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PARTIE I : CADRE THEORIQUE

2.3 La production écrite et l’argumentation :

2.3.1 L’argumentation :

Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, l’argumentation constitue un objet d’étude et d’enseignement : depuis les Sophistes du Vème siècle A. JC, qui l’enseignaient aux avocats et aux hommes politiques, afin qu’ils obtiennent l’adhésion de leurs auditoires, jusqu’aux dialogues de Socrate et ceux de Platon, qui laissent leurs interlocuteurs et/ou locuteurs dans un état de perplexité féconde. L’art d’argumenter demeure, sans conteste, un élément incontournable, dans les programmes d’enseignement, à travers le monde. En Algérie, la réforme éducative se donne comme objectif principal d’apprendre à l’élève les rudiments du discours argumentatif, à partir de l’école primaire. Une fois au collège, l’apprenant renforce sa maîtrise de l’argumentation, à travers l’étude de textes à dominante argumentative ou à visée argumentative, afin d’influencer son lecteur et/ou son auditeur, de façon qu’il soit enclin, par conviction ou par persuasion, à changer son opinion.

Dans l’interaction propre à l’argumentation le sujet, qui argumente, sait que son récepteur n’est pas d’emblée acquis à sa cause. C’est pourquoi, le locuteur doit configurer des raisons, pour justifier sa prise de position, par des arguments pertinents. Par ailleurs, les arguments sont divers et peuvent être exprimés à travers un récit, une description, et dans le cadre du raisonnement à travers une explication. Face à cette hétérogénéité textuelle, une argumentation « A » est construite d’un nombre « N» de segments appelés « les séquences », qui apparaissent en conformité pour tisser la structure d’un texte à « dominante séquentielle » argumentative, comme l’affirme Jean Michel Adam (2000, p. 34), dans cette définition du texte, en disant : « Un texte est une structure hiérarchique complexe comprenant n séquences ». Ceci nous amène à s’interroger sur la notion d’arguments et leurs typologies.

2.3.1.1 Les arguments :

Sans en être conscient, on est souvent amené à argumenter dans les différentes situations de la vie quotidienne. Dans l’exemple suivant, tiré d’une situation formelle en classe, dans la séance du compte rendu de production écrite, nous allons montrer qu’argumenter est un acte tout à fait banal et habituel.

Le compte rendu de la production écrite, au collège, consiste en une prise en charge de différentes lacunes, recensées dans les écrits des apprenants, parmi lesquelles celle qu’on va présenter maintenant. Il s’agit de l’étape, où l’enseignant traite avec ses élèves, les erreurs faites en conjugaison : soit un élève « X » qui a écrit : « tu révise ». A l’appui de cet exemple, l’enseignant, en tant que locuteur, va annoncer la phrase en épelant le verbe tel qu’il est écrit, tout en interrogeant ses élèves sur la justesse de l’extrait et en leur demandant de justifier leurs réponses. L’élève « Y » prend la parole, en disant que l’élève X a commis une erreur parce qu’il a oublié de placer le « s » à la fin du verbe « révise », alors qu’il a employé la 2ème personne du singulier « tu ». Le locuteur « Y » propose ainsi, un argument fondé sur une expression de cause« parce qu’il a oublié de placer le « s » à la fin du verbe « révise », et une expression de concession : « alors qu’il a employé la 2ème personne du singulier « tu » » afin de justifier sa prise de position, qui se révèle dans l’extrait : « l’élève « X » a commis une erreur ». Argumenter, c’est donc donner des raisons, pour justifier une prise de

position et/ou afin de convaincre un interlocuteur, et l’amener à adopter un nouveau comportement, idée que soutient Jean-Pierre Leclercq en affirmant que : « Argumenter, c’est essayer, au moyen du langage, d’influencer son interlocuteur en donnant des raisons (ou une raison) » 35, nous pouvons donc argumenter dans une situation formelle, comme dans cet exemple à l’école, ou dans situation informelle, avec sa famille, avec ses amis, dans la rue …etc.

Argumenter, se fonde principalement sur des arguments. Un argument comme l’affirme Jean-Pierre Leclercq est : «un élément d’information qui permet de persuader l’interlocuteur de la justesse de la thèse que je défends », il peut être une idée, un raisonnement, un fait que l’on fournit à l’appui de ce que l’on dit, pour convaincre le lecteur ou l’auditeur. Cet argument peut être illustré par un ou plusieurs exemples, qui le rendent plus compréhensible. Par ailleurs, la narration, la description et l’explication peuvent être mises au service de l’argumentation, notamment pour témoigner et mettre en relief l’opinion défendue. Les arguments sont donc divers, et aboutissent à deux formes d’argumentation que nous les traitons dans les chapitres qui viennent.

2.3.1.2 Les types d’arguments :

Plusieurs terminologies sont adoptées pour classer les arguments en types, variant selon l’intention du chercheur. Selon ce critère, Jean-Pierre Leclercq36 (2005) décompose l’argumentation en deux pôles primordiaux : il appelle pôle démonstratif, qui consiste en une démarche rationnelle, dans laquelle l’argumentateur s’appuie sur la collecte de preuves, qui soutiennent son opinion, en vue de démontrer sa justesse. La démonstration selon lui est définie comme étant : « l’art de convaincre par la rigueur du raisonnement à partir de faits vérifiables ». Puis, le pôle persuasif, qui s’appuie sur la persuasion. Persuader, c’est s’appuyer sur l’affectivité du destinataire et le projeter dans l’imaginaire, pour lui faire adhérer l’opinion défendue, Jean-Pierre Leclercq la définit comme étant : « l’art de convaincre par la séduction à partir des

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http://www.webzinemaker.com/admi/m6/page.php3? num_web=8526&rubr=2&id=274289consulté le (02/02/2008) 09 :00h

36http://www.webzinemaker.com/admi/m6/page.php3? num_web=8526&rubr=2&id=274289consulté le (13/02/2008)

besoins, des désirs et des opinions (on ne démontre rien) ». A l’appui de ces deux pôles, l’auteur distingue trois grands types d’arguments : les arguments logiques, les arguments quasi-logiques et les arguments rhétoriques, que nous allons tenter de les adapter en fonction du programme de la 4ème AM :

2.3.1.2.1 Les arguments logiques :

Appartenant au pôle démonstratif, les arguments logiques consistent en une suite de propositions, liées par des mots de liaison, et visent à faire adhérer au destinataire une opinion, en s’appuyant sur les relations logiques suivantes :

1) La cause : l’expression de cause : « indique pourquoi, pour quel (s) motif (s) s’effectue l’action exprimée par le verbe de la principale » Robert§ Nathan (2004, p276). Ainsi, l’argument par la cause justifie la thèse défendue, et constitue la séquence explicative dans le texte argumentatif. L’argument de cause est souvent introduit par des conjonctions et/ ou locutions conjonctives comme : « parce que, comme, puisque, vu que, car…etc. »

2)

La conséquence : l’expression de conséquence : « indique le résultat de l’action exprimée par le verbe de la principale »Robert§ Nathan (2004, p291). L’argument par la conséquence met en exergue les bienfaits ou les méfaits d’un fait, il est introduit par des conjonctions et/ ou locutions conjonctives comme : « si bien que, de sorte que, de manière que, si…que, donc, c’est pourquoi…etc. »

3) La concession : l’expression de concession : « marque une opposition avec le fait exprimé par la principale » Robert§ Nathan (2004, p282). Donc, un argument par concession relie deux faits ou l’un est valorisé par rapport à l’autre. Il peut être introduit par des conjonctions ou locutions conjonctives comme : « alors que, tandis que, quoique, malgré, mais…etc. »

2.3.1.2.2 Les arguments quasi-logiques :

Réunissant le pôle démonstratif et persuasif, les arguments quasi-logiques selon Jean-Pierre Leclercq se fondent principalement sur :

1) La définition : c’est « une formule qui indique la signification d’un terme. »37pour le rendre assimilable et compréhensible. La définition peut servir d’une séquence explicative dans le texte argumentatif, elle est souvent précédée du présentatif « c’est ».

2) La comparaison : « c’est la mise en regard de deux termes ou deux idées comparées dans une volonté de clarté »38. L’argument par la comparaison consiste à établir un rapport de différence, de ressemblance, d’égalité…, entre deux faits, deux situations, deux objets, deux personnes… etc. L’argument par la comparaison est introduit par des conjonctions et/ ou locutions conjonctives comme : «comme, de même que, plus que, autant…autant,…etc. »

3) L’exemple : sert d’éclaircissement ou d’illustration d’une idée ambigüe pour la rendre plus tangible, il peut être retiré des expériences personnelles, du vécu quotidien de la personne…etc. Nous pouvons donc raconter à l’intérieur d’un texte argumentatif, en formant une séquence narrative, ou décrire en formant une séquence descriptive, pour soutenir l’opinion défendue.

2.3.1.2.3 Les arguments par la rhétorique :

Faisant partie du pôle persuasif, ce type d’arguments s’appuie sur la rhétorique, qui est définie comme : « la discipline qui autrefois enseignait l'art oratoire et littéraire, ce sont les moyens par lesquels on entend donner plus d'efficacité à un discours, oral ou écrit »39. Dans un texte argumentatif, la rhétorique permet de faire adhérer à un destinataire une opinion. Les arguments par la rhétorique varient entre ceux exprimant :

1) L’hypothèse : ou la condition qui se définit comme une : « proposition ou supposition, dont la véracité n'est pas encore prouvée, formant le fondement du raisonnement ou le point de départ d'un enquête plus poussée. »40 l’argument par hypothèse permet de montrer les circonstances indispensables pour la

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Définition consulté le (13/02/2008) 15:30h 38

fr.wikipedia.org/wiki/Comparaison (rhétorique)consulté le (13/02/2008) 15:30h 39http://www.lettres.net/cours/voca_argu.htm consulté le (13/02/2008) 15:30h 40

réalisation d’un résultat. Il est souvent introduit par : « si, à condition que, pourvu que, à condition de. »

2) L’autorité : selon Philippe Breton41 l’argument d’autorité : « recouvre tous les procédés qui consistent à mobiliser une autorité, positive ou négative, acceptée par l’auditoire et qui défend l’opinion que l’on propose ou que l’on critique. », dans laquelle l’argumentateur peut avoir recours aux citations, proverbes, à la tournure impersonnelle- il faut…etc. pour soutenir sa prise de position.

3) La valeur : l’argument par la valeur dépend du statut social ou intellectuel de l’argumentateur, de sa culture, de ses repères moraux …etc.

Après avoir expliqué qu’est ce qu’argumenter, et organisé les arguments par types, que l’élève de la 4ème AM peut s’en servir, pour fonder son mode de raisonnement, nous allons nous pencher sur la spécificité de l’argumentation écrite.