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10. Discussion

10.2. Évolution de la densité osseuse

10.2.1. Corrélations des mesures osseuses

Les gains des mesures osseuses des enfants ALV et SALV corrélaient significativement avec le poids et la masse maigre, ce à quoi nous nous attendions. En effet, une forte association positive entre la masse maigre et la densité osseuse a préalablement été démontrée chez les enfants (7). Enfin, une corrélation inverse entre la DMOv et la masse maigre a été obtenue pour les deux groupes à l’étude. Une telle association n’a pas été notée dans la littérature. Ce résultat est surprenant et difficilement explicable, puisque l’inverse est plutôt attendu. Cependant, une corrélation positive et significative a été notée chez les enfants cas entre le gain de score-Z de la DMOv et celui du score-Z du ratio masse maigre/taille. Des tendances de corrélation ont aussi été observées entre le gain de score-Z de ce ratio et ceux de la DMOv (en valeur absolue et en %). Le ratio masse maigre/taille permet un ajustement des mesures anthropométriques puisqu’une personne plus grande a plus de masse maigre (188). De plus, comme la DMOv est une mesure qui corrige pour la taille, la corrélation entre cette variable osseuse et le score-Z du ratio soutient davantage le lien positif entre la masse maigre et la masse osseuse. Ce lien positif est aussi démontrée par la corrélation significative entre le gain de score-Z de la DMO du corps entier et celui de la masse maigre en % (r=0,359, p=0,037)

Aucune corrélation n’a été détectée en ce qui concerne les gains de mesures osseuses lombaires et les variables suivantes colligées à l’inclusion : apports totaux en calcium et en vitamine D et taux sérique de 25OHD. Toutefois et de manière surprenante, nous avons trouvé une tendance à une corrélation inverse entre la 25OHD initiale et le gain de la DMOv (%) chez les enfants SALV. Des associations positives ont été observées entre une 25OHD < 25 nmol/L

distal et au tibia (189). Ces résultats ont toutefois été obtenus par tomodensitométrie et aucune mesure lombaire n’a été effectuée. Bien qu’une association entre la 25OHD et la DMOv à différents sites ne soit pas toujours significative, aucune corrélation négative n’a été notée dans la littérature et celle-ci demeure difficilement explicable (190).

Les différences des apports totaux en calcium et en vitamine D entre l’inclusion et le suivi n’étaient pas non plus associées avec nos gains de mesures osseuses. Dans l’étude de Rockell et al.(156), aucune corrélation n’a été détectée entre l’apport en calcium au suivi et la DMO à la colonne vertébrale chez les enfants évitant le lait.

Parmi un sous-groupe de notre population, soit ceux qui, à l’inclusion, ne rencontraient pas leurs besoins en vitamine D ou en calcium; ceux qui avaient des apports inadéquats en calcium et en vitamine D ou encore ceux qui avaient un statut nutritionnel en vitamine D sous- optimal, aucune différence significative entre les groupes n’a été obtenue pour le gain des mesures osseuses à l’exception du calcium. Le gain de la DMO du corps entier des enfants ALV tendait à être inférieur parmi le sous-groupe ne rencontrant pas leurs besoins en calcium, mais significativement inférieur parmi le sous-groupe ayant des apports inadéquats en calcium. À l’inverse, parmi ce même sous-groupe d’enfants ayant des apports insuffisants en calcium, ce sont les enfants SALV qui avaient significativement un plus faible score-Z de la DMO du corps entier. Ces résultats laissent croire que les mesures osseuses du corps entier des enfants ALV pourraient être plus affectées par le calcium. Or, il semble que les enfants SALV soient aussi touchés que les enfants ALV. Il est à se questionner si un autre facteur, commun aux deux groupes, n’influencerait pas leur masse osseuse. Il aurait été intéressant ici de mesurer l’apport protéique de nos deux groupes à l’étude.

10.3. Statut nutritionnel en vitamine D

Dans l’étude actuelle, nous avons contrôlé l’effet de l’ensoleillement sur les niveaux sanguins de 25OHD en réalisant les prélèvements sanguins durant les mois d’octobre à avril inclusivement. Ainsi, les niveaux mesurés de 25OHD reflètent essentiellement les apports en vitamine D et la mobilisation des réserves de l’organisme. Chez les enfants ALV, une baisse significative des niveaux de 25OHD a été observée au cours du suivi, ceux-ci passant de 71 ± 19 nmol/L à 58 ± 22 nmol/L, ce qui va à l’encontre de notre hypothèse initiale qui stipulait

que les enfants ALV connaitraient une amélioration de leur statut nutritionnel en vitamine D au cours du suivi. Notre hypothèse initiale était basée sur les conseils nutritionnels en matière d’alimentation et de supplémentation en vitamine D donnés au temps initial aux enfants ne rencontrant pas leur besoin en ce nutriment. Nous nous attendions donc à ce que les apports en vitamine D s’améliorent, favorisant ainsi un meilleur statut nutritionnel en vitamine D. Or, cette baisse concorde avec la diminution significative de la proportion d’enfants supplémentés en vitamine D et adhérents à la supplémentation. Toutefois, le taux de 25OHD ne semble pas avoir évolué selon le taux d’adhérence à la supplémentation, où, autant chez les enfants-cas que témoins, le statut nutritionnel en vitamine D ne différait pas selon si les enfants étaient adhérents ou non à leur supplément de vitamine D. Par contre, une corrélation positive (r=0,562, p<0,05, résultats non-montrés) a été observée entre la concentration de 25OHD au suivi des enfants ALV et l’apport en vitamine D provenant de la supplémentation (un reflet des 3 derniers mois) au suivi. Malgré cette baisse des niveaux circulants de 25OHD, les cas ne différaient pas des témoins tant à l’inclusion qu’au suivi. Outre les apports alimentaires, les saisons sont un facteur pouvant avoir contribué au changement négatif du taux sérique en 25OHD. En effet, à l’inclusion, 33% des enfants ALV ont été vus en hiver (période où la concentration de 25OHD est normalement plus basse), alors qu’au suivi, 42% des enfants ont été vus au cours de cette saison. Cette augmentation de la proportion d’enfants vus à l’hiver pourrait expliquer la baisse des niveaux de 25OHD qui a été observée chez les enfants ALV.

Dans le cadre de L'Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2007 à 2009, 51,4% des Canadiens âgés de 6 à 11 ans avaient un taux insuffisant en vitamine D (<75 nmol/L) et la prévalence d’insuffisance était plus élevée en hiver (85, 86). Dans notre étude, la proportion des enfants ALV ayant un statut non optimal en vitamine D a augmenté de 50% à 68% lors du suivi alors que chez les enfants SALV, ce pourcentage est passé de 56% à 70%. Soulignons de plus que parmi nos enfants ALV, une baisse significative de la proportion d’enfant ayant un statut nutritionnel optimal en vitamine D a été notée entre l’inclusion et le suivi (50% vs. 32%, p<0,05). Cette diminution concorde avec la diminution significative du taux de 25OHD et de la proportion d’enfants supplémentés en vitamine D.

Dans une étude française, 33,5% des 316 enfants de 0-15 ans avaient un statut nutritionnel <30 nmol/L (191). La proportion d’enfants âgés de 5-10 ans ayant une déficience

supplémentés. Parmi nos sujets, 92% des enfants qui n’étaient pas supplémentés en vitamine D avaient un statut nutritionnel insuffisant en 25OHD (<75nmol/L) comparativement aux enfants supplémentés (47%; p<0,05).

10.4. Apports nutritionnels