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Il a été démontré que le calcium et la vitamine D sont des nutriments essentiels à la formation et au maintien de la santé osseuse. Certaines études ont évalué l’effet direct du calcium et de la vitamine D sur le squelette, que ce soit sur la DMO ou le risque de fractures.

Le gain de la DMO est significativement supérieur chez les enfants prépubères qui sont supplémentés en calcium, selon des études prospectives, randomisées, contrôlées, à double- insu avec placebo (90, 91). Par ailleurs, une étude qui a suivi des jumeaux pendant 3 ans et dans laquelle un enfant de la paire recevait une supplémentation de calcium à raison de 1g par jour et l’autre un placebo, a observé que la DMO était en moyenne de 1,4% supérieure pour

tous les sites de mesure chez l’enfant de la paire qui avait été supplémenté (90). Fait intéressant : la différence de la DMO entre le jumeau supplémenté et celui recevant le placebo n’était significative que pour les enfants prépubères et elle disparaissait avec la survenue de la puberté.

À l’inverse, une méta-analyse de 19 études randomisées et contrôlées, effectuée sur l’impact de la supplémentation en calcium sur la DMO chez les enfants (<18 ans) n’a trouvé aucun effet favorable (92). Aucun gain significatif de DMO à la colonne vertébrale ou au col du fémur n’a été démontré lorsque les enfants supplémentés étaient comparés à ceux ayant reçu le placebo. Par contre, un gain de 1,7% a été observé au niveau de la DMO des membres supérieurs, quoique ce résultat fût considéré comme faible. Un maigre gain significatif de la DMO du corps entier a aussi été rapporté, mais cet effet s’est estompé à l’arrêt de la supplémentation. La méta-analyse conclut que les résultats ne sont pas assez puissants pour qu’à long terme il y ait indication d’une diminution significative du risque de fractures en réponse à une supplémentation de calcium. Les avantages de la supplémentation en calcium sur la DMO seraient en fait plus significatifs chez les enfants qui ont initialement de faibles apports en calcium bien que les résultats demeurent une fois de plus variables d’une étude à l’autre (93).

Chez la population pédiatrique, il demeure encore à ce jour incertain si un apport optimal en calcium ou la supplémentation diminue le risque de fractures durant l’enfance (94). À l’inverse, chez l’adulte, il est beaucoup plus démontré que le calcium, combiné avec la vitamine D, prévient certaines fractures (95, 96).

3.2.

Vitamine D

Une méta-analyse a évalué l’impact de la supplémentation en vitamine D sur la DMO chez les enfants et aucun changement significatif n’a été obtenu pour les différents sites de mesure (hanche, avant-bras, colonne vertébrale et corps entier) (97). Les résultats tendaient cependant à être positifs et significatifs chez les enfants ayant un faible statut nutritionnel en vitamine D. Par ailleurs, chez des enfants en bas âge (1,8 à 6 ans), un statut optimal en vitamine D (>75 nmol/L) était associé à une DMO et un CMO supérieurs, mais seulement pour l’avant-bras et le corps entier (98). Enfin, chez des enfants et adolescents Finlandais âgés

score-Z où 5,6% de la variance de la DMO lombaire était expliquée par le taux sérique de 25OHD (99).

Chez des enfants du Qatar âgés de 0 à 15 ans, la fréquence des fractures a été reliée au statut en vitamine D. Cette fréquence était de 18,4% chez ceux présentant des taux déficients de 25OHD (<50 nmol/L) et de 8,4% chez les enfants ayant un taux sérique de 25OHD supérieur (100). Chez l’adulte, le statut en vitamine D est aussi un déterminant du risque de fractures non-vertébrales (101). De plus, une supplémentation en vitamine D à fortes doses réduit significativement le risque fracturaire (101, 102). Chez les personnes de plus de 65 ans, il a été documenté que le risque de fracture non-vertébrale diminue de 11% avec un supplément quotidien de plus de 400 UI de vitamine D (102). Chez cette même population, le risque de fracture de la hanche diminue significativement de 30% et celui des autres fractures non-vertébrales de 14% chez les individus qui maintiennent des apports en vitamine D de 792 à 2000 UI/jour. Notons que dans la plupart de ces études, les sujets prenaient également un supplément de calcium.

3.3.

La contribution des produits laitiers

3.3.1.

Apports en calcium et en vitamine D

Les produits laitiers sont la source la plus concentrée de calcium et de vitamine D et pour les enfants, la consommation de lait et de produits laitiers demeure un moyen efficace pour s’assurer d’un apport adéquat en ces deux nutriments. Dans une étude menée en Australie auprès de 222 enfants âgés en moyenne de 9,2 ans, les auteurs ont conclu que les produits laitiers contribuaient fortement aux apports en calcium (103). En effet, une consommation élevée en produits laitiers définie par ≥ 2 portions par jour, dans laquelle le lait contribue pour plus de 50% des apports, est associée à de meilleurs apports en calcium. De plus, 71% des enfants comblent leur besoin moyen estimé (BME) en calcium avec une telle consommation. Aux États-Unis, le lait de vache (toutes saveurs comprises) assure 55% des apports en calcium et 73% des apports en vitamine D chez les enfants de 2 à 8 ans (104). Ces résultats sont semblables à ceux d’une seconde étude basée sur les données de l’étude NHANES de 2001 à 2008 qui conclut que 47% des apports en calcium et 65% des apports en vitamine D sont comblés chez les enfants de 3-19 ans grâce à la consommation de produits laitiers (105). Les

enfants ne consommant pas de produits laitiers se privent donc de sources alimentaires importantes de calcium et de vitamine D, ce qui peut réduire grandement leurs apports et les empêcher de combler leurs besoins en ces deux nutriments.

Enfin, soulignons que les produits laitiers contribuent aussi à un meilleur apport en protéines, en énergie ainsi qu’en d’autres nutriments (phosphore, magnésium, vitamine A, potassium, zinc, riboflavine et niacine) (103).

3.3.2.

Densité osseuse et risque de fractures

La combinaison calcium et vitamine D serait particulièrement favorable à la santé osseuse. Notons cependant que parmi les études qui évaluent le lien entre la consommation de produits laitiers et la santé osseuse, le lait n’est pas toujours enrichi en vitamine D, puisque l’enrichissement obligatoire du lait en vitamine D n’est pas une pratique universelle. Une intervention de 18 mois consistant en la consommation quotidienne de lait (568ml) chez un groupe de jeunes adolescentes britanniques (12,2 ans d’âge moyen) consommant peu de lait au départ (environ 150ml), a entrainé des gains significativement plus élevés de DMO et de CMO du corps entier comparativement au groupe contrôle formé d’adolescentes qui maintenait leur consommation habituelle (106). Dans cette étude, il n’est pas précisé si le lait est enrichi en vitamine D, quoique cela soit peu probable considérant que l’enrichissement n’est pas obligatoire au Royaume-Uni. Dans une étude cas-témoins dont l’échantillon était composé de 91 adolescentes néo-zélandaises âgées de 15-16 ans, le gain de la DMO à la colonne vertébrale et au col du fémur était significativement plus élevé chez les cas suite à une intervention de 2 ans consistant en la prise de produits laitiers enrichis en calcium qui leur permettaient d’atteindre un apport total quotidien d’au moins 1000 mg de calcium (107). Cette intervention a permis d’accroître de manière significative leurs apports en calcium qui sont passés de 744 mg à 1155 mg par jour. Les mêmes résultats ont été observés auprès de la population adulte où la consommation quotidienne de 3 portions de produits laitiers pendant 30 mois a amélioré la DMO (bras, colonne vertébrale, corps entier) de femmes post-ménopausées grecques âgées en moyenne de 59 ans, et ce, par rapport au groupe contrôle (108). Durant cette période, la DMO des vertèbres L2-L4 a augmenté alors que celle du groupe contrôle a diminué, toutefois la différence de la DMO lombaire entre les deux groupes était non-significative bien qu’une

respectivement de 1183 mg et 752 UI par jour chez les cas, comparativement à 671 mg et 48 UI chez les témoins. Enfin, il semble que la densité osseuse à l’âge adulte reflète la consommation de produits laitiers durant l’enfance : la DMO et le CMO de la hanche se sont révélés supérieurs chez des femmes américaines caucasiennes pré et post-ménopausées (20-49 ans) qui consommaient au minimum 1 portion de lait chaque jour durant leur enfance et/ou adolescence comparativement aux femmes qui consommaient moins d’une portion par semaine (109).

Il est postulé que la consommation de lait chez l’enfant serait un élément protecteur contre les fractures récurrentes (110). En comparant un groupe d’enfants qui ont eu une seule fracture à un groupe qui en a eu plusieurs, une association significative a été observée entre une faible consommation de lait et la survenue de fractures récurrentes. Chez les femmes de plus de 50 ans, la consommation de lait durant l’enfance est aussi reliée au risque de fractures, où un risque 2 fois plus grand est observé chez celles ayant eu un faible apport (109). À l’inverse, une étude récente n’a démontré aucune association significative entre la consommation de produits laitiers durant l’adolescence et la prévention des fractures de la hanche chez la femme adulte post-ménopausée (111). Qui plus est, il a même été observé une augmentation du risque de ce type de fracture avec la consommation de lait grandissante chez les hommes. Il est expliqué que la taille, influencée notamment par la consommation de lait durant l’enfance et l’adolescence, est un déterminant du risque de fracture de la hanche. Il a d’ailleurs été observé une augmentation de 5% du risque de fractures pour chaque cm de taille chez les sujets à l’étude (111). En contrôlant les analyses pour la taille des hommes, l’association entre le risque de fracture la hanche et la consommation de lait s’en trouvait atténuée.

Bien que les observations divergent d’une étude à l’autre, il demeure relativement consensuel que le calcium et la vitamine D, dont les produits laitiers contribuent favorablement aux apports, sont grandement impliqués dans la santé squelettique et que de faibles apports en ces nutriments sont reliés à une plus petite densité osseuse durant l’enfance et la vie adulte ainsi qu’à un risque plus élevé de fractures.