardée, impliquent une persistance de l’inflation dans les pays de l’UEMOA.

Les résultats permettent de dégager les constats suivants :

– le taux de croissance de la masse monétaire dans le pays de l’UEMOA a une influence positive et significative sur l’inflation. En effet, une augmentation de 10% de la quantité de monnaie à la disposition des agents économiques de l’Union provoquerait une inflation de 0,98%. Ce résultat est conforme aux enseignements des théories monétaristes qui postulent que seule une croissance de la masse monétaire est susceptible de pousser à la hausse le

25Les résultats obtenus pour l’ensemble de l’UEMOA sont à peu près identiques à ceux obtenus pour l’UEMOA sans la Côte d’Ivoire et le Sénégal. En outre, les élasticités obtenues sont à peu près du même ordre de grandeur que celles obtenues pour les pays du Golfe de Guinée et du Sahel. C’est pourquoi, seuls les résultats concernant l’UEMOA dans son ensemble ont été discutés.

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niveau des prix à la consommation, en stimulant la demande de biens et services.

– la croissance du PIB réel a un impact positif mais non significatif sur l’évo-lution des prix dans l’UEMOA. Cet effet positif pourrait s’expliquer en ana-lysant la croissance du PIB du côté de la demande. Dans cette optique de demande, la croissance économique semble s’accompagner d’un supplément d’inflation dans les pays de l’Union. La non significativité de cette variable tend à laisser penser que les aspects monétaires dominent les aspects réels pour expliquer l’inflation dans l’UEMOA.

– l’inflation importée est une source positive et significative de tensions sur les prix dans la zone. En effet, une hausse de 10% de l’inflation importée entraînerait une hausse de prix de 1,66%. L’influence des prix à l’importation exprime celle des chocs d’offre exogènes qui ont généralement un effet de renchérissement des coûts de production. Cet impact positif est relatif à la forte dépendance en produits alimentaires et énergétiques de la plupart des pays de l’UEMOA vis-à-vis de l’extérieur. Ainsi, à côté de la valeur des biens et services (en dollars) sur le marché mondial, l’évolution des prix du fret, de l’assurance, des redevances, des frais de licences, des droits de douane, des taxes intérieures à l’importation et des marges des importateurs se répercute sur les prix à la consommation dans les pays de l’Union.

– la variation du taux de change nominal a une influence significativement positive sur le taux d’inflation des pays de l’Union. Ainsi, une appréciation de 10 points du dollar par rapport au franc CFA augmenterait les prix de 0,64% dans les pays de l’UEMOA. La hausse du dollar par rapport à la monnaie locale de l’Union pourrait être considérée comme un choc d’offre

négatif, donc susceptible de renchérir les coûts de production.

– bien que n’étant pas significatif pour l’ensemble de l’UEMOA, le gap de pro-duction pourrait diminuer l’inflation dans l’Union. Cette probable répro-duction de l’inflation par l’écart de production pourrait s’expliquer par les politiques de contraction de la demande relatives au resserrement préventif de la po-litique monétaire adopté par les autorités de la BCEAO. Cela entraînerait ainsi, dans l’Union, une demande globale inférieure à la production poten-tielle, traduisant un fonctionnement des économies de cet ensemble en deçà de leurs potentialités productives.

– l’annonce de l’objectif d’inflation, montrant la crédibilité de la politique mo-nétaire, est susceptible généralement d’entraîner des baisses du taux d’in-flation. En effet, l’inflation dans l’UEMOA est plus ou moins sensible à l’annonce à hauteur de -1,114%. Cette influence négative de l’annonce de l’objectif d’inflation par la BCEAO pourrait être due au fait que les agents privés semblent croire à cet objectif d’inflation. Ainsi, lorsque les autorités monétaires annoncent l’objectif d’inflation, les agents économiques privés in-corporent cette information dans leurs anticipations d’inflation.

– les anticipations d’inflation des agents économiques de l’Union accroissent l’inflation courante. Une anticipation de 10% de l’inflation future provoque-rait une inflation courante de 2,51% pour les pays de l’UEMOA. Ce ré-sultat montre une persistance de l’inflation dans l’Union. Cette persistance de l’inflation s’explique par le fait qu’avec les hausses passées des prix, les agents économiques de l’Union s’attendent à ce qu’elles se poursuivent. Ainsi, anticipant l’inflation, les agents économiques la créent et, l’ayant créée, ils l’anticipent. En effet, du fait des anticipations dans la zone, certains agents

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économiques augmentent volontairement les prix de vente de leurs produits qui entrent dans le panier de la ménagère ou remettent souvent à plus tard l’essentiel des ventes de leurs productions et marchandises, entraînant ainsi une baisse de l’offre, et par conséquent des hausses de prix.