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Chapitre 1 Mobilités résidentielles et socioprofessionnelles : un traitement par l’enquête emploi

1. L’enquête Emploi : une source efficace pour mesurer les mobilités

traitement par l’enquête emploi

Avant de pouvoir mesurer les mobilités résidentielles et leur articulation aux mobilités socioprofessionnelles des individus, il faut répondre à deux questions méthodologiques qui se posent d’autant plus vivement que l’on cherche à faire remonter les analyses dans le temps. Premièrement, il faut choisir la source à mobiliser. On commencera donc par présenter les raisons qui nous ont fait faire ce choix. Deuxièmement, il faut prendre en compte le fait que l’enquête Emploi n’a pas été conçue pour mesurer les mobilités résidentielles. L’utiliser comme on a choisi de le faire nécessite de faire certains choix méthodologiques et de procéder à certains arbitrages qu’il est nécessaire de présenter.

1. L’enquête Emploi : une source efficace pour mesurer les

mobilités

La mesure de la mobilité résidentielle en tant que telle pose comme première question celle de la source à utiliser (Bonvalet et Brun 2002). Cette question se pose d’autant plus qu’on cherche ici à croiser deux dimensions de la vie des individus : la dimension socioprofessionnelle et la dimension résidentielle. Après avoir évoqué les difficultés propres à la mesure de la mobilité résidentielle, on présentera l’enquête Emploi en tant que telle, puis ses nombreuses évolutions à travers le temps.

1.1. La mobilité résidentielle, un phénomène délicat à saisir

La mobilité résidentielle est un phénomène plus difficile à mesurer qu’il n’y paraît. Elle fait apparaître les limites d’enquêtes comme le Recensement de la population et l’enquête Logement93.

Les qualités du Recensement de la population sont nombreuses : avec une exploitation au tiers, le Recensement permet en particulier d’adopter des découpages territoriaux très fins là

93 On pourrait encore évoquer d’autres enquêtes, comme l’enquête SRCV de 2007 qui compte un module

« dernier déménagement », l’Échantillon Démographique Permanent (Wolber et al. 1998), le Panel Européen des Ménages (Gobillon 2001) ou encore les enquêtes DADS qui peuvent être elles aussi détournées de leur objet initial et utilisées pour mesurer les mobilités résidentielles (Royer 2007).

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où les autres enquêtes sont vite limitées par la taille de leur échantillon et par les règles de confidentialité. L’INSEE met à disposition du public une base de données nommée « Migcom », contenant les variables qui permettent d’identifier les individus ayant un lieu de résidence différent en 2003 et en 200894. Au-delà des difficultés techniques que la taille de cette base peut occasionner (on parle ici d’une base de plus de 18 millions de lignes), l’utilisation de cette extraction du Recensement rencontre plusieurs limites. Tout d’abord, elle suppose de prendre de réelles précautions méthodologiques pour mesurer les mobilités résidentielles. En effet, la période d’observation des mobilités résidentielles est de cinq ans : on dispose du code de la commune de résidence à l’enquête et cinq ans avant l’enquête. Ces informations permettent bien d’identifier les mobiles mais pas les mobilités, notamment les éventuelles mobilités multiples au cours de la période. La production de taux annuels de mobilité suppose d’avoir recours au modèle « migrant-migration » (Courgeau 1973 ; Courgeau et Lelièvre 2004). Si ce modèle permet de prendre en compte les mobilités répétées au cours de la période d’observation ou encore l’évolution de la disposition des individus à la mobilité au cours de leur vie, il est connu pour être peu maniable et pour reposer sur des hypothèses lourdes. Pour les mêmes raisons, le Recensement ne permet pas de suivre les évolutions conjoncturelles de la mobilité. Qui plus est, cette période d’observation des mobilités de cinq ans fait que les caractéristiques de l’individu ont pu changer entre le moment où a eu lieu la mobilité et la date de l’enquête. Plus la période d’observation des mobilités est longue, et plus cet écart peut se creuser. Les Recensements précédents couvrant des périodes de neuf ans, les comparaisons dans le temps sont plus délicates encore. Enfin et surtout, la base « Migcom » ne comprend pas d’informations sur les mobilités socio-professionnelles ou les changements de situation familiale. Ces informations sont disponibles dans d’autres extractions du Recensement, mais l’INSEE ne fournit pas de clé d’appariement ni d’identifiant individuel permettant de fusionner les différentes bases. Il n’est donc pas possible, en l’état des données rendues disponibles à la diffusion par l’INSEE, de croiser les mobilités résidentielles et les trajectoires professionnelles ou familiales.

L’enquête Logement est une autre source disponible pour mesurer les mobilités résidentielles. Comme son nom l’indique, elle est spécifiquement conçue pour traiter des questions liées au logement, y compris les mobilités résidentielles. Son échantillon est très

94http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/default.asp?page=recensement/resultats/doc/presentation-flux-

confortable (42 000 logements ont répondu à l’enquête en 2006) et elle permet d’établir des séries longues, l’enquête la plus ancienne rendue disponible aux chercheurs étant actuellement celle de 1970. Dans l’enquête 2006, deux blocs de questions sont particulièrement intéressants en matière de mobilité : « mobilité résidentielle entre 2002 et 2006 » et « opinion et projets de mobilité ». Mais l’enquête Logement présente elle aussi plusieurs limites. D’abord, sa période d’observation des mobilités - quatre ans - pose les mêmes problèmes méthodologiques que ceux que l’on a évoqués pour le Recensement95. Ensuite, elle ne donne aucune information sur la mobilité professionnelle des individus. Enfin, la dernière enquête remonte à 2006 et les dernières mobilités identifiées peuvent donc remonter à plus de dix ans.

Des enquêtes comme le Recensement ou l’enquête Logement présentent donc trois difficultés communes : elles ne permettent pas d’identifier directement les mobilités annuelles, ne rendent pas compte des variations conjoncturelles, et sont pauvres en informations permettant de mettre en regard mobilité résidentielle et mobilité socio- professionnelle. Mais l’enquête Emploi permet de lever ces trois difficultés.

1.2. L’enquête Emploi et les mobilités

L’enquête Emploi permet de résoudre plusieurs des problèmes méthodologiques soulevés par d’autres enquêtes. Volet français des Labour Force Survey organisées à l’échelle européenne, l’enquête Emploi est l’une des pièces maîtresses du dispositif statistique national. Avec son taux de sondage important96, elle fournit des informations détaillées sur plusieurs centaines de milliers d’individus âgés de quinze ans ou plus et permet d’étudier finement un phénomène comme la mobilité résidentielle qui ne concerne qu’une petite minorité des enquêtés. Lorsqu’elle est créée en 1950, l’enquête Emploi a pour objectif premier de mesurer l’évolution de la population active et du chômage entre deux recensements. La « connaissance de la main-d’œuvre et de l’emploi » est présentée comme son objectif et sa plus-value principale (Grais 1968 ; Salais 1969). À cette époque, le chômage était résiduel mais constituait déjà une préoccupation politique ; jusqu’à ce que les agences publiques de l’emploi soient mises en place et soient en mesure de produire des statistiques exploitables, l’enquête Emploi a été la seule source permettant de suivre

95 Cela dit, certains auteurs calculent des proportions annuelles moyennes de mobiles à partir de l’enquête

Logement sans prendre en compte la distinction entre migrant et migration (Debrand et Taffin 2005, 2006). Ce raccourci n’est pas toujours considéré comme fautif (Royer 2007)

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l’évolution conjoncturelle de l’emploi et du chômage de manière satisfaisante (Goux 2003). La périodicité de l’enquête Emploi, annuelle jusqu’en 200297 puis réalisée en continu avec diffusion des données par trimestres à partir de 2003 fait qu’elle permet de suivre les évolutions conjoncturelles des variables étudiées, ce que ni le Recensement, ni l’Enquête Logement ne permettent. Qui plus est, les données sont diffusées rapidement, ce qui permet de travailler sur des données récentes qui manquent souvent aux travaux portant sur la mobilité résidentielle98. Les données 2011 de l’enquête Emploi ont ainsi été rendues disponibles aux chercheurs en janvier 2013.

L’enquête Emploi est efficace pour mesurer les mobilités des individus car ceux-ci se voient poser, de manière systématique depuis 1968, une série de questions portant sur leur situation un an avant l’enquête. Par la suite, on appellera l’ensemble de ces questions le « bloc (n-1) ». Le « bloc (n-1) » permet de mesurer les mobilités résidentielles et professionnelles des individus, et donc de travailler sur la coïncidence entre les deux99. Il fait l’objet d’une attention particulière dans la mise en œuvre de l’enquête Emploi et d’une réelle attention méthodologique : dès 1968, les instructions aux enquêteurs insistent sur les précautions à prendre pour assurer une collecte de ce bloc de bonne qualité100 (INSEE 1970). Ces précautions sont rappelées et précisées au fil du temps. Les Instructions aux enquêteurs de 1982 (INSEE 1982) insistent particulièrement sur ce point, rappelant aux enquêteurs que « les termes [des questions] ont été soigneusement pesés » (p. 98). Une telle insistance a semble-t-il été suivie d’effets, au point que les Instructions aux enquêteurs de 1990 laissent entendre que les enquêteurs ont appliqué ces instructions avec trop de zèle : « [ces questions] doivent être posées avec tact, en sachant que […] des changements importants pour l’enquête peuvent, de bonne foi, ne pas être perçus comme tels par l’enquêté » (INSEE 1990, p. 85)101.

97 Son objectif étant de permettre de mesurer les évolutions conjoncturelles de la population active, l’enquête

Emploi a été semestrielle entre 1975 et 1981, mais cette semestrialisation étant coûteuse et peu exploitée, l’enquête Emploi est redevenue annuelle en 1981 (voir Affichard 1987).

98 Les données de Nivalainen (2004) sont antérieures à 1996, celles de Tenn (2010) ne dépassent pas 2000… 99 L’enquête Emploi dispose aussi d’un petit module longitudinal construit sous forme de calendrier

rétrospectif d’activité. Si son exploitation donne des résultats riches (Courgeau et Meron 1995), ce module ne sort pas de la dimension professionnelle et ne permet pas de remonter aux années 1970 comme le bloc (n-1). On a donc choisi de ne pas le mobiliser.

100 Il est ainsi précisé : « Ne vous contentez jamais d’une affirmation telle que : ‘il n’y a pas de changement’

[…]. Contrôlez que toute différence dans les réponses correspondantes, est bien l’indication d’une modification effective » (Instructions aux enquêteurs, 1970, p. 86).

101 Le rôle joué par les instructions aux enquêteurs souligne le rôle de ces derniers eux-mêmes. En quarante

ans, population des enquêteurs de l’INSEE a beaucoup changé (Dussert 1996), ce qui peut ne pas être sans effet sur les mesures produites (Gollac 1997).

Le bloc (n-1) est riche en informations sur la situation professionnelle de l’enquêté un an avant l’enquête, et si l’enquête Formation et Qualification Professionnelle est encore exploitée102, de plus en plus de travaux utilisent l’enquête Emploi pour travailler sur les mobilités socioprofessionnelles (Amossé 2002, 2003 ; Amossé et Ben Halima 2010 ; Lemoine et Wasmer 2010 ; Lalé 2010, 2012). Mais le bloc (n-1) permet aussi de travailler sur les mobilités résidentielles. Si la mesure de l’emploi, du chômage et de l’évolution de la population active a toujours été l’objectif principal de l’enquête Emploi, celle-ci s’est diversifiée au fil du temps et a progressivement inclus de nouvelles questions permettant d’en faire un usage proprement sociologique. Sur le plan résidentiel, l’enquête Emploi permet d’identifier les mobilités ayant eu lieu au cours de l’année écoulée. Tout individu déclarant un logement différent en (n-1) de celui qu’il occupe en (n) est considéré comme mobile. Mesurer les mobilités résidentielles sur un an ne permet pas d’identifier les mobilités résidentielles multiples au cours d’une année, ni les individus ayant quitté leur résidence et y étant retourné au cours de la même année, mais cette période d’observation des mobilités est bien plus satisfaisante que celle du Recensement ou de l’enquête Logement, et permet de résoudre la question de l’utilisation ou non du modèle migrant- migration. Après l’avoir comparée au Recensement et à l’enquête Logement, Donzeau et Pan-Ké-Shon (2009a, 2009b) ont d’ailleurs conclu à la supériorité de l’enquête Emploi pour mesurer les mobilités résidentielles. En choisissant l’enquête Emploi, on dispose donc d’une source unique pour étudier les mobilités professionnelles, résidentielles, et l’éventuelle coïncidence entre les deux.

L’enquête Emploi présente cependant deux faiblesses quand il s’agit de travailler sur les mobilités. Il s’agit tout d’abord d’un problème d’échantillon. Certes, l’enquête Emploi est l’une des plus grosses enquêtes de l’INSEE, mais l’échantillon est poussé à ses limites lorsqu’on travaille sur les mobilités et sur les mobiles. Sachant que la part d’individus ayant déménagé hors de leur département s’établit autour de 3% chaque année, et sachant que le bloc (n-1) n’est administré depuis 2003 qu’aux individus en première interrogation, et que ceux-ci représentent un sixième de l’échantillon, le nombre d’individus exploitables fond comme neige au soleil103. En 2003, par exemple, seuls 4 000 individus interrogés avaient changé de département. Si ce chiffre reste confortable, il ne permet cependant pas de

102 Objet d’un récent numéro de la revue Economie et Statistique (n°431-432, 2010), l’enquête FQP est

qualifiée de « source inépuisable pour la recherche en sciences sociales » (Goux 2010).

103 On a d’ailleurs choisi de limiter la mesure des mobilités aux logements entrant dans l’échantillon chaque

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multiplier les croisements et les variables de filtre. Les résultats tirés de ce sous-échantillon font souvent preuve de fortes variations d’une année sur l’autre, rendant nécessaire d’avoir recours à des moyennes sur plusieurs années et donc de ne plus pouvoir mesurer les variations conjoncturelles. La deuxième faiblesse de l’enquête Emploi est qu’elle a pour unité d’observation le logement. En cela, elle reste tributaire de la vision statistique traditionnelle qui associe ménage et logement (Amossé et Ponthieux 2011) et ne permet d’identifier ni des comportements comme ceux de multilocalité résidentielle104, ni l’évolution de la situation familiale et conjugale des individus l’année précédant l’enquête.

1.3. L’établissement de séries longues

Cependant, une des grandes forces de l’enquête Emploi est de remonter jusqu’à la fin des années 1960105. Elle est en cela supérieure à de nombreuses enquêtes localement plus efficaces mais ponctuelles dont les données ne permettent pas de faire émerger des tendances de long terme. Cette qualité de l’enquête Emploi la rend toutefois aussi difficile à manier. En effet, l’enquête a beaucoup évolué dans le temps, sous l’effet d’abord de l’évolution des questions adressées à l’appareil statistique national. L’identification des « formes particulières d’emploi » a ainsi été introduite en 1982. Cette information n’est pas disponible avant, quand l’emploi « atypique » était marginal et, surtout, n’avait pas été construit comme un enjeu pour les politiques publiques. L’enquête évolue aussi au gré des progrès des méthodes de collecte et de traitement des données (mise au point du sondage aréolaire, informatisation du traitement puis de la saisie, semestrialisation, passation en continu…). Traiter l’enquête Emploi en longue période est aussi une entreprise d’archéologie de la façon dont ont été et sont produits les chiffres. C’est un travail qui suppose de mettre en cohérence des nomenclatures modernes et des nomenclatures abandonnées parfois depuis longtemps, ou encore de retrouver des définitions de termes peut-être évidents en leur temps mais désormais obscurs. Depuis 1968, l’enquête emploi a été révisée quatre fois, en 1975, 1982, 1989 et 2003 :

104 Toulemon (2011) indique comment identifier dans l’enquête Emploi les individus qui n’habitent

qu’occasionnellement dans le logement enquêté par la « fiche logement ». Il n’est cependant pas possible de travailler sur ces individus avec le corps de l’enquête.

105 Avant 1968, l’enquête ne permet pas de travailler sur les mobilités. Seule l’année 1965 comprend un bloc

Tableau 1. L’évolution des principales caractéristiques de l’enquête Emploi depuis 1968

Date Disponibilité à l'ADISP Périodicité Taille l'échantillon de Taux de sondage moyen

Type

d'échantillon Rotation l'échantillon de

Nouvelles

questions Autres caractéristiques

1968 à 1974 oui versions standard Annuelle en mars (sauf en 68 entre avril et juillet) 60 000

ménages 1/300 Sondage aréolaire

Renouvellement par tiers tous les

ans Informatisation de l'exploitation 1975 à 1981 oui versions standard Semestrielle (mars et octobre), sauf en 75 (avril-mai) et 76 (mars) annuelle 60 000 ménages 1/300 Idem période précédente Renouvellement par tiers tous les ans. Echantillon de mars et d'octobre disjoints Disponibilité pour prendre un emploi (1975) Mesure de la population active et du chômage au sens du BIT (1975) 1982 à 1989 oui versions standard Annuelle, en mars (sauf en 82 en avril- mai) 60 000 ménages 1/300 Idem période précédente Renouvellement par tiers tous les

ans Salaire déclaré en tranches ; formes particulières d'emploi (CDD, stages, intérim) ; profession du père, inscription à l'ANPE, durée habituelle du travail (1982) Adaptation du questionnaire à la nomenclature PCS (1982) Abandon des concepts

"au sens du recensement" (1982) 1990 à 2002 oui versions standard Annuelle, en mars (sauf en 1990 et 1999 en janvier) 75 000 ménages 1/300 Idem période précédente Idem Salaire détaillé, calendrier mensuel rétrospectif d'activité, horaires alternants (1990)

Collecte assistée par ordinateur (1992). Récupération d'informations dans SIRENE (1990) Codification automatique de la PCS 2003 à 2011 oui versions standard, versions "production et recherche", et versions pour Eurostat (EFT) Trimestrielle, collecte en continu tout au long de l'année 36 000 logements, doublé à partir de 2009 1/600 Sondage aréolaire Renouvellement par trimestre pour 1/6ème. Chaque logement est interrogé 6 fois Prise en compte de la multiactivité (3 employeurs, 3 professions) ; diversité des horaires de travail ; revenus annuels du travail des non-salariés ; allocations Source : http://www.cmh.ens.fr/greco/enquetes/serieee.php. et Goux (2003, p. 52)

ADISP : Archives de Données Issues de la Statistique Publique, http://www.cmh.ens.fr/greco/adisp.php

Les vagues successives de l’enquête Emploi présentent une hétérogénéité certaine. Elles peuvent être l’occasion de redéfinir une variable, d’en changer les modalités, voire de la supprimer. En 2003, dans le cadre du vaste projet de mise en place des Labour Force

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Survey, l’enquête est devenue trimestrielle et administrée en continu. Il s’agit là du plus important changement qu’elle ait connu. Alors que les enquêtes précédentes étaient pour l’essentiel menées en mars, des individus sont désormais interrogés tout au long de l’année. Si certaines variables ne sont pas affectées par ce changement, d’autres peuvent être soumises à de notables ruptures de série106. Ces ruptures peuvent parfois apparaître au sein d’une même série d’enquêtes, comme par exemple 1990 quand l’enquête a été réalisée en janvier et non en mars, et entre 1977 et 1981 lorsqu’elle fut rendue semestrielle.

L’histoire de l’enquête Emploi étant celle de son enrichissement progressif, de nombreuses variables présentes dans les vagues d’enquête les plus récentes ne peuvent pas être analysées en remontant très en avant dans le temps. Il n’est pas rare non plus que la même information soit contenue dans des variables différentes au fil des enquêtes, ou dans une variable dont la définition change et évolue. Parce que l’enquête Emploi a beaucoup changé au fil du temps, il faut la retravailler et en harmoniser les données pour pouvoir l’utiliser sur longue période.

2. La préparation des données : harmoniser les statistiques d’hier