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Le matérialisme doit- il être athée ?

3. L’athéisme matérialiste

Il y a ainsi une existence réelle de l’athéisme et du matérialisme à l’âge classique, sans que ces deux positions, ou ensembles de positions (qu’on les considère comme cadres mentaux, dispositions cognitives, thèses argumentatives dans un système post- scolastique, empirisme né d’une pratique nouvelle de l’expérimentation et/ou rhétorique nouvelle de l’expérience à cette période, ou encore mutation d’un épicurisme post-Renaissance) soient des jumeaux parfaits, interdépendants ou interchangeables. On constate néanmoins la présence d’un athéisme puissant dans certains des plus grands textes matérialistes, tels que la Lettre sur les aveugles (qui amènera Diderot en prison en 1749) et son raisonnement hostile à la physico- théologie qui fait intervenir la figure du monstre contre Dieu, ou d’autres illustrations d’un « radicalisme » à la fois matérialiste et athée comme chez Meslier et d’Holbach. Dans ce contexte- là on est confronté à un cas de réelle cohérence dans un rapport matérialisme- athéisme, en tant qu’ils peuvent constituer une métaphy-sique, et/ou être métaphysiquement fondés.

En effet, à part les athées pratiques, il y a aussi ceux que Bayle appelle les athées de raison, ou Voetius l’ateismus speculativus, jusqu’à être des athées métaphysiciens, comme dom Deschamps et son immense Vrai

Sys-35 « Illustrations of Some Particulars in the Preceding Disquisitions », dans Priestley, Disquisitions Relating to Matter and Spirit, déjà cité, p. 355.

36 Anon., Lettres à Sophie, contenant un examen des fondements de la religion chrétienne et diverses objections contre l’immortalité de l’âme [1770], édité par O. Bloch sous le titre Lettres à Sophie. Lettres sur la religion, sur l’âme humaine et sur l’existence de Dieu, Paris, Champion, 2004, p. 212.

Le matérialisme doit- il être athée ? 67 tème, qu’il montra à Diderot, et les athées anti- métaphysiciens, comme La Mettrie, qui affirme souvent que nous n’avons pas accès à l’essence de la matière (ce qui en soi rend, là encore, très difficile l’idée de Kors, de présenter l’athéisme comme une figure produite au cœur de la dialec-tique scolasdialec-tique). Pour Deschamps, « un système d’athéisme ne peut être qu’un système métaphysique »37. Selon lui, il faut se situer non pas sur le plan physique comme Mirabaud- d’Holbach (nous dirions pro-bablement aujourd’hui que Deschamps critique une forme purement

« empiriste » du matérialisme, qui serait pour lui « sans fondement »), mais sur le plan métaphysique ; mieux, même ceux qui parlent de lois physiques sont condamnés à la métaphysique. L’athéisme élimine Dieu ; mais il oublie de mettre quelque chose à la place, c’est- à-dire la « Vérité ».

Pour le dire autrement, l’athéisme doit se hisser au niveau quasi trans-cendantal et ne pas s’en tenir aux simples « faits », puisqu’il s’agit après tout de réfuter… Dieu.

Certains athées – de « raison », spéculatifs38, etc. – se seraient sim-plement plus préoccupés que d’autres de questions touchant à la nature et au statut de la matière, de même que certains matérialistes se préoc-cuperaient davantage d’argumentation ontologique sur les premiers principes, sur l’origine du monde, alors que d’autres laisseraient de côté cette mutation de la philosophie première en faveur par exemple d’une réflexion sur les rapports entre le corps et l’âme, ou le cerveau et l’esprit.

L’athéisme est, ou peut être, une métaphysique. De même pour le maté-rialisme, qui contrairement à une idée commune (représentée ici par Lewontin), n’est pas nécessairement lié à une approche expérimentale, empirique, empiriste de la nature, car il peut prendre des formes spécu-latives – allant d’une réflexion sur la matière dotée d’une forme d’activité intrinsèque (comme chez Toland) à une métaphysique de la matière vivante, dotée de propriétés complexes comme la sensibilité (chez Dide-rot), cette métaphysique pouvant aussi passer par la construction heu-ristique du rêve, comme nous le décrivons au chapitre 3. Cette matière

37 « Le mot de l’énigme métaphysique et morale », La Vérité ou le Vrai Système, dans Œuvres philosophiques, B. Delhaume éd., 2 volumes, Paris, Vrin, 1993, p. 84.

38 Selon l’expression du théologien d’Utrecht Gilbert Voet ou Voetius (1589-1676) dans son De ateismo (1639). Les athées « pratiques » sont par exemple des « rabelaisiens » (comme nous le décrivons effectivement autour de la notion de « rire matérialiste » au chapitre 4).

animée n’est certainement pas une « simple matière » que l’on rencontre n’importe où. On pourrait même dire qu’elle est un peu spiritualisée, au sens où La Mettrie employait ce mot à propos des leibniziens, au début de L’Homme-Machine : « Les leibniziens, avec leurs Monades, ont élevé une hypothèse inintelligible. Ils ont plutôt spiritualisé la matière, que matérialisé l’âme »39. Mais n’allons pas classifier Diderot strictement avec Van Helmont et d’autres formes d’hylozoïsme spiritualistes40. Car sa métaphysique de matière vivante est aussi… une machine de guerre contre la religion, comme on le voit par exemple dans ce célèbre passage du Rêve de D’Alembert, rédigé en 1769 mais jamais publié de son vivant : Voyez- vous cet œuf ? C’est avec cela qu’on renverse toutes les écoles de théologie et tous les temples de la terre. Qu’est- ce que cet œuf ? une masse insensible avant que le germe y soit introduit ; et après que le germe y soit introduit, qu’est- ce encore ? une masse insensible, car ce germe lui- même n’est qu’un fluide inerte et grossier. Comment cette masse passera- t-elle à une autre organisation, à la sensibilité, à la vie ? par la chaleur. Qu’y produira la chaleur ? Le mouvement. […].41

Diderot affirme ici un lien direct entre une théorie de la génération, l’épigenèse, et l’existence d’une matière vivante auto- organisatrice, sans Dieu. Ce passage peut se lire de deux façons quasi opposées : comme l’expression d’une critique de la théologie fondée sur des bases « empi-riques » (le développement de l’œuf)42, ce qui correspond à la notion de

« néospinozisme » inventée jadis par Paul Vernière, mais aussi comme l’expression inverse d’une métaphysique spéculative de la matière vivante, sans aucun fondement « empiriste ». On ne peut pas mieux le dire que Jacques Chouillet :

39 L’Homme-Machine, dans Œuvres philosophiques, vol. I, déjà cité, p. 63.

40 Même s’il faut prendre cette filiation au sérieux, comme le suggère J. Fabre, « Diderot et les théosophes », Cahiers de l’AIEF, vol. 13, no 1, 1961, p. 203-222.

41 DPV, vol. XVII, p. 103-104.

42 Vernière, Spinoza et la pensée française avant la Révolution [1954], 2e édition, Paris, PUF, 1982, p. 529. Nous critiquons cette notion et cherchons à la réhabiliter autre-ment dans « Une biologie clandestine ? Le projet d’un spinozisme biologique chez Diderot », La lettre clandestine, no 19, 2011, p. 183-199. Dans son ouvrage original L’en-vers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières, Paris, Éditions Amsterdam, 2006, Yves Citton analyse lui aussi le spinozisme des Lumières d’une manière non positiviste, contrairement à Vernière.

Le matérialisme doit- il être athée ? 69 Si l’on veut dire par là que le matérialisme (particulièrement en biologie) est une hypothèse utile qui, bien souvent, conduit les chercheurs par des voies plus sûres que l’hypothèse inverse, on aura pris une vue juste de la question.

Si au contraire on estime que le matérialisme de Diderot est expérimenta-lement prouvé, ou bien encore s’inspire de la méthode expérimentale, on s’expose à de graves objections : ni le passage de la sensibilité inerte à la sen-sibilité active, ni la génération spontanée ne sont du ressort de la méthode expérimentale.43

Il faut bien voir qu’ici l’appel à une « évidence » scientifique est loin-tain, ou alors tout à fait construit. Comme l’écrivit joliment Olivier Bloch, dans une formule que nous avons déjà citée au chapitre précédent, la science n’est pas « le laboratoire du matérialisme »44. Il s’agit d’une méta-physique de la matière vivante, qui s’auto- organise – et qui par là est très éloignée de toute « preuve » ou « fondement » scientifique – tout comme l’athéisme, n’en déplaise à Lewontin. De fait, quand l’abbé Bergier, dans son Examen du matérialisme qui est une critique du Système de la nature45, se saisit habilement du problème du « pourquoi » et du « comment » (qui est aussi celui de Diderot dans les Pensées sur l’interprétation de la nature,

§ LVI), il voit bien que dans la science post- newtonienne débarrassée de la métaphysique, les explications matérialistes ou mieux, physicalistes, ne peuvent plus discuter de la définition de l’essence de la matière. Bergier montre que toutes les explications prétendument nouvelles des matéria-listes se trouvaient déjà chez Descartes, Newton et Leibniz ; « il n’était pas nécessaire d’être athée ou matérialiste » pour les faire ; de plus, « quand on s’est persuadé que la matière et le mouvement sont éternels, et que Dieu n’existe pas, en est- on plus avancé pour découvrir les ressorts secrets de

43 Chouillet, Diderot poète de l’énergie, Paris, PUF, 1984, p. 52-53.

44 « Poursuivre l’histoire du matérialisme », Matière à histoires, Paris, Vrin, 1998, p. 459.

Sur ce rapport entre la dimension spéculative et la dimension expérimentale dans le matérialisme (ici, sur le cas particulier de Diderot), voir l’analyse de F. Pépin, La phi-losophie expérimentale de Diderot et la chimie, Paris, Garnier (Histoire et phiphi-losophie des sciences), 2012, IIIe partie, surtout p. 477 et suiv. J. Zammito, dans ses réflexions historico- philosophiques sur le naturalisme et le matérialisme, va plus loin et milite pour une compréhension « toujours déjà herméneutique » de la science : « Natura-lism as a Response to the New MateriaNatura-lism », The New Politics of MateriaNatura-lism. History, Philosophy, Science, S. Ellenzweig et J. Zammito dir., Londres, Routledge, 2017.

45 N.-S. Bergier, Examen du matérialisme ou Réfutation du système de la nature, 2 volumes, Paris, Humblot, 1771.

la Nature ? »46 Cela n’est qu’un « dogme » (Bergier reprend en sa faveur l’idée d’une symétrie entre athéisme et métaphysique scolastique tradi-tionnelle), l’idée étant que l’athéisme est lui- même une argumentation fondationnaliste, et qu’il n’a ainsi nullement amélioré la situation (fonda-tionnaliste) de l’argumentation scolastique. Ainsi, l’athéisme est une vérité, mais pas une vérité nécessaire.

Dans ce sens, la vision de l’athéisme selon laquelle il lui faut un fon-dement scientifique « prouvé » est hautement problématique. Non seulement le matérialisme n’est pas toujours athée, mais l’athéisme peut se passer entièrement de « preuves » scientifiques, même si la crainte inverse existe historiquement : celle des apologistes qui soulignent que l’étude des « naturalistes » mène à l’athéisme, ou ceux qui affirment là où il y a trois médecins il y a deux athées47 (qui pourraient considérer le cas des médecins mortalistes comme une illustration de ce danger, puisque les mortalistes invoquent leur expérience au chevet des malades, surtout de la mort, pour justifier leur refus de l’immortalité de l’âme).

Cette existence historique d’une articulation entre preuve scienti-fique et/ou empirique et athéisme ne signifie ni ne légitime aucune-ment l’affirmation de l’ex- biologiste et fervent évolutionniste Richard Dawkins : « quoique l’athéisme eut été logiquement défendable avant Darwin, Darwin a rendu possible l’existence d’un athéisme intellectuel-lement accompli »48 (concernant l’idée d’un athée intellectuelintellectuel-lement et pour ainsi dire factuellement légitimé).

Si l’on songe à la charge cinglante de Pascal selon laquelle « les athées doivent dire des choses parfaitement claires [or] il n’est point

parfai-46 Examen du matérialisme, vol. 1, déjà cité, p. 55.

47 Sur ce point précis voir A. Mothu, « Animal incombustibile. La rumeur du méde-cin athée », La lettre clandestine, no 8, 2010, p. 317-358, et notre étude « Tres medici, duo athei? The Physician as Atheist and the Medicalization of the Soul », Early Modern Medicine and Natural Philosophy, P. Distelzweig, B. Goldberg, E. Ragland dir., Dordrecht, Springer, 2016, p. 343-366.

48 R. Dawkins, The Blind Watchmaker, New York, Norton, 1986, p. 6. Au sein des spécia-listes de l’histoire de l’athéisme et de l’hétérodoxie, Winfried Schröder tient des pro-pos analogues (sur Darwin et l’idée d’une pro-position athée qui serait scientifiquement bene fundata à partir d’une certaine date). Pour une critique de ce type d’approches d’un athéisme « pré- darwinien » vs « post- darwinien », voir G. Mori, « Ateismo e religione naturale », Illuminiso, G. Paganini et E. Tortarolo dir., Turin, Bollati Borin-ghieri, 2008, p. 33-45.

Le matérialisme doit- il être athée ? 71 tement clair que l’âme soit matérielle »49, on voit bien que la riposte matérialiste peut jouer sur deux fronts, dont au moins un n’est pas

« fondationnaliste » au sens de prétentions ontologiques- réalistes sur la structure fondamentale de la réalité, qui serait la matière, donc explicable physiquement. Cette riposte plus « souple » correspond à ce que l’on nommerait aujourd’hui la position « naturaliste » : la réalité est ce qui se fait, progressivement, grâce à l’agir. Ainsi elle n’est pas « claire » ou

« transparente » comme le sont tous les principes transcendantaux tel le cogito50. Cette absence de clarté ou de transparence est un des plus vieux reproches adressés au matérialisme – pour prendre un exemple inattendu, Proudhon : « Si l’homme n’est que la matière organisée, sa pensée est la réflexion de la nature : comment alors la matière, comment la nature se connaît- elle si mal ? »51

Certes, le matérialisme et l’athéisme sont multiples, au sens de leur multiplicité historique dans des contextes religieux et politiques diffé-rents – une diversité bien saisie par Hegel, par exemple, quand il recon-naît l’honorabilité de la « lutte » des matérialistes français en soulignant qu’il fallait tenir compte de quel Dieu ils réfutaient52, et différemment par Voltaire dans les Lettres philosophiques ou Lettres anglaises, quand il oppose le contexte religieux en Angleterre au contexte français, eu égard à la pratique scientifique, la tolérance, etc. Mais ces deux formes de pensée se présentent également sous deux formes conceptuelles dis-tinctes : l’une fondationnaliste (mettant en valeur l’accès aux essences, donc nomologique et métaphysique), absolue, l’autre non, car elle serait plutôt pragmatique, non essentialiste : ce serait l’opposition entre Des-champs et La Mettrie, par exemple53. Parfois, comme dans le Traité des

49 Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets, Paris, Guillaume Des-prez, 2e édition, 1670, p. 243 ; fragment 221-161 (Lafuma)-193.

50 Nous essayons de le montrer au chapitre 5.

51 P.-J. Proudhon, Système des contradictions économiques [1846], dans Œuvres complètes, II, Paris, Rivière, 1923, p. 166.

52 « Il nous est facile de reprocher aux Français leurs attaques contre la religion […]

Mais quelle religion ! Non pas celle qui fut purifiée par Luther, – mais la superstition la plus honteuse, la prêtraillerie, la bêtise, la dépravation d’esprit ; et surtout la dis-sipation des richesses » (Hegel, Histoire de la philosophie, vol. VI, P. Garniron trad., Paris, Vrin, 1975, p. 1724).

53 « La nature du mouvement nous est aussi inconnue que celle de la matière » (L’Homme-Machine, dans Œuvres philosophiques, vol. I, déjà cité, p. 109).

trois imposteurs, « l’affirmation du primat de la matière a essentiellement pour but […] de faire échec à la conception traditionnelle de Dieu et à ses conséquences politiques »54. Mais même dans un contexte poli-tique, on trouve la dualité entre une version purement pragmatique et une version métaphysiquement matérialiste et athée : chez Meslier ou Diderot dans certains textes, il y a une liaison argumentative forte entre monisme de la matière, causalité (qui implique absence de Dieu), et la dimension politique.

Le rapport à l’« empirie » est à manier avec précaution, tant au sujet du matérialisme que de l’athéisme. Si l’un ou l’autre prennent une forme

« absolue », ce n’est pas (comme le pensent Lewontin ou Dawkins) à cause d’une présence fondamentale des « facts of the matter » de l’uni-vers matériel, pour ainsi dire. Cantonner les positions athées et/ou maté-rialistes à une réflexion inspirée des développements scientifiques, c’est s’interdire de saisir la richesse des figures de l’athéisme esquissées ici, matérialistes ou non, métaphysiques ou non : les athées les plus féroces ne s’intéressent pas ou peu à un quelconque argumentaire ou base empi-rique tirée des « sciences » (Anthony Collins en est un bel exemple : quand il radicalise le discours lockien sur la matière pensante, jamais il ne fait appel, comme le feraient La Mettrie ou Diderot, à un quelconque argumentaire « empirique » ou tiré d’expériences scientifiques55). Deu-xièmement, l’athéisme n’a pas besoin de se fonder sur une ontologie matérialiste de l’univers (notamment, mais pas seulement, quand il est

54 F. Charles-Daubert, dans son édition du « Traité des trois imposteurs » et « L’Esprit de Spinosa », déjà cité, p. 372. Deschamps lui- même insistera sur le fait qu’un « athéisme éclairé » est la chose la plus avantageuse pour le genre humain, puisqu’il apporte le bonheur, via ce qu’il nomme « l’état des mœurs ». Et il s’offusque contre l’espèce de prétendus athées qui ne détruisent « du théisme que le moral » (Demande XXX, dans Œuvres philosophiques, vol. I, déjà cité, p. 241, note X).

55 Collins est par là un bon exemple de l’absence assez frappante de références ou d’exemples « scientifiques » dans la littérature clandestine. Nous n’entendons pas, bien sûr, que le matérialisme d’un Diderot serait « empiriquement fondé », ce qui viendrait à nier la place du raisonnement et des constructions spéculatives dans son univers conceptuel, comme l’a signalé Jacques Chouillet (voir plus haut note 43).

Mais, que ce soit le polype, la trémelle, les générations spontanées, l’épigenèse, les monstres, la jeune aveugle qui distinguait les voix blondes des voix brunes (Éléments de physiologie, DPV, vol. XVII, p. 508)… le raisonnement matérialiste ici se nourrit d’une « empirie ».

Le matérialisme doit- il être athée ? 73 une machine de guerre politico- sociale). Si, comme l’écrit Diderot, « il n’appartient qu’à l’honnête homme d’être athée »56, on voit qu’il fait appel à l’idée de l’honnête homme et non pas aux propriétés fonda-mentales de la matière (même si celles- ci comprennent la sensibilité, la vie, l’appétit, etc.). Enfin, l’athéisme comme le matérialisme peuvent se présenter sous une forme métaphysique comme sous une forme plus souple : pragmatique, naturaliste (donc non essentialiste), qui se passe de fondements ou de premiers principes.

56 Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron, DPV, vol. XXV, p. 30 (variante).

CHAPITRE III

Le rêve matérialiste,