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2.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION

2.3.3 Durabilité économique et choix du modèle

L’impact économique que les CC pourraient avoir sur les fermes diffère (Tableau 2.8) dans les deux régions étudiées parce que leurs modes de production sont différents. La ferme du BSL est plus spécialisée en production laitière et presque tous les aliments qui y sont produits sont utilisés pour nourrir le troupeau (Charbonneau et al., 2013). Il n’y a pas beaucoup de grains à vendre; seulement 0,1, 1,8 et 2,1 % des revenus proviennent en effet de la vente de cultures pour le scénario actuel et pour les scénarios futurs avec augmentation modérée des GES

et avec augmentation élevée des GES, respectivement. Par ailleurs, dans la ferme du CDQ, le climat permet d'avoir une plus grande diversité de cultures; la production de maïs-grain et de soya est importante et elle permet aux producteurs de vendre ces produits et d'en obtenir des revenus importants (11,6, 16,6 et 16,5 % des revenus proviennent en effet de la vente de cultures pour les scénarios actuel, futur avec augmentation modérée des GES, et futur avec augmentation élevée des GES, respectivement). De plus, avec des projections d’augmentation des rendements, ces revenus pourraient être encore plus importants (augmentation des bénéfices de 4,12 et 4,77 $/hL ou 28 760 et 32 242 $/année pour les scénarios d'augmentation modérée des GES et d'augmentation élevée des GES, respectivement). La ferme du BSL pourrait voir son bénéfice net diminuer de 0,71 et 0,11 $/hectolitre ou 4 941 et 781 $/année pour les scénarios avec augmentation modérée et élevée de GES, respectivement (Tableau 2.8), et ce, si les rotations des cultures qu'on y fait aujourd’hui demeurent les mêmes dans l'avenir (Tableau 2.3).

Tableau 2.8 Impact potentiel de quatre scénarios de changements climatiques sur

le bénéfice net des fermes moyennes du Bas-Saint-Laurent (BSL) et du Centre-du- Québec (CDQ) en utilisant le modèle de ferme N-CyCLES.

Conditions

actuelles

↑ Modérée des GES ↑ Élevée des GES Rot. auj. Rot. ajust.1 Rot. auj. Rot. ajust.1

∆2

Bénéfice net, $/hL

BSL 7,89 -0,71 +1,48 -0,11 +1,93

CDQ 10,55 +4,12 +4,62

1 Rotations du CDQ dans les simulations du BSL.

Δ2= Bénéfice net sous simulation – Bénéfice net sous conditions actuelles; où i = conditions avec

augmentation (↑) modérée en GES; conditions avec augmentation (↑) élevée en GES; conditions avec augmentation (↑) modérée en GES et nouvelles rotations de cultures; conditions avec augmentation (↑) élevée en GES et nouvelles rotations de cultures.

Par contre, s’il y a une adaptation aux CC, l’inclusion du maïs-grain et du soya dans les rotations de la ferme du BSL permettrait d'en améliorer la situation économique (Tableau 2.8), principalement par la vente de ces cultures (augmentation des bénéfices de 1,48 et 1,93 $/hL ou 7904 et 10 304 $/année selon les scénarios avec une augmentation modérée et élevée en GES, respectivement). Ainsi, pour profiter de ce nouveau scénario d’amélioration des revenus par des ventes de récoltes, il faudrait produire des fourrages de qualité pour nourrir le troupeau ainsi que favoriser l’utilisation des sous-produits dans l’alimentation du troupeau.

Les simulations permettant d’isoler l’impact de la diminution de la valeur nutritive des fourrages selon les différents scénarios ont permis de constater que cette problématique pourrait entraîner une détérioration des revenus allant jusqu’à 0,10 $/hectolitre, soit 532 $/année pour la ferme moyenne. Dans le contexte des CC qui permet une majoration de la vente des cultures, le modèle N-CyCLES favorise la production de cultures pour la vente en achetant du foin pour compenser le manque de fourrages sur la ferme.

Dans ce projet, nous n’avons pas pris en considération l’impact que les CC pourraient avoir sur les animaux; plusieurs auteurs ont conclu qu’il pourrait se produire une augmentation du stress thermique qui se refléterait sur le bien-être animal, la reproduction, la production laitière et la qualité du lait (Valtorta, 2002; Jordan, 2003; Chase, 2005; Mader et al., 2009; Staples et Thatcher, 2011; Hammami et al., 2013). Il serait donc intéressant et nécessaire de continuer la recherche sur ce sujet pour en arriver à des résultats plus détaillés.

2.3.3.1 Choix du modèle au Bas-Saint-Laurent

Dans le scénario actuel, le modèle N-CyCLES suggère d’utiliser les rotations de culture # 4 (ensilage de maïs, ensilage de légumineuses, ensilage de légumineuses, ensilage mélangé, ensilage mélangé; 132,9 ha) et # 2 (blé, orge, canola, orge; 6,1 ha) du tableau 2.3 pour la région du BSL. Dans les scénarios

futurs, les mêmes rotations sont sélectionnées par le modèle. Le modèle suggère toutefois une diminution de la superficie consacrée à la rotation 4 (100,6 et 103,6 ha au total pour les scénarios avec augmentation modérée et élevée de GES, respectivement; la rotation 4 était modifiée pour considérer une année de moins en ensilage de légumineuses). Dans ce même scénario, il y avait aussi une augmentation de la superficie de la rotation 2 (38,4 et 35,4 ha au total pour les scénarios avec augmentation modérée et élevée de GES, respectivement).

Par contre, s'il y a une adaptation aux CC et que les productions de maïs-grain et de soya sont introduites dans la région du BSL, la rotation # 5 du CDQ (maïs-grain, ensilage de maïs, soya; 96,7 et 93,8 ha pour les scénarios d'augmentation modérée et élevée de GES, respectivement) et la rotation # 4 adaptée du CDQ (orge, ensilage de légumineuses, ensilage mélangé, ensilage mélangé; 42,3 et 45,2 ha pour les scénarios d'augmentation modérée et élevée de GES, respectivement) seraient sélectionnées pour la ferme moyenne du BSL.

Si les rotations actuelles demeurent constantes, il pourrait se produire une augmentation de l’utilisation de l’ensilage de légumineuses et de maïs dans les rations; par contre, l’utilisation d’ensilage mélangé diminuerait. Presque la totalité de la production d’orge serait utilisée pour nourrir le troupeau sans devoir faire beaucoup d’achat à l'extérieur de la ferme. Si les rotations du CDQ sont adoptées dans la région du BSL (introduction de maïs-grain et soya), c’est l’utilisation d’ensilage de maïs qui pourrait augmenter. Aussi, avec l’introduction de la production de maïs-grain, la vente de ce grain pourrait être privilégiée. Il serait donc alors nécessaire d’acheter de l’orge et du foin pour l’alimentation des animaux.

2.3.3.2 Choix du modèle au Centre-du-Québec

Suite aux simulations effectuées pour évaluer l’impact potentiel des CC sur la ferme laitière moyenne du CDQ, le modèle suggère qu’une part encore plus

grande du revenu de la ferme proviendrait de la vente des cultures qu’on y produit. Ceci s’explique surtout par les augmentations de rendement prévues.

Pour le scénario actuel de la région du CDQ, le modèle N-CyCLES sélectionne la rotation 5 (maïs-grain, ensilage de maïs, soya) du tableau 2.3 sur 107,8 ha de la superficie de la ferme et la rotation 4 (orge, ensilage de légumineuses, ensilage de légumineuses, ensilage mélangé, ensilage mélangé) pour les 34,2 ha restantes.

Pour les scénarios futurs, les mêmes rotations demeurent sur la ferme du CDQ et les superficies qui y sont consacrées ne varient pas beaucoup. La superficie consacrée à la rotation 5 diminue à 102,6 et 105,8 ha pour les scénarios d'augmentation modérée et élevée de GES, respectivement. Celle consacrée à la rotation 4 adaptée (une année de moins en ensilage de légumineuses) augmente respectivement à 39,4 et 36,2 ha pour les scénarios d'augmentation modérée et élevée de GES .

En ce qui concerne les rations des animaux, l’utilisation de l’ensilage de maïs et de légumineuses pourrait augmenter et l’achat d’orge pourrait diminuer sous les conditions des scénarios futurs par rapport à la situation actuelle.