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Quels critères pour la qualité ?

Des critères structurants et accessibles

Selon le Larousse, un critère se définit comme suit : « Principe, élément de référence qui permet de juger, d’estimer, de définir quelque chose. »

C’est bien ainsi qu’il a été pris dans le cadre de la labellisation. En 2002, un cahier des charges a été élaboré par la CAF et la DRDJS suite aux travaux participatifs fixant neuf critères. Dans le souci de proposer une démarche structurante et non normative, les critères sont généralistes. Ils sont bien entendu liés au contexte du début des années 2000 et à la démarche participative, mais les constats posés dans l’historique ne sont pas spécifiques à la Normandie. Les critères présentés plus bas sont autant de points incontournables sur lesquels il faut se questionner pour rédiger un projet éducatif qu’il soit de territoire ou de structures d’accueil (de la crèche au centre socioculturel en passant par l’école). Sans être universel, ils sont admis et partagés dans les grands principes par tous puisque issus d’une démarche parti- cipative. En effet, le choix d’associer les acteurs a contribué largement à la légitimité des critères qui répondent à de réelles problématiques de terrain.

Par ailleurs, il existe une véritable liberté de déclinaison des critères. La labellisation repose donc sur une prise en compte des items et la définition d’une marge de progrès inscrite dans le projet éducatif triennal suivi d’une visite sur le terrain pour apprécier la réalité de la mise en œuvre. Ce sont donc des projets de transformation qui sont labellisés.

Pendant ce temps, prenant appui sur la politique du conseil général en faveur de la jeunesse, l’ensemble des communes de Savoie a participé à une structuration cantonale de l’organisation de l’animation pour les ados et les jeunes. Les « accueils de jeunes » sont entrés dans la régle- mentation des accueils éducatifs de loisirs et, de fait, le nombre de centres de loisirs aidés par la CAF a progressé, et le potentiel de structures concernées par la charte qualité aussi.

Les centres de loisirs du département étaient plus nombreux, mais les difficultés d’organisation aussi, car nous constations un nombre important de petites structures adaptées aux spécificités de l’accueil des ados. Les Contrats enfance et jeunesse proposés alors par la CAF aux collecti- vités locales ont tenté de mettre en avant la nécessité de prendre en compte globalement l’évolu- tion des besoins des enfants et de jeunes sur les territoires et d’apporter des réponses éduca- tives et sociales concertées. La réduction des ressources financières mobilisables a encouragé à trouver des partenariats ou des regroupements gestionnaires locaux.

En 2007, la CAF a souhaité faire entrer tous les centres de loisirs dans la charte qualité dans un délai de trois ans, en y liant ses prestations. De volontaire, le projet local charte qualité est devenu quasi obligatoire pour les centres de loisirs qui ne pouvaient pas se permettre de perdre une participation financière importante.

Le groupe de pilotage a alors transformé le concept initial en démarche qualité. Les fédérations ont été aidées financièrement, par convention, pour leur mission d’accompagnement.

Récemment rassemblées pour faire une évaluation collective de leurs implications, les quatre fédérations partenaires ont déploré l’instrumentalisation dont elles ont fait l’objet de la part de la CAF, mais ont réaffirmé leur adhésion à un projet qui a permis beaucoup d’échanges entre elles et créé des habitudes de travail partenariales.

Leurs réflexions prenaient en compte les aspects positifs remontés des organisateurs : la démarche qualité a créé une dynamique localement, a renforcé le travail d’équipes et permis, ça et là, de trouver des solutions qualitativement plus appréciées par les enfants ou les jeunes. L’avenir dira si les fédérations pourront faire évoluer le partenariat avec la CAF. En tout cas, toutes s’accordent à dire que le projet initial est fédérateur tant pour les centres de loisirs que pour les membres du groupe de pilotage, et que l’intérêt de chacun et de tous réside dans la poursuite de l’action engagée.

PRATIQUES/ANALYSES

Les critères s’intégrant pleinement au projet éducatif, l’enjeu est de faire de ce dernier un véritable document, cadre garant d’une cohérence de l’action des différents acteurs. Les principes suivants s’y retrouvent :

– un projet issu de la concertation ;

– un projet décliné sur trois ans prévoyant une démarche d’évaluation ; – un projet s’inscrivant sur son territoire ;

– un projet rendant le public acteur de ses loisirs à partir de démarches pédagogiques adaptées ;

– un projet tenant compte des besoins et des attentes des différents publics ; – des activités au service du projet ;

– des locaux adaptés ;

– des équipes formées selon les besoins du projet ; – un projet rendant les familles partenaires.

Des critères appropriables

Le choix était de formuler des critères simples, faciles à comprendre et à s’approprier. Ils devaient être atteignables même par des structures modestes en termes de taille, de moyen ou encore de réflexion. Par contre, pris dans leur intégralité, le cahier des charges est exigeant, et c’est pour cela que le label s’est immédiatement doté d’un dispositif d’accompagnement pour permettre à tout porteur de projet d’y prétendre (cf. www.label.laligue14.org).

Les valeurs de chaque organisateur inscrit dans la démarche de labellisation sont préservées. Dans la mesure où « l’iris » de chaque critère est très large, il a fallu produire des outils de lecture, d’observation et de formalisation de la pratique. Les différentes chartes et cahiers des charges ont toujours proposé des préconisations et des questionnements pour expliciter les critères d’un point de vue éducatif et pédagogique. Dans un souci de transparence, les conseillers techniques Jeunesse et Sports et ceux de la CAF ont étudié les projets éducatifs à partir d’une grille de lecture reprenant la liste des critères.

Le travail d’appropriation des critères est permanent. Il passe par l’accompagnement sur site, l’accompagnement collectif (des temps de formation autour de critères), une incitation forte des équipes de terrain qui se sont professionnalisées à tenir des carnets de bord, à produire un rapport d’activité annuel, à rentrer modestement dans une culture de l’écrit et de l’évaluation. Le plus souvent possible, il est fait référence aux critères et surtout aux objectifs éducatifs des différentes structures qui les traduisent selon leur contexte, leurs ambitions et leurs moyens. Aujourd’hui, la plupart des professionnels et des élus des structures en labellisation savent et font régulièrement référence aux critères. Certains de ces critères font débat, notamment celui sur « l’enfant acteur ».

Un critère fortement discuté : la notion « d’enfant et de jeune acteur »

Ce critère a évolué dans sa formulation. En 2002, dans la charte préadolescents-adolescents, la notion d’acteur n’est pas présente en tant que telle dans le libellé du critère, il est unique- ment fait référence aux besoins des jeunes dans le critère 1 : « Le projet ne doit pas seulement répondre à la demande de loisirs des jeunes, il doit aussi prendre en compte leurs besoins. » Le besoin de s’impliquer dans les projets est évoqué dans les préconisations. D’autre part, le critère 5 (« L’inscription ou l’adhésion des jeunes aux activités est nécessaire ») pose les conditions de l’engagement des jeunes dans la structure et introduit la notion d’acteur.

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C’est dans la charte enfance en 2005 qu’apparaît clairement dans le critère 2 le fait de « rendre l’enfant et le jeune réellement acteurs de leurs loisirs ». Il se décline sur deux plans : la prise de parole, la négociation, la décision et cette fois, la prise d’initiative et l’accompagnement dans la mise en œuvre.

En 2008, dans la charte enfance-jeunesse, le critère 4 est libellé ainsi : « Développer des démarches progressives qui permettent de rendre l’enfant et le jeune acteurs de leurs loisirs. » Destinée aux 3-17 ans, la notion de progression devient essentielle tant pour le public que pour les équipes qui doivent adapter leur pédagogie à ce principe. Cette fois, les préconisa- tions portent sur cinq points :

– la prise de parole, la négociation, la décision (comme précédemment) ;

– la prise d’initiative et l’accompagnement dans la mise en œuvre (comme précédemment) ; – la démarche de participation contribue à la fidélisation (les conditions sont plus importantes

que la réalité des actions) ;

– pour les préadolescents et adolescents, l’adhésion nécessaire à la démarche (les éléments de 2002 sont rappelés) ;

– la valorisation des projets initiés par les enfants et les jeunes (dire ce qui se fait). Il y a un véritable parti pris pédagogique dans ce critère qui génère de la polémique.

Il pose des difficultés dans sa mise en œuvre, il est remis en cause par certaines structures qui construisent leur action autour de programmes d’activités et qui ont du mal à co-construire les propositions directement avec le public. Elles arguent que les familles ou leurs élus veulent des sorties de « consommation ». Mais il est difficile de mesurer objectivement si la proportion de parents et d’élus demandeurs de loisirs de consommation est si grande. Cela témoigne peut-être de la nécessité de renforcer la communication en direction des familles sur ces démarches participatives avec le public.

Les chapitres suivants permettront d’avoir une vision plus concrète de la mise en vie de la charte actuelle.