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5. Allergie au lait de vache

5.6. Gestion et traitement

5.6.1.

Alimentation d’éviction

La première recommandation suite au diagnostic de l’ALV est la diète d’exclusion (13, 112, 129, 132). Il faut exclure de l’alimentation le lait et tous ses dérivés. Le tableau XI regroupe une liste non exhaustive de produits contenant du lait de vache.

Tableau XI : Produits communs contenant du lait de vache

Ghee Babeurre Poudre de petit lait Substances laitières modifiées Crème Crème glacée Lactosérum Caséinate de sodium ou de calcium

Kéfir Yogourt Huile de beurre Lait sans lactose ou lait écrémé

Crème sûre fromage Koumis Beurre ou arôme de beurre

Adapté de (132, 146, 147)

Le lait de vache peut également se retrouver dans des produits non alimentaires, comme les cosmétiques et produits de beauté, les produits pharmaceutiques et la nourriture pour animaux (146, 147). Il est primordial de lire les ingrédients et de savoir détecter les sources de lait de vache. Il est à noter que les ingrédients suivants ne contiennent pas de lait de vache et sont permis dans l’alimentation d’une personne allergique au lait (146, 147): stéaroyl- 2-lactylate, stéaroyl-lactyllactate, acide lactique, lactate, beurre de cacao, crème de tartre, glucono-delta-lactone, lactate de calcium et oléorésine.

Tous les produits indiquant «peut contenir du lait» ou «fabriqué dans des installations manipulant du lait» ne sont pas recommandés. Selon une étude évaluant la contamination des produits industrialisés, 10,2% des produits indiquant «peut contenir du lait» en contenait vraiment et 3% des produits ne déclarant contenir aucun lait étaient contaminés (148). Les aliments contaminés contenaient entre 0,13 et 7,3 mg de lait par portion. Les contaminations étaient plus fréquentes dans les petites compagnies que dans les grandes.

5.6.2.

Enseignement

Les parents et les enfants doivent être renseignés, autant sur les ingrédients que sur les mesures à prendre pour éviter la contamination croisée (13, 112, 132). Il faut porter une attention particulière à la gestion des réactions allergiques. L’enseignement devrait aussi porter sur les voyages, les repas au restaurant et sur les lois et règlements des manufacturiers. De plus, l’entourage de l’enfant, comme les grands-parents, les frères et sœurs, la gardienne ou la garderie devraient recevoir les mêmes conseils afin de minimiser les risques de réactions accidentelles (132).

Une étude prospective observationnelle a tenté d’objectiver les réactions allergiques chez les enfants d’âge préscolaire (149). Bien que la population à l’étude fût âgée entre 3 et 15

mois, les résultats sont tout de même intéressants. Chez près de 75% des participants (367/512), il y a eu 1171 réactions allergiques, dont 42% étaient secondaires à l’ALV. Les causes des réactions allergiques étaient majoritairement accidentelles, par exemple, suite à une contamination croisée ou à une erreur de lecture d’étiquette. En plus, 37% des réactions sont survenus lorsque d’autres personnes que les parents ont donné l’aliment. Ces résultats démontrent donc l’importance et la pertinence de l’éducation des parents, de l’enfant et surtout de l’entourage proche.

5.6.3.

Suivi nutritionnel

Les Bristish Society for Allergy and Clinical Immunology (BSACI) guidelines pour l’ALV, souligne qu’il est «préférable que tous les enfants diagnostiqués avec l’ALV soient évalués, au minimum une fois, par un nutritionniste» (132). Une telle recommandation ne semble pas avoir été émise par la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique. Le lait de vache étant une source de calories (énergie), protéines, calcium, phosphore, riboflavine, thiamine, vitamine B12, vitamine A, et vitamine D, les enfants qui souffrent d’ALV sont exposés à un risque accru de carence en nutriments. Le suivi nutritionnel, également appuyé par les US Guidelines (13), est donc d’une grande importance, afin d’assurer que les besoins nutritionnels soient comblés et que la croissance soit optimale. La courbe de croissance de l’OMS est l’outil d’évaluation et de suivi de la croissance en pédiatrie (2). Elle permet de comparer le poids et la taille selon l’âge et le sexe à des valeurs de référence issues d’une population en santé.

Le rôle du nutritionniste demeure également pertinent afin d’éduquer les parents sur la diète d’exclusion. À titre d’exemple, chez les nourrissons non allaités, il est primordial de choisir une formule de lait adapté à l’allergie et favorable aux besoins nutritionnels et à la croissance. Chez les enfants plus âgés, les substituts de lait assurent une diversification alimentaire, et il est important de choisir des produits enrichis en calcium et vitamine D parmi la grande variété offerte sur le marché.

5.6.4.

L’immunothérapie

Il n’existe actuellement aucun traitement efficace et prouvé pour la résolution définitive de l’ALV. La diète d’exclusion demeure la clé de la gestion des allergies alimentaires. Depuis quelques années, il est question d’immunothérapie ou de désensibilisation alimentaire comme un traitement potentiellement prometteur des allergies alimentaires. La désensibilisation se rapporte à la «capacité d’ingérer des quantités croissantes de protéines alimentaires qui normalement induisent une réaction» (150). Le principe derrière la désensibilisation orale est de maintenir régulièrement la consommation d’une quantité de protéines du lait. Cette technique ne vise pas à enrayer l’allergie alimentaire, mais à atteindre la tolérance alimentaire.

La désensibilisation orale est de plus en plus étudiée afin de déterminer s’il s’agit d’un traitement efficace et sécuritaire pour les allergies alimentaires. Chez des sujets anaphylactiques, 80% (35/44) ont atteint la tolérance totale au lait de vache et 16% (7/44) une tolérance partielle après 26,4 semaines de désensibilisation orale (151). De plus, un an après l’intervention, le taux d’IgE spécifiques avait considérablement chuté. Cette étude conclut tout de même que la désensibilisation orale est efficace, même pour les participants dont l’ALV est plus sévère. Il semble que cette conclusion soit appuyée par d’autres études (150, 152).

Malgré ces résultats encourageants, les US Guidelines ne recommandent pas l’immunothérapie orale comme traitement pour les allergies alimentaires IgE-médiée (13). Bien qu’il s’agisse d’une voie prometteuse pour la gestion des allergies alimentaires qui mènera à une amélioration de la qualité de vie des individus qui en sont atteints, plusieurs questions demeurent sans réponse incluant les effets à long terme d’une telle option. D’autres études sont donc nécessaires.

6. Conséquences de l’allergie au lait de vache