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120 C’est à l’intérieur de ce secteur que se trouve la plus importante cicatrice érosive décrite dans

le travail cité : la « voçoroca » (ravin) du quartier Seminário, entaillée dans le rebord d’une haute lanière de glacis (40 m) face au centre ville (Fig. 3.5 A). Ce quartier est un quartier résidentiel incluant des zones de favela dépourvues de tout système ordonné d’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées, en particulier autour de la tête du ravin. Alors long de plusieurs dizaines de mètres, le ravin atteignait 20 m de profondeur, 15 m de large et sa tête, en forme de fourneau érosif aux parois verticales, reculait à la vitesse moyenne d’1 m par an selon les riverains. Cet agrandissement rapide a provoqué la destruction ou la déstabilisation de nombreuses maisons.

Figure 3.5. Ravinements et voçorocas à Crato. A. La « voçoroca » du quartier Seminario (Travessa Bomfim) en

février 2007. Elle continuait alors à s’approfondir et à reculer, en dépit de sa localisation dans un secteur de basse susceptibilité (mais en rebord de terrasse), à cause du déversement des eaux pluviales et usées d’un égout situé à l’amont. Au premier plan, vestiges d’une maison détruite. B. Ravinements dans les grès tendres de la Fm Batateira au-dessus du Parc des Expositions, 2009. Photos: J.P. Peulvast.

Classe 3 – Susceptibilité moyenne

Cette classe couvre 93,17 hectares, soit 4,45 % de la superficie du bassin-versant. Elle est principalement représentée le long de l’escarpement de la Chapada, avec des pentes moyennes ou fortes et des formations superficielles peu épaisses et très érodables. On la rencontre aussi en quelques secteurs de plus basse altitude, surtout en rive droite du riacho da Vala (Alto da Penha), où les formations superficielles surmontant les grès Batateira sont particulièrement meubles, avec des pentes concaves et des abrupts en partie artificiels (tranchées routières et anciennes carrières, autour et au-dessus du parc des Expositions) favorables au ravinement (Fig. 3.5 B).

Il s’agit de secteurs peu densément occupés, sauf dans le quartier Alto da Penha, dépourvu de système de collecte des eaux usées et pluviales, et où des masures de torchis et de bois coexistent avec des habitations en dur. Plusieurs ravins se développent dans les pentes situées en contrebas. L’occupation est encore moindre dans les pentes inférieures de l’escarpement, incluses dans des aires protégées (FLONA, APA) et où l’on observe d’importantes marques de mouvements de terrain (cf. infra).

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Classe 4. Haute susceptibilité

Cette classe couvre 19,6 hectares, soit 0,91 % de la superficie du bassin-versant. Elle correspond uniquement à l’escarpement de la Chapada, fortement incliné et pourvu de parois rocheuses (Fig. 3.6 A). Les formations superficielles (colluvions peu épaisses, altérites argileuses) y sont très érodables.

Classe 5. Très haute susceptibilité

Cette classe couvre 0,89 hectare, soit 0,04 % de la superficie du bassin-versant. Elle correspond à un point isolé de l’escarpement, une paroi subverticale taillée dans les grès Exu très fracturés. En réalité, il existe plusieurs pointements de ce type, souvent ruiniformes et propices à des éboulements plus ou moins importants (Fig 3.6 A), dans ce bassin-versant comme dans celui du Rio da Batateira et dans ceux du rentrant de Barbalha. Certains d’entre eux dominent directement des lieux habités, en particulier des clubs de loisirs (Clube Serrano, à Crato ; Arajara Park, à Barbalha : Fig. 3.6 B).

Figure 3.6. Parois actives dans l’escarpement gréseux de la Chapada do Araripe. A. Traces récentes de chutes de

blocs et/ou de petits glissements au-dessus de Luanda, vues depuis Guaribas (Crato, 08-2008). B. Paroi dénudée au-dessus de la source de Farias, Arajara Parque, Barbalha (02-2007). Photos : A.O. Magalhães.

En résumé, l’analyse des cartes publiées par S. Ribeiro (2004) montre que les parties du bassin-versant dotées d’une haute susceptibilité à l’érosion ne représentent que des superficies assez faibles, malgré la présence de plusieurs (une douzaine) cicatrices d’érosion au début des années 2000. L’auteur en conclut que l’usage des sols est un des facteurs principaux de la vulnérabilité des formations superficielles et des sols à l’érosion. En majorité, les cicatrices érosives observées se concentrent dans des terrains en principe peu susceptibles des secteurs péri-urbains en phase d’urbanisation désordonnée, dépourvus de formations végétales denses, de voirie organisée et de systèmes d’évacuation des eaux, c’est-à-dire non protégés de la pluie, du ruissellement et des phénomènes de déstabilisation. On notera cependant que la carte omet la plus grande partie des cicatrices visibles dans l’escarpement et que la plus importante forme de ravinement a été observée en ville (voçoroca de Seminário, Fig. 3.2).

Cette particularité s’explique en grande partie par le fait que, jusque dans les années 2010,ce ravin était alimenté en grande partie par une canalisation recueillant les eaux usées des habitations

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voisines (Fig. 3.7). Menaçant pour les habitations riveraines comme pour la voirie et le chenal du Rio Grangeiro situé en contrebas, il est le seul qui ait finalement reçu un traitement spécifique. Il recoupe les grès tendres de la Formation Batateira, très altérés et surmontés par 2 à 3 m d’un dépôt non stratifié et riche en blocs représentant la couverture du glacis ou une haute terrasse du Rio Grangeiro. La lithologie est donc propice à un creusement et à un élargissement rapides, accompagnés de déstabilisations du rebord associées au délogement de blocs. Dans la mesure où le fond de ce ravin était, avant les travaux d’aménagement de 2013-2014, directement relié au chenal du Rio Grangeiro par une courte buse de béton passant sous l’avenue et les immeubles construits au débouché de l’entaille, la voçoroca représentait non seulement un danger pour les habitations construites sur la terrasse, mais aussi pour celles situées au pied. Ses caractères, ainsi que ceux du quartier riverain, ont été totalement modifiés par l’aménagement de 2014 (voir chapitre 5).

Figure 3.7. La tête de la voçoraca du quartier Seminário en mars 1999. Au premier plan, rebord de la

canalisation apportant les eaux pluviales et usées du quartier. À gauche, le matériel hétérométrique de la haute terrasse (ou couverture de glacis) reposant sur les grès tendes de la Fm Batateira. Photo : J.P. Peulvast.

Outre les cas signalés à Crato, les ravinements affectent aussi certains quartiers de Barbalha, en particulier celui de Rosário construit sur le haut interfluve de grès tendres et altérés qui sépare les vallées du Riacho do Ouro et du Rio Salamanca (Fig. 3.8). Ici c’est le recul rapide (signalé par Josier Ferreira da Silva, professeur à la URCA et habitant de Barbalha) de têtes de ravins creusés dans une

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