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Le méthanesulfonate de tricaïne (MS-222 ou TMS ou mésilate de tricaïne) est le seul anesthésique utilisé par balnéation qui est actuellement homologué pour usage vétérinaire au Canada. L’utilisation du MS-222 requiert une période de retrait de 21 jours, des poissons qui ont été anesthésiés, et durant laquelle, ces poissons ne peuvent être consommés. La période de retrait peut toutefois inclure une remise à l’eau immédiate si la pêche de l’espèce anesthésiée est interdite au cours des prochains 21 jours.

Le dosage du MS-222 est ajusté pour que l’anesthésie ou le réveil des spécimens se produisent entre 3 à 4 minutes chacun. Lors d’une nouvelle utilisation, pour un nouveau plan d'eau ou pour une nouvelle lignée, il faut procéder à des tests biologiques sur deux mâles, puis sur deux femelles. Il faut toujours valider l’innocuité et déterminer l’efficacité de la dose sélectionnée qui situe entre 60 et 80 mg/l pour des reproducteurs matures.

La dose appropriée peut varier quelque peu selon l’espèce, sa taille et certains paramètres physico-chimiques de l’eau, dont la température. Le touladi serait reconnu pour nécessiter une concentration élevée de MS-222, tout en ne tolérant qu’une courte exposition. Pourtant, la région de l’Outaouais n’utilise qu’une concentration de 60 mg/l à une température moyenne de l’eau de 12 degrés Celsius (Houde et coll., 2011).

Malgré le fait que des auteurs s’accordent pour indiquer que la molécule, eugénol, qui compose entre 85 et 95 % de l’huile de girofle, soit une alternative sûre au MS-222. Le choix de tout autre anesthésique, non homologué, dont l’huile de girofle et l’eugénol demeurent sous l’unique responsabilité de son utilisateur.

Le Conseil canadien de protection des animaux a de nombreuses lignes directrices et un document qui est spécifique aux anesthésiques pour les poissons ;

http://www.ccac.ca/Documents/Normes/Lignes_directrices/Poissons_Anesthesie.pdf

5.1 Une solution de MS-222 tamponnée avec le bicarbonate de sodium

Le MS-222 tend à acidifier la solution et dont la valeur sera liée au pH initial et à la capacité de tamponner de l’eau utilisée. La lecture du pH permet d’indiquer la quantité requise de bicarbonate de sodium (NaHCO3) que l’on doit additionner afin de compenser pour l’acidification due au MS-222. En l’absence d’un pH-mètre, il est recommandé d’incorporer le double du poids du MS-222 dissous, en bicarbonate de sodium. Le fabricant, Syndel© recommande cette dernière règle dans la majorité des situations. Le tableau 2 reprend cette règle en présentant les résultats des analyses du pH qui ont été effectuées, après l’addition de NaHCO3 à 3 types d’eau de dureté différente (Allen et Harman, 1970).

Tableau 2. Les analyses du pH, pour 3 types d’eau de dureté croissante, pour deux concentrations de MS-222 et pour l’addition de bicarbonate de sodium, NaHCO3 à ces six solutions (Allen et Harman, 1970).

EAU SOLUTION

5.2 Le sel et le Vidalife®, pour optimiser la survie des reproducteurs

L’état de santé des reproducteurs dont le statut est précaire doit être maintenu jusqu’à leur remise à l’eau. Lors de l’anesthésie, il est souhaitable de traiter le stress accumulé depuis la capture, la période de rétention, les manipulations et qui culmine avec l’extraction des gamètes. Le mécanisme du stress entraîne d’importantes pertes osmotiques, notamment par les branchies. Le sel, non iodé, est ajouté aux bacs d’anesthésie et de réveil pour réduire ces pertes osmotiques. Le gros sel à marinade est non iodé, sans additifs et disponible en petite boîte ou encore en poche auprès de certaines coopératives agricoles. Les salmonidés sont généralement rencontrés en eau très douce, ce qui fait que la concentration habituelle de 3 à 5 grammes de NaCl par litre d’eau est encore plus efficace.

Un second produit, le Vidalife® de Syndel est ajouté à l’eau pour protéger la couche de mucus et les branchies des reproducteurs. Ce produit s’utilise au taux de 1 millilitre pour 15 litres d’eau de l’anesthésie et du réveil. Le Vidalife® permet d’induire une mince couche protectrice sur les puises qui auront été immergées dans une solution plus concentrée de 10 ml de Vidalife pour 10 litres d’eau. Quant au Vidalife® concentré, le produit peut être vaporisé directement sur les surfaces de travail ou les planches à mesurer.

5.3 La composition de la solution de l’anesthésie

- MS-222, tricaïne méthanesulfonate, 70 mg/l (60-80 mg/l)

- NaHCO3 bicarbonate de sodium, comme tampon, 150 mg/l ou au double de la quantité du MS-222 dissous

- NaCl ou gros sel (non iodé et sans additif), de 3 à 5 g/l, pour diminuer les pertes osmotiques dues au stress

- Vidalife®, 1ml pour 15 litres d’eau, pour la protection du mucus et des branchies

- L’eau du plan d’eau

5.4 La composition de la solution de réveil et les stades du réveil

- NaCl ou gros sel (non iodé et sans additif), de 3 à 5 g/l, pour diminuer les pertes osmotiques dues au stress

- Vidalife®, 1ml pour 15 litres d’eau, pour la protection du mucus et des branchies

- L’eau du plan d’eau

Le tableau présente les étapes observées lors du réveil des poissons anesthésiés.

Tableau 3. Une description des stades observés, lors de la période de récupération dans le bac de réveil, adapté de Kennedy et coll. (2007).

STADES DE RÉVEIL DES POISSONS

1 Réapparition d’un rythme operculaire.

2 Recouvrement partiel de l'équilibre accompagné de mouvement de nage 3 Recouvrement complet de l'équilibre

4 Réapparition des mouvements de nage de fuite et réaction aux stimuli externes. La réponse comportementale demeure toutefois impassible.

5 Recouvrement total du comportement et de la nage normale, ce qui permet la remise à l’eau du spécimen

5.5 Les stades de l’anesthésie

Le tableau 4 présente une adaptation des étapes qui mènent à l’anesthésie (stade 5) des poissons qui sont utilisés pour la reproduction artificielle.

Tableau 4. Les stades pour l’anesthésie des poissons, adaptés et modifiés de McFarland (1959); Schoettger et Julin (1967); Jolly et coll. (1972); Hikasa et coll.

(1986); Keene et coll. (1998); Iversen et coll. (2003) et Kennedy et coll. (2007).

STADES POUR L’ANESTHÉSIE DES POISSONS

0 Normal Réaction à un stimulus externe, rythme operculaire et tonicité musculaire normale.

1 Sédation légère Faible perte de la réaction aux stimuli visuels ou tactiles externes. Respiration à peine ralentie. Équilibre normal.

2 Sédation profonde Aucune réaction aux stimuli externes, sauf à une forte pression. Légère perte de l’équilibre et du rythme respiratoire. Équilibre normal.

3 Perte partielle de l’équilibre

Le poisson est habituellement ventre en haut, mais peut toujours nager de façon erratique. Tonicité musculaire amoindrie

Perte totale de l’équilibre

Perte totale de l’équilibre et de la tonicité musculaire.

Le poisson ne peut plus nager, mais répond à une pression du pédoncule caudal. Respiration lente, mais régulière.

Perte totale des réflexes

(Anesthésie)

Perte totale des activités réflexes. Aucune réponse ou réponse très atténuée aux stimuli externes forts.

Respiration lente et irrégulière.

Mort Collapsus médullaire Asphyxie et arrêt des mouvements respiratoires. L’arrêt cardiaque suit.

¹ Malgré que le stade 4 soit acceptable pour effectuer des prélèvements des gamètes lors de la reproduction artificielle. Le stade 5 doit être atteint pour un prélèvement de laitance qui sera conservé pour des inséminations différées.

² Si le stade 5 est dépassé ou pour une femelle qui a pondue et qui présente un problème au réveil. Il faut tenter de réanimer manuellement le spécimen dans le bac de réveil. Lorsque les mouvements respiratoires semblent absents. Retenir le pédoncule caudal, puis agiter doucement le spécimen, en va-et-vient pour recréer une légère circulation à la surface des branchies, l’autre main peut-être disposée sous l’abdomen. Puis si le dépassement de la durée de balnéation n’est pas en cause, réduire la dose pour le prochain spécimen.