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2.1. L’héritage Hercynien au sein des domaines de Valence et

Adriatique

Nous l’avons vu, la fi gure 1-2 illustre trois essais de reconstruction, trois points de vue différents (Orogénèse hercynienne - Vaï & Cocozza, 1986 -, pourtour méditerranéen – Ricou 1995 - et grandes phases cinématiques - Moulin & Aslanian, 2010), entre le Permien supérieur (fi gures 1-2A & 1-2B) et le Carbonifère supérieur (fi gure 1-2C), soit à la fi n de l’orogénèse Hercynienne et à l’initiation des premiers mouvements distensifs. Plusieurs informations sont alors à noter :

La position centrale de la microplaque Ibérique. Lors de l’orogénèse Hercynienne, la chaîne formée s’étendait du Caucase jusqu’aux Appalaches. La microplaque Ibérique se situe au sein du front de déformation majeur, entre d’importants accidents d’axe parallèles (fi gures1-2B & 1-2C), réutilisés par la suite dans l’ouverture des domaines Atlantique central, du Golfe de Gascogne puis de la Méditerranée Occidentale (fi gure 1-2A). La fi gure 2-1 représente la position la plus serrée entre la sous-plaque Ibérique et l’Amérique du Nord avant ouverture des domaines océaniques Atlantique, du Golfe de Gascogne et Liguro-Provençal d’après (Olivet, 1996). Le domaine Corso-Sarde est rattaché à la microplaque Ibérique (il n’existe pas de traces de compression entre l’Ibérie et le bloc Corso-Sarde). La fi gure 1-2C compare les directions structurales générales et celles plus locales, des linéaments hercyniens, reportées d’après les observations de Matte (1986)1. Le socle hercynien, majoritairement affl eurant dans la partie NO de l’Ibérie, serait dû à la tectogenèse, au métamorphisme et surtout au magmatisme granitique hercynien, trois composantes échelonnées entre 340 et 280 Ma (Bard et al., 1971, 1973). Différents axes de décrochements affectent ce substratum hercynien et sont groupés autour de trois directions : E-O (NSSO à l’actuel), NE-SO (NO-ONO à l’actuel) et NO-SE (ONO-ESE à l’actuel) et repositionnés sur la fi gure 2-1.

L’axe E-O (NNE-SSO dans l’actuelle position de l’Ibérie) correspond au groupe de fractures le mieux développé au sein des systèmes Ibérique (Parga, 1969) et Armoricain ; au sein de notre zone d’étude, cet axe implique les systèmes du Vallès-Pénédès, de Barcelona, d’El Camp et San Feliu (fi gure 2-1). L’ensemble joue un rôle important dans l’histoire structurale et sédimentaire post-varisque puisque ces accidents vont introduire au sein de la croûte des discontinuités majeures rejouant tout au long de l’histoire Mésozoïque & Cénozoïque et différenciant des domaines structuraux hauts (bloc de l’Ebre) et bassins sédimentaires dès le Jurassique (Matte, 1986).

1 Ces linéaments sont également représentés à l’actuel sur la fi gure I-4, au sein de la microplaque Ibérique.

Les incertitudes sur l’origine du bloc Adria. La reconstruction de Vaï & Cocozza (1986) (fi gure 1-2C) s’appuie sur la répartition des unités métamorphiques issues de l’orogénèse Hercynienne. Elle met en lumière des virgations (P1, P2, P3) qui peuvent être associées à des poinçonnements provoqués soit par des promontoires du Gondwana, soit par des sous-plaques indépendantes (Arthaud & Matte, 1977 ; Vaï & Cocozza, 1980 ; Sioni, 1996). Ces virgations concernent la marge nord-Africaine au niveau des Etats Unis d’Amérique (P1), l’ensemble Ibérie-massif Armoricain (P2) puis le prolongement vers le nord du promontoire Adria au niveau du massif Bohémien (P3).

Deux écoles s’opposent sur la nature du domaine Adria, sous-plaque du Gondwana Ouest. Il s’agirait soit (1) d’un promontoire de la plaque Afrique (Argand, 1924; Dercourt, 1972; Channell et al., 1979; Mele, 2001, Vai & Cocozza, 1986) soit (2) d’une microplaque indépendante séparée de la plaque Afrique par une croute océanique d’âge méconnue, probablement Dévonien (Dewey et al., 1973; Biju-Duvail et al., 1977; Dercourt et al., 1986; de Voogd et al., 1991; Catalano et al., 2001, Stampfl i et al., 1992; Stampfl i, 1995, Ricou, 1994) ou par une croute continentale amincie (Panza et al., 2003). La question de son extension avant déformation Tertiaire demeure également une source de débats.

Les incertitudes pèsent en effet sur l’extension des domaines de plateformes carbonatées au sein des zones déformées (Apennins, Alpes, Dinarides et Albanide). D’autre part, la nature et l’âge de formation du bassin Ionien sont liés à l’évolution paléogéographique du domaine apulien. Les dimensions de ce bassin ainsi que sa relation avec les domaines continentaux et océaniques bordiers (les plateformes d’Adria et péloponnèse au nord ; la marge nord-Gondwanna au sud ; les espaces océaniques de la Téthys Alpine à l’Ouest et Néotéthysien à l’Est) restent aussi débattus. (e.g. Sioni, 1996; Carminati et al., 2012). L’ensemble de ces incertitudes sont problématiques quant à la position et l’évolution du domaine Adria depuis le cycle Hercynien.

Le socle hercynien de la sous-plaque Adria n’affl eure que rarement et de manière allochtone. L’axe des accidents hérités du cycle Varisque reste hypothétique (Vaï et Cocozza, 1986 ; Vezzani, 2010). La fi gure 2-2 cartographie les principaux incidents nord et ouest du domaine Adria à l’actuel. Observées en Toscane, le long de la ligne Insubrienne et en Calabre, les roches hercyniennes présentent un métamorphisme de HP-HT (granulite, sillimanite) commun aux zones internes des orogénèses, suivi par la formation de pluton lors de la phase d’extension au Permien (fi gure 1-2C) (Spiess et al., 2010 ; Stampfl i, 2002). Un des accidents majeurs, le linéament insubrique (axe E-O actuel au nord de la plaine du Pô), présenterait durant le Permien un jeu transformant (Sassi et al., 1994 ; Vaï et Cocozza, 1986). Suivant les modèles, ce linéament serait soit connecté au linéament Pyrénéen/Gibraltar (fi gure 1-2B), soit illustré comme une extension du front de subduction à

On peut remarquer que les accidents majeurs se situent aux limites des sous-plaques Ibérique et Adria (e.g. Sioni, 1996). Les phases d’extension et de démantèlement de la chaîne Hercynienne au Permien-Trias vont préfi gurer et individualiser de futurs bassins et blocs hauts durant le Mésozoïque et le Cénozoïque. Ainsi leur localisation est héritée majoritairement du cycle Hercynien.

Les phases cinématiques, accompagnant le démantèlement de la Pangée et la formation et/ou destruction d’espaces océaniques jusqu’au Crétacé supérieur (puis Cénozoïque), vont par la suite infl uencer au 1er ordre l’évolution de ces bassins et leurs remplissages sédimentaires. La prochaîne partie présentera de manière succincte l’évolution de ces domaines, dans le but de mettre en lumière l’impact des événements pré-cénozoïques sur l’évolution de nos zones d’études.

2.2. De l’implosion de la Pangée à l’apparition de l’espace

proto-Méditerranéen, l’héritage Mésozoïque des domaines de Valence et

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