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Chapitre II. Méthodologie

2.1 Justification d’une étude de cas

L’objectif de cette recherche est d’analyser le lien entre la restructuration économique de la banlieue contemporaine et les stratégies en termes d’aménagement et promotionnelles qui sont mises en place par les acteurs locaux (municipaux et du secteur privé). Nous souhaitons également situer ces pratiques récentes dans la

continuité de l’évolution du territoire étudié. À cet effet nous rappelons la question de recherche générale qui organise cette thèse :

Quel lien peut-on donc établir entre la restructuration économique qui concerne la banlieue contemporaine et les stratégies en termes d’aménagement et promotionnelles déployées par les acteurs dans le processus de production de cet espace?

Afin de répondre à cette question, nous nous référons à un territoire spécifique. Nous pensons en effet que suivant l’hypothèse que nous avons dégagée dans le chapitre précédent, il est nécessaire de relier cette vérification à un cas en particulier. L’étude de cas permet en effet d’analyser en profondeur un phénomène dans un contexte historique et géographique donné, cela constitue d’ailleurs sa force (Roy, 2000, p. 168-169). La recension des écrits du chapitre précédent démontre que les contextes historique et géographique ont une influence sur le processus de production des espaces suburbains. Il est donc recommandé d’analyser celui-ci à partir d’un exemple permettant de tester l’hypothèse considérée dans un contexte particulier mais néanmoins représentatif des caractéristiques économiques et en termes d’aménagement de la banlieue contemporaine. Le processus de production de celle-ci a été peu étudié, cette thèse a donc une dimension exploratoire en ce qui concerne l’identification des stratégies des acteurs dans la mise en place des nouveaux paysages suburbains considérés. L’étude de cas en tant que démarche inductive est particulièrement recommandée pour ce type de questionnement comme le précise Roy (2000, p. 168) :

Les méthodes qualitatives et l’étude de cas présentent des qualités indéniables : en effectuant des entrevues semi-dirigées sur des cas particuliers, on peut découvrir et mieux approfondir des phénomènes difficiles à mesurer.

Saint-Laurent est considéré comme un exemple approprié en ce qui a trait à la restructuration économique récente de la banlieue contemporaine par le fait que ce territoire présente une concentration importante d’emplois dans les secteurs de la haute technologie. Dans la région métropolitaine de Montréal, Saint-Laurent est en fait le territoire suburbain le plus représentatif de la restructuration économique qui caractérise la banlieue nord-américaine contemporaine33.

Nous choisissons d’orienter l’analyse de ce territoire en fonction d’une hypothèse. Celle-ci a été déduite de ce qui est connu à propos de la relation de cause à effet entre la conjoncture économique et les stratégies d’aménagement34 déployées par les acteurs. Cette approche inductive35 va nous permettre d’orienter la collecte de données qui aura pour objectif de répertorier l’information nécessaire afin de vérifier ou réfuter l’hypothèse de départ. Cette dernière est donc testée en faisant appel à une démarche empirique qui fait intervenir des entretiens semi-directifs avec les acteurs de l’aménagement et une analyse documentaire qui a trait au développement du territoire considéré ainsi qu’à l’historique des projets étudiés. Il s’agit donc d’analyser la réaction des acteurs à un certain contexte économique, ceci en partant de l’hypothèse que les stratégies en termes d’aménagement mises en place sont des réactions engendrées par une certaine conjoncture économique plus qu’elles ne témoignent d’une volonté de planification. Le cas est choisi afin de permettre une meilleure compréhension des conditions pour lesquelles cette hypothèse est vérifiée ou réfutée. Le cas est donc analysé suivant une démarche empirique construite à partir de l’hypothèse de départ (Bryman et Teeman, 2005, p. 6). Le cas choisi permet de discerner plusieurs périodes de développement qui sont liées à des phases de

33 Voir point 1.6.1. 34 Voir point 1.4.1.

35 Nous ne nous basons pas en effet sur une théorie ancrée mais plutôt sur une approche qui considère

les stratégies en termes d’aménagement déployées par les acteurs comme étant dépendantes d’une certaine conjoncture économique. Nous visons à partir d’une démarche empirique à étoffer l’approche considérée par l’analyse de la période contemporaine quant au phénomène de suburbanisation.

développement économique successives, il est donc possible de tester cette hypothèse pour ces différentes périodes.

Nous aurons recours à une approche chronologique car cette présentation linéaire permet de rendre compte d’une explication qui se déroule dans le temps (Roy, 2000, p. 181). Dans le cadre de cette thèse, la période contemporaine est analysée comme s’inscrivant dans la continuité des périodes antérieures. Les conclusions de l’analyse quant aux stratégies d’aménagement qui concernent la période actuelle doivent en effet se baser sur une bonne connaissance des phases de développement du territoire. Cette nécessité implique de tester notre hypothèse suivant une analyse empirique d’un cas en particulier qui permette de mettre en valeur le lien entre les stratégies d’aménagement des acteurs et l’évolution économique du territoire.

L’étude de cas est cependant critiquée du point de vue de sa validité externe, c’est-à- dire qu’elle ne permet pas, en général, de procéder à une généralisation robuste (Roy, 2000, p. 167). Toutefois, dans le cadre de cette thèse, nous considérons que Saint- Laurent est représentatif des transformations économiques de la banlieue contemporaine ainsi que des nouvelles tendances en termes d’aménagement qui caractérisent le milieu suburbain36. Nous estimons qu’il est donc possible de procéder

à des généralisations quant à l’évolution des stratégies d’aménagement et promotionnelles déployées par les acteurs en fonction d’un certain contexte économique et ce à partir du cas de Saint-Laurent.