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sur la croissance économique

3.2.2 Les études par pays

Selon Bick et al (2009), les seuils d’inflation pourraient être spécifiques aux caractéristiques de chaque pays. Les études par pays ont concernés aussi bien les pays développés que les pays en développement.

3.2.2.1 Les études dans les pays développés

Certains résultats concernant le taux optimal d’inflation ont été obtenus grâce aux simulations DSGE des modèles keynésiens (Billi et kahn, 2008) et à la contro-verse autour de l’optimalité de "la règle de Friedman" (Schmitt-Grohé et Uribe, 2010). Ces études ont été faites dans les pays développés et les auteurs ont utilisés des modèles macroéconomiques dont certains sont à agent représentatif. Ainsi, Fu-chi et al. (2008) utilisent un modèle DSGE de l’économie japonaise et trouvent que le taux optimal d’inflation est compris entre 0,5% et 2% selon les hypothèses sur l’économie et la politique monétaire. Toujours pour le Japon, Shimazawa et Sada-hiro (2009) obtiennent le même résultat car en utilisant un modèle à génération imbriquée, ils trouvent que le taux optimal d’inflation se situe à 1%.

Les autres études ont particulièrement porté sur l’économie américaine. Ainsi, Billi (2008) et Bili et Kahn (2008) concluent, à partir d’un modèle macroécono-mique keynésien calibré par des données des USA, que le taux optimal est compris entre 0,7 et 1,4%. Antinolfi et al. (2009) suggèrent que le taux optimal d’inflation est de 1,5% si 10% des producteurs de biens intermédiaires sont rationnés, mais passe à 4% lorsque le rationnement touche 50% de ces producteurs. Par consé-quent, ils concluent que les Banques Centrales indépendantes doivent fixer des cibles d’inflation faibles et positives dans les pays avancés avec des marchés fi-nanciers hautement développés alors dans les économies les moins favorisées qui

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ont des marchés d’actifs relativement peu développés devraient choisir des cibles d’inflation plus élevées pour compenser les imperfections des marchés du crédit. En prenant en compte le rôle de la monnaie et la rigidité à la baisse des salaires nominaux, Carlsson et Westermark (2012) trouvent, à travers un modèle DSGE, que le taux optimal d’inflation est de 1,11% aux Etats-Unis. En utilisant les prix relatifs de deux biens de consommation dans un modèle simple, Wolman (2009) trouve des résultats différents des précédents. En effet, il constate que l’optimalité du taux d’inflation implique une légère déflation de 0,4% découlant du fait que les prix relatifs ont été orientés à la hausse pour les services dont les prix nominaux semblent être moins flexibles.

Dans un autre cadre, Ragot (2004) avait développé une théorie de l’inflation optimale fondée sur les contraintes dans un modèle à générations imbriquées. Avec des valeurs réalistes des paramètres, Il avait montré que le taux optimal d’inflation est autour 3,5% à long terme. Par conséquent, il avait conclu que les économies ayant des systèmes financiers moins développés et donc plus de rationnement du crédit, devraient avoir des niveaux d’inflation optimaux de long terme plus impor-tants.

3.2.2.2 Les études dans les pays en développement

Contrairement aux économies développées, les études sur le taux optimal d’in-flation dans les pays en développement ont cherché la non-linéarité dans la relation entre l’inflation et la croissance. La plupart de ces études utilisent les méthodes de Sarel (1996) et Khan et Senhadji (2001). Ainsi, au Pakistan, bien que Hussain et Malick (2011) aient récemment suggéré un taux optimal d’inflation unique de 9% au-dessus duquel l’inflation commence à réduire la croissance économique,

Hus-sain (2005) avait estimé que le taux optimal d’inflation au Pakistan se situe dans un intervalle de 4 à 6% alors que Nasir et Saima (2010) trouvent deux taux op-tima d’inflation que sont 6% et 11%. En outre, ces auteurs concluent que lorsque le taux d’inflation est inférieur au premier taux optimal, à savoir 6%, l’effet de l’inflation sur la croissance est positif mais non significatif. Par contre, lorsque le taux d’inflation se trouve entre les taux optima de 6% et de 11%, l’inflation affecte négativement et significativement la croissance, mais cet impact diminue pour des taux d’inflation supérieurs à 11%.

Avec des données trimestrielles pour la période 1997-2010, Mohanty et al (2011) utilisent trois différentes méthodologies proposées par Sarel (1996), Khan et Sen-hadji (2001) et d’Espinoza (2010) pour estimer le niveau seuil de l’inflation en Inde. En effet, pour toutes les estimations, ils trouvent que le seuil optimal d’in-flation en Inde se situe entre 4 et 5,5% et concluent que des gains considérables peuvent être réalisés si l’inflation est maintenue en-dessous du seuil. Ce résultat est presque identique au seuil optimal de 6% trouvé par Sing (2010) qui plaide l’idée du maintien du taux d’inflation au-dessous de 6% pour un taux de crois-sance soutenu de la production dans l’économie indienne. Les mêmes techniques ont été utilisées par Bhusal et Silpakar (2011) qui montrent que le taux optimal d’inflation est égal à 6% au Népal et par Hasanov (2011) pour qui, le seuil optimal d’inflation en Azerbaïdjan se trouve à 13%.

En utilisant la méthode de Sarel (1996), Marbuah (2011) indiquent un seuil optimal d’inflation de 10% au Ghana alors que Ahortor et al (2011) trouvent à travers la méthode de Khan et Senhadji que le seuil optimal d’inflation au Ghana se trouve entre 6 et 12%. Ces derniers montrent que le seuil optimal d’inflation est compris entre 9 et 14% au Nigeria. Ce résultat a été confirmé par Bawa et Abdullahi

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(2012) qui indiquent un seuil optimal d’inflation de 13% pour le Nigéria. Ce taux optimal d’inflation est supérieur à ceux de 8% et de 7% établis par Kelikume et Salami (2010), respectivement pour les périodes 1970-2008 et 1980-2008.

D’autres études ont utilisé la méthode à effet de seuil de Hansen pour déter-miner de façon endogène le taux optimal d’inflation. Ainsi, En Malaisie, Furuoka et al (2009) et Mansur et Munir (2009) montrent que le seuil optimal d’inflation se situe à 3,89%, une valeur au-dessus de laquelle l’inflation retarde significative-ment la croissance de la production. En outre, ils montrent aussi qu’en-dessous de ce seuil, la relation positive entre l’inflation et la croissance est statistiquement significative. La même méthode avait été utilisée par Lee et Wong (2005) pour une approche par pays du seuil optimal d’inflation pour Taïwan et Japon pendant la période 1965-2002. Leurs estimations suggèrent qu’un taux d’inflation supérieur à 7,25% est néfaste à la croissance économique en Taïwan. D’autre part, ils trouvent deux niveaux seuils pour le Japon, qui sont 2,52% et 9,66%. Ils indiquent qu’un taux d’inflation en dessous du niveau estimé de 9,66% est favorable à la crois-sance économique et au-delà de cette valeur seuil, il est nuisible à la croiscrois-sance économique.

Dans les pays de l’UEMOA, il y a très peu d’études qui mettent en évidence l’existence d’un effet non-linéaire de l’inflation sur la croissance économique et qui déterminent le seuil d’inflation à partir duquel un arbitrage est effectif entre l’infla-tion et la croissance économique. Ainsi, à partir d’un modèle de panel dynamique à effets de seuil, Combey et Nubukpo (2011) montrent que le seuil optimal d’infla-tion dans la zone UEMOA est de 8,08%. En outre, il n’existe, à notre connaissance, aucune étude sur le seuil optimal d’inflation qui utilise une approche par pays.

3.3 Inflation et Croissance dans les pays de