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Nathalie Le Roux, maîtresse de conférences à l’Université de Montpellier lance en 2007 un programme de recherche sur l’insertion professionnelle des « étudiants handicapés ». Dans le cadre d’un contrat de définition de projet, une revue de littérature est produite. Ce travail (Le Roux, Marcellini, 2011) démontre l’intérêt scientifique de la question de la sortie de l’enseignement supérieur de cette population – et la nécessité de construire des données pour l’apprécier sociologiquement. Un financement de recherche est déposé, et obtenu (MiRe/DRESS/CNSA). C’est dans ce contexte que je rejoins l’équipe de recherche SantÉSiH (EA 4614) en janvier 2011, quelques mois après la validation d’un master 2 professionnel en « Ingénierie de la formation » dans un parcours en sociologie appliquée84.

Je suis recruté en tant qu’ingénieur d’études pour mener un travail sur le devenir professionnel des « étudiants handicapés » sous la responsabilité de Nathalie Le Roux. Deux principales missions sont accomplies. La première consiste, dans une volonté de cadrage, à aller « à la recherche » d’échantillons proches de la population étudiée en décryptant les grandes enquêtes nationales et à pratiquer alors une exploitation secondaire des données. Le premier article présenté infra retracera ce cheminement, le choix de se diriger uniquement sur l’enquête Génération 2004 (Céreq 2007, 2009) et les résultats obtenus. Au-delà des exploitations, l’objectif est de réaliser une réflexion prospective ambitionnant d’améliorer et d’intensifier l’élaboration de données à venir. Cette partie quantitative est ainsi liée à la deuxième mission : mener une étude qualitative à partir d’entretiens de récits d’insertion. La présentation détaillée du protocole de recherche est à consulter dans l’annexe 2. Sur ce volet, l’ambition est de produire une recherche collective. Quelques collègues participent ainsi au recrutement de certains enquêtés et prennent en charge des entretiens. Avec une consigne de départ relativement large, l’enjeu va être d’harmoniser les pratiques d’entretiens entre les participants. C’est ainsi que vingt-deux jeunes sont rencontrés dans toute la France, avec une surreprésentation d’enquêtés dans l’ancienne région Languedoc-Roussillon (des présentations de cas sont en annexe 3). Je réalise onze de ces entretiens. En fin d’étude, nous proposons des modules de questions à ajouter aux enquêtes ministérielles d’insertion (cf. annexe 4) et à l’enquête Génération85. Cette étude s’achève, classiquement, par un rapport reprenant les principaux résultats des analyses menées à partir des données quantitatives et qualitatives (Segon, Le Roux, 2013). Parallèlement à cette première expérience professionnelle de recherche, je suis rapidement impliqué dans un autre projet lié au programme de recherche. Conjointement au projet de la MiRe/DRESS/CNSA, Nathalie Le Roux obtient un autre financement, plus court, visant à mener une enquête sur le devenir des anciens « étudiants handicapés » de l’Université de Montpellier 1 (avant la fusion des établissements de Montpellier). À nouveau, le projet porte des ambitions plus vastes que cette délimitation territoriale : concevoir et expérimenter un protocole d’enquête qui puisse être répliqué par la suite dans le cadre d’une hypothétique enquête nationale, plus de dix ans après la précédente (Palauqui, Le Bas, 2000). Je travaille

85 Nous participerons à l’élaboration du module, commandé et financé par l’AGEFIPH, pour l’enquête sur la génération 2010.

ainsi sur l’élaboration du questionnaire, ses modalités de passation, la prise et la gestion des contacts, etc. L’enquête est testée dans quelques universités avec lesquelles l’équipe entretient des liens privilégiés. À la fin de ce projet, nous entamons une recherche de financement pour mener nationalement cette enquête ad hoc sur les Parcours des Anciens Étudiants Handicapés. En septembre 2012, une convention de recherche est signée avec l’AGEFIPH et le FIPH, me permettant de signer un nouveau contrat. Je travaille étroitement avec le service « Études et Prospectives » de l’AGEFIPH durant les 24 mois alloués au déroulement de l’enquête.

La description du protocole de l’enquête sur les PAEH est à consulter en annexe 5. L’enquête nécessite un conséquent travail de sensibilisation et de promotion auprès des SAEH des universités. Elle bénéficie d’un soutien informel de la chargée de mission handicap du ministère86 qui relaye nos demandes. Les partenariats établis nécessitent des temps de rencontre et de suivi. Ainsi, j’ai l’occasion de me déplacer dans plusieurs services en France, en profitant pour mener de brèves observations. L’autre terrain « informel » d’observation est celui des réseaux87 dans lesquels Nathalie Le Roux et moi avons présenté plusieurs fois le protocole d’enquête puis, plus tard, ses résultats.

Plus de 60 universités participent finalement à cette enquête, avec des niveaux d’engagement très divers. Ceci est parfois lié aux capacités limitées en ressources humaines alors que l’enquête, dans son protocole le plus resserré88, demande aux SAEH de se rendre disponibles (et enthousiastes) pour faire des relais. Parfois, à des résistances et refus des différents acteurs impliqués : chargé de mission ou chargé d’accueil. Sur plus de 700 retours de questionnaires, seuls quelques-uns sont effectués par téléphone ou en face-à-face ; la saisie en ligne des réponses est très largement privilégiée par les enquêtés. Une synthèse des résultats est produite (annexe 6) suivie d’un rapport sur l’étude (Segon, Brisset et Le Roux, 2015). Lancée, les premiers mois, par Nathalie Le Roux et moi-même, l’enquête nécessite des renforts lors des phases d’administration. Au plus fort du recueil, ce sont trois techniciens d’études, que je forme et coordonne, qui travaillent quotidiennement sur l’enquête.

86 Cf. note de bas de page n°11.

87 Cf. note de bas de page n°20.

88 Les établissements ont le choix entre deux protocoles : transmettre un lien aux anciens étudiants ayant fréquenté le SAEH, sans s’assurer du suivi de l’enquête (envoyer un lien vers le formulaire d’inscription dans l’annexe 5) ou les contacter avec un suivi de notre part quant aux retours des questionnaire (simple retour sur les relances à effectuer).

Cette possibilité de renfort vient du fait que l’école doctorale 60 m’accorde en septembre 2013, un contrat doctoral ; libérant ainsi un salaire sur la convention avec l’AGEFIPH. Mon projet de thèse s’intitule « Les dynamiques identitaires des jeunes

handicapés à l’épreuve de la transition vers l'emploi. Étude de l’évolution du rapport à la compensation et du recours aux dispositifs ». Il témoigne de mon intérêt pour

l’analyse des formes de recours aux dispositifs de compensation du handicap ainsi que leurs usages. L’ambition est de mener une recherche longitudinale sur plus d’un an, à partir d’entretiens répétés, auprès d’une cohorte de seize « étudiants handicapés » s’apprêtant à quitter l’enseignement supérieur.

Ce projet va être peu à peu abandonné ; deux dynamiques en sont à l’origine. D’une part, mon investissement quotidien dans l’enquête sur les PAEH s’est prolongé plus tardivement qu’escompté. Après la synthèse des « premières tendances », la rédaction du rapport final s’achève en septembre 2015, jusqu’à la fin de laquelle mon engagement ne faiblit pas. Les temps de recherche en dehors de l’enquête sont alors principalement alloués à la rédaction des articles présentés dans ce manuscrit.

D’autre part, mes co-encadrants de thèse, les membres de mon laboratoire et même d’autres chercheurs m’invitent régulièrement, lors des temps de présentation des avancées ou les comités de suivi de thèse, à ne pas ouvrir un nouveau terrain de recherche ; et à privilégier plutôt des nouvelles exploitations de l’enquête PAEH et surtout du corpus de récits d’insertion, jugés suffisamment riches89. Rétif à cette idée, j’ai finalement (mais non sans manifestations de récalcitrances) envisagé cette proposition. Je rends aujourd’hui hommage à cette invitation. En revanche, cela signifie que les données recueillies n’ont pas été produites dans le cadre d’une démarche hypothético-déductive en lien avec le système de questionnement présenté précédemment. La principale limite des données dont je dispose est qu’elles n’ont pas été élaborées au regard d’une interrogation fine autour des possibles professionnels ou sur la RQTH ; ce sont là des éléments qui ont été abordés au détour des récits d’insertion. Les interprétations qui en sont faites portent le poids de cette limite : loin de moi l’intention de laisser penser que les individus se questionnent continuellement sur leurs possibles professionnels ou compensatoires. Gage au lecteur de conserver cette remarque en tête jusqu’à la fin du manuscrit, là où les interprétations peuvent

89 Il faut préciser ici que trois enquêtés ont été enlevés du corpus pour la thèse en raison d’un temps jugé trop long par rapport à leur sortie de l’enseignement supérieur : Julie, Ludovic, Colin. Deux autres, Olivier et Céline, ont également été écartés pour des raisons techniques (entretiens non enregistrés).

donner une fausse impression de « centralité » et « toute puissance » des phénomènes et processus observés.

L’inscription d’une thèse dans le parcours de vie