• Aucun résultat trouvé

Partie V : Discussion générale et perspectives

II- 1-1 Introduction

Les programmes de gestion intégrée soulignent l’intérêt d’étudier la capacité de dispersion des ravageurs (Byrne et al. 1996 ; Rhino et al. 2010 ; Mazzi et Dorn, 2012). Andrewartha et Birch, (1954) ont montré que malgré une extinction locale, les mouvements des populations conduisaient à une recolonisation des parcelles cultivées. Ces mouvements favorisent de ce fait, la réintroduction des ravageurs dans les parcelles. Lecoq (1975) définit la capacité de dispersion comme étant la capacité pour les individus d'une espèce de s'éloigner plus ou moins vite (composante temps) et plus ou moins loin (composante espace) d’une aire biogéographique. Les auteurs dans la littérature s’accordent sur le fait que le déplacement d’un ravageur se caractérise par la durée, la distance parcourue ou l’objectif du déplacement (ponte, recherche de nourriture, abris, grégarisme). Les études de déplacement des insectes font référence à trois principaux types de déplacement pour décrire les mouvements des insectes: la migration, la dispersion et le déplacement trivial. Wiens (2001) définit le déplacement comme la probabilité pour qu’un individu couramment présent à un point « i » à

Partie II : Étude de l’origine géographique d’H. armigera

47

un temps t, se retrouve à un point « ii » à t+1. Les termes dispersion, migration ou mouvement trivial sont souvent utilisés pour décrire les déplacements des insectes.

La dispersion est un déplacement caractérisé par l’aspect permanent/définitif/sans retour au site originel et par la distance qui est de l’ordre du millier de km. Clobert et al. (2001), décrivent deux types de dispersion liée soit au site d’origine (natal area (NA)), soit au site de ponte : 1/ Dispersion natale correspond aux déplacements entre le site natal (NA) ou le groupe social natal (NSG) et le site ou le groupe social (BSG) où la ponte aura lieu et inversement (Natal dispersion is the movement between the natal area or social group and the area or social group where breeding first takes place) (Fig. 18). 2/ Dispersion pour la

reproduction où les déplacements se font entre 2 sites successifs de pontes ou deux groupes

sociaux successifs (the movement between two succesive breeding areas or social groups) (Fig.18b).

Figure 18. Schéma descriptif des différents modes de dispersion. (a) Dispersion natale – b) Dispersion pour la reproduction. Légende : BA= site de ponte « Breeding area » ; NA= site natal « natal area » ; BSG= Groupe social où aura lieu la ponte « Breeding social group » ; NSG= « natal social group » d’après la définition obtenue de Clobert et al. 2001 (intro). La double flèche n’indique pas un aller-retour mais un déplacement qui peut se faire dans les deux sens, soit dans l’un soit dans l’autre. Adapté de Clobert et al. (2001)

La migration correspond aux déplacements saisonniers sur de longues distances; c’est le cas des déplacements saisonniers des populations de monarques (Danaus plexippus) étudiés par Wassenaar et Hobson (1998). Roff et Fairban (2001), décrivent la migration comme: « un déplacement permanent ou saisonnier sur de longues distances d’un organisme d’un point à un autre ». Weisser et al (2001) décrivent 3 étapes dans le processus de la migration : l’émigration, le transit et l’immigration. L’émigration correspond au départ d’un individu ou d’une population de son site natal. L’immigration correspond aux processus de sélection d’un

48

habitat convenable et d’établissement dans ce nouvel habitat. Et le transit qui est le processus intermédiaire de déplacement proprement dit.

Les déplacements triviaux (ou vols triviaux) représentent tous les autres types de déplacements des ravageurs. Ce sont les mouvements banals du quotidien ou déplacements de routine (Byrne et al. 1996 ; Mazzi et Dorn. 2012); il peut s’agir dans ce cas des déplacements d’une plante hôte à une autre, d'une parcelle à une autre voisine. Les distances sont par conséquent variables de l’ordre de quelques mètres.

Pour la suite de ce travail de thèse, nous adopterons le vocabulaire suivant :

Dispersion : Déplacement permanent sur longue distance

Migration : Déplacement saisonnier (avec possibilité de retour) sur longue distance. L’étude

de Feng et al. 2009 a montré des mouvements migratoires des populations d’Helicoverpa armigera entre le Nord et le sud de la Chine à travers la mer de Bohai. À l’aide des radars, ils ont montré que les adultes d’H. armigera migraient vers le Nord dès le printemps et redescendaient une génération après vers le Sud en automne pour pondre des œufs. La nouvelle génération passait le stade diapause et repartait vers le Nord juste après émergence au début du printemps. Les individus volaient à une altitude de 1500m avec une vitesse allant jusqu’à 40 km/h.

Mouvement trivial : Déplacement de routine de l’ordre de quelques centaines de mètres. Ce

type de mouvement est observé dans les populations de larves d’H. armigera. Kakimoto et al (2003) a observé que les populations de larves évoluaient de la distribution « agglutinée » vers « uniforme » à partir du 5ème stade larvaire. En effet, les femelles pondent les œufs par paquets, et après éclosion, on observe un comportement de cannibalisme. Puis, lorsque les ressources sont insuffisantes, les larves se déplacent d’un organe fructifère à un autre de la même plante hôte ou d’une plante hôte à une autre voisine. Si les ressources sont suffisantes, les larves ne se déplacent pas. Ces déplacements sont un exemple de mouvements triviaux. L’étude des déplacements des insectes peut se faire de manière directe (intrinsèque) ou indirecte (extrinsèque) comme proposés par Hobson et Wassenaar (2008) qui décrivent les outils d’analyse de la migration. Dans cette partie, les outils directs sont ceux qui apportent des informations précises sur la localisation des insectes, c’est l’exemple des signaux transmis par les radars qui permettent de suivre les déplacements des populations d’insectes. Les outils

Partie II : Étude de l’origine géographique d’H. armigera

49

indirects apportent des informations qui sont analysées et ensuite indirectement reliées à l’origine de l’individu analysé et donc à ses déplacements. Dans le cadre de ce travail de thèse, nous avons mobilisé à la fois les outils directs et indirects pour l’analyse de l’origine géographique.

Documents relatifs