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Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques

1. Les déictiques et le discours journalistique

1.4. Le On de l’énonciateur

Aux dires des grammairiens, le morphème on a une place indispensable dans le système de la personne en langue française, car il dispose des propriétés syntaxiques de je, tu, il et nous. Le on possède la fonction soit d’un indéfini soit d’un substitut d'embrayeur.

Le morphème on est considéré comme étant un élément autonome, et il a un aspect indéterminé. J. Dubois observe que

« ce pronom, qui ne porte aucune marque spécifique de personne, se définit alors comme susceptible de se substituer à tous les autres pronoms personnels ».1

B. Gardin, qui a travaillé sur le on, dans le discours patronal et le discours syndical, ajoute qu’ « il n’est pas toujours possible de savoir à quel autre pronom personnel on se substitue. »2 Ainsi certaines des attributions seraient-elles contestables.

P. Charaudeau3 répertorie les usages de on. Ce déictique peut indiquer « quelqu’un », un « tiers unique » dont l’identité n’est pas connue de l’énonciateur, comme dans le cas de : « on raisonne ». On correspond aussi à un

1DUBOIS J. et al, (1994), Dictionnaire De Linguistique Et Des Sciences Du Langage, Paris, Larousse.

2GARDIN B., (1976), « Discours patronal et discours syndical » dans Langage 41, p. 33

Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques « tiers multiple » dont l’identité n’est pas déterminée de façon claire, mais c’est grâce au contexte que nous pouvons définir ce tiers qui peut être considéré comme un sous-ensemble d’une totalité.

Quand le locuteur s’implique dans le on, ce dernier renvoie à nous. Il évoque un « locuteur multiple » (locuteur + interlocuteur(s), locuteur + tiers, locuteur + interlocuteur(s) + tiers, ou locuteur + autre (s) locuteur(s)). Le on peut donc renvoyer à nous inclusif ou exclusif.

Dans le cas suivant, le on renvoie à nous inclusif (l’auteur + le lecteur) :

- « Heureusement que cette année, la loi a été aménagée. On peut voter, même si l’on n’a pas de carte d’électeur. On peut voter même sans carte d’identité. On peut voter même sans passeport. » (24/4/2012, Pousse Avec Eux)

Le on peut remplacer le déictique nous, dans l’exemple qui suit où il le redouble :

- « Doit-on remercier un État qui se fait payer grassement de faire ce pour quoi on le paye, nous les Algériens ? » (7/1/2012, Raïna Raïkoum)

Enfin, le on peut renvoyer au tiers (singulier ou pluriel) et nous, y inclus moi. De ce fait, le on peut être la marque d’inscription du locuteur. Selon Nam-Seong-Lee, « c’est une façon de déguisement du locuteur »1. Autrement dit, par son recours à ce morphème, l’énonciateur peut se cacher derrière ses propos. Comment s’interprète le on ? Nous distinguons deux manières : le je dilaté et le

nous. D’après B. Gardin2, cette interprétation de on comme je ou nous ne pourrait signifier la présence d’une commutation parfaite.

1Nam-Seong LEE, Identité Langagière du genre, Analyse du discours éditorial, L’Harmattan, p.60

Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques Le on est interféré avec les embrayeurs personnels dans la mesure où il se distingue à travers deux types d'emplois, à savoir comme substitut de nous et comme je dilaté. Dans l’énoncé suivant, on note un double usage de personne à l’initial de l’énoncé suivi d’un nous.

- « On va même voter. Comme un vieux couple, nous et le pouvoir, qui partage un repas froid, un lit séparé, un enfant qui est parti ou un feuilleton dont on connaît la fin. » (13/2/2012, Raïna Raïkoum)

Dans le cas suivant, le on est lié au verbe pouvoir sous la forme interrogative : - « Peut-on conjuguer le « j’assume» autrement qu’à la première personne gratuite et insolente ? On ne sait pas. » (25/1/2012, Raïna Raïkoum)

Ce déictique est utilisé également afin d'éviter la 2ème personne du singulier et du pluriel.

- « A-t-on entendu le président de la République ordonner une enquête sur cette affaire qui sent mauvais et qui met en danger la cohésion nationale ? » (10/1/2012, Commentaire)

Dans ce cas, le morphème on sert à éviter ce qui gêne l'usage d'une 2ème personne. La nécessité de politesse du discours journalistique ne tolère pas l'usage de on comme substitut de vous.

- « Pourquoi demande-t-on aux Algériens de s’écraser encore plus ? De s’aplatir ?». (7/1/2012, Raïna Raïkoum)

Le on peut même parfois interpréter l'accentuation de l’énonciateur quant à la spécificité de ses informations à travers une sorte de réitération :

- « Doit-on remercier un État qui se fait payer grassement de faire ce pour quoi on le paye, nous les Algériens ? » (7/1/2012, Raïna Raïkoum) Dans l’exemple ci-dessus, le on peut être aussi bien inclusif (le journaliste

Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques faisant partie du collectif désigné par on) qu'exclusif (le on est alors indéfini et désigne ceux qui pensaient que...) comme c’est le cas dans cet énoncé :

- « Car on est fatigué, nous, nés après les rancunes. L’histoire du Maghreb vaut mieux qu’un bidon d’essence échangé contre un kilo de kif, avec, dans le dos, un Sahara incertain » (30/1/2012, Raïna Raïkoum)

L’énoncé suivant manifeste la présence de on qui a une nature inclusive et qui réfère au journaliste.

- « Du coup, on se met à penser que la dernière visite du nouveau ministre des AE marocain en Algérie était destinée à ouvrir ces frontières malgré les démentis précautionneux. » (30/1/2012, Raïna Raïkoum)

Nous avons relevé 125 occurrences de ce modèle de on. Nous soulignons dans le tableau qui suit la fréquence de ce déictique.

Tableau n° 4 : Le On et l’énonciateur Les journaux On interprété comme je dilaté On interprété comme nous T % Chronique + billet Éditorial + commentaire Chronique + billet Éditorial + commentaire Liberté / 55 / 280 335 16 ,84 Le Quotidien d’Oran 235 133 320 330 1018 51,18 El Watan 12 31 120 60 223 11,21 Le Soir d’Algérie 333 / 80 / 413 20,77 Total 580 219 520 670 1989 100 Pourcentage 72,59% 27,41% 43,70% 56,30%

Les histogrammes suivants présentent les occurrences d’usage du « interprété comme je dilaté» et du «

différents journaux étudiés.

Graphique n° Graphique n° 0 50 100 150 200 250 300 350 Le Quotidien d'Oran d'Algérie 0 50 100 150 200 250 300 350 Le Quotidien d'Oran d'Algérie

Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques histogrammes suivants présentent les occurrences d’usage du «

dilaté» et du « on interprété comme différents journaux étudiés.

Graphique n° 9 : Le On interprété comme Je

Graphique n° 10 : Le On interprété comme Nous Le Soir

d'Algérie El Watan Liberté

Chronique+billet Éditorial+commentaire

Le Soir

d'Algérie El Watan Liberté

Chronique+billet Éditorial+commentaire

Chapitre 2 : Les visées énonciatives journalistiques histogrammes suivants présentent les occurrences d’usage du « On

interprété comme nous» dans les

e ous Chronique+billet Éditorial+commentaire Chronique+billet Éditorial+commentaire

Graphique n° 11 :

Commentaire

L’étude quantitative montre favorisé dans les chroniques d’occurrence de ce type de Pousse Avec Eux et moins

éditoriaux. Certes, l’usage du déictique les éditoriaux, mais on

chroniques et les billets.

Bref, l’occurrence d’usage du déictique Quotidien d’Oran, par contre