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Parmi les 936 hectares de terres ennoyées de la commune de Saint Michel en Brenne par 193 étangs, soit plus de dix-sept pour-cent de la superficie communale (Guérin, 2001, p. 8), reposent entre autres les eaux de l'étang Cistude, inclues dans la Réserve Naturelle de Chérine située dans la partie septentrionale de la Brenne des étangs. L'étang Cistude est situé à 3 km à l'est-sud-est de Saint Michel en Brenne, à 4 km au sud-ouest de Mézières-en-Brenne et à 35 km à l'ouest de la ville de Châteauroux. Il se situe à l'intersection de la longitude 1° 11' 57,64'' est et de la latitude 46° 47' 3,77'' nord, sa superficie moyenne est de 8,7 hectares et sa profondeur moyenne est de 0,8 mètre, avec une dissymétrie nette entre la partie ouest (plus profonde) et la partie est(1) (voir la Carte. 8). À l'origine, cet étang était composé de deux étangs contigus : le premier fut acquis par le Conseil Général de l'Indre le 18 juin 1998, le second par le WWF le 28 octobre 1999 (Van et al., 2013). Nous ne connaissons pas la date exacte de création des deux étangs qui ont, plus tard, constitué l'étang Cistude. Selon C. Guérin (2001) « la progression des surfaces en eau de 1974(2) à 2001 est véritablement spectaculaire ».

Une autre étude effectuée par (M. Bidault, 1998, p. 61) montre que la création d'étangs en Brenne entre 1975 et 1988 est plus importante qu'entre le Moyen Âge et 1975, et plus encore entre 1988 et 1997 qu'entre 1975 et 1988 : 51% en moins de 10 ans. Nous pouvons argumenter ces chiffres par le travail de C. Guérin qui a déclaré en (2001) que la Brenne comprend plus de 2000 étangs. Les travaux de P. Bartout (comm.or., 2016) montrent que ce nombre est bien supérieur avec plus de 6000 étangs(1) au sein du périmètre du Parc Naturel Régional de la Brenne, dont plus de 4000 en (1) Parce que cet étang est existe dans une réserve naturelle, il est très difficile de passer une ou plusieurs journées sur l'étang pour mesurer la profondeur exacte de l'eau chaque 5 ou 10 mètres, comme nous avons fait à l'étang du Château à Rilhac-Rancon. Mais, nous avons l'autorisation de mesurer la profondeur de l'eau dans certains points Lorsque nous avons installé les thermomètres subaquatiques. La profondeur maximale qu'on a mesurée dans l'endroit où ils pêchent les poissons était de 2,2 mètres. La profondeur moyenne de 0,8 mètre est la profondeur approuvée par les responsables de l'étang.

(2) La date de 1974 correspond à l'année où est établi un « inventaire des étangs et plans d'eau de la Brenne ». le nombre d'hectares ennoyés en 2001 est de 1 414,45 pour la commune de Mézières-en-Brenne, de 1 193,11 pour Migné, de 1 118,27 pour Rosnay, 936,01 pour Saint-Michel en Brenne... (Bédoucha, 2011, p 438).

Grande Brenne. Cette présence en nombre est une constante de l'histoire du dernier millénaire puisque C. Gaudon (1860) mentionne dans « De la Brenne et de ses étangs », que le nombre des étangs brennous ne dépasse pas 400 étangs du temps de Dagobert, et que la majorité d'entre eux seraient, selon lui, d'origine médiévale (ils n’avaient d’autre but que l’élevage spéculatif). La datation globale des étangs de C. Gaudon est reprise dans quelques études postérieures (Goyon 1925 ; Rallet 1935. cité par R. Benarrous, 2009, p. 52). Nous pouvons donc estimer la date de création des deux étangs qui ont constitué l'étang Cistude des années soixante-dix ou quatre-vingt, surtout après avoir su que la carte géologique du Buzançais montre plusieurs étangs brennous, dont ces deux étangs ne font pas partie (voir la figure. 11).

En ce qui concerne le bassin de l'étang Cistude, nous n'avons constaté ni de débit entrant, ni de débit sortant de l'étang Cistude pendant plus de 75% des jours de l'année hydrologique, septembre 2013- août 2014, pendant laquelle nous avons fait les mesures quotidiennes sur cet étang. Nous avons donc considéré que le bassin versant de l'étang pendant ces jours est seulement la petite zone de ruissellement direct située juste autour de l'étang, qui draine ses eaux directement vers l'étang, cette petite surface égale 4,3 hectares. Pour les 25% des jours restants de l'année, l'étang Cistude est considéré comme l'un des plusieurs étangs qui sont reliés entre eux par le même réseau et qui forment une chaîne d’étangs. L'étang Cistude est le cinquième étang dans cette chaîne qui contient, en amont de l'étang Cistude, les étangs Ricot ; Monmélier ; Miclos et l'étang Barineau, et en aval, l'étang du Couvent (Voir la Figure. 12).

Le seul ruisseau qui entre à l'étang Cistude en provenant de l'étang Ricot, ne peut assurer l'alimentation de l'étang que pendant la période la plus froide et la plus humide de l'année. Et pendant le reste de l'année l'alimentation principale de l'étang vient de pluies tombées sur la surface de l'étang. Donc, l'évaporation et les précipitations directes à la surface de l'étang peuvent, dans le

Figure . 11 : L'absence des étangs constituant de l'étang Cistude, malgré l'existence des autres étangs entourant,

actuellement l'étang Cistude. Source : BRGM

cas de l'étang Cistude comme pour la grande majorité des étangs brennous, jouer un rôle essentiel dans le bilan de l'eau de cet étang. Nous considérons que ce bilan est un bilan plutôt climatique qu'hydrologique. Selon les responsables de la réserve naturelle de Chérine, le marnage annuel peut atteindre facilement 60 cm, mais pendant l'année de mesure (2013-2014) il n'était que 17 cm.

L'étang Cistude possède deux exutoires dans sa chaussée nord-est, qui évacuent ses surplus en eau vers l'étang du Couvent qui existe au nord-nord-ouest de l'étang Cistude.

Le bassin versant de l'étang Ricot qui est juste en amont de l'étang Cistude a été délimité bar D. Brunaud en 2006 à partir des courbes de niveaux indiquées sur la carte IGN de Rosnay au 1/25 000. Elle a trouvé que la superficie du bassin versant de cet étang est égale à 3,6 km². Mais, après avoir vérifié sur le terrain, nous avons trouvé que le bassin topographique qu'on peut déterminer en utilisant la carte topographique n'est pas identique avec le bassin versant qui draine ses eaux vers l'étang car les brennous ont creusé des canaux, soit pour relier les étangs ensemble, soit pour drainer les terres agricoles, qui ont perturbé la continuité topographique du bassin.

La superficie du bassin versant qui alimente l'étang Cistude en eau, après vérification sur le terrain est égale à 340 hectares. Ce bassin comporte en son sein les cinq étangs déjà mentionnés ci- dessus et des mares. Nous pouvons ajouter l'étang Nuret au bassin d'alimentation de l'étang Cistude. Mais, il convient de noter que l'eau provenant de cet étang est totalement contrôlée par l'homme. Comme tous les autres bassins hydrologiques brennous, le bassin de l'étang Cistude a un profil en pente douce, voir très douce. Le point le plus haut se situe à l'est du bois des Touches et correspond à 104 mètres d'altitude ; le point le plus bas se situe à sa chaussée et correspond à 89 mètres d'altitude. Sur 2,6 km la dénivellation n'est donc que de 15 mètres, ce qui donne une pente infime de 5,8 ‰. Cette topographie plane ne permet pas la formation et le creusement naturel de linéaires hydrologiques pouvant amener l'eau aux étangs et l'évacuer.

L'étang Cistude avec toutes ses caractéristiques mentionnées ci-dessus est représentatif des étangs pelliculaires. Nous pouvons donc généraliser les résultats que nous allons obtenir sur cet étang à tous les étangs de même type et qui se situent dans une zone climatique semblable à celle de la Brenne.