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PARTIE IV : LA SERIAL KILLARITE DANS LA PRESSE ECRITE

Section 4 : L’exploitation des résultats

Pour comparer la quantité d’articles recueillis par rapport aux autres publications, l’étape initiale consiste à réaliser un tableau (cf. ci-dessous) en calculant les pourcentages respectifs de reportages publiés par journal pour les deux tueurs en série.

Patrice Alègre Total % Michel Fourniret Total % accordés à chaque tueur en série, nous nous apercevons que celui-ci varie peu d’une affaire à l’autre, excepté pour la catégorie « Divers ». Mais, cette rubrique constitue une spécificité de

par la diversité de ses sources. Ainsi, Le Figaro demeure le journal numéro un dans le traitement des tueurs en série. A l’opposé, Le Point y consacre une très faible part de ses colonnes. Par conséquent, en dépit de la mobilisation de l’opinion publique, certains journaux accordent plus d’importance que d’autres au thème des tueurs en série. Il est possible d’en déduire que la ligne éditoriale et les objectifs du journal déterminent la manière dont les affaires criminelles sont traitées. De plus, le faible écart entre les pourcentages d’articles relatant les agissements de Patrice Alègre comparé à ceux de Michel Fourniret démontre que, sur une longue période, même les journaux peu enclins à traiter ce type d’actualité criminelle y ont accordé quelques colonnes.

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Année 1997 à 2001

Année 2002 Année 2003 Année 2004

Nombres d’articles parus pour Patrice Alègre dans la presse

Le tableau ci-dessus permet de visualiser distinctement les périodes de médiatisation dont fait l’objet Patrice Alègre. Sur la base des données recensées, il apparaît que les médias abordent plus ou moins significativement ce sujet en fonction des périodes. En effet, seulement cinquante et un articles sont comptabilisés sur les premières années. Cette période de référence commence avec la première apparition de son patronyme dans un article. En revanche, l’année 2003 et, plus précisément, le 1er avril marque un tournant dans la médiatisation de cette affaire. D’ailleurs, chaque publication étudiée évoque plus spécifiquement ce sujet les mois suivants cette date clé. Après une analyse détaillée du tableau Excel, nous pouvons observer que divers journaux traitent, à plusieurs reprises, des mêmes éléments notamment le départ en retraite du gendarme Roussel, un des enquêteurs à l’origine de la cellule « Homicide 31 ». Cette redondance des titres met en exergue la spirale médiatique encourageant les journaux à suivre le mouvement lancé par les grands médias afin de rester concurrents et compétitifs sur ce thème.

L’ensemble des titres des articles permet de retracer chaque pallier de l’affaire, sans nécessairement lire l’intégralité des écrits. Les premiers articles publiés insistent sur l’arrestation du tueur en série puis, essentiellement, sur ses aveux et sur le déroulement des rebondissements de son procès. A présent, il est intéressant de s’interroger sur la nature de ces titres dont la plupart se présentent sous la forme de phrases accrocheuses et lourdes de sens.

En fait, il existe deux catégories de titres correspondants aux deux aspects du cas Alègre. La première catégorie évoque Patrice Alègre en tant que tueur en série impitoyable : « Machine à tuer », « Un tueur en série pervers et sans émotions », « Itinéraire – la vraie vie du tueur de

Par ailleurs, nous avons dénombré une trentaine de reportages dédiés à Patrice Alègre sur l’ensemble de la période étudiée. Par exemple, le 1er mars 2004, L’express publie un dossier résumant les étapes de l’enquête. Généralement, ces reportages ont pour vocation de récapituler et de faire un point sur l’ensemble des informations recueillies et diffusées. Ce nombre de reportages représente un signe incontestable de sur-médiatisation puisque, composés de plusieurs articles et occupant de larges colonnes dans les publications, ils reflètent l’attention médiatique accordée aux actes des tueurs en série.

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Comparaison des articles parus sur Patrice Alègre et Michel Fourniret

En juillet 2003, le nom de Michel Fourniret apparaît dans la presse. Pourtant, ce tableau met en valeur une singularité. Même si l’affaire Alègre est présente depuis plusieurs années dans la presse, la courbe symbolisant la médiatisation de ce tueur en série demeure nettement supérieure à celle de Fourniret jusqu’à la période de juillet à septembre 2004. En fait, Michel Fourniret défraye la chronique un an après la publication des premiers articles.

Par conséquent, nous ne possédons pas le recul nécessaire pour analyser avec précision la représentation médiatique de cette affaire sur le long terme. Cependant, le schéma ci-dessus révèle aussi des pics d’extrême médiatisation. En juillet 2004, au moins un article par jour concernait Michel Fourniret mais, à partir de novembre 2004, cette fièvre médiatique retombe. L’angle d’attaque des articles consacrés à Fourniret diverge de celui de Patrice Alègre car, ici, l’accent porte sur la cruauté, le dégoût et la violence des crimes : « La double vie « du monstre des Ardennes » », « La sanglante dérive du couple Fourniret », « Le jeu macabre de Fourniret », « Michel Fourniret ou la nuit du chasseur », « Sanglante saga ». De même, cette citation du tueur - « j’avais besoin de chasser les vierges deux fois par an » - reprise en « gros titre » instaure un climat d’angoisse et d’horreur. Comme ce criminel pédophile a également sévi en Belgique, les journalistes ont profité de cette correspondance pour utiliser comme accroche cette citation du tueur lui-même : « Je suis pire que Dutroux ».

Comme explicité précédemment, les journalistes joue sur l’aspect spectaculaire et provocateur de ces crimes pour attirer le lecteur et assurer les ventes.

Chapitre 2 : Analyse comparative de sur-médiatisation.

Afin de définir les éléments à l’origine de l’intérêt manifesté par les journalistes, nous avons analysé l’affaire de Patrice Alègre et celle de Michel Fourniret selon cinq critères : le retentissement de l’affaire, la personnalité du tueur, le milieu social d’où il vient, le profil de ses victimes et les éventuels sujets concomitants.