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L’apport des nouvelles échelles d’intensité

CHAPITRE 5. ESSAI DE MISE AU POINT D’UNE ECHELLE D’INTENSITE

5.5 L’apport des nouvelles échelles d’intensité

Le nouveau système d’échelles offre la possibilité de quantifier les effets de différents événements selon les mêmes bases, ce qui n’était pas envisageable dans le passé. L’idée qui a conduit cette étude est innovante, et les applications possibles seraient nombreuses (telles que la gestion de territoire, l’élaboration des PPR spécifiques, la déclaration de l’état de « catastrophe naturelle », ou encore les assurances). Mais les résultats obtenus peuvent être considérablement améliorés afin d’uniformiser l’ensemble de ces échelles. Initialement prévues en cinq niveaux, les échelles actuelles varient en réalité entre trois et six niveaux. Un autre inconvénient majeur de ce système est l’existence de plusieurs échelles pour le même phénomène (comme le cas des inondations, où l’on dispose d’une échelle en fréquence et d’une autre en intensité d’endommagement), ou la délimitation incertaine entre l’utilisation des deux échelles (comme pour le cas de l’échelle « crue rapide par ruissellement urbain et coulée de boue » et l’échelle « coulées de boue »).

Nous allons analyser par la suite chaque échelle d’intensité, aléa par aléa.

L’échelle d’intensité sismique ne représente en effet qu’une contraction de l’échelle actuelle EMS98 (ou encore MMI ou MSK) en 5 niveaux, sans apporter d’autres éléments complémentaires. Le BCSF réalise actuellement après chaque séisme une enquête macrosismique en attribuant une intensité58 à chaque commune touchée, à travers une méthodologie développée dans le cadre de l’EMS 98. D’un point de vue pratique, la nouvelle échelle est basée donc uniquement sur la translation entre les douze niveaux de l’EMS et les cinq niveaux actuels. L’avantage apporté réside dans la possibilité de comparaison sur la même base des effets d’un séisme avec les effets d’un événement tel qu’une avalanche ou une tempête.

L’échelle d’intensité d’éruptions volcaniques représente par ailleurs une nouveauté, les conséquences potentielles de ce type de phénomène étant quantifiées pour la première fois sur une échelle d’endommagement. Comme pour le cas des séismes ainsi que pour le reste des aléas, elle permet une comparaison avec l’impact d’autres risques naturels selon la même base.

En ce qui concerne les quatre échelles de mouvement de terrains, différenciées selon le type de phénomène, elles représentent également une approche innovante, qui permet la séparation en plusieurs niveaux d’endommagement des conséquences complexes de ce type d’aléa. Pour la première fois nous pouvons comparer, en termes de dommages, un glissement de terrain avec un affaissement de carrière ou encore avec un éboulement. Ces échelles arrivent à combler un manque important de repère ainsi que de définition d’un critère de quantification de l’impact de cet aléa, très répandue en France, au contraire des autres aléas plus rares (tels que les éruptions volcaniques, les tornades ou les tsunamis). Nous regrettons toutefois l’hétérogénéité du nombre des niveaux entre les différentes échelles, qui varient entre quatre (pour l’échelle « effondrement de cavités naturelles »), cinq (pour l’échelle « affaissements,

tassements et subsidences ») et six (pour l’échelle « éboulement, écroulement et chutes de blocs » et pour l’échelle « glissements de versants »).

Pour l’aléa « inondations » ont été distingués trois types principaux de phénomènes : les inondations par débordement, les inondations par remontée de nappes et enfin les inondations par submersion marine.

Pour ce qui est des inondations par débordement, nous pouvons remarquer l’introduction de la notion de fréquence pour la caractérisation d’un événement, malgré l’objectif de quantification de l’impact d’une crue à travers les endommagements produits. Cet aspect a été volontairement non traité pour les autres aléas, afin de ne pas juger un phénomène sur une base probabiliste et de mettre en évidence son potentiel destructeur. L’élaboration de l’échelle en fréquence nous paraît donc contradictoire avec le principe du projet. Dans une autre perspective, cette échelle peut être utilisée uniquement par de spécialiste, familiers avec le terrain d’étude et en possession de données hydrologiques précises sur le bassin versant analysé. De plus, le développement des échelles d’intensité de submersion pour le même type d’événement demande donc une double qualification en intensité selon deux échelles différentes, qui n’ont pas le même nombre de niveaux.

Les deux échelles d’intensité de submersion, pour les crues lentes et celles rapides, présentent l’inconvénient majeur d’avoir seulement trois niveaux d’intensité. Ceci implique donc une réduction importante de possibilité de comparaison sur les même bases des effets des inondations avec les effets des autres risques naturels, et représente en effet en écart important par rapport aux cinq niveaux prévus initialement. De l’autre coté, les trois niveaux représente une qualification simpliste et intuitive, équivalente aux trois degrés de comparaison utilisés d’une manière universelle (« peu », « moyen » et « beaucoup »). L’introduction du moins d’un niveau supplémentaire (sur la base par exemple de la hauteur de submersion) rendrait cette échelle plus professionnelle et plus adéquate aux objectifs du nouveau système d’échelles d’intensité.

Les échelles de remontée de nappes et de submersion marine, les deux étant en cinq niveaux, ont le mérite de distinguer pour la première fois plusieurs classes d’intensité de leurs effets. Leur utilisation restera probablement limitée, en raison notamment d’une relative rareté de manifestation de ces événements.

Les échelles développées pour les phénomènes météorologiques sont très intéressantes, du moins pour les aléas les plus endommageants tels que tempêtes, grêles ou cyclones. Le regroupement en cinq niveaux de différentes échelles existantes et utilisées couramment répond parfaitement aux objectifs souhaités. Les notions simples et pratiques utilisées par ces échelles laissent envisager des perspectives intéressantes pour une généralisation de l’application de ces échelles.

Les échelles de feux de forêts, d’avalanches, de laves torrentielles et de tsunami réalisent également pour la première fois une classification de l’impact de ces aléas à travers cinq niveau d’intensité, contribuant ainsi à l’homogénéité du nouveau système d’échelles.

Sur l’ensemble des aléas, nous pouvons remarquer qu’à l’exception des inondations, il existe une certaine cohérence des échelles, en termes de niveaux d’intensité comme en termes d’effet sur des enjeux standard. Elles permettront donc notamment la comparaison des conséquences des divers aléas naturels à travers les mêmes références, et indirectement l’évaluation de la vulnérabilité des différents territoires. L’indice d’impact global permet de plus la prise en compte de l’extension spatiale d’un événement, même si cela n’apporte pas, pour l’instant, d’informations sur l’importance globale de dommages provoqués par l’événement considéré.

5.6 Perspectives d’extension du modèle sismique aux