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3. La méthode

1.1. Les items cibles

1.1.1. Résultats globaux

Les figures 6 à 9 présentent le nombre d'erreurs , totales et différentes, en comparant les modalités avec et sans tâche ajoutée :

– Le nombre total d'erreurs renvoie à l'ensemble des erreurs relevées, une même erreur pouvant avoir été commises par plusieurs participants.

– Le nombre d'erreurs différentes renvoie aux items erronés, comptabilisés une seule fois, quel que soit le nombre de participants ayant commis la même erreur.

Passation 1 (18 participants) :

Figure 7 : Nombre d'erreurs différentes sur les items cibles dans la passation 1

Passation 2 (11 participants) :

Figure 8 : Nombre total d'erreurs sur les items cibles dans la passation 2

Nous retrouvons dans chacune des passations, plus d'erreurs sur le texte 2, à la fois en ce qui concerne le nombre total d'erreurs et le nombre d'erreurs différentes, et ce quelque soit le paramétrage de la tâche. L'écart en terme d'erreurs entre le texte 2 et le texte 1 est plus important lorsque le texte 2 est soumis à la tâche ajoutée.

Ces résultats nous amènent à nous interroger sur une difficulté accrue en terme orthographique sur le texte 2, malgré le travail de construction en parallèle mené.

Nous avons réalisé deux grilles de relevé des erreurs par passation, l'une concernant l'orthographe lexicale, l'autre, l'orthographe grammaticale, en respectant l'ordre d'apparition des items dans le texte et en nous inspirant de la typologie des erreurs que nous avons conçue.

Seules les erreurs différentes et portant sur les ambiguïtés évaluées ont été comptabilisées dans le relevé des erreurs. Les items erronés comportant une autre erreur que l'ambiguïté évaluée ont été toutefois retranscrits et mis entre parenthèses (exemple : »*nazillarde »). Le nombre d 'erreurs commis sur un même item a également été signalé entre parenthèses (Annexes 21 à 24, pages 24 à 27).

1.1.2. Erreurs lexicales totales versus grammaticales

En comparaison de l'orthographe grammaticale, l'orthographe lexicale a été la plus touchée :

– passation 1 : au total, 7 erreurs lexicales contre 5 erreurs grammaticales sans tâche ajoutée et contre 3 avec tâche ajoutée.

– passation 2 : au total, 3 erreurs lexicales contre 1 erreur grammaticale sans tâche ajoutée et 9 erreurs lexicales contre 4 avec tâche ajoutée

En outre, en analysant les performances intra-individuelles, un plus grand nombre de participants a produit plus d'erreurs lexicales que d'erreurs grammaticales, donnant le même nombre pour chacune des passations : 10 participants pour les erreurs lexicales contre 4 pour les grammaticales.

1.1.3. Erreurs lexicales

Dans la passation 1 (18 participants), les trois catégories d'erreurs d'orthographe d'usage sont représentées dans les deux modalités de passation.

Dans la passation 2 (11 participants), la catégorie « lettres muettes » n'a pas généré d'erreurs.

Dans chacun des textes, nous retrouvons plusieurs occurrences ayant fait l'objet d'erreurs récurrentes :

– « cristalline » (texte 1), considéré pour sa double consonne, a fait l'objet de 4 erreurs avec tâche ajoutée et 3 erreurs sans tâche ajoutée. Son équivalent, « affinée », n'a pas suscité d'erreurs. En rapprochant cette observation de leur fréquence respective, nous retrouvons une fréquence plus élevée pour « cristalline » (1,82 occurrences par million) en comparaison de « affinée » (0,07). L'effet de fréquence ne peut donc expliquer l'écart de performance. Il semblerait plutôt que l'item amène non seulement à une ambiguïté par son doublement de consonne, mais aussi par la polyvalence du /i/ («*crystaline» retrouvé 1 fois) et par son rapprochement analogique avec les mots construit sur « christ- » («*christalline» retrouvé 1 fois). De plus, le nom « cristaline » sans doublement du « l » correspond à une marque commerciale (eau minérale), ce qui a pu prêter à confusion.

– « rougeaude » (texte 2), a généré 3 erreurs sans tâche ajoutée et 5 avec tâche ajoutée. Cet item, évalué pour la polyvalence du son /o/ qu'il contient, présente également une graphie contextuelle (« g »), qui pourrait augmenter l'ambiguïté orthographique. Ces erreurs montrent un non recours à la morphologie dérivationnelle (suffixe -aude). L'item avec lequel il est apparié, « rauque », a généré une seule erreur («*roque») avec tâche ajoutée. Il est à signaler que la fréquence de « rougeaude » (0.61) est moins élevée que celle de « rauque » (14,8).

– « affadit » (texte 2), évalué pour son doublement de consonne, a fait l'objet de 2 erreurs, avec tâche ajoutée et d'1, sans tâche ajoutée («*afadit»). L'item « affaiblit » du texte 1 n'a pas généré d'erreur. Celui-ci s'avère être plus fréquent (1,22 occurrences par million contre 0,07).

– « désarçonne », item cible choisi pour la polyvalence phonogrammique du /s/, représente 5 erreurs, sans tâche ajoutée et 1, avec tâche ajoutée. Cette occurrence est appariée avec « perçante » qui correspond à 1 seule erreur. L'item « désarçonne » a amené à l'ajout d'une lettre muette («*désharçonne», retrouvé 4 fois). En considérant les fréquences, la différence entre « désarçonne » (0.27) et « perçante » (0,81) n'est pas significative. L'ajout du

« h » provient vraisemblablement d'une construction analogique avec les verbes tels « déshonorer » ou « déshabiller ». Cette ambiguïté s'ajoute à la polyvalence phonogrammique du /s/.

Les autres erreurs retrouvées ont fait l'objet d'une seule erreur. Elles concernent :

– dans le texte 1 : l'omission des lettres muettes de «*scultée», avec tâche ajoutée et de «*condannée» et «*facinants», sans tâche ajoutée, ainsi que la polyvalence phonogrammique des mots «*persante» et «*roque», avec tâche ajoutée.

– dans le texte 2 : la polyvalence phonogrammique du son /an/ dans « *insolance », avec tâche ajoutée.

En terme de respect phonologique, trois transcriptions ont été retrouvées, uniquement dans la passation 1 :

– 2 erreurs affectant le même couple d'items : «*condescandante» et «*opalescante», et,

– 1 erreur sur les items «*deçarssornent» du texte 2.

Concernant l'erreur d'homonymie, « voix » à la place de « voie » a généré 1 erreur dans chacune des modalités avec et sans tâche ajoutée et « pot » à la place de « peau » a été retrouvé 1 seule fois également, dans la modalité sans tâche ajoutée.

1.1.4. Erreurs grammaticales

Une erreur d'accord nominal récurrente dans chacune des versions touchant les items « naturel » et « originel », à savoir «signe de santé naturelle» et «signe de vie originelle» avait été au départ prise en compte. Après mûre considération, cette erreur n'a finalement pas été comptabilisée comme telle, la production au féminin pouvant finalement se concevoir comme une interprétation sémantique. Nous avons donc modifié ces items dans nos tableaux de typologie et de relevés des erreurs (« originel(le) et « naturel(le) »).

Nous avons observé que le texte 2 générait plus d'erreurs en comparaison du texte 1 dans chaque passation, c'est à dire qu'il soit paramétré avec ou sans tâche ajoutée, malgré une construction syntaxique sensiblement équilibrée.

Dans ce texte 2, les erreurs concernent principalement les accords verbaux (8 erreurs) par rapport aux erreurs d'accords nominaux (4 erreurs). Les erreurs relèvent pour 9 d'entre elles d'une relation interférente, dont 4 sont liées à l'application de processus particuliers d'automatisation et 1 à la récupération directe en mémoire.

Dans le texte 1, l'accord verbal interférent «*conscient» a généré 2 erreurs avec tâche ajoutée et l'accord nominal interférent «*enfoui» a été retrouvé 1 fois.