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S’inscrivant dans la continuité des sociologues américains, notamment des interactionnistes, la sociologie de la santé en France se consacre essentiellement à l’organisation hospitalière, aux relations médecins-patient, à la profession médicale, aux représentations sociales et au vécu de la maladie. Le thème des disparités sociales de santé y est comparativement peu présent. Si les manuels français font difficilement l’impasse sur cette question, affirmant par exemple que « ce qui est maintenant reconnu comme la “Sociologie de la santé” dépasse largement l’étude des institutions, des professionnels et des malades pour s’étendre à celle des inégalités sociales » et

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Source : STAHL S.M.,LEBEDUN M., 1974 – « Mystery gas : An analysis of mass hysteria »,

Journal of Health and Social Behavior, vol.15, n°1, p.44-50 2

Les femmes ne sont pas les seules à subir les préjugés médicaux. C’est ce qu’a montré Abdelmalek Sayad (1999) à propos de la sinistrose, maladie par excellence des immigrés venant d’Afrique du Nord dans les années 1950-1960 et soupçonnés de ne pas vouloir travailler et de vouloir profiter du système social français.

reconnaissant que cette « problématique […] est aussi ancienne que la sociologie » (Carricaburu, Ménoret, 2004, p.139-140), les sociologues de la santé spécialistes des inégalités sociales sont pourtant peu nombreux. Outre l’inscription théorique et méthodologique de la sociologie de la santé en France, la raison principale dépasse sûrement le cadre de la discipline. Comparé à d’autres pays, comme la Grande-Bretagne et les pays scandinaves, les inégalités sociales de santé ont fait l’objet en France d’une reconnaissance politique tardive, et restent encore principalement envisagées sous l’angle de l’accès aux soins des plus pauvres.

Une sociologie des institutions et des professions médicales, des maladies et des malades

Claudine Herzlich et Janine Pierret (2010), deux figures de la sociologie de la santé, ont récemment analysé les conditions institutionnelles, scientifiques et politiques à l’origine de la naissance et du développement de ce champ en France entre 1950 et 1985. Cette histoire est marquée par la rupture avec la pensée médicale, nécessaire à la constitution d’un champ autonome. Canguilhem, avec son analyse du normal et du pathologique, est le premier à avoir tenu un discours social sur la santé et la maladie dégagé de cette pensée dominante1. Même si certains sociologues importants, comme Stoetzel (1960) ou Bastide (1965), se sont intéressés aux questions de santé et de maladie, leurs travaux précurseurs et programmatiques n’ont pas eu de suite.

Ce n’est qu’à la fin des années 1960, dans le contexte critique de l’après Mai 1968 et sous l’impulsion des demandes administratives et étatiques, qu’émerge une sociologie de la santé. Les recherches au cours des années 1970 sont principalement consacrées à l’organisation hospitalière – conçue par les pouvoirs publics comme le « pilier du système de santé » –, à la dénonciation du pouvoir médical, par exemple de l’institution psychiatrique (Castel, 1976), aux « usages sociaux du corps » (Boltanski, 1971) ou encore aux représentations sociales de la santé et de la maladie (Herzlich, 1969). Dans le même temps, le champ s’institutionnalise, par la création de laboratoires,

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Les auteurs font aussi référence à Marcel Mauss et à ses travaux sur l’« effet physique chez l’individu de l’idée de mort suggérée par la collectivité » (1926) et sur « les techniques du corps » (1934) mais soulignent qu’il s’est finalement peu intéressé « aux techniques de soins, de l’anormal ».

par l’introduction d’enseignements à l’université, par la publication d’un numéro consacré à la « sociologie médicale » dans la Revue française de sociologie en 1973 (vol.14, numéro spécial).

Les sociologues de la santé vont ensuite détourner leur regard vers les professions médicales et le travail des patients en s’inspirant des travaux d’Eliot Freidson (1984) et d’Anselm Strauss (1992). Les recherches vont progressivement se centrer sur « le malade, sur son expérience, ses rapports à la médecine et à l’ensemble de la vie sociale, son identité et sa participation à des actions collectives » (Herzlich, Pierret, 2010, p.140-141). Par ailleurs, Herzlich et Pierret relèvent, sans l’expliquer, que deux thèmes « riches et socialement importants », en l’occurrence l’étude macrosociale des systèmes et des politiques de santé et les inégalités sociales de santé, ont été peu étudiés par les sociologues et ont été investis par d’autres disciplines, respectivement la science politique et l’épidémiologie sociale.

Malgré la diversité des travaux, Claudine Herzlich et Janine Pierret identifient trois caractéristiques qui permettent de définir la sociologie de la santé en France. Ce champ n’est pas constitué autour d’une approche théorique dominante, même si l’interactionnisme y est une référence importante. Il privilégie les approches qualitatives de type ethnographique. Il est aussi soumis à des « contraintes pratiques », à savoir que : « pour traiter de la santé, de la maladie et de la médecine, les sources documentaires de type archives, documents administratifs ou données statistiques sont généralement insuffisantes pour le sociologue » (Herzlich, Pierret, 2010, p.141). Ce dernier argument n’est pas développé, mais il se comprend mieux par l’approche méthodologique et la posture professionnelle défendues : « Et surtout, l’approche par entretien, mais plus encore par observation directe amène le chercheur au plus près de la réalité des pratiques professionnelles et des expériences individuelles. On peut aussi noter qu’à l’arrière-plan des préoccupations des chercheurs existait le souci de faire entendre la “voix des malades”, voire d’en être les porte-parole » (Herzlich, Pierret, p.142).

Selon nous, si pour ces auteurs, les « données statistiques sont généralement insuffisantes pour le sociologue » de la santé, c’est parce que les enquêtes de la statistique publique portent essentiellement sur la morbidité déclarée et les

consommations médicales et ne rompent pas avec la « pensée médicale dominante ». A propos de l’épidémiologie sociale, Claudine Herzlich écrivait :

« Les études épidémiologiques posent directement le problème des rapports entre maladies et facteurs sociaux. C’est à leur propos qu’a été prononcé pour la première fois le terme de “sociologie médicale”. Pourtant, la part du sociologue n’y a souvent été, à tort ou à raison, qu’auxiliaire. Il semble avoir joué un plus grand rôle par sa compétence technique en matière d’enquête que par l’introduction d’une problématique originale ou d’outils conceptuels nouveaux. L’épidémiologie demeure une branche de la médecine sociale plutôt qu’elle n’est devenue un domaine de la sociologie. L’apport du sociologue s’est situé, en fait, sur d’autres plans, parmi lesquels figure au premier rang l’étude des “comportements de maladie” » (Herzlich, 1970, p.14).

Dans les années 1980, s’ajoutent aussi des conditions institutionnelles, scientifiques et politiques – le cloisonnement entre l’INSEE et l’INSERM, la position dominée de l’étude des déterminants sociaux au sein de l’épidémiologie, la naissance tardive de la sociologie de la santé et les priorités des financements publics – qui expliquent pourquoi les sociologues et les épidémiologistes français se sont si peu investis dans le domaine des inégalités sociales de santé (Aïach, Carr-Hill, Curtis et al., 1987). Certains sociologues contemporains se sont cependant intéressés à cette question, mais souvent de manière isolée ou en collaboration avec des épidémiologistes. On peut citer, par exemple, ceux qui ont participé à l’ouvrage collectif de l’INSERM,

Les inégalités sociales de santé : Marcel Druhle sur l’amorce d’un débat scientifique et politique en France, Pierre Aïach sur les enjeux socio-politiques et théoriques de la mesure des inégalités sociales de santé, Catherine Herbert sur les inégalités face au cancer, Anne Lovell sur les troubles mentaux, Marcel Calvez sur le sida et Annie-Thébaud-Mony sur la santé au travail (Leclerc, Fassin, Grandjean, et al., 2000)1. On assiste, par ailleurs, au développement d’une problématique sociologique autour des questions santé et travail2, concomitant de la priorité politique affichée avec le Plan de Santé au Travail en 2005-2009 (Gollac, Volkoff, 2006) et reconduit sur la période 2010-2014. En témoigne la publication de deux numéros spéciaux « Santé et travail » dans

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Les chapitres sur le repérage de la situation sociale (Alain Chenu) et sur l’évolution générale des inégalités sociales (Alain Bihr, Roland Pfefferkorn) ont eux aussi été confiés à des sociologues. D’ailleurs, Alain Bihr et Roland Pfefferkorn (2008) se sont depuis intéressés aux inégalités sociales de santé et à leur caractère systémique.

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Pour une synthèse des travaux récents sur le thème « santé et travail » en sciences sociales, voir Bruno (2008).

Actes de la Recherche en Sciences Sociales en 2006 (vol.163 et 165) et d’un dossier sur les « maux du travail » dans Sociologie du travail en 2011 (vol.53, n°1). On peut également faire référence aux travaux menés par Isabelle Parizot, en collaboration avec Pierre Chauvin et Serge Paugam, sur la santé des personnes en situation de précarité sociale1 dans une problématique sociologique centrée sur le soutien social et les ruptures sociales.

Malgré ces travaux, la problématique globale des inégalités sociales de santé ne semble toujours pas avoir pleinement intégré le champ de la sociologie de la santé en France. La bibliographie officielle du thème « Santé, maladie et société » au concours de l’agrégation de sciences économiques et sociales en 2011 et 2012 – reproduite dans l’encadré I.1 – est à cet égard fort éclairante sur la manière dont la sociologie de la santé est définie et comment elle se définit elle-même en France. On retrouve les thèmes évoqués par Claudine Herlich et Janine Pierret : les représentations sociales de la santé et de la maladie, la médicalisation des problèmes sociaux, le façonnement social du corps et de la santé, le rôle social du malade, les relations médecin-patient, les professions médicales, l’hôpital, la sociologie de l’activité médicale, la naissance de la santé publique, le rôle de l’Etat dans la régulation de la médecine libérale et dans les politiques hospitalières2. Dans cette bibliographie, qui compte près de 70 références, il est symptomatique qu’aucune ne comporte le terme « disparités sociales » ou « inégalités sociales » dans son titre3, et l’un des rares spécialistes français des inégalités sociales de santé, Pierre Aïach, n’y apparaît qu’au titre d’un ouvrage co-dirigé avec Didier Fassin sur Les métiers de la santé.

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Dans sa thèse de doctorat, Isabelle Parizot (2003) avait étudié l’accès aux soins des personnes exclues du système sanitaire qui fréquentaient les centres de soins de Médecins du Monde et d’un « dispositif précarité » de l’hôpital public.

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Cette liste correspond au programme des séances de Sybille Gollac et d’Hélène Steinmetz dans le cadre de la préparation à l’agrégation à l’Ecole Normale Supérieure (Ulm/Cachan).

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Certains travaux y accordent cependant une place importante : Bastide (1965), Boltanski (1971), Druhle (1996), Lovell (2004).

Encadré I.1 – Bibliographie officielle du thème « Santé, maladie, société » au concours de l’agrégation de sciences économiques et sociales en 2011 et 2012

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Dans leur revue de la littérature sur les déterminants sociaux de la santé, Marcel Goldberg, Maria Melchior, Annette Leclerc et France Lert constatent de la même manière que « les sciences sociales ont presque complètement déserté ce champ pourtant traditionnel pour elles, alors même que les inégalités sociales de santé sont plus importantes dans notre pays que dans la plupart de ceux de niveau économique comparable, fait “social” s’il en est » (2002, p.112). Sur les 200 articles originaux publiés dans la revue Sciences sociales et santé entre 1982 et 2002, ils n’en ont compté que trois ayant un rapport avec les déterminants sociaux de la santé, dont deux portant sur des pays étrangers (Côte d’Ivoire et Italie). En poursuivant cette recension sur la période mars 2003-juin 2011, nous avons identifié, sauf omission de notre part, deux numéros spéciaux – l’un sur les déterminants socio-économiques des inégalités1 (2006, vol.24, n°3), l’autre sur la santé au travail (2010, vol.28, n°2) –, quatre articles relevant des inégalités sociales de santé – sur les usages sociaux de la couverture médicale universelle, sur la mortalité infanto-juvénile en Haïti, sur l’accès aux soins des SDF, sur la qualité de vie à Dakar –, auxquels nous pouvons éventuellement ajouter trois articles consacrés aux inégalités entre hommes et femmes – sur l’infection par le VIH-sida en Afrique subsaharienne, sur la contraception, et sur le recours aux soins en Inde. Le thème des disparités sociales de santé semble donc un peu plus présent dans cette revue depuis quelques années, même si plusieurs articles relevés ne portent pas sur la société française contemporaine.

De même, sur l’ensemble des communications du réseau thématique « Santé, médecine, maladie et handicap » (RT19) présentées lors du dernier congrès de l’Association Française de Sociologie à Grenoble en juillet 2011, les questions

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La revue Sociologie, Santé vient elle aussi de consacrer un numéro spécial aux « discours croisés sur les inégalités sociales de santé aujourd’hui » (2009, n°28).

d’inégalités sociales de santé semblent beaucoup moins représentées que les analyses relatives aux transformations institutionnelles, et aux évolutions professionnelles du monde médical, au handicap, et à la relation de soin. Il est du reste intéressant de