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D’après plusieurs études menées sur la démographie médicale [3,7], l’année 2007 a été l’année la plus favorable en termes de densité médicale, la France comptant près de 208 000 médecins actifs. Malgré un fort redressement du numérus clausus jusqu’en 2011, le nombre de médecins actifs ne retrouverait son niveau actuel qu’en 2030, les généralistes étant les moins touchés.

Graphique 4 : Evolution du numérus clausus en médecine/odontologie et du nombre de diplômés en médecine entre 1971 et 2010. Source : Eco-Santé France, d’après les données du ministère de l’Education Nationale

L’effectif médical historiquement élevé est le fruit des promotions antérieures des années 1960 et 1970. La baisse de cet effectif apparaît donc inéluctable compte-tenu du faible numérus clausus des années 1980 et 1990.

L’évolution de la démographie médicale dans les prochaines années se fait vers une diminution de médecins jusqu’en 2020 avec une féminisation de la profession, et accroissement des disparités entre les spécialités médicales.

Cette évolution est influencée par le nombre d’arrivées de jeunes médecins et le nombre de départs à la retraite. Pour le premier facteur, le numerus clausus permet de réguler le nombre d’entrées, mais l’effet ne s’en fait connaître que tardivement, les études médicales étant longues (une dizaine d’années), auxquelles s’ajoutent éventuellement les années de diplômes complémentaires.

. Quant au 2e facteur, nul ne peut l’influencer, le départ à la retraite étant très subjectif et donc variable entre deux médecins en fin de parcours.

Le nombre de médecins passerait ainsi de 208 000 en 2006 à 188 000 en 2019, avant de repartir à la hausse avec 206 000 praticiens en 2030, soit moins de médecins qu’à l’heure actuelle (moins 1%). Cette baisse serait due aux départs à la retraite des médecins des années 1980, période de croissance médicale. L’instauration du numérus clausus en 1972 a ralenti cette croissance. Malgré cela, si l’on fait l’hypothèse d’un numérus clausus maintenu à 7 000, cela permettrait un doublement du nombre de praticiens actifs en 2050 par rapport aux années 80.

D’après le scénario tendanciel, selon lequel le comportement des médecins resterait identique à celui observé actuellement, il y aura moins d’entrées que de sorties jusqu’en 2020, date à laquelle la balance commencera à s’équilibrer. La variation du numérus clausus est en grande partie responsable, nous l’avons dit, de cette balance négative. Il est donc logique d’observer dans les années à venir

beaucoup plus de départs à la retraite correspondants au nombre d’entrées des années 70 que d’entrées correspondant au numérus clausus des années 2000.

D’un autre côté, si l’on augmente de 2 ans l’activité des médecins en fin de parcours, cela permettrait de réduire le nombre de sorties puisque ces dernières seraient compensées dès 2015 ; mais elles seraient plus nombreuses entre 2024 et 2030, avec une balance qui serait positive entre 2040 et 2050. Seul ce report de l’âge de départ à la retraite a un impact direct dans l’évolution de la démographie médicale, mais ne ferait que retarder l’échéance.

Parallèlement nous pouvons constater que le nombre de médecins retraités-actifs, c’est-à-dire continuant une activité professionnelle pendant leur retraite, tend à augmenter, ayant doublé entre 2007 et 2012.

L’évolution démographique selon les trois hypothèses :

• Selon le scénario tendanciel, la densité médicale passerait ainsi de 327 à 292 médecins pour 100 000 habitants du fait de l’accroissement de la population générale, et serait effective jusqu’en 2020 (276 pour 100 000 habitants). En 2050, elle serait de 360 médecins pour 100 000 habitants, après une stabilisation en 2030 puis un accroissement progressif.

• Si le numérus clausus restait stable à 7 000, la densité médicale serait fortement diminuée avant d’être égale, en 2050, à celle d’aujourd’hui (340 pour 100 000 hab.).

• En revanche, s’il était de 8 000, elle serait de 380 pour 100 000 habitants en 2050. Un report de 2 ans de l’âge de la retraite verrait à la même année une densité équivalente à celle d’un numérus stable à 8 000.

Dans les années 80, 25 % des praticiens actifs étaient des femmes. Aujourd’hui, ce pourcentage s’élève à 39%, et atteindrait 54% en 2050. En 2030, la médecine générale serait un peu plus féminisée que la médecine spécialisée (56% contre 51%). La réduction du numérus clausus n’aurait que peu d’impact dans la proportion de femmes à exercer la médecine, même scénario en ce qui concerne le report de 2 ans de l’âge de la retraite.

Jusqu’en 2015, la proportion de médecins âgés de 50 à 59 ans resterait importante (environ 40%). La part de ceux âgés de moins de 45 ans commencerait à croître en 2020, celle des plus de 60 ans restant élevée. L’âge moyen passerait ainsi de 48.8 ans en 2006 à 44.5 ans en 2030.

Les choix des médecins actifs en terme d’installation relèvent de facteurs économiques et personnels (salarié ou libéral, travail du conjoint, enfants et organisation pour leur éducation…). De fortes disparités en termes de démographie médicale sont attendues entre les régions. Des régions verront leur population augmenter parallèlement à celle des médecins, la densité médicale restant alors stable ; inversement, d’autres régions verront leur population diminuer parallèlement au nombre de médecins actifs. En revanche, la densité médicale sera fortement modifiée dans les régions pour lesquelles population régionale et population médicale évolueront de façon inversée. Ainsi, la densité médicale chuterait de - 26% en PACA jusqu’en 2030. De manière générale, les densités régionales devraient toutes diminuer au cours des années à venir.

En résumé :

- Un numérus clausus fixé à 7 000 ne permettrait pas une évolution favorable de la densité médicale.

- Un report de 2 ans de l’âge de départ à la retraite permettrait une hausse de la densité médicale pour certaines régions et en atténuerait la baisse dans d’autres.

- Des inégalités de densité médicale régionales par rapport à la densité médicale nationale vont s’accroître, soit favorablement soit défavorablement. - Les médecins exclusivement libéraux seraient moins nombreux qu’en 2006.

La proportion de médecins salariés hospitaliers augmenterait fortement entre 2006 et 2030 aux dépends de la proportion de médecins libéraux. L’activité médicale se concentrerait dans les pôles urbains avec CHU.

- La profession se féminise, tend à concilier vie professionnelle et vie privée, la principale conséquence étant une diminution du temps médical proposé aux patients.

Il est alors nécessaire d’anticiper longtemps à l’avance les effectifs théoriques et ainsi mettre en place des mesures pour faire face à ces inégalités.

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