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X- Unité-langue baka: 1 parler baka

2.2.2.3 Inventaire des langues du Gabon : la synthèse

La synthèse proposée en Master 2 (2008) qui est reprise ici, s’inspire en grande partie des travaux d’Idiata (2007). Pour réaliser son inventaire des langues du Gabon, Idiata se basait non seulement sur les travaux mentionnés plus haut (Jacquot, Kwenzi-Mikala, Hombert, Mouguiama-Daouda), mais également sur ceux de Raponda Walker.

Idiata identifie 52 parlers. Il reprend la quasi-totalité des langues bantu classifiées par Mouguiama-Daouda (2006) et y ajoute l’akoa, le bakoya, le bakuyi et le bakola qui sont des langues pygmées (même si cela reste à prendre avec précaution).

Aux langues mentionnées par Idiata, j’ajouterai le bwisi et l’imwele mentionnés par Mouguiama-Daouda (2006).

Idiata considère le mbede comme un parler. Mouguiama-Daouda en revanche estime que le mbede est un groupe au sein duquel on retrouve le mpini et le kaniŋgi.

J’adopterai le point de vue de Mouguiama-Daouda et retiendrai le kaniŋgi et le mpini comme des parlers et non pas le mbede.

On obtient 54 parlers.

teke (làtèɣè) tsengi (ìtséngì) tumbidi (ntùmbìdí)

ungom (ùŋgɔ̀mɔ̀) varama (ɣìβàràmá) vili (cìvìlí)

vungu (ɣìβúŋgù) wanzi (lìwànzì) wumbu (wùmvù) La Carte 2 résume l’état des connaissances actuelles sur les parlers du Gabon.

Il est à noter que cette localisation tient compte, non pas de la dispersion actuelle des communautés linguistiques, mais des foyers d’origine ou du moins les principaux espaces peuplés par les différentes communautés linguistiques localisées. En outre, elle tient compte des parlers dont la localisation est sure.

Carte 2 : Localisation des parlers du Gabon

Source : Dynamique du Langage (DDL, UMR 5596, CNRS, responsable du projet ALGAB : Lolke Van der Veen).

3 Le shiwa

La langue ʃíwə́, parlée aujourd’hui par 1000 à 3000 locuteurs (Idiata D.-F. , 2007, p. 121), présente plusieurs dénominations. On la désigne en effet par « meka, mɛka, make, makina, oʃiwá, baʃiwá » Mayer & Voltz (1990, p. 43), shiwa, chiwa, ʃíwə́, fang makina, makaa, osyeba, oʃébà, fang meke, mekuk. Cette pléthore de dénominations résume assez bien la confusion et toute la complexité qui entoure la communauté ethnique et linguistique ʃíwə́. Il est apparu utile, en se basant sur la documentation disponible (ou du moins accessible), de statuer sur la dénomination exacte, la localisation, l’histoire et le mode de vie de ce groupe ethnolinguistique.

3.1 Dénomination

Le point sera fait ici sur les différentes dénominations de la langue et de l’ethnie shiwa. On verra qu’elles sont le plus souvent issues des ethnies voisines ou sont le résultat de confusions soit de la part des premiers missionnaires et explorateurs, soit de la part des chercheurs et qu'il y a un débat à ce sujet au sein de la communauté shiwa elle-même.

3.1.1 Meka, mekè, makaa, mekuk

Une première confusion existe entre le mekè, dialecte fang, et le shiwa.

Pour Medjo Mvé, « le mekè n’est probablement pas à l’origine un dialecte fang. Il est le résultat d’une pahouinisation récente du ∫iwa » Medjo Mvé (1993, p.

338). Medjo indique que ce qui est désigné aujourd’hui par Mekè et qui est parlée dans la région de Mitzic serait une forme d’atsi ou de nzaman et même de ntumu que les Shiwa auraient appris. Pour lui, cette domestication du fang par les shiwa

« fait désormais partie intégrante du système dialectal fang » Medjo Mvé (1993, p.

339).

Certains des locuteurs shiwa interrogés à Booué en 2009 affirment que la dénomination Mekè leur a été attribuée par les Fang et d’autres affirment que ceux

qu’on désigne aujourd’hui par ‘’fang Mekè’’ sont en réalité des Shiwa. Il semble que ces deux points de vue se rejoignent. Il apparaît en effet que les Fang de Makokou, en écho de ce que Medjo Mvé décrivait au Nord, désignent les Shiwa de manière générale (que ceux-ci parlent un shiwa pahouinisé ou pas) par le vocable mǝ̀kɛ̀. Si l’on part du principe que les Shiwa ont longtemps côtoyé (et côtoient toujours) les Fang et qu’aujourd’hui ils se retrouvent au sud de l’aire migratoire fang, on comprend aisément pourquoi les Fang emploient le terme mǝkɛ pour les désigner. En effet, en fang, mǝkɛ [mə̀kjɛ̌ŋ] vient de ŋ̄kjɛ̄ŋ ‘’aval, sud’’ et désigne les Fang ou les membres du groupe migratoire fang ayant pris la direction du sud. Les Shiwa sont donc, dans la représentation fang, les membres de leur groupe migratoire (ou des locuteurs d’une langue proche) se trouvant dans le sud de leur aire migratoire, donc des ‘’Mǝkɛ’’.

Il s’agit globalement d’un amalgame entre ce qui s’appelle désormais ‘’fang mekè’’ (groupe A70) et dont les locuteurs sont à l’origine des Shiwa et le shiwa, langue bantu non pahouinisée, appartenant au groupe A80. C’est à cet amalgame, renforcé par la proximité entre les termes mekè et makaa, que les missionnaires (Trill et Galley) ont été confrontés.

Il est tout de même important de signaler qu’aujourd’hui, il n’y a aucune intercompréhension entre les Fang et les Shiwa, même si plusieurs Shiwa parlent fang. Il serait intéressant de mesurer la marge d’intercompréhension entre les Fang Mekè, qui parlent aujourd’hui un dialecte fang, et les Shiwa

Le mekuk [mə̀kùʔ] est une langue sur laquelle on ne dispose quasiment pas d'informations hormis qu’elle est parlée en Guinée Equatoriale. Les shiwa disent que les Mekuk parlent un ‘’shiwa archaïque’’ (Yinga Yinga, enquête 2009), ou encore que les Mekuk parlent ‘’le vrai makina’’ (Liwa Thomas, enquête 2009) et qu’ils n’ont pas besoin d’interprète pour se comprendre. Aucune étude dialectologique n’ayant été faite à son sujet, il est impossible de dire s’il s’agit d’un dialecte shiwa, d’une langue sœur ou d’une langue différente que les shiwa assimileraient à la leur.