• Aucun résultat trouvé

D IVERSITÉS GÉOGRAPHIQUES : LES CANTONS SUISSES ONT - ILS LA MÊME POLITIQUE DE PRISE EN CHARGE DES PERSONNES

7 LA VIE EN INSTITUTION

7.3 D IVERSITÉS GÉOGRAPHIQUES : LES CANTONS SUISSES ONT - ILS LA MÊME POLITIQUE DE PRISE EN CHARGE DES PERSONNES

TRÈS ÂGÉES

Si certaines caractéristiques socio-démographiques individuelles peuvent prédisposer à vivre en établissements médico-sociaux, il existe également en Suisse d’importantes différences selon la région d’origine quant à la proportion de personnes vivant en institution (Carte 15).

124 Recensement fédéral de la population 2000 Âges et générations – La vie après 50 ans en Suisse

ZH

Personnes âgées de 80 ans et plus vivant en EMS

Personnes en EMS ayant quitté leur commune de domicile au cours des cinq dernières années

Personnes en établissements médico-sociaux, en 2000 Carte 15

Âges et générations – La vie après 50 ans en Suisse Recensement fédéral de la population 2000 125

Source: Recensement fédéral de la population, OFS

© OFS, ThemaKart, Neuchâtel 2004

On observe une forte différence entre cantons quant à la proportion de personnes âgées rési-dant en établissements médico-sociaux et quant à l’âge moyen des résirési-dants (cf. atlas virtuel72):

les cantons pour lesquels le taux d’hébergement en EMS est le plus élevé accueillent plus précocement les personnes âgées. Globalement, ces cantons appartiennent à la Suisse aléma-nique; ils se trouvent concentrés en Suisse centrale et en Suisse orientale (Appenzell Rhodes-Extérieures, Glaris, Zoug, Schwyz, Schaffhouse, Obwald, Lucerne, Saint-Gall). A l’opposé, les cantons de l’Ouest (Vaud, Valais, Fribourg, Genève), du Nord de la Suisse (Jura, Soleure, Bâle-Ville, Bâle-Campagne) et les Grisons présentent des taux d’hébergement plus faibles, en raison, notamment, de l’application de politiques visant au maintien à domicile des personnes âgées (Graphique 33). Les cantons pour lesquels le taux de personnes prises en charge en EMS est faible recourent davantage à l’aide et aux soins à domicile. Obwald se démarque des autres cantons avec, à la fois, un taux très élevé de personnes très âgées recevant de l’aide et des soins à domicile et un taux d’hébergement en EMS parmi les plus élevés.

Graphique 33: Proportion de pensionnaires d’EMS et bénéficiaires d’aide à domicile* de 80 et plus, par canton, en 2000

126 Recensement fédéral de la population 2000 Âges et générations – La vie après 50 ans en Suisse

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

JU VD VS SO BS BL FR GR GE NE BE TI AI TG AG NW UR ZH SG LU OW SZ SH ZG GL AR EMS Domicile

Sources: Recensement fédéral de la population, OFS; Statistique de l’aide et des soins à domicile, 2002, OFAS

* Une personne qui bénéficie de plusieurs genres de prestations est comptée plusieurs fois.

72)Voir aussi la diversité cantonale du nombre de lits pour 1000 habitants (atlas virtuel).

Lorsque le maintien à domicile n’est plus possible et que l’entrée en institution s’impose, avoir la possibilité de rester dans son quartier ou sa commune peut être appréciable pour les personnes âgées. Ainsi, le critère le plus important dans le choix d’une institution est la proxi-mité de l’ancien lieu d’habitation (Casman et Lenoir, 1998). «Les personnes âgées ont en effet besoin de garder contact avec leurs proches, leurs amis, leur milieu. Les institutions pour personnes âgées doivent donc idéalement se trouver dans le lieu de vie où la personne a résidé jusqu’à son entrée en institution afin que les résidants puissent rester socialement intégrés»

(Lalive d’Epinay et Braun, 1995). Le choix d’une institution pour sa proximité de son ancien domicile est souvent possible. Néanmoins, selon le district, de 15 à 30% des personnes ont dû déménager de leur commune pour s’installer dans un EMS (Carte 15, p. 125). Une contrainte (la disponibilité des lits) prend alors le pas sur la décision personnelle. Les déménagements ne semblent pas moins fréquents dans les cantons où le taux d’hébergement en EMS est élevé.

Discussion: quel avenir pour l’institutionnalisation?

Le nombre de personnes très âgées (80 ans et plus) devrait doubler en Suisse entre 2000 et 2050 (cf. chapitre 1); ceci entraînera inévitablement un besoin accru en soins. Avec la trans-formation actuelle des systèmes familiaux (baisse du nombre d’enfants, raréfaction des parte-naires avec l’augmentation du nombre de divorces, mobilité géographique qui sépare les familles), on pourrait s’attendre à une diminution de l’aide de la famille auprès des parents âgés demeurant dans leur domicile, famille qui actuellement occupe un rôle important. En effet, seul un tiers de l’aide aux personnes âgées vivant à domicile est dispensé par des professionnels (Mösle, 2001). De plus, bien que l’état de santé continuera de s’améliorer, les attentes et les exigences devraient se manifester à la hausse sous l’influence d’un effet «génération»:

«à état de santé identique, les seniors de 2020 aspireront à plus de soins et de bien-être médical», ils auront besoin de personnels plus nombreux à leur chevet lorsqu’ils seront en établissements médico-sociaux (Gilliand, 2001). Mösle (2001) répertorie diverses solutions à développer ou à mettre en œuvre comme les prestations dites «heimex» (les EMS mettent à disposition, en Suisse alémanique, leurs prestations pour des personnes âgées qui ne vivent pas dans l’établissement) lesquelles devraient être associées à la construction de logements permettant aux résidents d’avoir une vie privée dans un environnement protégé (environnement médicalisé aux dimensions relativement réduites). Par ailleurs, l’offre en soins (EMS, soins à domicile, heimex) devra être multiple et variée pour refléter la diversité des conditions dans le grand âge en Suisse où l’indépendance côtoie la fragilité (situation à risques et majoritaire) et la dépendance (Guilley et al., 2003).

Âges et générations – La vie après 50 ans en Suisse Recensement fédéral de la population 2000 127

128 Recensement fédéral de la population 2000 Âges et générations – La vie après 50 ans en Suisse

Quelques définitions

Espérance de vie à domicile à un âge x quelconque: nombre moyen d’années restant à vivre dans un domicile privé pour un ensemble d’individus ayant déjà atteint l’âge x.

Etablissements médico-sociaux (EMS): «la loi fédérale sur l’assurance-maladie du 18 mars 1994 réunit sous les termes génériques établissements médico-sociaux, les établissements, les institutions et leurs divisions qui prodiguent des soins, une assistance médicale ainsi que des mesures de réadaptation à des patients pour une longue durée» (Mösle, 2001). «Les termes home ou établissements médico-sociaux recouvrent des réalités semblables. Ils sont utilisés indifféremment en Suisse romande en fonction d’acceptations cantonales» (Fragnière et Girod, 2002).

Ménages collectifs: cohabitation de personnes et groupes de personnes qui n’ont pas de ménage propre. Sous la dénomination de ménages collectifs sont regroupées toutes les formes de résidence en institution (Fragnière et Girod, 2002). Les ménages collectifs incluent les établissements pénitentiaires, les internats, les hôpitaux, les établissements médico-sociaux (EMS), les couvents, les hôtels, les ménages administratifs. Suite à l’expansion du nombre de personnes très âgées et à la modification des comportements familiaux (accueils moins fréquents des aînés au domicile de la famille), le ménage collectif s’est transformé au cours des dernières décennies en une «forme de cohabitation destinée principalement aux personnes âgées, plus précisément encore aux vieillards» (Lalive d’Epinay et al., 1998a).

Régression logistique: méthode statistique permettant de modéliser une probabilité et de calculer un risque relatif. Une régression logistique permet d’évaluer un rapport de risque

«toutes choses égales par ailleurs». Un exemple est donné au chapitre 7: à même âge, même état civil et niveau scolaire similaire, les femmes ont le même risque de vivre en EMS que les hommes. Ceci indique que la surreprésentation des femmes en EMS s’explique entièrement par ces trois caractéristiques socio-démographiques: âge plus élevé, plus souvent veuves et de scolarité plus limitée (cohortes nées avant 1925) que leurs contemporains masculins.

CONCLUSION

L

A VIE APRÈS

50

ANS DANS UN CONTEXTE DE VIEILLISSEMENT