Chapitre IV. L’effet d’une couche de PEDOT:PSS sur les performances de
2. Etude de la relation entre la tension de bandes plates et la hauteur de la barrière d'injection à l'anode d’une OLED monocouche à
2.2. Interprétation des résultats obtenus par électro-absorption
2.2.1. Mise en évidence des dipôles permanents aux interfaces électrode /
matériau organique
Nous avons approfondi nos études en nous basant sur l’étude de Lane et al [LAN00a, LAN00c], qui ont étudié le champ électrique interne dans les OLEDs à base de poly (paraphénylène vinylène) et dans des cellules photovoltaïques bicouches à base de ZnPc/MPP. Le même principe d’analyse est valable pour les deux types de structures, et met en évidence la présence d’un champ électrique à l’interface électrode/organique.
Lane et al. ont montré que le « champ d’interface », engendre un spectre d’électro‐absorption différent de celui du volume. La différence entre les deux spectres d’électro‐absorption mesurés à la première harmonique à deux tensions continues différentes permet d’éliminer la contribution de ce champ d’interface, et le spectre résultant représente le champ dû à la polarisation continue appliquée, ou "champ du volume". En effet, dans l’équation 3.31 du chapitre III, la différence des signaux d’électro‐absorption pour deux tensions continues appliquées , est proportionnelle à et la contribution du signal provenant de
est éliminée : € ΔT T
(
hν,ω)
∝ Imχ ( 3) hν( )
Faccos( )
ωt [(Fdc1+Fbi)− (Fdc 2+Fbi)] (4.1) € ΔT T(
hν,ω)
∝ Imχ ( 3) hν( )
Faccos( )
ωt [(Fdc1− Fdc 2)] (4.2)Lane et al ont par ailleurs montré par une simple comparaison spectrale que le signal provenant de cette différence est proportionnel au signal d’électro‐absorption mesuré à la deuxième harmonique [SIM02].
Dans le cas des cellules photovoltaïques bicouches traitées dans la référence [LAN00c], ils ont remarqué que le spectre de la structure bicouche ZnPc/MPP présentait un comportement différent de celui de la combinaison linéaire des spectres ZnPc et MPP. Ils ont attribué cette différence au développement d’un champ électrique à l’interface accepteur‐donneur.
2.2.2. Analyse du spectre d’électro-absorption pour identifier le type d’exciton.
L’interprétation du spectre d’électro‐absorption a été le sujet de plusieurs travaux [PET93, PET96, HOF00, HEN99, MAZ03] qui se basent d’une manière approximative sur la relation 3.26 du chapitre III. Cette relation définit le spectre d’électro‐absorption comme une combinaison linéaire des dérivées première et seconde du spectre d’absorption. Deux cas se présentent :
Si le spectre d'électro-absorption a la forme de la dérivée première du spectre d’absorption alors il résulte du changement dans la polarisabilité des molécules entre l’état fondamental S0 et un état excité [JAL07]. Dans ce cas on parle de la présence d’un
exciton de Frenkel.
Dans le cas où le spectre EA(2ω) ressemble au spectre de la dérivée seconde du spectre d'absorption, l’électro-absorption résulte du changement du moment dipolaire des molécules organiques sous l’effet du champ électrique entre l’état fondamental S0 et un
état excité. C’est l’exciton par transfert de charge qui occupe le milieu [JAL07, SEB81a, SEB81b, SEB83].
2.2.3. Application
La comparaison de la première et la seconde dérivée du spectre d’absorption de l’Alq3 à son
spectre d’électro‐absorption a été effectuée par l’outil mathématique Matlab. Il nous a permis de séparer les composantes du spectre provenant de la dérivée première et celles provenant de la dérivée seconde. Ainsi, nous pouvons déterminer le type d'exciton généré dans l’Alq3
[JAL07, PET96].
La figure 43 présente le spectre d’absorption de l’Alq3, ses dérivées première et seconde par
rapport à l’énergie, et son spectre d’électro‐absorption mesuré à la deuxième harmonique. Nous pouvons observer que le spectre EA(2ω) suit la forme de la dérivée première du spectre d’absorption, mais avec un décalage énergétique vers le rouge. Nous pouvons donc supposer que dans l’Alq3 les excitons de Frenkel sont à l’origine du signal EA. Le décalage énergétique
vers le rouge pourrait être dû à des effets de charges injectées [SEB81a].
Figure 43 Spectre d’absorption de l’Alq3 et ses dérivées première et seconde par rapport à l’énergie ;
La différence entre les spectres EA (1ω) à différentes tensions appliquées continues ( ) donne presque le même spectre. Ce dernier possède la même forme que le spectre EA (2ω) présenté ci‐dessous (Figure 44). Nous pouvons conclure que le champ de l’interface est indépendant de la polarisation appliquée sur la structure et vérifier la validité de la relation 4.2.
Figure 44 Soustraction de différents spectres EA (1ω) à différentes tensions continues appliquées, et spectre EA(2ω).
La soustraction du spectre EA (2ω) du spectre EA (1ω) devrait permettre la détermination du spectre EA provenant de l’interface [SIM02]. La figure 45 montre ainsi la déconvolution du spectre EA (1ω) en deux spectres, de volume et d’interface, d’une manière qualitative [LAN00a].
Le spectre EA (2ω) présente trois pics à 463 nm, 412 nm et 368 nm avec des largeurs à mi‐ hauteur 33 nm, 29 nm et 26 nm respectivement, alors que le spectre EA de l’interface présente des pics à 462 nm, 417 nm, 369 nm avec des largeurs à mi‐hauteur 33 nm, 28 nm, 25 nm respectivement. Les trois spectres sont donc très semblables, ce qui signifie probablement que ces pics proviennent du spectre du volume et que si le spectre d’interface existe pour ces longueurs d’ondes il est relativement faible.
Figure 45 Déconvolution du spectre EA (1ω) de ITO/Alq3 (100nm)/Al en deux spectres, de volume et
d’interface.
Dans les trois spectres EA (1ω), EA (2ω) et celui de l’interface on remarque qu’il y a un signal au‐dessous du gap de l’Alq3 (2,74eV calculé d’après la relation 3.1 avec λ=457nm). Ceci
pourrait être dû à la présence de charges dans la structure.
Pour conclure, nous avons montré que le spectre EA (1ω) de la structure ITO/Alq3(100nm)/Al est constitué de deux composantes provenant des dipôles permanents, à
l’interface et du champ électrique appliqué à la structure. La présence de ces dipôles à l’interface électrode/organique est susceptible de modifier la valeur de la tension de bandes plates qui n’est plus alors égale à la différence entre les travaux de sortie des électrodes..