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L’influence de la ségrégation urbaine sur l’emploi : une étude de cas sur l’aire urbaine

MARSEILLAISE

Les apports du chapitre 1 sur la mesure et les origines de la ségrégation urbaine :

 Les villes sont caractérisées par une structuration de l’espace urbain en fonction des différents groupes de populations qui la composent.

 Les études sur la ségrégation portent principalement sur les villes Nord-Américaines, et la ségrégation est majoritairement abordée sous l’angle de l’origine ethnique.

 La ségrégation est une situation d’équilibre de long terme résultant des choix de localisation des ménages avec certains facteurs cumulatifs.

Les apports du chapitre 2 sur les explications des disparités d’emploi intra-urbaines :

 Les caractéristiques intrinsèques des individus influencent leurs chances d’emploi : niveau d’éducation, genre, origine ethnique, etc.

 À ces caractéristiques s’ajoute le rôle du lieu de localisation, selon deux angles : o L’éloignement aux emplois :

 Les individus vivant dans des lieux éloignés ou mal connectés aux emplois ont plus de risque d’être au chômage.

 La distance aux emplois a un effet sur l’efficacité et l’intensité de la recherche d’emploi d’une part et sur la productivité d’autre part.

o Les interactions sociales locales influençant l’environnement des individus :  Les interactions sociales indirectes : la composition sociale du quartier

de résidence influence les chances d’emploi. Les probabilités d’emploi dépendent du statut d’emploi, et donc du taux de chômage dans le quartier de résidence. De forts taux de chômage sont décourageants pour les individus en recherche d’emploi. Par ailleurs, les employeurs potentiels l’interprètent comme un signal sur la productivité des individus du quartier.

 Les interactions sociales directes : les caractéristiques des personnes côtoyées au quotidien influencent les opportunités sur le marché du travail. Les effets de pairs et la tendance à la reproduction sociale sont des mécanismes explicatifs.

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 Le réseau social tient un rôle important dans l’obtention d’un emploi, même si ce n’est pas l’unique réseau mobilisé par l’individu. Cependant, tous n’ont pas recours aux mêmes méthodes dont l’efficacité peut être nuancée.

L’objectif de ce chapitre est d’étudier la véracité et l’influence de ces différents points à travers une étude empirique originale.

De prime abord, Paris semble être LA zone à étudier de par son rôle crucial, central et structurant de capitale. Cependant, il nous semblait intéressant de nous éloigner de cette configuration urbaine très particulière, qui de plus, a reçu beaucoup d’attention en termes d’analyse de la ségrégation résidentielle (e.g. Preteceille, 2006 ; Merle, 2010 ; Baumont et Legros, 2013 ; Bonnet et al., 2015 ), et d’emploi (e.g. Gobillon et Selod, 2007 ; Du Parquet et

al., 2011 ; Georges et al., 2015). Aussi, nous avons choisi de centrer notre étude sur la

deuxième plus grande ville et troisième plus grande aire urbaine française : Marseille – Aix- en-Provence. Son statut de plus vieille ville de France et son ouverture sur l’extérieur fait de Marseille une zone hétérogène très intéressante à étudier en termes de ségrégation urbaine. La question centrale de ce chapitre s’inscrit dans la lignée des enseignements des précédents : l’organisation de l’aire urbaine marseillaise a-t-elle un impact sur la probabilité d’emploi de ses résidents ?

Peu de travaux ont été réalisés dans un contexte européen. Nous n’avons recensé à l’heure actuelle que quatre études complètes sur le sujet. La première a été menée par Fieldhouse (1999) qui étudie, entre autre, l’influence de la distribution géographique des minorités ethniques dans le Grand Londres sur les différences de chômage. Gobillon et Selod (2007) s’intéressent aux effets de la ségrégation résidentielle et du spatial mismatch sur l’employabilité des individus en région parisienne. Sari (2012) s’intéresse, sur la même zone, aux effets des quartiers défavorisés sur le chômage. Enfin, Dujardin et al. (2008) ont montré qu’il existait un effet « quartier de résidence » sur les probabilités de chômage dans l’aire urbaine bruxelloise.

Nous avons montré dans le premier chapitre de cette thèse que Marseille connaissait les indices de ségrégation les plus élevés. Nous nous positionnons dans la suite de cette première étude en essayant de caractériser plus particulièrement cette ségrégation à l’échelle des quartiers. Pour cela, nous réalisons une typologie des quartiers selon le profil socio- économique de ses habitants, pouvant être mis en parallèle des indices locaux calculés. Cette typologie est par la suite intégrée à un modèle d’estimation de la probabilité d’emploi des

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jeunes marseillais. Elle nous permettra alors de mettre en avant l’existence d’effet de quartiers sur l’emploi.

Afin de prendre en compte les différents résultats mis en avant dans le chapitre 2, nous intégrons également dans l’estimation de ces probabilités d’emploi un ensemble de caractéristiques individuelles. Les résultats sont en adéquation avec les théories énoncées dans la première section du chapitre 2 : les femmes, les immigrés et les moins qualifiés auront des probabilités d’emploi moindres.

L’effet de la distance aux emplois est également pris en compte dans notre modèle. Pour cela, nous intégrons deux variables : une mesure de la densité d’emplois présents localement et une mesure de la distance à vol d’oiseau des emplois. Nos estimations permettent la validation de l’hypothèse de mauvais appariement spatial, lorsque les résultats sont significatifs.

Enfin, nous testons l’effet des interactions individuelles, qu’il s’agisse d’effet de pairs ou de réseaux, en mobilisant l’économétrie spatiale pour estimer le modèle de probabilité d’emploi précédemment évoqué. Il ressort de nos estimations que le fait d’être entouré de quartiers défavorisés ou encore de personnes peu qualifiées diminuera les chances d’emplois des jeunes marseillais.

Ainsi, notre étude vient corroborer les éléments mis en avant dans les chapitres précédents en démontrant l’existence d’un effet de la structure urbaine sur les probabilités d’emploi des jeunes dans l’aire urbaine marseillaise. Globalement, nous pouvons affirmer qu’il existe bien un lien entre la ségrégation et l’emploi des populations urbaines, de par leur choix résidentiel, dans l’aire urbaine d’Aix-en-Provence – Marseille.

Ce chapitre se structure en quatre sections. Dans un premier temps, nous caractérisons plus précisément l’espace urbain de notre étude, pour dans un deuxième temps nous intéresser aux individus que le compose. La troisième section constitue le cœur de cette étude en s’intéressant aux interactions entre ces individus et leurs espaces, et l’effet engendré sur leur chance d’emploi. Enfin, nous étendons notre modèle avec la prise en compte de la géographie de la structure urbaine via l’utilisation de l’économétrie spatiale.

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