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Guinée Equatoriale

4 Enquêtes, collectes de données, corpus

Les données exploitées pour l’élaboration de cette thèse sont issues de la collecte effectuée en 2006 en préparation du mémoire de maîtrise et de deux autres missions réalisées en 2009 et 2011.

Les données collectées en 2006 avaient pour support principal le Q.I.L (Questionnaire d’Inventaire Linguistique) tiré de (Bouquiaux & Thomas, Enquête et description des langues à tradition orale, 1976). Cette première collecte avait été précédée d’une pré enquête en décembre 2005.

En 2006, l’enregistrement de données se faisait sur des micro-cassettes et avec un dictaphone Sanyo. La qualité audio n’était pas satisfaisante, rendant ces données inexploitables dans le cadre d’une thèse18.

18 Le lecteur pourra comparer la qualité des données collectées en 2006 à celle des données de 2009 et 2011 en annexe audio.

Les données collectées quelques années plus tôt étant insuffisantes et inadaptées à l’analyse entrevue pour cette thèse, deux missions successives ont été effectuées au Gabon. La première a été réalisée entre juin et août 2009. Elle visait à constituer un corpus de base et a bénéficié du financement conjoint du LACITO et de l’ED 268 de l’Université Paris3 Sorbonne Nouvelle. La seconde mission a été effectuée en août 2011. Elle visait à collecter des données complémentaires.

4.1 Lieu d’enquête

L’enquête s’est déroulée en ‘’pays Shiwa’’, au nord Est du Gabon, dans la commune de Booué et ses environs. Les données ont été collectées à Atsong-Byali, Linzé19 et dans quelques villages proches (Agnegueke, et Saint-Martin). Le principal point d’enquête demeurait cependant Atsong-Byali.

Carte 7 : Localisation de quelques villages shiwa dans l’Ogooué-Ivindo

19 Linzé est le nom que porte le regroupement des villages Atondo-Simba et Mpindewo.

Villages et villes ʃiwa dans l’Ogooué-Ivindo

Makokou

Malare Inzanza

Kankan Mentwang

Lin

Balem Ovan

Booué centre

Bissobinlam Atsong-Byali

4.2 L’enquête

4.2.1 Matériel utilisé

J’ai essentiellement effectué des enregistrements sonores. Pour la prise de son, un enregistreur numérique de type Marantz PMD 660 a été utilisé. Celui-ci était relié à un micro AKG C535 EB et un casque pour la pré-écoute. L’enregistreur stocke les données sur une carte mémoire de 4GO sous forme de fichiers audio (format WAV) d’une minute chacun. Il était donc utile de noter le numéro du fichier au début de chaque prise de son, et régulièrement tout au long du processus d’enregistrement. Cela facilitait plus tard le classement des données.

Les lieux d’enquête étant rarement pourvus en électricité, l’enregistreur était le plus souvent alimenté par des batteries.

En réserve, je possédais un magnétophone classique et plusieurs bandes magnétiques. En prévision d’un éventuel dysfonctionnement des deux premiers appareils d’enregistrement, il était prévu un dispositif d’enregistrement à partir de l’ordinateur. Celui-ci consistait à y connecter un micro et à effectuer la prise de son grâce à des logiciels de traitement de son tels que Praat, Audacity, Cubase, Nuendo ou Wave-lab.

Les photos et les vidéos étaient pour leur part collectées grâce à un appareil photo numérique Sony Cybershot (2009) et un appareil photo reflex Nikon d3100 (2011).

Pour la prise de notes, quatre cahiers étaient utilisés. Le premier servait à relever des données générales (identité des informateurs, date et lieu d’enquête, numéros des fichiers, remarques préliminaires, etc.). Le deuxième servait à collecter des lexiques spécialisés, notamment en forêt pour la collecte des noms de plantes médicinales. Le troisième servait à la description d’éventuelles cérémonies culturelles. Enfin, le quatrième cahier était utilisé pour la transcription des textes.

4.2.2 Les questionnaires.

Trois types de supports ont été exploités : - les questionnaires existants,

- les questionnaires personnels, élaborés en fonction de mes préoccupations et de mes observations préliminaires,

- les lexiques spécialisés.

Pour ce qui est des questionnaires existants, j’ai utilisé le Questionnaire d’Inventaire Linguistique (QIL), le Questionnaire Extensif (QEX) et le Questionnaire thématique sur le syntagme verbal, tous tirés d’Enquête et description des langues à tradition orale. Mes propres questionnaires ciblaient des problèmes spécifiques : système d’accord, dérivation nominale et verbale, statut du ton moyen, numéraux, possession, démonstratifs, etc.

La collecte des lexiques spécialisés a nécessité, soit des planches sur les reptiles du Gabon tirées de Powel & Vande Veghe (2008), soit de procéder par collecte in situ. Je présentais les planches sur les reptiles aux informateurs afin qu’ils identifient les espèces qu’ils reconnaissaient.

Pour la collecte des noms d’insectes et de poissons, ne disposant pas de planches, un temps de préparation était donné à l’informateur (deux à trois jours) afin qu’il réfléchisse aux différents insectes et poissons qu’il connaissait. La collecte se faisait donc de manière cyclique, l’informateur ayant le temps de réunir les données. Pour leur identification, l’informateur me donnait leur nom en français ou en fang20 lorsque cela était possible ou les décrivait. Lorsque le nom français ou la dénomination scientifique étaient inconnue et que je reconnaissais l’insecte, je transcrivais son nom en fang (ma langue maternelle) pour une identification scientifique ultérieure.

20 L’informateur auprès duquel les noms de poissons ont été collectés, parlait fang.

Lors de la collecte des noms de plantes médicinales, c’était l’informateur qui identifiait et donnait les propriétés médicinales de chaque variété et espèce de plante.

Celle-ci était par la suite photographiée et le numéro de la photo reporté sur un fichier en correspondance avec le nom de la plante concernée. Lorsque je reconnaissais la plante, comme pour la collecte des noms d’insectes, je transcrivais son nom en fang pour une identification scientifique ultérieure.

4.2.3 Protocole d’enquête.

Chaque séance de travail faisait l’objet d’une préparation. Celle-ci consistait à tester le matériel d’enregistrement et à ‘’déstresser’’ l’informateur. Cette deuxième étape était particulièrement importante lors de la première collecte de données (2009). Elle n’était plus nécessaire en 2011, tous mes collaborateurs s’étant accoutumés à notre présence et ayant surmonté la ‘’crainte du micro’’.

Ainsi en 2009, les informateurs se ‘’plaignaient’’ en effet du stress occasionné par le matériel d’enregistrement. Cette réaction pouvant considérablement influencer les résultats de l’enquête, il était indispensable de mettre les informateurs en confiance avant toute prise de son.

L’une des techniques pour déstresser l’informateur consistait à lui expliquer, le plus simplement possible, le bienfondé de l’enregistrement que nous allions effectuer. Il fallait par la suite ‘’démystifier’’ le matériel utilisé en expliquant son fonctionnement et en réalisant plusieurs enregistrements préliminaires. Dans certains cas, il était proposé à l’informateur de réaliser un enregistrement puis nous le réécoutions ensemble.

Une autre technique consistait à débuter les enregistrements par des récits libres : discussions, contes, récits de vie, etc. Les questionnaires n’étaient proposés à un informateur que lorsque celui-ci s’était habitué au matériel d’enregistrement. Les questionnaires étaient donc généralement proposés à la deuxième ou troisième séance avec un informateur.

Au début de chaque enregistrement, l’informateur devait, en français, décliner son identité, donner la date, l’objet et le lieu de l’enregistrement. Ceux qui ne pouvaient s’exprimer en français donnaient l’ensemble de ces informations en shiwa. Elles étaient par la suite traduites pas l’un de mes ‘’assistants’’. Ces informations préliminaires faciliteront plus tard la localisation spatio-temporelle de la prise de son.

4.2.4 Les collaborateurs.

Deux types de collaborateurs ont participé à l’enquête : les assistants et les informateurs (Voir Tableau 5 : Récapitulatif des collaborateurs.)

4.2.4.1 Les assistants

Les assistants sont ceux qui, en dehors de leur rôle d’informateur, apportaient une aide matérielle ou participaient à la gestion de l’enquête.

Assistant 1.

Lors de la première collecte de données en 2006, Yinga-Yinga Théodore était informateur principal. Il connaissait donc parfaitement l’exercice ainsi que les méthodes d’enquête utilisées. Ce long contact a fini par nouer entre nous de solides

liens d’amitié. Il a accepté d’interrompre son travail et de m’assister pendant toute la durée des deux missions.

Durant ces missions, Yinga-Yinga jouait à la fois le rôle d’interprète, de guide et d’informateur. Il a assisté à toutes les séances de travail. Il participait activement au processus de mise en confiance des informateurs avant la prise de son.

C’est lui qui préparait parfois les entretiens en briffant en ʃíwə́, les informateurs ne parlant pas français. Il leur indiquait le bienfondé de la mission, le type de travail à réaliser, les informations préliminaires à donner, etc. Il m’a conseillé sur les us et coutumes en pays shiwa, sur la conduite à tenir face à chaque informateur (il les connaissait tous), sur le type de rémunération à proposer, les erreurs à éviter, etc. Il a organisé nos voyages sur le plan de l’accueil, de l’hébergement (j’ai été hébergé gracieusement par sa famille) et de la restauration.

De bout en bout, il a participé à l’ensemble des missions, de la collecte à la transcription des données. C’est donc en grande partie grâce à lui que ces missions ont été menées avec succès.

Lieu de naissance : Libreville Village : Linzé courses de dernière minutes, il intervenait accessoirement comme interprète et informateur.

Assistant 3 :

Langues parlées : ʃíwə́, français, kota saké.

En 2009, Mawi Fam a participé à la transcription des récits. En 2011, c’est auprès de lui que les données à partir du Questionnaire Thématique sur le syntagme verbal ont été collectées.

4.2.4.2 Les informateurs

Il y a eu deux types d’informateurs : Les informateurs principaux et les informateurs occasionnels.

a. Les informateurs principaux :

Ce sont ceux qui étaient régulièrement consultés et auxquels les

Lieu de résidence : Atsong-Byali Enquête concernée: 2009

Niveau d’études : Lycée

Fonction : Militaire à la retraite, agriculteur, pêcheur.

Langues parlées : ʃíwə́, français, kota.

Langue du père : ʃíwə́

Ethnie du père : ʃíwə́

Langue de la mère : ʃíwə́

Ethnie de la mère : ʃíwə́