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Chapitre 7 : Matériel et méthode spécifiques à chaque expérience

7.4 L’ANT (Attentional Network Test) (expérimentation 2)

L’Attentional Network Test (ANT) est un paradigme développé au début des années 2000 [399], pour évaluer, en une seule épreuve, toutes les composantes du modèle de l’attention développé par Posner et collaborateurs [400-408]. Ces dernières années, les trois réseaux attentionnels, qui composent le modèle de l’attention de Posner ont été largement définis en termes anatomiques et fonctionnels [409-421]. Les trois fonctions évaluées lors de ce test sont : l’alerte (« alertness »), l’orientation et l’attention exécutive (ou contrôle exécutif).

Les mesures de temps de réaction peuvent être utilisées pour évaluer quantitativement l’efficacité des traitements dans chacun de ces trois réseaux. L’ANT est conçu pour évaluer ces trois fonctions au cours d’une épreuve de 30 minutes.

L’alerte est définie comme la réalisation et le maintien d’un état vigile ; l’orientation renvoie à la sélection d’informations sensorielles ; et le contrôle exécutif est décrit comme la décision adaptée à un conflit parmi des réponses possibles.

L’orientation est manipulée en présentant un astérisque indiquant où sur l’écran le sujet devrait faire attention, fournissant ainsi un indice pour diriger son l’attention à l’emplacement

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pointé manifestement en déplaçant les yeux (« overt attention ») ou implicitement sans aucun mouvement oculaire (« covert attention ») [408].

Le contrôle exécutif est étudié en présentant un conflit entre la cible et les éléments qui entourent cette cible, comme les diverses versions de la tâche de Stroop.

L’ANT est une combinaison de la tâche de Temps de Réaction de Posner (1980) et la tâche de « flanker » de Eriksen et Eriksen (1974) [422] (Figure 44). L’ANT requiert que des sujets déterminent si une flèche centrale est orientée vers la gauche ou vers la droite. La flèche apparaît au-dessus ou au-dessous d’une croix de fixation centrale et est accompagnée par des « flankers » (neutres, congruents ou incongruents).

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Figure 44 : Procédure expérimentale (a) les quatre conditions d’indiçage (manipulation de l’orientation) ; (b) Les six stimuli utilisés dans l’ANT (tâche de « flanker ») ; et (c) un exemple d’essai. (Issu de Fan, McCandliss et al., (2002) p. 341)

Chaque essai consiste en une suite de cinq événements. D’abord, (1) il y a une période de fixation d’une durée aléatoire (DI). (2) Un indice d’alerte est présenté pendant 100 msec. (3) Il y a ensuite une période de fixation courte de 400 msec après l’indice puis (4) la cible et les « flankers » apparaissent simultanément. La cible et les « flankers » sont présentés jusqu’à ce que le sujet ait répondu, mais la durée d’affichage ne dépasse pas les 1700 msec. Après la réponse des sujets, la cible et les « flankers » disparaissent immédiatement. (5) Apparaît alors

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une période de fixation post-cible d’une durée variable basée sur la durée de la première fixation (DI) (3500 msec moins la durée de DI). La croix de fixation apparaît au centre de l’écran pendant l’essai entier.

Pour mesurer l’alerte et/ou l’orientation, il y a quatre conditions d’indiçage. Par conséquent, on pose les indices suivants : (1) aucun indice, (2) indiçage central, (3) double indiçage et (4) l’indiçage spatial. Par ailleurs, on pose aussi le temps moyen de réaction : TR

L’effet d’alerte est calculé en soustrayant le temps de réaction moyen des conditions de double indiçage au temps de réaction moyen des essais sans indices.

Alerte = TRDoubleCue (3) - TRNoCue (1)

Aucun de ces indices ne fournit d’informations sur la localisation de la cible qui doit apparaître. L’attention a donc tendance à rester diffuse.

L’effet d’orientation est calculé en soustrayant le temps de réaction moyen des conditions d’indiçage spatiaux au temps de réaction moyen des essais avec indiçage central.

Orientation = TRSpatial ValidCue (4) – TRCentralCue (2)

Ces deux indices servent d’alerte. Seul l’indiçage spatial fournit une information pertinente qui permet aux sujets de commencer à orienter leur attention à l’emplacement approprié.

L’effet de conflit (contrôle exécutif) est calculé en soustrayant le temps de réaction moyen de toutes les conditions congruentes au temps de réaction moyen de toutes les conditions incongruentes.

Exécutif = TRincongruent– TRcongruent

Une session consiste en un bloc d’entraînement de 24 essais, avec feedback, présentés aléatoirement, et trois blocs expérimentaux, sans feedback, présentés également aléatoirement. Chaque bloc expérimental consiste en une série de 96 essais (4 conditions d’indiçage x 2 emplacements de cibles x 2 directions de cibles x 3 conditions de « flankers » x 2 répétitions).

Les sujets recevaient la consigne de rester concentrés sur la croix de fixation située au centre de l’écran pendant toute la durée de la tâche, et de répondre aussi rapidement et précisément que possible.

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Nous utilisons, dans l’expérimentation 2, une version de l’ANT identique à celle de Fan et collaborateurs, en 2002. Ainsi, la méthode, la taille, et la position des items sont contrôlés et validés. Cette version est téléchargeable sur internet, et nécessite l’utilisation du logiciel E-

Prime®.45

En 2009, Weaver et al., ont montrés que l’ANT pourrait être un bon test prédicteur de

performances de conduite [58].46 Les auteurs ont effectué des corrélations entre l’ANT, un

test de champ visuel (« Useful Field of View (UFOV) ») [423, 424]) (considérée comme la meilleure épreuve d’évaluation prédictive des performances de conduite [425, 426]), et le

« Manitoba Road Test » (un test de conduite réel sur circuit, dont une adaptation sur

simulateur de conduite a été developpé ; ce test fournie un score total pour chacune des deux épreuves). Weaver et al. (2009) ont montré que chacune des trois fonctions mesurées par l’ANT étaient significativement et positivement corrélée à la performance globale de l’UFOV [Alerte r=0,001, p<0,005, Orientation r=0,048, p<0,05, Exécutif r=0,206, p<0,05] ; les résultats de l’ANT étaient, également, significativement et positivement corrélé aux performances de conduite simulée [Alerte r=0,028, p<0,05, Orientation r=0,000, p<0,05, Exécutif r=0,034, p<0,05] ; enfin ils étaient significativement et positivement corrélé aux performances de conduite réel sur circuit [Alerte r=0,000, p<0,05, Orientation r=0,086, p<0,05, Exécutif r=0,004, p<0,05].

En 2008, Green et al., ont mis en évidence la sensibilité des réseaux attentionnels de l’ANT à différents neurotransmetteurs [427]. Ils ont validé de nouvelles voies de recherche sur les effets des psychotropes sur les processus et les fonctions attentionnels [428]. Ces récents travaux de génétique suggèrent que des mutations (non pathogènes) de gènes codant pour des neurotransmetteurs peuvent influencer les différences inter- et intra-individuelles qui existent dans les fonctions cognitives chez des sujets sains.

45 Psychobiology, « Sackler Institute for Developmental Psychobiology / Assays & Tools », [Consulté le 8

septembre 2010]. Disponible sur : http://www.sacklerinstitute.org/cornell/assays_and_tools/

46 Weaver et collaborateurs ont utilisé une version téléchargeable, gratuitement, en langage Java, de l’ANT,

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7.5 L’épreuve des codes de la WAIS, l’épreuve de barrage de Zazzo