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L’efficacité des étirements sur la spasticité

Section 6 : Étude de l’efficacité des mouvements passifs et des étirements dans la

6.4 La spasticité

6.4.4 L’efficacité des étirements sur la spasticité

L’administration d’un programme d’étirement fait partie de la routine de traitement en physiothérapie pour les patients atteints d’hypertonie spastique (267). Les professionnels de la santé utilisent cette modalité dans le but de réduire les symptômes de la spasticité en

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normalisant le tonus musculaire, en maintenant ou en augmentant l’extensibilité des tissus mous entourant l’articulation atteinte, en diminuant la douleur et en améliorant la fonction (238). Cependant, l’efficacité des étirements demeure toujours non concluante pour le traitement et la prévention de la spasticité (11, 238, 267).

Une méta-analyse réalisée par Katalinic et coll. en 2010 (11) s’est intéressée à l’efficacité des étirements chez des patients spastiques atteints de différentes conditions neurologiques dont principalement les accidents vasculaires cérébraux. L’analyse a pris en considération cinq études pour un total de 163 participants. L’analyse statistique des résultats n’a pas démontré d’évidences claires concernant l’efficacité des étirements sur les effets immédiats (suivi à l’intérieur des 24 h suivant l’arrêt du traitement) et à long terme (suivi plus d’une semaine post-traitement). Les effets à court terme (suivi entre 24 h et une semaine) n’ont pas été investigués en détail. Il est également important de prendre en considération que les étirements administrés au cours de ces études comprennent le positionnement, les plâtres, les attelles et les orthèses. Les outils de mesures utilisés dans chacune des études sont soit l’échelle de Tardieu ou l’échelle d’Ashworth. Le lecteur peut consulter les annexes 33 et 34 pour obtenir de plus amples détails concernant cette méta-analyse.

Bovend’Eerdt et coll. en 2008 (238) a également publié une revue de la littérature concernant l’efficacité des étirements sur la spasticité de patients présentant diverses conditions neurologiques. Les résultats de cette étude ont aussi permis de conclure que les données actuelles demeurent insuffisantes pour mettre en évidence l’efficacité des étirements dans le traitement de la spasticité. Contrairement à l’étude de Katalinic et coll. en 2010, les articles traitant des étirements de longues durées tels que les attelles, plâtres, positionnements ou orthèses ont été exclus de la revue. De plus, les outils d’évaluation employés ont été très diversifiés. Parmi ceux-ci, on retrouve l’évaluation électromyographique, le « 10 mètres de marche », l’analyse de la marche en laboratoire, l’amplitude articulaire, l’évaluation des réflexes tendineux, le « H-réflex » et le « M-Wave », l’échelle d’Ashworth, etc.

Plus précisément à la clientèle blessée médullaire, une seule étude s’est intéressée à l’efficacité des étirements de courte durée sur la diminution de la spasticité. Harvey et coll. 2000 (259) s’est attardée à l’effet des étirements exercés quotidiennement sur les chevilles pendant 30 minutes pour une période de quatre semaines. L’analyse des résultats n’a pas pu démontrer d’effet de traitement positif. La résistance aux mouvements passifs mesurée par

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un potentiomètre de même que l’amplitude articulaire n’ont pas démontré de changements significatifs entre le début et la fin du traitement. Les auteurs estiment que de plus amples études seront nécessaires afin de déterminer l’efficacité des étirements sur le traitement et la prévention de la spasticité chez des patients atteints d’une lésion à la moelle épinière. Les détails de cette étude sont disponibles à l’annexe 35.

Finalement, il existe une importante hétérogénéité concernant la méthodologie, la population à l’étude, les interventions et les mesures de résultats, ce qui rend plus ardue la comparaison entre les études et la synthèse de l’information (238). La définition de la spasticité étant toujours très controversée, l’évaluation de cette complication neurologique demeure d’autant plus complexe et difficile à quantifier objectivement (11, 92, 208, 238, 239). En effet, certaines études ne mesurent pas directement la spasticité, mais plutôt ses signes et symptômes cliniques comme l’amplitude de mouvement, le patron de marche ou le réflexe tendineux. Il n’existe ainsi aucune standardisation dans l’évaluation de la spasticité et les outils de mesures employés ont de pauvres qualités métrologiques. Le lecteur est invité à consulter la section 5.5.1.2 pour plus amples détails. De plus, malgré la présence de plusieurs articles traitant de l’efficacité des traitements de la spasticité, son évaluation est de manière générale considérée en mesure secondaire de résultats, ce qui limite les informations divulguées à son sujet (238). D’autre part, on remarque de même une disparité importante de la population sujette aux études présentées à savoir des patients atteints d’un traumatisme crânio-cérébral, d’un accident vasculaire cérébral, d’une blessure à la moelle épinière, d’une paralysie cérébrale, d’une sclérose en plaques et plusieurs autres (11, 238). Bien que les observations cliniques et expérimentales décrivant la spasticité soient bien souvent généralisées à plusieurs populations, Bovend’Eerdt et coll. en 2008 (238) et Woolacott et coll. 2006 (273) estiment que la physiopathologie de la spasticité diffère selon si l’origine est médullaire ou cérébrale. L’efficacité des traitements pourrait en être ainsi influencée. Cependant, il n’existe pas d’évidence scientifique à ce sujet dans la littérature (238). De plus, le type d’étirement administré constitue un facteur important pouvant compénétré les résultats. D’après le consensus général et les études in vitro, il semblerait que les étirements appliqués sur une plus longue durée de temps à l’intérieur d’une séance auraient une efficacité supérieure sur la diminution de la spasticité (238). Ainsi, si tel est le cas, l’obtention de résultats négatifs d’études utilisant le positionnement, les plâtres, les attelles ou les orthèses comme modalités, laisse supposer que des études similaires effectuées avec des étirements intermittents de courtes durées devraient aussi obtenir des

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résultats négatifs. Somme toute, l’absence de standardisation d’outils de mesure de la spasticité, le manque de connaissance concernant la pathophysiologie de cette condition en fonction des différentes populations et le manque de preuves sur les effets des différents types d’étirements limitent grandement la recherche actuelle. Ceci explique pourquoi les résultats de recherche demeurent non concluants.