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L’espace : l’aire urbaine de Marseille – Aix-en-Provence

Cette section a pour objectif de caractériser l’espace sur lequel va porter notre étude. Pour cela dans un premier temps, nous présenterons la zone d’étude (§1), pour ensuite nous intéresser aux données mobilisées à cette échelle (§2).

1. La zone d’étude

Lorsqu’est venue la question de l’échelle géographique à retenir pour cette étude, une multitude de solutions s’offraient à nous : la commune, l’agglomération, le bassin de vie, les zones d’emploi ou encore l’aire urbaine. Nous avons choisi de retenir cette dernière échelle pour deux raisons. La première est qu’il s’agit d’une échelle suffisamment large pour comprendre un nombre assez important d’individus ; et la seconde est qu’il s’agit de l’échelle la plus pertinente, vu qu’elle se définit en termes d’emplois comme nous allons le voir dans la sous-section suivante.

Le choix de la région marseillaise s’est imposé à nous pour plusieurs raisons : la première est que nous recherchions une zone sur laquelle la population est importante et l’emploi conséquent ; la seconde est que Marseille présente un profil très intéressant en termes d’analyse de la ségrégation de par son histoire.

Il est nécessaire, avant de présenter cela, de revenir sur la notion même d’aire urbaine, et sur la caractérisation de celle d’Aix-en-Provence – Marseille, avant d’aborder l’échelle géographique considérée qui est celle de l’Ilots Regroupés pour l’Information Statistique.

1.1. Le zonage en aires urbaines de 2010 et l’aire urbaine marseillaise 1.1.1. Le zonage en aires urbaines de 2010

Le zonage en aires urbaines de 2010, qui prévaut toujours actuellement en France, repose sur la définition de trois grandes catégories de zones urbaines : petites, moyennes et grandes. La différence entre les trois repose sur les seuils d’emploi considérés. Ainsi, l’Insee définit ces trois catégories de la manière suivante :

 Une grande aire urbaine est « un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine8) de plus de 10 000 emplois, et

8 Définition de l’Insee : « la notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. On appelle unité urbaine une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants. Si l’unité urbaine se situe sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée. Si l’unité urbaine s’étend sur plusieurs

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par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine9) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci » ;

 Une aire urbaine moyenne désigne un « ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine) de 5 000 à 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci » ;

 Une petite aire urbaine correspond à « un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle (unité urbaine) de 1 500 à 5 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci ».

Ce zonage est représenté sur la carte 3-1.

communes, et si chacune de ces communes concentre plus de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu, elle est dénommée agglomération multi-communale. »

9 Définition de l’Insee : « La couronne recouvre l'ensemble des communes de l'aire urbaine à l'exclusion de son pôle urbain. Ce sont des communes ou unités urbaines, dont au moins 40 % des actifs résidents travaillent dans le pôle ou dans les communes attirées par celui-ci. »

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Carte 3-1 : Le zonage en aires urbaines de 2010

La définition de ces zones géographiques en matière notamment d’emploi, nous permet d’assurer une certaine cohérence dans notre étude. En effet, ces zones comportent un nombre important d’habitants, et surtout d’emplois qui permettent de considérer que la plupart des individus vont travailler ou prospecter un emploi à l’intérieur de ce périmètre. Ainsi, nous pouvons vraisemblablement étudier de manière pertinente la relation entre les individus, leur lieu de résidence et l’emploi.

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1.1.2. L’air urbaine marseillaise

L’aire urbaine de Marseille – Aix-en-Provence se trouve au Sud-Est de la France, dans la région Provence – Alpes – Côte-d’Azur. Il s’agit de la troisième plus grande aire urbaine française derrière Paris et Lyon, regroupant chacune respectivement en 2013, 12 405 426 et 2 237 676 d’habitants. L’aire urbaine marseillaise, avec ses 1 734 277 habitants en 2013, se trouve dans la catégorie des « aires urbaines à croissance moyenne » avec une croissance démographique principalement due à sa densification (Floch et Levy, 2011). Cette zone est composée d’un petit nombre de communes, seulement 90, dont 17 dans le Var et 73 dans le département des Bouches-du-Rhône. Elle est construite autour de deux pôles urbains que sont Aix-en-Provence et Marseille, cette dernière étant historiquement structurante de cette région. Fondée aux alentours de 600 avant J.C. sous le nom de Massilia par les marins grecs de Phocaea, Marseille est la plus vieille ville de France. Depuis l’Antiquité, Marseille est un important port marchand, qui a connu un développement commercial considérable durant le XIXème siècle. Tirant avantage de l’expansion de l’empire colonial français, Marseille devient une ville industrielle prospère avec le statut de premier port à destination des colonies. Il reste aujourd’hui le premier port français, le second de la zone méditerranéenne et le quatrième port européen. À la suite de la décolonisation et de la désindustrialisation qui est intervenue dans les années 1960, la zone a souffert de fortes difficultés économiques, ainsi que d’une mauvaise image liée à l’importante criminalité qui s’y développait. La ville connait cependant un renouveau urbain, économique et culturel depuis la fin des années 1990.

L’ouverture de Marseille sur la Méditerranée en a fait une ville cosmopolite basée sur l’échange culturel et économique avec l’Europe du Sud, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie.

De par son statut de plus vieille ville de France, Marseille représente l’opportunité d’étudier une ville (et ses environs) dont la construction et l’organisation se sont faites au fil du temps, à travers différentes ères de développement économique. Il s’agit également d’une des villes françaises qui a connu le plus de vagues successives d’immigration, accueillant les populations de tout le bassin méditerranéen. Marseille et ses environs sont un melting-pot de cultures, de populations, ce qui se ressent dans l’organisation de la ville en elle-même. Cette aire urbaine représente donc une opportunité unique d’étudier la répartition spatiale de populations très hétérogènes et de ces implications en termes d’emploi.

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1.2. Les Ilots Regroupés pour l’Information Statistiques (Iris)

La relation de l’individu à l’urbain ne se joue pas à une échelle globale mais bien à la proximité immédiate des individus. Il en va de même pour leur relation à l’emploi. Comme nous l’avons vu dans le chapitre 2, les demandeurs d’emploi ne prospectent efficacement que dans un périmètre restreint autour de leur lieu de résidence (Davies et Huff, 1972). La recherche d’emploi passe principalement par contacts personnels (Mortensen et Vishwanath, 1994), contacts qui se définissent majoritairement via une proximité géographique. Ainsi, il est important, si nous souhaitons caractériser au mieux le lien entre rapport à l’espace et à l’emploi des individus, de raisonner à une échelle intra-urbaine la plus fine possible. Par conséquent, afin de décrire au mieux la réalité de la situation, nous avons mené cette étude à l’échelle de l’Iris (Ilots Regroupés pour l’Information Statistiques), dont la définition est donnée dans la section 1 du chapitre 1.

L’aire urbaine Marseille – Aix-en-Provence compte 742 Iris, visibles sur la carte 3-2.

Carte 3-2 : Découpage et type d’IRIS de l’aire urbaine marseillaise

Les communes non-irisées sont comptabilisées comme un Iris unique venant se confondre avec l’échelle communale. Nous en dénombrons 48 dans l’intégralité de l’aire urbaine. Ces

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dernières correspondent en périphérie aux communes les plus éloignées et les plus « ruralisées » de l’aire. Comme nous pouvons le voir, au contraire et de manière logique, les communes les plus peuplées sont celles ayant un découpage le plus fin et correspondent majoritairement à des Iris d’habitats (à l’exception de quelques zones naturelles comme les calanques ou parcs, et des zones d’activité liées au port). Un certain nombre d’Iris d’activité sont visibles aux abords de l’Étang de Berre, connu pour son activité industrielle.

2. Les données sur l’espace

Il est nécessaire pour notre étude de pouvoir caractériser ces territoires autrement que par leur répartition géographique. Ainsi, nous avons créé une base de données à l’échelle des Iris afin de caractériser leur composition sociale mais également économique.

L’Insee diffuse un ensemble de base de données à l’échelle infra-communale sur différentes thématiques que sont : le logement, les diplômes-formations, les couples-familles-ménages, l’évolution et la structure de la population et les caractéristiques de l’emploi, dont le contenu est détaillé sommairement dans le tableau 3-1.

Thématiques Informations Sources

Logements

Résidences principales : par nombre de pièces, par type, par surface, par ancienneté d’aménagement, par statut d’occupation, par ancienneté d’occupation, par

années de construction

Ménages : par ancienneté d’aménagement Résidence secondaire

Logements vacants

Insee - Recensement de la Population – Exploitation principale

Diplômes - formations

Caractéristiques des personnes : par âge Caractéristiques des personnes scolarisées : par âge Caractéristiques des personnes non-scolarisées : par

diplôme, par sexe

Insee - Recensement de la Population – Exploitation principale

Couples – ménages - familles

Composition des ménages : en termes de familles, de personnes (statut matrimonial, CSP) Composition des familles : nombre d’enfants

Insee - Recensement de la Population – Exploitations principale et

complémentaire Population

Composition de la population : par âge, par CSP, par origine, par sexe

Insee - Recensement de la population – Exploitation principale et

complémentaire

Activité des résidents

Caractéristiques des actifs : par âge, par sexe, par statut d’activité, par CSP, par moyens de transport Caractéristiques des salariés : par sexe, par temps de

travail, par type de contrat

Caractéristiques des non-salariés : par sexe, par statut

Insee - Recensement de la Population – Exploitation principale et

complémentaire Revenus Nombre de ménages fiscaux

Quartiles et déciles de revenus Insee - DG-FIP Emploi au lieu de

travail

Nombre de postes salariés

Nombre de postes salariés du secteur marchand Insee – CLAP

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Nous avons, à l’aide de ces différents fichiers, créé une nouvelle base de données ne contenant que les informations pertinentes pour notre étude, dont les variables sont visibles et explicitées dans le tableau 3-2.

Nom de la variable Description

Dist_moy Distance moyenne entre les centroïdes des IRIS

Emp_loc Densité d’emploi local

Fam_mono Pourcentage de familles monoparentales

Etr Pourcentage d’étrangers dans la population résidente

Immi Pourcentage d’immigrés dans la population résidente

Rev_med Revenu médian

cadre Pourcentage de cadres parmi les actifs

ouvr Pourcentage d’ouvriers parmi les actifs

empl Pourcentage d’employés parmi les actifs

Tx_chom1564 Taux de chômage des 15-64 ans

Tx_chom1524 Taux de chômage des 15-24 ans

Dipl_VI Pourcentage de personnes n’ayant aucun diplôme ou un brevet des collèges parmi les personnes de plus de 15 ans non-scolarisées

Dipl_V Pourcentage de personnes titulaires d’un BEP ou d’un

CAP parmi les personnes de plus de 15 ans non-scolarisées

Dipl IV Pourcentage de personnes titulaires d’un baccalauréat

général, professionnel ou technologique parmi la population de plus de 15 ans non-scolarisée

Dipl_III Pourcentage de personnes titulaires d’un diplôme de type bac+2 (DUT, BTS, DEUG, écoles de formations sanitaires ou sociales, etc.) parmi la population de plus de 15 ans non scolarisée

Dipl_II Pourcentage de personnes titulaires d’un diplôme du

second ou troisième cycle universitaire (licence, maitrise, master, DEA, DESS, doctorat) ou d’un diplôme de grande école parmi la population de plus de 15 ans non-scolarisée

Log_vac Pourcentage de logements vacants

propri Pourcentage de propriétaires parmi les logements

résidence principale

HLM Pourcentage de résidence principale de type logement

social

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Ces variables seront utilisées par la suite afin de comprendre et d’appréhender le lien qu’opèrent les individus avec leur espace de résidence.