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De l’expérimentation à l’action

Les préalables au label

Les premières expérimentations de démarches participatives et pragmatiques

Le premier label mis en place en 2002 n’est pas issu d’une « génération spontanée », il est à la fois le prolongement et l’aboutissement de démarches antérieures.

Ainsi deux livrets pédagogiques avaient préalablement été diffusés, le premier consacré aux centres de loisirs édité en 1998 et distribué aux acteurs éducatifs lors d’un forum départe- mental dans la commune de Giberville, le second concernant les préadolescents et les adoles- cents distribué au début de l’année 2000. Ces deux documents furent élaborés de façon parte- nariale en réunissant à chaque fois une quinzaine de personnes (animateurs professionnels et volontaires, organisateurs et formateurs) qui ont collaboré à la réflexion collective. Ils donnaient de nombreuses pistes pratiques pour améliorer les offres de loisirs proposées. Ils évoquaient aussi des procédures pédagogiques très précises notamment sur la démarche à engager dans le développement de la relation avec le public.

L’existence de ces productions était les prémices d’une construction de réseaux d’acteurs. La DRDJS habituait petit à petit les structures à se rencontrer et à échanger sur des probléma- tiques communes. L’idée consistait à associer les acteurs pour leur faire prendre conscience des évolutions possibles à engager en les impliquant dans leur propre changement. Sur le terrain, la mise en œuvre restait difficile à cause notamment de difficultés de conceptualisation et de formalisation des projets. La frontière entre le projet éducatif et le projet pédagogique demeurait pour beaucoup d’animateurs encore très floue. Tous les conseils prodigués dans les livrets ne passaient pas le cap de la mise en pratique auprès des publics.

La prise de conscience

Mais très vite, de nombreux acteurs (dont, au premier rang, la DRDJS) remarquèrent qu’il fallait aller plus loin car la qualité des actions destinées aux plus de 12 ans n’était toujours pas satisfaisante : local autogéré avec un cadre insuffisant provoquant des débordements, anima- teurs dépassés par le nombre de jeunes, absence du public féminin, jeunes de 12 à 20 ans dans les mêmes actions, baisse des effectifs dans les centres de loisirs…

Il était donc nécessaire de travailler plus en amont des projets : de passer du soutien au projet pédagogique au soutien au projet éducatif.

Fortes des démarches antérieures, la DRDJS et la CAF décidèrent de s’engager dans un travail plus dense et aussi plus exigeant pour permettre de développer les loisirs en direction des plus grands. La méthode retenue s’inspira du passé et fut en cohérence avec l’objectif de promou- voir la méthodologie de projet. Un travail très participatif fut enclenché pour définir un cadre d’intervention permettant la reconnaissance par la DRDJS et la CAF des projets d’animation destinés aux préadolescents et aux adolescents du Calvados. Ce cadre devait rester incitatif pour permettre le développement de projets de loisirs éducatifs adaptés aux besoins et aux attentes des 12-18 ans.

Au final, pendant près d’un an et demi, entre janvier 2000 et juin 2001, une centaine de personnes différentes ont apporté leur contribution à la réflexion. Un comité d’étude réunis- sant douze personnes (DRDJS, CAF, animateurs de structures permanentes) a préparé et construit toute la démarche et l’a animée. En avril 2000, lors d’une grande réunion publique, avec plus de cent participants, animateurs, organisateurs et élus de l’ensemble du départe- ment, la démarche participative a été initiée. Cette rencontre a abouti à la mise en place de quatre groupes de travail thématique (attentes-besoins des jeunes ; inventaire de l’existant sur le département ; champs respectifs de l’animation professionnelle et de l’animation volontaire ; démarches pédagogiques avec des préadolescents et des adolescents) qui se sont réunis

PRATIQUES/ANALYSES

jusqu’à six fois tout au long de l’année. Ces groupes ont mutualisé leurs travaux en janvier 2001 pour élaborer au sein de deux nouveaux groupes de travail des propositions concrètes. Ces dernières furent présentées lors d’une restitution finale en juin 2001. Cette forte participation, largement encouragée, fut à la fois une condition de la réussite et un gage de pertinence des réponses proposées.

La charte et ses outils

À l’issue de ces travaux, après examen pendant l’été par les deux institutions, le premier cahier des charges pour les structures accueillant les préadolescents et adolescents est rédigé pour fixer les critères obligatoires à remplir pour celles qui souhaitent obtenir le label pour trois ans délivré par la CAF et la DRDJS. D’emblée, un accompagnement à l’élaboration de projet est proposé et assuré par trois fédérations d’éducation populaire retenues à l’issue d’un appel d’offre basé sur le cahier des charges. Il s’agissait des centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), de la Ligue de l’enseignement et de l’Union française des centres de vacances (UFCV).

Le dispositif repose sur les outils suivants :

Un comité technique

Il est composé d’un conseiller d’éducation populaire et de jeunesse (CEPJ) de la DRDJS, un conseiller « temps libres » de la CAF, les accompagnateurs représentant les trois mouvements d’éducation populaire.

Il coordonne :

– l’accompagnement par site (il propose l’accompagnement méthodologique et pédagogique et effectue des visites sur site pour préparer des conseils techniques et mesurer l’écart entre projet écrit et réalité de terrain) ;

– l’accompagnement collectif (il met en œuvre des actions de formation en direction des acteurs de terrain – journées, rencontres – sur des thématiques liées à l’accompagnement des loisirs des jeunes) ;

– la rédaction d’un journal interactif sur les labellisations, les réalisations de terrain, les formules innovantes, les textes, les formations proposées ;

– la réalisation du bilan d’activité de l’année écoulée et l’élaboration de propositions pour des évolutions nécessaires et les moyens y afférant.

Un comité annuel de pilotage

Il regroupe les responsables des institutions et des mouvements. Il examine une fois par an :

– le bilan fourni par le comité technique ;

– le bilan annuel, quantitatif et qualitatif, fourni par les fédérations d’accompagnement, fait l’objet d’une présentation commentée oralement à deux membres du comité de pilotage. Il décide, à partir des propositions du comité technique, les orientations pour l’année à venir.

Poursuite de la démarche participative (2004-2010)

Très vite, le travail réalisé pour fonder de solides projets éducatifs de territoire concernant les préadolescents et adolescents porte ses fruits. L’accroissement de la qualité repose en partie sur la synergie vertueuse résultant de la somme emplois jeunes + accompagnement + finance- ments attractifs.

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accueils « de grands » tels qu’ils se mettent alors en place. Un manque flagrant de continuité est constaté au sein des structures, aussi bien au niveau des actions qui ne sont pas toujours complémentaires qu’au niveau des pratiques pédagogiques avec des animateurs qui travaillent chacun de leur côté.

Un nouveau label est alors créé en 2005 sur la base d’un cahier des charges enfance. La méthode retenue emprunte à celle énoncée plus haut (mode participatif), mais l’élaboration est plus rapide. Cela s’explique en grande partie par le fait que la matière (l’accueil des 3-10 ans) était mieux connue par l’ensemble des participants.

Le dispositif qui se met en place n’est pas spécifique. Le comité technique et le comité de pilotage animent non plus une démarche mais deux, de façon coordonnée. Les mouvements d’éducation populaire sont de nouveau appelés pour procéder à l’accompagnement et sont alors retenus les Éclaireuses Éclaireurs de France, les Francas, la Ligue de l’enseignement et l’UFCV.

Et logiquement, en 2008, les démarches sont fusionnées en une seule charte de référence enfance-jeunesse pour renforcer la continuité et la complémentarité éducative. Signe de maturité ou de précipitation, la fusion est effectuée rapidement et simplement, certains diront administrativement. La démarche de concertation ressemble cette fois plus à une consultation des acteurs. Cependant, l’enjeu n’est plus le même que dix ans auparavant. La fusion des démarches ne les remet pas en cause, elle n’initie pas non plus de nouveaux développements. Parce que l’accompagnement reste nécessaire, l’appel à projet est de nouveau relancé. La DRDJS et la CAF retiennent alors la Ligue de l’enseignement et l’UFCV.

PRATIQUES/ANALYSES

Le label : une démarche