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1.4 L’IMPACT POTENTIEL DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES

1.5.2 L’impact des modifications aux productions végétales

Dans la production des fourrages, les nouvelles conditions climatiques apporteront des modifications aux rendements de même qu’aux coûts de production. Debailleul et al. (2013) ont estimé que les changements climatiques pourraient augmenter les rendements actuels des fourrages de 30 à 55 % (3,87 t/ha pendant 5 années de trèfle rouge et de fléole des prés). Ils ont mentionné que les coûts de production par tonne de fourrages pourraient augmenter en moyenne à 208 $/t, ce qui signifie environ 20 $/tonne de plus par rapport aux coûts actuels; cette augmentation provient principalement d’une augmentation des coûts des fertilisants, du séchage du foin, de l'utilisation de la machinerie, et de la quantité de ficelle.

Selon les projections, le producteur serait capable de faire une coupe additionnelle des fourrages (Bélanger et Bootsma, 2002), ce qui veut dire que dans les régions où les producteurs font actuellement deux ou trois coupes, ils pourraient être capables de faire trois ou quatre coupes par année. La possibilité de faire une coupe supplémentaire au Québec aurait un impact sur les coûts de production. À partir des données sur les références économiques du CRAAQ (2012), il est possible d’estimer le prix par coupe à 16,22 $/ha. On pourrait donc observer une augmentation approximative de 30 à 50 % du coût des fauches. Actuellement, on utilise en moyenne 0,35 t/ha de fertilisants (CRAAQ, 2012) et, pour obtenir les meilleurs rendements prévus, il faudrait en utiliser une quantité plus élevée. Debailleul et al. (2013) ont utilisé comme donnée de référence actuelle 0,33 t/ha de fertilisant et ils mentionnent que cela pourrait augmenter à 0,4 et 0,8 tonne par hectare, ce qui équivaudrait à une augmentation allant de 20 à 140%. Les autres principaux postes budgétaires associés à une coupe supplémentaire sont les coûts de main d’œuvre, l’utilisation de la machinerie, la ficelle, le séchage et la fertilisation (CRAAQ, 2012). Dans l’étude de Debailleul et al. (2013), les auteurs mentionnent une possible augmentation des dépenses en ficelle de 30 à 55 %, de l'utilisation de machinerie de 15 à 56 % et du séchage du foin par rapport aux nouveaux rendements de 30 à 56 %, etc. Finalement, le coût de production moyen d’un hectare de fourrage pourrait passer de 3261 $/ha/rotation de 5 années à entre 4755 $ et 5922 $ (Debailleul et al., 2013).

En ce qui concerne les revenus, la plupart des fourrages sont actuellement consommés à la ferme (Charbonneau et al., 2013). Dans leur étude, Debailleul et al. (2013) travaillait avec du foin destiné à la vente. Pour faire les calculs futurs, ils ont évalué un prix de vente de la tonne de foin (150 $/tonne) et ensuite, ils ont fait une projection par rapport aux rendements futurs estimés. Ils ont trouvé que les revenus tirés de la production des fourrages pourraient augmenter jusqu’à 55 % par hectare grâce à de meilleurs rendements. Selon ces auteurs, il y aura possibilité de faire la commercialisation de fourrages vers les régions où le climat va détériorer la production de plantes fourragères (Debailleul et al., 2013).

Les rendements du maïs-grain devraient bénéficier des changements climatiques (Bélanger et Bootsma, 2002; Bootsma et al., 2005; Debailleul et al., 2013). Les coûts de production d’un hectare varieront alors en fonction des nouveaux besoins de la culture. Debailleul et al. (2013) mentionnent que les principaux postes affectés seraient, entres autres, les fertilisants, les herbicides, l’entretien de la machinerie, le temps de travail et les frais de séchage et d’entreposage. Ils ont aussi considéré la possibilité d’implanter un système d’irrigation. Selon leurs résultats, les coûts de production totaux par hectare pourraient augmenter entre 27 et 30 % et les revenus pourraient augmenter entre 20 et 60 % grâce à l’accroissement des rendements. D’autres études viennent appuyer l’étude de Debailleul et al. (2013). Smith et al. (2013) ont mentionné une augmentation de l’utilisation des fertilisants par rapport à l’augmentation des rendements projetés. Il pourrait survenir une augmentation de l’utilisation des pesticides, une augmentation des coûts de production liés aux nouvelles variétés semées adaptées aux conditions changeantes de même que des frais supplémentaires causés par l’investissement en nouvelles machineries (Wolfe, 2006). Le bénéfice net des fermes laitières pourrait être affecté par la disponibilité et le prix de l’ensilage de maïs et du maïs-grain utilisés pour nourrir le troupeau (Wolfe, 2006).

Tel que mentionné précédemment, le soya pourrait aussi voir son rendement augmenter suite aux changements climatiques (Bélanger et Bootsma, 2002; Bootsma et al., 2005). Selon les données du CRAAQ (2010), le coût moyen pour

produire un hectare est d'environ 677 $. Le coût des pesticides représente actuellement 14 % (93 $) de ce chiffre. Selon Chen et McCarl (2001), l’utilisation des pesticides pourrait augmenter avec les changements climatiques prévus. Dans un scénario d’augmentation d’entre 1,9 et 3°C (Ouranos, 2010), les coûts pourraient croître de 5 à 8 % par hectare (adapté de Chen et McCarl, 2001; Ouranos, 2010). On pourrait aussi penser à une augmentation du coût de pulvérisation des pesticides. Les coûts des fertilisants ont également un impact important sur les coûts de production du soya (CRAAQ, 2010). Ce coût est d'environ 134 $ par ha, ce qui signifie 20 % des frais variables. Avec les nouveaux rendements, l’utilisation des fertilisants pourrait être augmentée pour la culture du soya. Une fois de plus, les coûts supplémentaires de la culture du soya pourraient être compensés par des revenus plus importants grâce aux rendements plus importants.

Un autre impact économique que pourraient avoir les changements climatiques sur la ferme laitière est la disponibilité et le prix des cultures utilisées pour l'alimentation animale (Wolfe, 2006). L’introduction de nouvelles cultures, comme par exemple l'ensilage de maïs et le maïs-grain, ou encore le changement dans les rotations des cultures, pourraient devenir évidents dans certaines régions (Bélanger et Bootsma, 2002). Ces modifications pourraient par contre engendrer des coûts d’adaptation, par exemple, un besoin supplémentaire en infrastructures ou en machinerie (Wolfe, 2006).