• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 3. MÉTHODOLOGIE

3.2 Justification et description du milieu et de la population choisis

Nous avons choisi de situer notre étude dans le quartier La Cité-Limoilou de la ville de Québec. Ce choix a été motivé par le fait qu’il s’agisse du quartier vivant le plus de défavorisation matérielle et sociale de la région de la Capitale-Nationale (Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale, 2011). De plus, tel qu’évoqué plus tôt, c’est également dans ce quartier que les personnes craignent de vivre ou souffrent le plus

28

d’insécurité alimentaire, comparativement aux autres quartiers de la ville (Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale, 2010).

De plus, il s’agit également du quartier où l’on trouve la plus grande proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, représentant 26,1% de sa population. En outre, tel que mentionné précédemment, une grande proportion de cette population vit seule dans ce quartier, soit près de la moitié de celle-ci (Mercure, 2009). Comme nous l’avons déjà précisé, nous avons choisi de nous intéresser aux personnes âgées en raison du peu d’études réalisées sur cette tranche de la population concernant l’insécurité alimentaire et du fait qu’elles sont particulièrement à risque d’en souffrir.

Le quartier La Cité-Limoilou est un nouvel arrondissement résultant du regroupement des arrondissements de La Cité et de Limoilou effectué en 2009. Celui-ci couvre une superficie de 22,18 km2. Cet arrondissement a une petite superficie mais est aussi le plus densément peuplé de la ville, comptant 21,85% de la population totale de celle-ci, soit 107 511 personnes en 2006. Cet arrondissement se découpe en trois secteurs, soit la Haute-Ville, la Basse-Ville et Limoilou, lesquels regroupent à leur tour neuf quartiers. La Haute-Ville comprend les quartiers de Saint-Jean-Baptiste, Montcalm, Saint-Sacrement ainsi qu’une partie du Vieux- Québec-Cap-Blanc-Colline parlementaire. Quant à elle, la Basse-Ville comprend les quartiers de Saint-Sauveur, Saint-Roch et une partie du Vieux-Québec-Cap-Blanc-Colline parlementaire. Pour sa part, Limoilou regroupe les quartiers du Vieux-Limoilou, de Lairet et de Maizerets (Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale, 2010).

On retrouve dans cet arrondissement une vie communautaire très active via les organisations communautaires et les associations telles que les comités de citoyens, les groupes d’entraide et les organismes de loisirs présents au sein de celui-ci. Ceux-ci s’activent à diminuer les effets de la défavorisation présente. Seulement à Limoilou, plus d’une vingtaine de concertation oeuvrent au développement, au soutien et à la prise en charge du milieu (Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale, 2010). Nous trouvons également dans le quartier Limoilou une diversité de services d’aide alimentaire. Nous présentons ici-bas les différents services existant au Québec suivis d’une présentation des services d’aide alimentaire existant dans ce quartier.

Au Québec, les différents services d’aide alimentaire sont répartis en deux types, soit l’aide traditionnelle ou le dépannage alimentaire, et les pratiques alternatives au dépannage.

L’aide traditionnelle comprend les banques alimentaires, les soupes populaires, les paniers de Noël et les bons d’achat alimentaire. Il s’agit d’une aide alimentaire d’urgence, qui sert principalement à dépanner les personnes en cas de besoin. L’aide fournie dans les banques alimentaires consiste en des dons sous la forme de colis de nourriture, lesquels sont distribués à des personnes et des familles dans le besoin, à une densité et une fréquence variables. Les organismes fournissant ce type d’aide peuvent être des organismes communautaires bénévoles ou religieux. L’organisme le plus connu à cet effet est Les Sociétés Saint-Vincent-de-Paul (SSVP). Ce type d’organisme est répandu à travers tout le Québec et a donc une ampleur considérable. Les banques alimentaires procèdent généralement à l’évaluation des besoins des personnes avant de leur offrir leurs services (Racine, 2007). Pour leur part, les bons d’achat alimentaire consistent en des bons échangeables contre de la nourriture dans les épiceries et les supermarchés. Contrairement aux banques alimentaires, ce type de service permet aux personnes qui les utilisent de choisir les aliments selon leurs préférences. Ce type de service est surtout fournit par les organismes des Sociétés Saint-Vincent-de-Paul. Les soupes populaires, quant à elles, consistent en des organismes offrant des repas chauds, à coût modique, aux personnes qui s’y présentent. Contrairement aux deux types de services précédents, les soupes populaires n’évaluent pas les besoins des personnes qui les fréquentent. La majorité des personnes se présentant à ce type de service sont des personnes itinérantes. Des exemples d’organismes offrant ce service sont L’auberivière à Québec et L’Accueil Bonneau à Montréal (Racine, 2007).

Les paniers de Noël, pour leur part, représentent un service qui est circonscrit dans le temps car étant offert exclusivement durant la période de Noël. Ce type de service est généralement soutenu par des « guignolées », soit des récoltes d’argent, de nourriture et de jouets auprès de la population peu avant la période des fêtes. Ce type d’aide permet principalement aux personnes qui en bénéficient d’avoir accès à une quantité appréciable d’aliments durant cette période (Racine, 2007).

Les popotes roulantes, quant à elles, impliquent la livraison à domicile par des bénévoles de repas préparés. Ce type de service s’adresse aux personnes âgées vivant une perte d’autonomie ou ayant une maladie chronique les rendant incapables de préparer elles-mêmes leurs repas ou de se déplacer hors de leur domicile pour acquérir de la nourriture (Services Québec, 2013).

Un autre type de service offert consiste en des repas communautaires, soit l’offre de repas à petit prix, notamment à des personnes seules et des personnes âgées, dans un lieu déterminé,

30

parfois dans une habitation à loyer modique. Il s’agit d’une occasion de rencontres, en plus d’une occasion d’acquérir de la nourriture à prix abordable (Service de nutrition et d’action communautaire, 2013).

Quant à elles, les pratiques alternatives concernent les cuisines collectives, les groupes d’achat, les jardins communautaires, les épiceries communautaires, les restaurants populaires et les magasins-partage. Contrairement à l’aide traditionnelle, les pratiques alternatives ne visent pas seulement la dimension alimentaire. En effet, ce type de services implique les bénéficiaires de manière active et contribue à la création de réseaux sociaux, au développement du pouvoir d’agir et au développement social de ceux-ci (Racine, 2007). Les cuisines collectives sont des petits groupes de personnes mettant en commun leur temps, leur argent et leurs compétences afin de cuisiner des repas nutritifs et économiques. Les participants choisissent ensemble des recettes, dressent la liste des ingrédients impliqués dans la préparation de celles-ci et effectuent les achats, après quoi ils préparent ensemble les repas (Regroupement des cuisines collectives du Québec, 2006). Certains organismes se consacrent presque exclusivement à l’offre de ces services. Cependant, il est également possible de retrouver des cuisines collectives à l’intérieur d’organismes dont l’aide alimentaire n’est pas la mission principale, tels que les Centres de femmes, les organismes de soutien aux familles et des ressources en santé mentale. Les différents organismes offrant des services de cuisines collectives font partie de l’organisation ayant créé ces dernières, soit Le Regroupement des cuisines collectives du Québec, qui compte 1330 organismes membres (Racine, 2007). Quant à eux, les groupes d’achat, tout comme les cuisines collectives, permettent aux gens de réaliser des économies sur leurs achats de nourriture. Ceux-ci sont constitués de personnes et de familles achetant collectivement divers aliments à coût minime auprès de grossistes et de producteurs de leur région. Les rencontres s’effectuent à deux reprises, soit une première rencontre pour choisir les aliments à acheter et une deuxième rencontre où les gens partagent les commandes (Racine, 2007). Il arrive que les cuisines collectives et les groupes d’achat soient deux pratiques associées l’une à l’autre (Regroupement des cuisines collectives du Québec, 2006).

Quant aux jardins collectifs, il s’agit d’une pratique relativement nouvelle au Québec. Contrairement aux jardins communautaires, où chaque personne cultive son propre lot de terre, les jardins collectifs impliquent que les personnes et les familles cultivent ensemble sur un même lot de terre et partagent les récoltes, en plus de leur expérience et de leurs connaissances. Les jardins collectifs ont été initiés par des organisations écologiques et

prennent de plus en plus d’ampleur, étant utilisés par certains organismes comme alternative au dépannage alimentaire. Les jardins collectifs sont ouverts à tous et il arrive, tout comme les groupes d’achat, que des collaborations prennent forme avec les cuisines collectives (Racine, 2007).

Pour leur part, les épiceries communautaires constituent un service combinant le dépannage et les groupes d’achat. Les clients de ces épiceries se voient offrir des aliments à moindre coût. Le fonctionnement et la structure de ce type de service varient mais s’adressent toujours aux mêmes personnes, soit les personnes à faible revenu devenant membres, impliquant de faibles coûts d’adhésion ou une participation au fonctionnement. Il est difficile pour ce type de service de subsister en offrant des coûts intéressants aux personnes les fréquentant, en raison de la forte concurrence des prix sur le marché alimentaire privé et des faibles profits réalisés (Racine, 2007).

Quant à eux, les restaurants populaires sont des établissements offrant des repas à faible coût aux personnes de leur quartier. De plus, ceux-ci permettent également l’insertion professionnelle de personnes à faible revenu désirant s’intégrer dans le marché du travail. Généralement, les restaurants populaires constituent des entreprises d’économie sociale ayant une mission socio-économique. Des exemples de restaurants populaires connus sont Le Pignon Bleu dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, et Le Chic Resto Pop, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal (Racine, 2007).

Finalement, les Magasins-Partage constituent une pratique alternative aux Paniers de Noël et desservent les personnes et les familles dans le besoin, à la rentrée scolaire et durant la période des fêtes. Les personnes utilisant ce type de service peuvent choisir les produits dont elles ont besoin et ne paient généralement que 10% du coût de la facture totale. À Montréal, le Regroupement des Magasins-Partage de l’île de Montréal compte 17 organisations offrant ce type de service.

Certains organismes offrent à la fois de l’aide traditionnelle de type dépannage et de l’aide de type alternative afin de pouvoir répondre aux différents besoins des participants et de respecter leur cheminement personnel. Les différents organismes, qu’ils offrent de l’aide de type traditionnelle ou des services d’aide alternatifs, sont généralement soutenus par des dons privés provenant de fondations ou d’autofinancement, ce qui rend leur existence plutôt fragile et leur développement, plutôt ardu (Racine, 2007).

32

À Limoilou, plusieurs organismes communautaires sont présents, offrant de l’aide alimentaire traditionnelle et des services d’aide alimentaire alternatifs. Les services d’aide traditionnels dans le quartier Limoilou comprennent des banques alimentaires, des soupes populaires, des repas communautaires et des popotes roulantes. On retrouve une grande concentration d’organismes offrant des services de distribution alimentaire sur le territoire du CSSS de la Vieille-Capitale (Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, 2013). Ces organismes offrent des services de distribution alimentaire via des banques alimentaires, notamment La Saint-Vincent-de-Paul, l’Armée du Salut, le Service d’entraide Roc-Amadour, le Relais d’Espérance et La Bouchée généreuse (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013 ; Centre communautaire l’Amitié, 2013 ; Mercure, 2009). Des organismes offrent également des services de soupes populaires offrant des repas chauds à bas prix, soit la Maison Mère Mallet, la Maison de L’Auberivière et le Café-rencontre (Centre communautaire l’Amitié, 2013). Toutefois, peu d’organismes offrent le service de popote roulante au sein du quartier, soit seulement le Service d’entraide Roc-Amadour (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013).

Quant à elles, les pratiques alternatives d’aide alimentaire dans le quartier Limoilou comprennent des cuisines collectives, des jardins communautaires, des groupes d’achat ainsi que des commerces offrant des aliments à petit prix tels que des boulangeries économiques et des épiceries communautaires. Tout comme l’aide traditionnelle, on note également une grande concentration d’organismes offrant des services d’aide alimentaire alternatifs au sein du territoire du CSSS de la Vieille-Capitale (Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, 2013). Ces organismes offrent principalement des services de repas communautaires, notamment L’Évasion St-Pie X, Le Centre Monseigneur Marcoux, le Comité volontariat de Québec et Sécuribouffe (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013). Plusieurs organismes du quartier offrent aussi des services de cuisines collectives, notamment le Service d’entraide Roc-Amadour, le Centre Monseigneur-Marcoux, Les Ateliers à la terre et Sécuribouffe. En plus des services de cuisines collectives, ces organismes offrent également des services d’ateliers culinaires, hormis Les Ateliers à la terre, ainsi que des services de jardins collectifs (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013). Quant aux groupes d’achat, le Service d’entraide Roc-Amadour, le Centre Monseigneur-Marcoux et Sécuribouffe offrent également ce type de service (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013). Un autre service offert dans le quartier Limoilou est celui d’épicerie communautaire,

lequel est offert par les organismes Le Service d’entraide Roc-Amadour et La Bouchée généreuse (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013).

Les organismes offrant de l’aide alimentaire sont toutefois inégalement répartis selon les différents secteurs du quartier. Comparativement aux secteurs de Lairet et de Maizerets, le secteur du Vieux-Limoilou semble être mieux desservi, comptant 22 organismes contre 8 organismes dans le secteur Lairet et 9 organismes dans le secteur Maizerets. Notamment, le secteur Lairet compte seulement un organisme offrant des services de distribution alimentaire et de cuisines collectives alors que les secteurs Maizerets et Vieux-Limoilou en comptent plus de 5 (Approche territoriale intégrée Limoilou, 2013).

Tel que mentionné précédemment, ces organismes visent, en général, des personnes et des familles à faible revenu. Seulement, peu des services offerts s’adressent exclusivement aux personnes âgées, mis à part la popote roulante. En effet, selon le Portrait du réseau d’aide alimentaire de la région de la Capitale-Nationale publié en 2013, les personnes âgées et en perte d’autonomie représentent une clientèle peu ciblée par les organismes communautaires et caritatifs en faisant partie (17%). (Direction régionale de santé publique de la Capitale- Nationale, 2013). De plus, ces services ne semblent pas avoir été évalués de manière systématique et donc nous ne savons pas s’ils répondent aux besoins des personnes âgées.