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4. Le caribou nordique et son écologie : hier et aujourd’hui

4.1 Évolution

Les longs métapodes du caribou et la présence de bois chez les deux sexes portent à croire qu’il s’agit d’un cervidé primitif. De récentes découvertes prêteraient en effet des origines fascinantes au caribou. On croit que l’espèce a évolué à partir d’un cervidé ancien nommé Navahoceros, un cerf de montagne trapu de taille moyenne muni d’un panache à trois pointes (Harrington 1999). Cette espèce, quant à elle, serait issue d’un genre sud-américain appelé Hyppocamelus qui a existé il y a 10 à 14 millions d'années. Les changements climatiques, il y a plus de 2 millions d'années, ont poussé le Navahoceros à se déplacer vers le nord jusqu’à la région de la Béringie, qui correspond aujourd’hui à la Russie orientale et aux Territoires-du-Nord-Ouest, et qui comportait alors un isthme reliant le nord-est de l’Asie et l'Amérique du Nord. Selon les scientifiques, c’est dans cette région que le Rangifer tarandus serait apparu. Les plus anciens vestiges de caribous datent de 1,6 million d’années et proviennent de Fort Selkirk, au Yukon. Les premiers déplacements de caribous ont alors commencé, vers l’ouest en direction du nord de l’Asie et de l’Europe, et vers l’est à travers l’Amérique du Nord jusqu’à l’océan Atlantique. Aujourd’hui, les déplacements de caribous couvrent la totalité de la région circumpolaire.

Au Québec, le plus vieux fossile de caribou connu est un panache vieux de 40 600 ans trouvé près de Saint-Antonin. La présence de fossiles et de vestiges de caribous sur d’anciens sites autochtones témoigne d’une répartition des caribous s’étendant bien au-delà de la frontière méridionale entre le Québec et les États-Unis.

Les caribous femelles sont les seuls membres femelles de la famille des cervidés qui ont des bois comme les mâles. Cependant, pour des raisons encore inconnues, certaines femelles ne développent pas de bois. Ce fut le cas d’environ 2 % des femelles du troupeau de la Rivière-George pour lesquelles on n’a relevé aucune formation de bois lorsque la recherche scientifique a débuté en 1973. Depuis, ce nombre a augmenté de façon constante et, en octobre 1998, environ 13 % des femelles n’avaient pas de bois.

Cette augmentation pourrait être liée à la détérioration de la condition physique des caribous.

16 4.2 Première observation scientifique de caribous

John Cabot était probablement à l’origine de la première observation écrite d’un caribou du Nouveau Monde en 1497, lorsqu’il a visité l’île de Terre-Neuve. Martin Frobisher, dans sa quête du passage du Nord-Ouest entre 1576 et 1578, a été le premier Européen à décrire le caribou de la toundra. Samuel de Champlain et d’autres explorateurs français ont également mentionné le caribou dans les récits de leurs voyages au début du XVIIe siècle. C’est environ à cette époque que le nom de « caribou » a été donné à l’espèce, bien que l’orthographe puisse varier : cariboo, caribous, cariboux, caribo, carriboo, carraboe, etc. Le mot caribou vient du langage des amérindiens de la tribu Micmac du Nouveau-Brunswick. Ils l’appelaient « xalibu », ce qui signifie « celui qui creuse », faisant référence à sa façon de creuser la neige avec ses pattes pour se nourrir. Il semble que ce soit les Français d'Acadie qui auraient emprunté et modifié le mot de leurs voisins micmacs. Plus tard, la littérature anglaise adopta également le mot caribou.

Avec l'expansion de certains troupeaux et l'acquisition de nouvelles connaissances grâce aux outils modernes de l'écologie, la vision actuelle de la répartition des troupeaux de caribous du Nord du Québec est légèrement différente de celle qu’avait l’explorateur A. P.

Low (1897). À partir de ses échanges avec les Naskapis et d’autres peuples autochtones, ainsi que de ses propres observations en 1893 et en 1894, Low (1897) avait identifié trois troupeaux qui parcouraient le Nord du Québec de long en large :

« Dans la partie nordique de la péninsule, il semble y avoir trois troupeaux distincts. L’un sur la côte Atlantique, qui passe l’été sur les hautes terres entre Nachvak et Nain, un deuxième, qui traverse la partie inférieure de la rivière Koksoak et passe l’été sur la rive ouest de la baie d’Ungava et du détroit d’Hudson, et un troisième, qui se déplace vers le nord à partir de la région du golfe de Richmond et du lac à l'Eau Claire, et passe l’été le long des hautes terres de la côte nord-est de la baie d’Hudson. »

(Low 1897)

Il est intéressant de remarquer que la description de Low correspond d’assez près à la situation des trois troupeaux principaux de la péninsule Québec-Labrador un siècle plus tard. Le troupeau de l’Atlantique (aussi appelé troupeau de l’Est) décrit par Low (1897) était probablement le troupeau des Monts-Torngat. Le troupeau Koksoak (troupeau

Central) était le troupeau de la Rivière-George. Enfin, le troupeau de la Baie d’Hudson (troupeau de l’Ouest) était celui qui fut baptisé en 1975 le troupeau de la Rivière-aux-Feuilles. Une différence importante réside peut-être dans le fait que la description que donne Low du troupeau Koksoak (Central) inclut probablement des caribous forestiers installés près du lac Caniapiscau en plus des caribous migrateurs-toundriques du troupeau de la Rivière-George.

La terminologie de Low fut reprise plus tard par Elton (1942) pour étudier les changements démographiques du caribou dans le Nord du Québec. Il a résumé le déclin des populations de caribou de la fin du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle :

« Le troupeau de l'Ouest avait enregistré un déclin rapide dans les années 1880 et 1890, celui du Centre à partir de la fin des années 1890, et celui de l’Est à partir de 1904. Dans ces trois régions, les caribous ont modifié leurs habitudes, demeurant respectivement dans le nord de la péninsule, sur le plateau central et dans les régions supérieures du bassin de l’Ungava, ainsi que dans les montagnes et le plateau du nord-est. »

(Elton 1942, p. 383-384)

Selon ces rapports, le troupeau de l’Ouest fut le premier à décliner, semble-t-il, et dès le début des années 1880, la situation était difficile pour certains groupes autochtones. Il est possible qu’en fait ce soit la rétractation vers l’Est de l’aire du TRG qui soit responsable de la diminution des nombres de caribous observés dans l’Ouest.

Ces Indiens de l’Ouest, possiblement des Cris, auraient donc été les premiers à souffrir durement du déclin des caribous à partir de 1880. Ils se sont mis en route vers le nord-est à la recherche des caribous. En ce début de déclin des troupeaux, les nombres de caribous étaient plus faibles, mais aussi parfois les migrations éloignaient les caribous.

Low (1897) et Elton (1942) rappellent l’horreur de l’hiver 1892-1893 à Kuujjuaq, où dans une population de 350 personnes, entre 150 et 200 moururent de faim durant l’hiver faute d’avoir trouvé les caribous.

Elton (1942) a compilé les données de commerce de fourrures dans les missions Moraves entre 1834 et 1923 pour le caribou, le loup et le carcajou. Le tableau 2 présente ces statistiques fort intéressantes recueillies surtout à Hebron et Okak sur la côte du Labrador

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et qui démontrent que les caribous sont quasi disparus à partir de 1914. Ce déclin a été accompagné par celui de deux espèces qui en dépendaient directement, le loup et le carcajou. En fait, ces statistiques, y compris celles du carcajou qui n’est pas un prédateur actif du caribou, mais plutôt un charognard, suggèrent que le caribou était abondant dans les années 1830 jusqu’à 1850. Par la suite, il semble y avoir eu une baisse importante puis une nouvelle hausse à partir de 1870 jusqu’à 1900. Ailleurs dans sa compilation des observations recueillies aux postes de traite, Elton (1942) confirme que le caribou était extrêmement abondant vers les années 1830. Il ajoute que l’année 1838 avait été particulièrement excellente pour la chasse chez les Inuits vivant le long de la rivière aux Feuilles près de la baie d’Ungava (De McLean rapporté par Elton, 1942, p. 353).

Tableau 2. Statistiques sur le commerce de fourrures dans les missions Moraves, principalement à Hebron et Okak

Année Caribou Loup Carcajou

1834-1843 70 20

1844-1853 56 84

1854-1863 135 101

1864-1873 40 12

1874-1883 5 518 95 51

1884-1893 9 575 100 42

1894-1903 13 567 76 55

1904-1913 2 650 43 80

1914-1923 0 8 10

Source : Elton (1942, p. 375)

Il est fascinant de constater que la situation du caribou au milieu du XIXe siècle semblait très similaire à celle que Kuujjuaq vivait vers le milieu des années 1980. En 1838, lors d’une période d’abondance du caribou similaire à celle des années 1880, John McLean écrivait concernant le poste de Fort Chimo (Kuujjuaq) :

« Les rennes. Ces animaux poursuivent chaque année un parcours invariable qui les ramène généralement par ici au mois de mars. Ils se dirigent alors vers l'est [sur les plateaux toundriques de la rivière George, selon ce que nous

savons maintenant] où ils donneront naissance à leurs jeunes pour ensuite se déplacer vers l'intérieur des terres, à l'ouest, où ils demeureront dans la toundra pendant la première partie de l'hiver. Très peu se détachent du troupeau, mis à part quelques vieux mâles que les jeunes compétiteurs ont forcé à se retirer. »

(Elton 1942, p.378)

Il y aurait donc eu un autre sommet de population vers les années 1830 quoiqu’il soit moins bien documenté que celui des années 1880.

Pendant la première moitié du XXe siècle, la rareté du caribou fut remarquée partout dans la région nordique (au nord du 52° N) de la péninsule Québec-Labrador, confirmant que les populations avaient bel et bien décliné et que ce n’était pas les caribous qui s’étaient déplacés sur le territoire (également suggéré par Audet, 1979). Des naturalistes exprimaient même leurs craintes quant à l’extinction possible de l’espèce à l’échelle locale (Rousseau 1950 et 1951). À cette époque, les Autochtones ont énormément souffert de l’absence de leur principale ressource. Plus tard, dans les années 1960, les caribous nordiques sont devenus moins timides. Au fil du temps, d’autres études ont révélé l’étendue des hardes de caribous et les territoires qu’ils occupaient. Banfield et Tener (1958) ont parcouru plus de 17 000 km au-dessus de la presque totalité du Nord du Québec et du Labrador et ont découvert huit concentrations (non pas des troupeaux) de caribous, dont certaines aux environs des rivières à la Baleine, Wheeler, Caniapiscau et aux Mélèzes. Ce premier inventaire aérien marque le début de ce qui deviendra par la suite une recherche utilisant des techniques modernes pour étudier l’écologie du caribou.

Bergerud (1967) a poursuivi en 1958 en effectuant un inventaire complet de la portion nord-est de la péninsule Québec-Labrador, de Kuujjuaq jusqu’au sud du Labrador. Il s’est rendu aussi loin à l'intérieur des terres que la rivière Caniapiscau et Schefferville, parcourant une plus grande distance que quiconque auparavant (20 920 km), tout en utilisant une grille plus étroite et en se concentrant sur le nord-est. Bergerud a estimé à 11 900 le nombre de caribous se trouvant sur le secteur couvert. D’autres études, en 1963 et en 1964, ont recensé d’importantes concentrations dans la région des rivières Caniapiscau et Wheeler. Plus à l’ouest, d’autres concentrations importantes furent découvertes près du lac Bienville, du lac à l'Eau Claire, du lac Payne, ainsi que sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Un inventaire du secteur méridional effectué en 1972

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(surtout entre les 49° et 52° N) a ajouté de nouveaux noms à la liste de troupeaux ou de hardes de caribous du Nord du Québec (Brassard 1972). En plus de la harde du Lac-Bienville, les hardes du Lac-Mistassini (de Temiscamie à Opinaca) et de la Rivière-Rupert ont été recensées et représentaient des populations d’environ 4 000 individus.

En 1973, un inventaire aérien couvrant la plus grande partie de la péninsule Québec-Labrador au nord du 53° N a confirmé l’existence de certaines hardes (Pichette et Beauchemin 1973). Celui-ci faisait état de la présence de caribous dans les secteurs Bienville, Mistassini et Rupert au sud, mais également de leur abondance relative dans trois régions au nord : près du lac à l'Eau Claire/lac Tassialuk, de la rivière Koksoak-Caniapiscau et du lac Koksoak-Caniapiscau-rivière Delorme. On a estimé que 86 410 caribous se trouvaient sur le territoire recensé de 624 000 km2, occupé aujourd’hui par les troupeaux de la Rivière-George et de la Rivière-aux-Feuilles.

Dans le cadre d’une révision approfondie des données disponibles, Audet (1979) a suggéré que les concentrations de caribous identifiées dans les années 1960 et 1970 au nord de la rivière aux Feuilles et les autres hardes près du lac Bienville appartenaient au troupeau de l’Ouest ou de la baie d’Hudson décrit par Low (1897). Il suggérait également que le troupeau Koksoak ou Central était principalement constitué de caribous associés aux troupeaux de la Rivière-Caniapiscau et de la Rivière-George. Ils avaient ainsi été nommés « troupeau de la Rivière-George » au début des années 1970.

Pour conclure sur le sujet de l’occupation des territoires par les caribous dans les années passées, il semble que la description initiale de Low et les révisions ultérieures d’Elton et Audet étaient des estimations justes qui recoupaient probablement quelque peu l’étendue utilisée aujourd’hui par les trois troupeaux principaux, comme l’a récemment démontré le suivi par satellite.

4.3 Identification des écotypes, troupeaux et hardes de caribous du Québec

Le terme « troupeau » était auparavant utilisé pour décrire un groupe de caribous qui utilisaient les mêmes zones d’hivernage. De nos jours, il décrit plutôt les populations de caribous qui utilisent le même terrain de mise bas. Les populations forestières sont appelées « hardes ». Lorsqu’on parle d’écotype, on désigne l’ensemble des populations de caribous qui utilisent le même écosystème. On reconnaît trois écotypes de caribous

dans le Nord-du-Québec : migrateur-toundrique, montagnard et forestier. L’écotype migrateur-toundrique comporte deux troupeaux, soit le troupeau de la Rivière-George et le troupeau de la Rivière-aux-Feuilles alors que l’écotype montagnard n’est représenté que par le troupeau des Monts-Torngat. L’écotype forestier serait composé de plusieurs hardes. La figure 2 illustre la distribution géographique des troupeaux et des hardes.

Malgré l’évolution de nos connaissances sur les populations nordiques, la classification des sous-espèces demeure problématique. Banfield (1961) avait établi le statut des diverses sous-espèces de caribous et de rennes du monde entier. À partir d’un nombre limité d'échantillons, il a porté un jugement sur la population de caribous de la péninsule Québec-Labrador et a émis l'hypothèse selon laquelle tous les caribous du Québec appartenaient à la sous-espèce du caribou forestier (Rangifer tarandus caribou).

Malheureusement, cette conclusion ne semble plus refléter la réalité actuelle du Nord du Québec, qui abrite maintenant des centaines de milliers de caribous migrateurs-toundriques n’ayant rien en commun d’un point de vue comportemental avec leurs cousins forestiers qu’on trouve au sud du Québec et ailleurs en Amérique du Nord. Les caribous du Québec ont évolué en isolation depuis assez longtemps pour exhiber un caractère différent des autres caribous d’Amérique du Nord. Le statut de sous-espèce des caribous du Québec doit maintenant être remanié complètement et les nouvelles techniques, par exemple l’identification par l’ADN, pourraient clarifier le statut génétique des sous-populations du Québec.

Geist (1998) était en désaccord avec la classification de Banfield fondée sur les crânes de caribous, car ils sont malléables en fonction de leur environnement. Il propose plutôt une nouvelle classification taxonomique fondée sur le pelage des grands mâles en automne.

Geist (1998) était particulièrement convaincu que le caribou du type « toundra » qui se trouve dans le nord de la péninsule Québec-Labrador ne devrait pas être confondu avec le caribou forestier. Il réutilisait la nomenclature proposée par son prédécesseur (Allen 1914) pour donner un statut unique et distinct de sous-espèce aux caribous de la toundra du Québec et du Labrador : Rangifer tarandus caboti. Allen (1914), Bergerud et Luttich (1999) ont suggéré que pendant le dispersement post-glacial, les animaux pouvaient avoir atteint l’Ungava non seulement par le sud mais également par le nord, via les îles de Southhampton, Coats et Mansel qui étaient libérées des glaces il y a 7 000 ans.

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Figure 2. Distribution annuelle des caribous dans le nord du Québec

Les travaux de Courtois et al (2001b) ont permis de clarifier quelque peu la classification des caribous du Nord-du-Québec. Leurs travaux ont révélé des différences génétiques entre les hardes forestières et le troupeau de la Rivière-George. Ces travaux ne comportaient malheureusement pas d’échantillon du troupeau de la Rivière-aux-Feuilles, du troupeau des Monts-Torngat, ni des hardes forestières du Labrador. En intégrant des échantillons de ces populations, en plus des connaissances comportementales que nous possédons, il y a fort à parier que nous pourrions revoir la classification proposée par Banfield et Geist.

Quoiqu’il en soit, les connaissances actuelles suggèrent que les caribous forestiers, les deux troupeaux migrateurs-toundriques (TRG et TRAF), ainsi que le troupeau montagnard des Monts-Torngat sont bel et bien des entités démographiques distinctes. Ce plan de gestion tiendra donc compte des trois écotypes de caribous : le caribou de la toundra, le caribou montagnard et le caribou forestier.

Les sections suivantes présenteront la base des connaissances actuelles sur chaque troupeau ou harde de caribous.

4.4 Le troupeau de la Rivière-George

Il tient son nom du terrain de mise bas qui couvre la région de la rivière George au Québec, au nord du 57° N.

4.4.1 Population, mortalité, recrutement et taux de croissance démographique

Tel que démontré précédemment, les récits des voyages des explorateurs du passé indiquaient clairement que les populations de caribous de la péninsule Québec-Labrador avaient considérablement décliné au tournant du XIXe siècle. Pour illustrer l’ampleur de cette diminution, le naturaliste Elton (1942) faisait observer que 13 567 peaux de caribous avaient été échangées dans les missions moraves du Labrador à Hebron et Okak entre 1894 et 1903, et aucune entre 1914 et 1923 (tableau 2). En analysant les journaux de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Luttich (1983) a démontré qu’aucun journal de poste de traite des régions du Haut-Ungava et du Labrador ne faisait référence à une population importante de caribous occupant le secteur entre 1925 et 1942. Dans cette analyse historique, l’auteur indiquait également que, pendant cette même période, très peu de loups, sinon aucun, avaient été repérés ou récoltés et que pratiquement aucun carcajou

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n’avait été repéré ou récolté, suggérant là encore que les populations de caribous étaient en faible densité. Néanmoins, Luttich (1983) a remarqué que des augmentations mineures des populations de caribous vers la fin des années 1920 et 1930 avaient été accompagnées d’une augmentation de la chasse et de la prédation.

Les naturalistes, notamment Elton (1942) et Rousseau (1950 et 1951), ont sonné l’alarme à propos des populations de caribous dans les années 1940 et 1950. Rousseau (1950 et 1951) a révélé l’un des nombres les plus pessimistes, estimant à 3 500 la population totale de caribous de la toundra, et a déclaré que l’espèce pourrait disparaître complètement de cette région. Certaines hypothèses ont été émises afin d’expliquer cette baisse. L’arrivée des armes à feu modernes, les températures plus élevées (Crête et Payette 1990), une augmentation des incendies dans la toundra, la surutilisation de l’habitat, les maladies ou les parasites sont autant de facteurs possibles. En fait, il est probable qu’une combinaison de facteurs, y compris la surutilisation de l’habitat saisonnier, soit l’explication la plus plausible.

Les inventaires aériens hivernaux ont commencé au milieu des années 1950 et se sont poursuivis pendant les années 1960 et 1970. Toutefois, les connaissances insuffisantes sur la migration et l’occupation du territoire à cette époque ainsi que le chevauchement des territoires respectifs des troupeaux en hiver ont empêché la formulation d’énoncés précis sur les tendances démographiques des troupeaux. Jusqu’aux années 1970, les tendances étaient plutôt observées à l’échelle de la péninsule entière. Ce n’est qu’en 1976 qu’un inventaire a dénombré uniquement le troupeau de la Rivière-George (révisé par Juniper en 1982). Les résultats de cet inventaire et certaines données démographiques recueillies depuis 1976 sont présentés dans le tableau 3. D’autres inventaires ont été

Les inventaires aériens hivernaux ont commencé au milieu des années 1950 et se sont poursuivis pendant les années 1960 et 1970. Toutefois, les connaissances insuffisantes sur la migration et l’occupation du territoire à cette époque ainsi que le chevauchement des territoires respectifs des troupeaux en hiver ont empêché la formulation d’énoncés précis sur les tendances démographiques des troupeaux. Jusqu’aux années 1970, les tendances étaient plutôt observées à l’échelle de la péninsule entière. Ce n’est qu’en 1976 qu’un inventaire a dénombré uniquement le troupeau de la Rivière-George (révisé par Juniper en 1982). Les résultats de cet inventaire et certaines données démographiques recueillies depuis 1976 sont présentés dans le tableau 3. D’autres inventaires ont été

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