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Dans le cadre de la persuasion et du point de vue psychologique, il arrive parfois qu’un auditoire se trouve vêtu du doute, d’inquiétude et du malaise ; par conséquent il se protège, s’isole et s’abrite, consciemment ou inconsciemment, dès qu’il y ait intention de convaincre sous ses différents registres. Il se met à l’abri -pour ne pas dire à l’écart ou à distance- de toute tendance argumentative ou manipulatrice éventuelle.

Il s’agit d’une sorte de consensus tacite au minimum ou l’auditoire accepte de se positionner en tant que deuxième pôle pour qu’il y ait un contrat argumentatif. Dès qu’il se place en tant qu’auditoire, il assumerait qu’il serait assujetti à une entreprise de conviction.

En bref, on peut dire qu’il est question d’un contexte consensuel afin que l’acte argumentatif puisse avoir lieu et s’engager fructueusement, c’est une espèce d’un espace d’entente conduisant à une coopération de la part de l’interlocuteur visée par l’action de créer un état de confort et d’alaise exprimant et témoignant de la satisfaction et de l’approbation.

85 Alors, de temps à autre, il est d’exigence à l’orateur de convaincre l’auditoire de la nécessité de l’adhésion de ce dernier dans ce lien communicatif et qu’il (l’auditoire) doit exprimer son accord au préalable d’être impliqué dans le débat. Cet accord préalablement manifesté de la part de l’auditoire constitue le feu vert permettant à l’orateur de mettre en marche les techniques argumentatives dont il est question. Pour y atteindre, il ne suffit pas d’être doté de moyens persuasifs mais il faut que l’orateur dispose -à terme convaincant- une crédibilité de façon à créer un état de confiance, d’assurance, d’aisance, de bien être, d’être à l’aise chez l’auditeur. Encore, il faut que l’auditeur ait une bonne impression en lui imposant certaine pensée, que les propos de l’orateur correspondent -à la convenance- à ce qu’il pense et à ce qu’il aspire ; et c’est à l’orateur de d’installer et d’établir cet état de chose en mobilisant et en calculant le mouvement, le geste, la position, l’architecture du discours nécessaire pour y arriver.

En terme de stratégie menant à décrocher cette connivence, l’orateur doit se construire une certaine image témoignant de la crédibilité, faisant appel au plaire, au séduire à la raison et aux sentiments, au jeu des mots, à la magie de l’expression, à la manipulation par le geste, à la maitrise de son discours.

Or, il est insuffisant, infécond et inutile lorsque l’argumentateur commence son action c.-à-d. de formuler et mettre en forme son opinion dans le moule argumentatif sans passer par décrocher une sorte d’accord préalable de la part de l’auditoire, ce point considéré comme essentiel autant qu’un point d’appui exigé dès lors.

D’ailleurs, l’orateur, avant d’énoncer le fait ou l’acte argumentatif, il est censé chercher dans l’espace de l’auditoire un point d’appui servant en tant que point de repère permettant le lancement de l’argumentation dans une ambiance et climat de sécurité et d’assurance. Ce point d’appui se repère et fonctionne

86 différemment suivant la famille d’argument qu’on a affaire, et son choix se fait à partir d’un thème accepté postérieurement par l’auditoire.

Il serait question de rechercher d’installer certains points essentiels, un ensemble de faite également convenable à la situation d’argumentation et également au champ de réception : ces points et faits servant comme un point de départ impérativement important. Certes, ce point d’appui donne de la force et du potentiel voire de la légitimité et la fertilité à l’acte argumentatif de façon que ce dernier échappe à l’accusation de vacuité. C’est une sorte d’un contrat de reconnaissance nécessitant la présence d’un terrain d’entente permettant et facilitant à la fois à une interaction pacifique et serein.

D’ailleurs, parler du consensus préalable implique qu’on insère la question d’intentionnalité, alors il convient de dire que « il ne suffit pas de reconnaître

que le locuteur a l’intention générale de communiquer (certain contenu) ; il veut savoir plus en détail comment se spécifie cette intention, de façon à y conformer adéquatement son attitude réceptive. Il est souhaitable que le destinataire connaisse précisément son but ou son intention ». [A.H.GARDINER, The Theory of Speech and Language, Oxford, Clarendon Press, 1932 / cité par F.RECANATI, 1981, p42].

Alors, comme il se voit, l’intention du locuteur désigne ce qu’il veut communiquer et par là naisse la force illocutionnaire de l’énonciation ; à ce niveau il y a une sorte d’échange tacite permettant à l’instance réceptive de se préparer pour s’inscrire en tant que co-énonciateur, s’ouvrant sur un climat d’interaction.

87 Après avoir esquissé un peu de l’historique et du théorique, on passe à la partie pratique, mettant en vedette une méthode d’analyse des discours ou parties-fragments de discours véhiculant sommairement l’action politico-argumentative. Il serait affaire avec une gamme de discours appartenant en premier temps à ceux de la campagne électorale du président français Nicolas Sarkozy et en deuxième temps à ceux actualisés après son élection, et cela afin de réaliser deux perspectives selon les pistes suivantes :

Premièrement :

Il s’agit en premier temps de mettre au point la spécificité de l’acte argumentatif en montrant la particularité du discours politique et électoral surtout, qui est un cas très délicat et intéressant, et à travers lequel :

Deuxièmement :

S’inscrivant dans le même ordre d’idée, il s’agit à ce niveau de montrer dans un deuxième temps à quel point ce genre de discours est marqué pragmatiquement, c.-à-d. procéder au décodage de la performativité des énoncés pareils.

Il s'agira de dévoiler le potentiel et le fonctionnement argumentatif qui sont profondément et intimement liés au langage humain, afin de Pouvoir identifier les moules argumentatifs selon lesquels s’articulent les arguments.

Le discours politique ayant pour caractéristique de s’articuler et de s’élaborer autour des embrayeurs, des modalisateurs et des intensifieurs marquant des nuances ou permettant à celui qui s’engage dans l’action de parler ou de dire de nuancer son discours et cela met en défi le rapprochement du discours par ceux à qui s’adresse l’orateur.

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