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L’espace clos de la prison est celui-là même attribué à l’espace féminin car

c -L’ordre de la narration :

4- L’espace clos de la prison est celui-là même attribué à l’espace féminin car

les barreaux qui signifient l’interdiction existent déjà dans la conscience de la femme , Najet par son silence est dors et déjà dans une sorte de prison, sa prison est en elle (l’interdiction de la parole).Par son entrée dans la prison « réelle » les barreaux symboliques se matérialisent, désormais le silence n’est plus simulé, il devient évidant car en s’acharnant dans son mutisme elle s’y enfonce encore plus en dépit de sa grande contribution à accroître sa relation confusionnelle avec son fils (Zoheir).

Toutefois, l’espace de la prison est un espace sombre dénigré de lumière mais lorsqu’il s’associe avec la nuit il devient l’espace de la vérité puisque l’introspection la plus importante susceptible de révéler l’énigme autour du père de Zoheir se révèle dans cet espace : « La nuit enveloppa la prison de son voile

lugubre (…). Sa pensée malade traversa le temps pour la ramener jusqu’à une période de sa jeunesse qu’elle voulait de toute ses forces effacer de sa mémoire (…). Car son infâme violeur ne l’assaillait jamais qu’à la faveur du noir complice. Combien de fois cela s’était-il répété ? Plus qu’elle ne pouvait s’en souvenir ;des nuits et des nuits…jusqu’au jour terrible où elle s’était aperçue que l’irréparable était accompli ! (…) Pourquoi s’était-elle contrainte au silence ?elle n’avait pas besoin de chercher pour y répondre : sa mère !(…). Toute la vie se serait écoulée autour d’eux à l’instant même où elle aurait parlé… ». (1)

Dès lors, l’entrée dans l’espace de la prison n’est pas gratuite, de même que le plaidoyer pour Najet est censé être celui en faveur de la Femme, cette mise en œuvre de la scène de prison et le passage devant le juge est une tentative de l’écriture de la dénonciation motivée par la cause féminine modestement divulguée .Dénoncer dans l’implicite devient une stratégie revendiquée par ce type d’écriture voire « préméditée ».

b-2- l’espace libre :

Certes, l’espace dans le quel émane cette écriture est un espace clos ( la maison - la prison ),néanmoins « les espaces clos, limités, enfermés, sont refusés

par la sensibilité des personnages (…) ».(1) ; Ceci – dit, il n’en demeure pas moins

que l’école représente le seul espace où règne un semblant de " liberté ", elle est l’espace de la dé /énonciation ( dé : négation / énonciation : des idées reçues )

En effet, nous assistant à un échange d’idées entre énonciation et dé / énonciation instaurant le débat qui ne peut avoir lieu que dans une certaine "liberté d’expression ", l’école est donc le lieu de l’émancipation de la femme, d’ailleurs le personnage de Houria porte un prénom qui signifie " liberté " dans le langage arabe et profane d’emblée un discours dénonciateur : « Pour moi, madame, la femme doit lutter pour s’imposer dans la société. Car la liberté ne se donne pas. Elle s’arrache ! ». p.15

Il en résulte que l’école fait partie de ces espaces de cloisonnements qui sont porteurs de sens dont le recours devient indispensable.

Synthèse :

Le Passé décomposé parait comme un « subterfuge », néanmoins, l’auteur pour mieux dissimuler ses véritables intentions cherche à conférer à son récit une certaine authenticité d’où cet aspect objectif tant revendiqué dans le texte. Toute fois, la cohabitation qui existe entre discours / récit trahit quelque peut ses efforts de vouloir masquer la vérité, « aussi, nous apparaît-il que récit et discours sont deux

stratégie différentes visant au même but : convaincre le destinataire ». (1)

Nous avons jugés bon d’invoquer cette fameuse dialectique récit / discours pour démontrer que le Passé décomposé a beau prétendre à une certaine objectivité, le discours est là pour la nier, en dénonçant toute la subjectivité qui s’y dégage et ce n’est qu’après avoir analyser les moments forts du récit où le dialogue atteint son paroxysme que nous avons pu conquérir la subjectivité, là où l’auteur s’affaibli, où il baisse garde pour se trahir lui même par une écriture qui sert plus la « dénonciation » qu’elle ne le cache, c’est dans l’optique d’un éventuel résultat que nous avions procéder ; nous avons vu que le dialogue affirme la subjectivité, toutefois, l’auteur tente de le remanier d’une manière ingénieuse de sorte que l’information soit réduite et par la même, la dénonciation moins visible.

Nous avons vu aussi que l ‘écriture du Passe décomposé exige le recours au fameux matériaux de la mise en abyme vue son étroite relation avec « l’implicite » et qui se trouve être l’un des procédés majeurs qui a rendu la dénonciation cachée possible; la mise en abyme a permis une superpositions indirecte du discours, un rapprochement non- immédiat de certaines idées, voire une ressemblance créant un univers polyphonique propre à la dénonciation, aussi, tout événement dans le Passé décompose, toute action , tout énoncé n’est guère fortuit, tous ces éléments sont mis en œuvre pour servir la « dénonciation », seulement un lecteur non avertis ne s’en apercevra peut être jamais; par ce procédé de masquer /dé masquer la dénonciation de construire / déconstruire l’énonciation,

1

- A. Grange : la dialectique récit / discours dans la stratégie de la persuasion in stratégies discursives – Actes de colloques ; Université de St Etienne. P 246.

l’auteur non – seulement tient les « rênes » du récit, choisissant d’accélérer ou de stopper le processus de la découverte du sens mais de surcroît, de mener une double narration des deux récits ( grâce à la mise en abîme, dont l’unicité ressuscite la dénonciation « cachée».) « L’acte d’écriture en tant qu’acte , produit

inévitablement des conséquences sur le monde dans lequel vit son auteurs ne serait ce parce qu’il le transforme en y ajoutant un texte ». (1)

Dès lors, les procédés usés dans le Passé décomposé participent eux aussi dans le procès de l’écriture par rapport à son contexte et l’usage qu’il en fait. L’écriture devient donc l’arme absolue de la dénonciation, toutes fois, est –ce une attaque (agression) ou une auto défense. ?

Une lecture plurielle est elle possible ? C’est ce que nous découvrirons dans le troisième chapitre intitulé : univers thématiques.