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Structure du mémoire

Chapitre 1. Contexte et questions de recherche

1.1 Contexte général

1.1.4 L’épuisement des ressources non renouvelables

robinet. Bien que les normes en vigueur soient respectées, l’ONG s’inquiète des « risques pour la santé liés à l’exposition à de faibles doses de polluants sur le long terme, aux effets cocktail, aux perturbateurs endocriniens. »

L’une des conséquences visibles de la pollution de l’eau est la prolifération d’algues, appelée eutrophisation, résultant d’une trop forte émission de matières nutritives dont elles s’alimentent. Selon le site du CNRS16, « les principaux nutriments à l’origine de ce phénomène sont le phosphore (contenu dans les phosphates) et l’azote (contenu dans l’ammonium, les nitrates, et les nitrites). » Alors qu’une manifestation naturelle de l’eutrophisation peut être observée dans les lacs profonds, le Ministère du Développement Durable français se soucie des effets anthropiques de cette pollution sur les côtes et les cours d’eau, où l’on observe « d’importants développements d’algues […] sans qu’une diminution puisse être observée ces dernières années » (Commissariat général au Développement durable, 2014). De plus, il note que « les retombées atmosphériques d’azote dans les océans proviennent surtout des transports, des activités industrielles, dont les centrales électriques, et de l’agriculture. »

Le potentiel d’eutrophisation (Eutrophication Potential – EP) est l’indicateur permettant d’évaluer la pollution des cours d’eau aboutissant à la prolifération des algues. Il est exprimé en équivalent phosphate (PO�� éq.). Le Tableau 6 donne quelques exemples de facteurs de caractérisation de polluants pour le calcul de l’EP.

Tableau 6. Valeurs de potentiels d’eutrophisation pour quelques polluants aquatiques (Heijungs et al., 1992) Polluant aquatique EP (kg ����eq.)

PO43- 1 par définition NO 0,20 NO2 0,13 NOx 0,13 NH�$ 0,33 N 0,42 P 3,06

1.1.4 L’épuisement des ressources non renouvelables

Chaque année, l’ONG Global Footprint Network17 fournit « un bilan comptable de la demande de l’humanité en ressources et services naturels comparée à la capacité de la planète à les fournir » et donne la date où l’humanité a épuisé ses ressources naturelles annuelles et entre alors en période de « dette écologique ». On remarque clairement qu’elle arrive de plus en plus

16http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/ecosys/eutrophisat.html

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tôt : en 2013, huit mois ont suffi à l’humanité pour consommer l’ensemble de ses ressources naturelles, alors qu’en 1993, le jour du dépassement était en octobre. Indicateur de soutenabilité qui prend en compte l’ensemble des ressources naturelles utilisées par l’humain, l’empreinte écologique permet donc d’identifier les nations et les régions qui vivent avec un déficit écologique (Wackernagel, Yount, 1998).

Outre les ressources fossiles (pétrole, charbon, gaz) et l’eau, la société moderne requiert des quantités croissantes de minéraux pour les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ou pour l’industrie métallurgique. Par exemple, l’association « Les amis de la Terre » a réalisé une étude18 des conséquences environnementales et sociales imputées à l’utilisation d’étain dans les smartphones. Un smartphone contient également du cuivre, de l’or, du tantale, de l’indium, du néodyme, du tungstène, du palladium, de l’yttrium, etc. Si les quantités paraissent faibles (7 grammes d’étain dans un smartphone), il faut les mettre en regard avec le nombre de smartphones vendus dans le monde : « Il y a déjà plus de 5,6 milliards de téléphones mobiles vendus dans le monde, et en 2017, le nombre de téléphones mobiles dépasserait le nombre d’individus sur la planète.» L’exploitation minière de ces éléments a des conséquences néfastes sur l’environnement, telles que la pollution de l’eau ou la destruction de la biodiversité.

Ce besoin croissant de ressources non renouvelables est l’un des principaux vecteurs d’échanges économiques entre les pays du Nord et ceux du Sud. Essentiellement réalisée dans les pays en développement, « l’exploitation des ressources minérales représente l’essentiel des flux d’investissements directs étrangers dans beaucoup de pays en développement, souvent bien plus important que les flux d’aide » selon un rapport de l’OCDE (Hobbs, Drakenberg, 2009). Par exemple, les terres rares (lanthanides, scandium, yttrium) sont majoritairement extraites en Chine qui a une situation de quasi-monopole ; la décision de mettre en place des quotas sur l’exportation de ces métaux a engendré une forte inflation des cours (Figure 8) ce qui a eu pour conséquence le dépôt d’une plainte de l’Union Européenne, des Etats-Unis, et du Japon auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (Lestavel, 2014). Bien que la Terre ait théoriquement en son cœur une quantité suffisante de ressources minérales pour répondre aux besoins de centaines de générations, « l’exploitabilité de celles-ci demeurera toujours dépendante de la quantité d’énergie mise en œuvre pour y accéder » (Cheilletz, 2013). Ainsi, comme le note le

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site du CNRS19, « des indicateurs factuels montrent clairement que nous avons d’ores et déjà épuisé les gisements les plus faciles, même si les techniques d’extraction progressent. »

Figure 8. Evolution du prix des terres rares, de l’or et de l’argent (Lestavel, 2014)

Un indicateur de déplétion des ressources abiotiques (non-vivantes) a été défini, exprimé en équivalent antimoine (Sb éq.) (Oers et al., 2002). Le Tableau 7 donne quelques exemples de facteurs de caractérisation d’éléments minéraux pour le calcul du potentiel de déplétion abiotique (ADP – Abiotic Depletion Potential) issus de la base de données CML mise en ligne par l’université de Leiden20.

Tableau 7. Valeurs de potentiels de déplétion abiotique pour quelques éléments minéraux Elément minéral ADP (kg Sbeq.)

Sb 1 par définition Al 1,09E-9 Cu 1,37E-3 Au 52 Pb 6,34E-03 Li 1,15E-05

Cette première section a permis d’illustrer la diversité des impacts environnementaux et leurs conséquences, de montrer leur modélisation scientifique par l’utilisation de facteurs de caractérisation, et le poids important que joue l’industrie dans l’augmentation de ces impacts.

19http://ecoinfo.cnrs.fr/article129.html

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Ce chapitre introductif se poursuit par l’établissement du contexte de recherche où un état de l’art de la prise en compte de la dimension « Environnement » dans l’industrie est proposé.