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Investigation environnementale dans les logements .1 Présentation de l’étude

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Matériels et méthodes

II.2 Investigation environnementale dans les logements .1 Présentation de l’étude

Une investigation environnementale complémentaire a été menée en partenariat avec le La-boratoire d’hygiène de la ville de Paris (LHVP) chez 196 nouveau-nés de la cohorte PARIS, afin d’étudier plus en détails l’exposition des nouveau-nés aux polluants de l’air intérieur (biologiques et chimiques). La mise en place de ce volet complémentaire et l’exploitation des premières données ont fait l’objet de la thèse de doctorat de Claire Dassonville[262].

Un échantillon aléatoire de 196 enfants de la cohorte PARIS a été tiré au sort au fur et à mesure du recrutement des nouveau-nés, à raison de un à deux enfants recrutés par mois en moyenne et allant jusqu’à deux, trois enfants dans les maternités où le recrutement était important.

L’étude environnementale a consisté à réaliser, au domicile des enfants, des mesurages répétés de contaminants biologiques (acariens, moisissures et endotoxines) et de polluants chimiques (aldéhydes, COV, NO2 et nicotine). Ce travail ne s’intéressant qu’à la pollution chimique dans les logements, seuls les protocoles d’échantillonnage et de mesurage des polluants correspondants sont présentés. Ces polluants ont été mesurés à quatre reprises, à 1, 6, 9 et 12 mois de l’enfant, grâce à des capteurs passifs installés pendant une période moyenne de 7 jours dans la chambre de l’enfant.

II.2.2 Mesurages des polluants chimiques

Les polluants chimiques qui ont été mesurés sont :

– les aldéhydes : formaldéhyde, acétaldéhyde, propionaldéhyde, pentanal, hexanal, butyraldé-hyde, benzalédébutyraldé-hyde, acroléine ;

– les COV : hydrocarbures aromatiques (benzène, toluène, éthylbenzène, 1,2,4-triméthylbenzène,

m,p-xylène, o-xylène, styrène) ; hydrocarbures chlorés (p-dichlorobenzène, trichloroéthylène,

tétrachlororéthylène) et hydrocarbures aliphatiques (n-décane, n-undécane) ; – le NO2;

– la nicotine.

Les particules n’ont pas fait l’objet de mesurages spécifiques en raison d’une part, des prélèvements contraignants (dispositifs actifs bruyants) et d’autre part, des résultats des travaux antérieurs. Des travaux précédents ont en effet montré que les principaux déterminants des teneurs intérieures en particules fines sont les concentrations extérieures et la FTE[134]. Dans l’investigation environ-nementale de la cohorte PARIS, la FTE est évaluée au travers de la nicotine et les concentrations extérieures en particules peuvent être recueillies à partir des valeurs des stations fixes de fond et de proximité du réseau de surveillance de qualité de l’air Airparif.

II.2.2.1 Modalités d’analyse

Tous les dosages ont été effectués par le LHVP. Les modalités d’analyse des aldéhydes, des COV, du NO2 et de la nicotine sont présentés ci-dessous. Les concentrations des composés chimiques dosés sont exprimées en µg.m-3d’air analysé.

Aldéhydes

Les aldéhydes ont été prélevés grâce à des capteurs passifs Radiello R (Fondazione Salvatore Maugeri, Italie), composés d’une cartouche imprégnée d’une solution acide de DNPH. Cette dernière, pour le prélèvement, a été insérée dans un corps diffusif microporeux en polyéthylène, lui-même vissé sur un support triangulaire (Figure 13 a). Par réaction avec la DNPH, les composés carbonylés forment les 2,4-dinitrophénylhydrazones correspondantes, plus stables. S’agissant du dosage, les hydrazones formées sont désorbées par l’acétonitrile, puis séparées par CLHP et enfin détectées dans l’UV à une longueur d’onde de 365 nm.

II.2.2. Mesurages des polluants chimiques 57

Composés organiques volatils

De même, le prélèvement des COV se fait à l’aide de capteurs passifs Radiello R (Fondazione Salvatore Maugeri, Italie), composés de cartouche de Carbograph 4 (Figure 13 b). Les COV piégés sont ensuite désorbés thermiquement et identifiés par CG/SM.

(a) (b)

Figure 13 – Capteur passif Radiello R pour échantillonner les aldéhydes (a) et les COV (b)

COV : composé organique volatil.

Dioxyde d’azote

L’échantillonneur du NO2 est un tube à diffusion commercialisé par la société Passam Ag (Mannedorf, Suisse). Il comprend un tube en polypropylène muni à ses deux extrémités de capuchons de couleur différente, blanc et rouge. Le bouchon blanc est inamovible. Il contient deux grilles accolées en acier inoxydable imprégnées de triéthanolamine et d’un agent mouillant (Figure 14). Les tubes ont été placés dans une bague prévue sur le support et exposés verticalement après ouverture de l’extrémité inférieure (bouchon rouge). Le NO2 piégé sur les grilles imprégnées de triéthanolamine est mis en solution avec un réactif colorimétrique qui conduit à la formation d’un composé diazoïque de couleur rose. La concentration de la solution est mesurée selon la loi de Beer-Lambert par spectrophotométrie dans le visible. Le principe de calcul de la concentration du NO2 est régi par la loi de diffusion moléculaire de Fick.

Figure 14 – Tube Passam Ag pour échantillonner le NO2

Nicotine

Pour la nicotine, les prélèvements ont été effectués en utilisant les cassettes porte-filtre Millipore 37 mm (Figure 15). Dans le compartiment supérieur de la cassette, est installé le filtre en téflon Pall Gelman R sciences n7217 imprégné de bisulfate de sodium. Une membrane de diffusion (Schleicher et Schuell R, 0,45 µg, 37 mm, TE 36) est placée sur la face de la partie inférieure de la cassette. Cette dernière a été accrochée à l’aide d’un dispositif « porte badge » sur un support prévu à cet effet. La nicotine piégée sur les filtres imprégnés de bisulfate de sodium forme un sel qui est extrait par une solution de n-hexane contenant 0,01 % de triéthylamine. Les analyses ont été effectuées par CG et détection thermoionique.

58 Investigation environnementale dans les logements

II.2.2.2 Assurance qualité

Parallèlement aux mesurages des polluants, des blancs de terrain ont été réalisés, ainsi que des réplicats dans une proportion de 6 % des échantillons. Les réplicats sont des capteurs placés en parallèle permettant d’évaluer la répétabilité des mesures. Les blancs permettent de détecter des contaminations résiduelles des capteurs, ainsi que des contaminations lors de la manipulation. Ils correspondent à des capteurs vierges faisant l’objet d’un conditionnement, d’une conservation et d’une analyse identiques à ceux des prélèvements. Les limites de détection (LD) et de quantification (LQ) correspondent à respectivement 3 et 10 fois l’écart-type de la réponse obtenue pour 22 « blancs de terrain ». Dans le Tableau XI figurent les LD et LQ des composés chimiques dosés.

Tableau XI – Limites de détection (LD) et de quantification (LQ), en µg.m-3, des composés chimiques dosés dans l’investigation environnementale de la cohorte PARIS

Composé chimique LD LQ

nicotine 0,01 0,03

p-diclorobenzène, trichloroéthylène, tétrachloroéthylène, 1,2,4-triméthylbenzène 0,1 0,4

benzène, toluène, éthylbenzène, xylènes, styrène 0,2 0,5

acétaldéhyde, n-décane, n-undécane 0,2 0,6

pentanal, acroléine, benzaldéhyde 0,5 1,5

formaldéhyde 0,8 2,4

dioxyde d’azote, propionaldéhyde, butyraldéhyde 1,0 3,0

II.2.3 Recueil d’informations complémentaires

II.2.3.1 Définition de la proximité des logements aux pressings

Les industries de pressing représentant une source non négligeable de tétrachloroéthylène, une recherche spécifique sur la localisation de ces établissements a été conduite. À l’aide de moteurs de recherche (Pages Jaunes et Google Maps), les teintureries, blanchisseries ou pressings à proximité des logements visités de l’investigation environnementale ont été identifiés. Après avoir géocodé l’ensemble des adresses (logements et pressings), en utilisant le service de géocodage (API9 de Google Geocoding), le pressing le plus proche de chacun des logements enquêtés a été déterminé et une distance a pu ainsi être attribuée à chacun des logements échantillonnés. Ce recueil d’informations a fait l’objet d’une partie du stage de Master 2 Recherche de Mademoiselle Anna Ramond[263].

II.2.3.2 Évaluation de l’exposition au trafic routier

Dans l’investigation environnementale, les niveaux extérieurs en NOX n’ont pas été recueillis en parallèle des campagnes intérieures de mesurages. Néanmoins, dans la cohorte PARIS, l’exposition individuelle de chaque enfant à la pollution d’origine automobile (PAA) est estimée à l’aide d’un indice d’exposition au trafic automobile, l’indice ExTra. Cet indice, développé par le CSTB et l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS devenu l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux – IFSTTAR), permet d’évaluer les concentrations ambiantes de plusieurs polluants émis par la circulation routière (CO, NOX, particules). Il a été validé par l’équipe pour les NOX[264,265]et dans le cadre de ce travail, nous l’avons utilisé afin de définir les niveaux en NOX en façade des bâtiments.

L’indice ExTra somme les niveaux de pollution de fond (données issues du réseau de surveillance de la qualité de l’air Airparif) et de la pollution liée au trafic de proximité. Il s’exprime en

µg.m-3d’équivalents NO2. Les niveaux de pollution d’origine locale sont modélisés à l’aide d’une 9. Application Programming Interface. En programmation, une API décrit un ensemble de fonctions pouvant être appelées par un autre logiciel.

II.2.3. Recueil d’informations complémentaires 59

adaptation du modèle danois Operational Street Pollution Model (OSPM) appliqué aux rues « canyon », c’est-à-dire bordé sur au moins l’un des côtés par une série d’habitations (immeubles ou maisons individuelles). Pour cette modélisation, et par conséquent pour le calcul de l’indice ExTra, plusieurs informations doivent être recueillies :

– coordonnées géographiques du logement (référence : flèche de Notre-Dame de Paris) et orien-tation de la rue par rapport au nord, à l’aide de cartes de l’Institut National Géographique (IGN) ;

– données météorologiques recueillies auprès des services de Météo France pour la station Montsouris (Paris 14ème) ;

– données topographiques : type de domicile, appartement ou maison individuelle ; nombre total d’étages du bâtiment où est situé le domicile et l’étage du logement ; ancienneté du domicile, par rapport à la date charnière 1945 ; pour les logements possédant au moins une fenêtre qui donne sur rue, l’existence d’une construction (bâtiment, immeuble, maison, etc.) en face du domicile, de l’autre côté de la rue ainsi que son nombre d’étages) ;

– largeur de la chaussée et des trottoirs ;

– données d’intensité de trafic dans la rue (obtenues à partir des intensités moyennes journa-lières issues de comptages ou de modélisation).

Ces deux dernières données (largeurs de chaussée et de trottoirs, intensité de trafic) sont collectées auprès du système d’information géographique (SIG) de l’Observatoire des Déplacements de la Ville de Paris, des différentes Directions Départementales de l’Équipement (DDE) ou des munici-palités.

Cet indice est ici calculé sur la période d’occupation dans chacun des logements enquêtés, soit généralement sur un an. Si un déménagement a eu lieu, le calcul est tronqué à la date de changement de domicile.

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