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L’exemple d’un centre régional latino-américain de catégorie 2 : le CRESPIAL :

PARTIE II : ANALYSE POURQUOI CONSTRUIRE UNE COOPERATION CULTURELLE A PARTIR DU PCI ?

Chapitre 5 : Etat des lieux de la coopération culturelle caribéenne

2) L’exemple d’un centre régional latino-américain de catégorie 2 : le CRESPIAL :

Le CRESPIAL fut créé en février 2006, par un accord signé à Paris entre l’UNESCO et le Gouvernement du Pérou, comme un centre de catégorie 2 de l’UNESCO. C’est une « institution autonome de caractère international au service des Etats Membres de l’UNESCO, chargée de soutenir les activités de sauvegarde du PCI des pays désirant coopérer avec lui »193.

Quinze pays sont actuellement membres du CRESPIAL : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, le Salvador, Guatemala, Paraguay, Pérou, Mexique, Uruguay et Venezuela. La création de ce centre pourrait être une source d’inspiration pour construire un projet au niveau caribéen.

En effet, l’objectif du Centre est ici de « promouvoir et de soutenir les actions de sauvegarde et de protection du vaste PCI des peuples d’Amérique Latine »194. Il entend pour

cela « contribuer à la formulation de politiques publiques dans les pays de la région, à partir de l’identification, de la valorisation et de la diffusion de sa culture vivante, action qui génèrera l’enrichissement de la diversité culturelle latino-américaine et qui sera conforme aux principes de la Convention de 2003 »195 et « contribuer au perfectionnement de l’articulation et du

dialogue entre les Pays Membres et aux mécanismes et instruments de sauvegarde du PCI, renforçant le développement culturel durable des pays de la région et facilitant la reconnaissance des droits culturels. »196

Chaque Etat membre est responsable d’un organe de contact (ce sont les représentants des institutions gouvernementales de chacun des pays membres du CRESPIAL) en charge de la coordination des projets et actions du Plan Stratégique. Chaque pays possède un seul organe de contact, qui peut ensuite déléguer ses fonctions et tâches spécifiques à d’autres membres de son institution, mais il reste à tout moment le coordinateur général de chaque action pour son pays.

Le CRESPIAL est composé d’un Conseil d’Administration (l’autorité maximum du CRESPIAL, constitué d’un représentant de chaque Etat Membre et un représentant du Directeur Général de l’UNESCO), d’un Comité Exécutif (comité technique chargé de veiller au

193 Traduction de l’auteur. Source : Portail web du CRESPIAL 194 Idem

195 Idem 196 Idem

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fonctionnement du Centre, supervisant les programmes du CRESPIAL, et de réaliser le suivi des activités approuvées par le Conseil d’Administration ; il est constitué des représentants de 5 Etats Membres choisis par le Conseil d’Administration), d’un directeur général et du personnel de gestion. Le Conseil d’Administration met en place un plan stratégique sur 4 ans et des plans opératifs sur 2 ans.

Les fonctions concrètes du CRESPIAL sont197 : (a) Soutenir les Etats Membres dans la

formulation de politiques pour l’implémentation de la Convention de l’UNESCO 2003 ; (b) Organiser des activités pour le renforcement des capacités de sauvegarde du PCI dans la région latino-américaine ; (c) Organiser des actions de coopération Sud-Sud entre les Etats Membres, entres les institutions et réseaux de professionnels, favorisant l’échange d’expériences relatives à la sauvegarde du PCI ; (d) Contribuer à une meilleure connaissance de la Convention de l’UNESCO 2003 dans les Etats Membres du Centre, considérant comme stratégie principale l’inclusion des communautés porteuse de leurs propres PCI ; (e) Gérer des projets multinationaux sur la sauvegarde du PCI dans les Etats Membres.

Pour ce faire, le CRESPIAL développe les activités et projets suivants198: (a) Cours

présentiels et virtuels de formation à la sauvegarde du PCI, gestion du PCI, photographies et vidéos entre autres. La mobilisation se fait à travers la page Internet du CRESPIAL et la sélection des participants s’effectue en collaboration avec les Organes de contact des Etats Membres ; (b) Mise à disposition de fonds visant à soutenir les projets de sauvegarde du PCI, basés sur la modalité de « fond graine » (‘fundo semilla’, avec l’idée de faire germer les fonds). Les critères de chaque concours sont établis tous les deux ans par le CA et la sélection se fait en collaboration avec les Organes de contact ; (c) Banque de photos et vidéos. Le CRESPIAL met à disposition des citoyens des Etats Membres une banque de photos et de vidéos sur les PCI, accessibles depuis la page web ; (d) Publications en ligne pour téléchargement libre. Ce sont des documents produits par le CRESPIAL dans le cadre de ses projets et activités ; (e) Gestion de projets multinationaux199 ; (f) Réseau d’information sur le PCI latino-américain,

197 Selon les informations figurant sur son portail web. 198 Idem

199 Voici quelques exemples concrets de projets multinationaux menés par le CRESPIAL : (a) Projet de Sauvegarde

du PCI des communautés Aymara de Bolivie, du Chili et du Pérou (après un CD registrant les expressions musicales aymara des trois pays, ils travaillent maintenant sur les traditions orales de ces peuples) ; (b) Inventaire de l’Univers Culturel Guarani (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay). Projet : construction d’une une plate-forme digitale commune avec une base de données des expressions culturelles guaranis et l’élaboration d’une cartographie. Actions réalisées : diagnostic par chacun des pays, analyse des différences et similitudes, CD

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diffusé à partir de la page web et sur les réseaux sociaux du CRESPIAL, où il apporte quotidiennement des informations sur les principales activités, projets et programmes des 15 pays membres du Centre.

Ainsi, le CRESPIAL propose une manière innovante de repenser la coopération culturelle à partir du PCI. Son expérience pourrait nous servir de modèle à l’heure de réfléchir à la mise en œuvre d’une coopération culturelle dans la Caraïbe.