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A – L'intelligence artificielle

« Une fraction de seconde sépare l'androïde de l'humanité. »

Michel de Pracontal, L'homme artificiel, « Golem, robots, clones,

cyborgs »

Prenons un exemple pour illustrer le propos que nous aborderons plus avant dans cette partie : Ava dans Ex-Machina de Alex Garland. Ce film, accueilli favorablement par les critiques, est un concentré d'interrogations que soulèvent l'intelligence artificielle avancée et la conscience machinique puisque celui-ci tourne autour de la validation de Ava par le test de Turing auquel elle est soumise. En effet, en 1950, Alan Turing, mathématicien et cryptologue britannique, développe un test ayant pour but de vérifier l'avancement d'une intelligence artificielle. L'élément humain de ce test, Caleb dans le film, est placé face à un écran. Il pose une série de questions à l'entité qui lui fait face et les réponses apparaissent. À l'aide des réponses, il doit deviner s'il s'agit d'un humain tapant sur un clavier ou bien d'une intelligence artificielle avancée. Bien sûr, les idiomes et autres expressions typiques sont généralement le moyen le plus sûr de s'assurer d'une telle chose, posant ainsi un problème de compréhension à l'ordinateur qui, désarçonné, n'a d'autre choix que de répondre au hasard ou, plus précisément, de comprendre de travers.

Illustration 4: Ava, jouée par Alicia Vikander, capture d'écran de Ex Machina, film réalisé par Alex Garland, 2014.

L'une des clauses nécessaires du test de Turing est cependant l’anonymat. À aucun instant l'élément humain n'est mis face à face avec son interlocuteur, toujours caché derrière un écran. Ainsi, soustrait de tout préjugé, il peut clairement répondre à la question de son humanité. Or, comme le soulève Caleb après sa première session avec Ava, il ne peut répondre à la question car il est mis en face de cette création artificielle qu'est Ava. L'intention de Nathan, son créateur, n'est donc plus simplement de le mettre face à un écran et de le forcer à déterminer si son interlocuteur est une machine ou non, mais bien de le mettre en face d'une machine et de le forcer à répondre à la question de son humanité, et ceci en dépit du fait qu'il s'agit d'une machine et qu'il en est conscient.

Ava démontre dès leur première session une surprenante compréhension de l'usage de la langue puisque lorsqu'il insiste sur le fait qu'il leur faut « briser la glace »113, elle définit immédiatement cela comme « passer outre le malaise social »114. Les expressions idiomatiques ne semblent pas lui poser de problème. Dès lors s'engage une conversation qui prend de nouveau une tournure surprenante lors de la deuxième session durant laquelle Ava demande « Veux-tu être mon ami ? »115. La notion d'amitié ne lui a pas échappé semble-t-il et elle va jusqu'à l'expliciter à Caleb : « Tu apprends tout sur moi mais je n'apprends rien sur toi. Ce n'est pas une base sur laquelle fonder une amitié. »116

113 Extrait de Ex_Machina, film réalisé par Alex Garland, Royaume-Uni, 2015, « break the ice ». 114 Ibid., « overcoming social awkwardness »

115 Ibid., « Do you want to be my friend? »

116 Ibid., « You learn everything about me and I learn nothing about you. That's not a foundation on which

friendships are based. »

Illustration 5: Ava caressant la peau synthétique d'un visage accroché sur le mur, capture d'écran de Ex Machina, film réalisé par Alex Garland, 2014.

Ava démontre ainsi à plusieurs reprises sa capacité de compréhension des concepts humains. Nathan, millionnaire excentrique à la fois alcoolique et très porté sur la santé et l'entretien de son corps et de son mental, la protège du monde, l'isolant dans un bunker/maison/laboratoire. Ultimement, nous apprenons qu'il n'a pas pour projet de simplement prouver ce qu'elle est via un simple test, mais bien de mettre entre ses mains la possibilité de s'échapper. Il explique à Caleb qu'il lui a donné une chance de s'échapper, une seule chance : Caleb. Pour parvenir à cela, « elle devra utiliser la conscience de soi, l'imagination, la manipulation, la sexualité, l'empathie, et elle l'a fait »117, insiste Nathan.

Sa création n'est donc plus du domaine purement machinique, bien au-delà, elle est désormais une vrai humaine qui se sert des autres pour parvenir à ses fins, faisant abstraction des trois lois de la robotique d'Asimov – sur lesquelles nous reviendrons – ou bien de toute valeur la limitant à un outil technique pour faire émerger une conscience propre et surtout un instinct de survie et de protection. Même si nous savons par son apparence qu'elle n'est qu'un androïde, nous ne pouvons nous empêcher en tant que spectateur de souhaiter qu'elle s'échappe, voire même après quelques scènes d'espérer que Nathan meure.

La sexualité du robot la rend encore plus humaine, les légers pincements de lèvres d'Alicia Vikander (Ava) et la scène où elle s'habille de peau synthétique avant de s'observer nue dans un miroir. Une longue discussion entre Caleb et Nathan

117 Ibid., « To escape, she'd have to use self awareness, imagination, manipulation, sexuality, empathie, and she

did. »

Illustration 6: Ava se couvrant le corps de peau synthétique, capture d'écran de Ex Machina, film réalisé par Alex Garland, 2014.

explicite la nécessité de sexualiser cette androïde qui, dès la première scène, est définie comme « elle » et non « ça »118 : « Qu'est-ce qui obligerait une boite grise d’interagir avec une autre boite grise ? Est-ce que la conscience peut exister sans interaction ? »119 L'interaction est ici définie comme clef de tout état conscient et si l'être humain est une espèce sociale c'est bien par nécessité évolutive.

Le robot, l'androïde et, dans une certaine mesure, le mutant seraient alors des espèces que nous pourrions qualifier d'écologiques, à la manière de Thierry Hoquet. Il s'agirait d'espèces concomitantes de la nôtre et non intégrées en nous. Cependant, elles, plus que toutes autres, se rapprochent régulièrement du mythe du monstre de Frankenstein, la créature détruisant son créateur à de multiples reprises dans un cercle mortifère voué à l'extinction. Asimov lui-même qualifiait cela de « complexe de Frankenstein ».

Toutefois, l'intelligence artificielle est confrontée à des étapes nécessaires à son développement, tout comme l'intelligence humaine jadis. Il fallut des milliers d'années pour que l'ancêtre de l'humain développe trois caractéristiques principales avant de pouvoir atteindre ses capacités intellectuelles actuelles : 1) une taille de crâne suffisamment grande pour permettre le développement d'un plus grand cerveau, 2) un redressement de la colonne vertébrale afin de permettre une meilleure oxygénation du cerveau et donc une augmentation cognitive, 3) un changement de régime alimentaire améliorant l'apport nutritionnel, donc énergétique. « Le développement du cerveau, qui pense mieux, va passer, de manière pirate, un certain niveau de complexité, un certain niveau de conscience : l'Homme sait qu'il sait, il pense, il réfléchit, il anticipe. »120 Retraçant l'histoire de ces trois caractéristiques de l'Homme, en tant qu'espèce, Yves Coppens les réduit à un état de prise de conscience de l'Homme qui sait être Homme.

Pour l'intelligence artificielle, particulièrement mise en corps comme c'est le cas des robots, les problèmes sont similaires, mais leurs sources varient. En premier, la taille actuelle des processeurs rend la miniaturisation impossible en-deçà, limitant ainsi les possibilités computationnelles que parvient à développer l'intelligence artificielle en fonction de la quantité de processeurs. Toutefois, cette quantité de processeurs génère la seconde limitation : la distribution et l'évacuation de la chaleur

118 « She » et non « It ».

119 Ibid., « What imperative does a grey box have to interact with another grey box? Can consciousness exist

without interaction? »

120 Yves Coppens, « Devenir humains », article paru dans Devenir humains, sous la direction de Yves Coppens, Paris, Autrement, « Collection manifeste », 2015, p. 26.

générée par ces processeurs afin d'éviter qu'ils ne surchauffent et ne fondent. En troisième, similaire à la fonction nutritionnelle chez l'Homme, pour qu'une intelligence artificielle acquière son autonomie il est nécessaire de lui créer une batterie durable. Ces batteries sont encore cependant lourdes, de grande taille et peu efficaces par rapport à notre système de stockage d'énergie. Ces trois limitations ne sont pas prises en compte dans les récits de science-fiction qui peuvent se permettre de prendre des libertés quant aux réalités scientifiques, surtout contemporaines.

Si le cyborg est couramment décrit, et à raison, comme l'alliance entre l'organique et le machinique, il est également intimement lié à la notion d'information et de circulation de l'information entre ces deux données. Beaucoup seraient alors tentés de lier la cybernétique à une analyse informationnelle pure et dure. Toutefois le cyborg est aussi un concept intimement lié au corps, dans sa construction physique et culturelle. Complexe et premier, le corps est un amalgame d'informations partagées à des échelles allant du microscopique au macroscopique, tant visibles qu'invisibles. Des allers-retours permanents entre ces deux échelles, chacune influant l'autre, et intégrant des milliards d'informations produites par une société normative qui rejette l'originalité débridée tout en la cultivant dans une petite sphère créatrice : l'art.

C'est justement au sein de cette sphère que se rencontrent les deux approches possibles du concept de cyborg que nous tenterons de faire se rejoindre ici. La plus commune est, bien sûr, celle qui amène irrémédiablement l'Homme dit « naturel » à tendre vers l'artificiel, créé en partie, si ce n'est de toutes pièces par une science et une société en constant mouvement. Les limitations réelles de nos capacités techniques permettent ainsi aux récits de science-fiction de nous présenter des variantes non négligeables qui ouvrent une seconde voie vers le cyborg : l'humanisation de l'intelligence artificielle. Prenant corps dans le robot, l'intelligence artificielle veut reproduire nos schémas cognitifs, générer une conscience humaine à partir de lignes de codes et d'informations extérieures qui permettraient ainsi de créer une conscience, un ghost, pour reprendre le terme de Ghost in the Shell sur lequel nous reviendrons plus bas. Partant de ce postulat, est-il possible de concevoir une entité qui serait alors entièrement artificielle dans sa conception, mais jugée humaine par l'observateur extérieur ?

1 – Une histoire d'intelligence

« À la différence d'un homme, vous ne vexerez jamais un ordinateur en taxant son fonctionnement ou sa manière de raisonner de trop binaire. L'ordinateur, en effet, n'a pas vocation à faire la nuance. Tout en lui est noir ou blanc, vrai ou faux, bon ou méchant, ça passe ou ça casse. Pourquoi ne l'avoir autorisé à fonctionner que de manière aussi frustre, alors que nous, hommes, ses mentors et inspirateurs, sommes capables de tellement plus de raffinement ? Cela tient à la simplicité et à l'économie de conception. »

H. Bersini et M-P & R Spinette, Les fondements de l'informatique, « du

bit à l'internet »

Avant de nous pencher sur le robot et son corps, il semble nécessaire de se pencher sur l'histoire de son intelligence. En effet, si l'homme a acquis son intelligence et sa conscience propre tout au long de milliers d'années d'évolution, il n'en est pas de même pour le robot qui, encore à l'heure actuelle, n'en est qu'à ses balbutiements. S'il peut paraître étrange de se pencher sur une intelligence dénuée de corps, c'est pourtant une nécessité. À l'instar de Descartes dans son Traité de

l'Homme, il nous faut traiter le robot en abordant son corps et son "âme" séparément.

Construction humaine totale, le robot nécessite d'intégrer un certain intellect avant d'envisager la vision écologique que lui suppose Thierry Hoquet, sinon pour en narrer son ontologie, du moins pour comprendre pourquoi nous parlerons d'intelligence artificielle et non de simple automatisation. En somme, le robot est l'ensomatose de l'intelligence artificielle. L'histoire de cette intelligence artificielle est intimement liée à celle de l'ordinateur, laquelle est quelque peu floue. En effet, si les historiques de l'ordinateur abondent, la plupart se contredisent sur les dates (conception ou mise en service de la machine) voire, parfois, semblent se contenter de donner quelques vagues écarts temporels. La raison en est simple : la plupart des recherches dans ce domaine se menaient dans le plus grand secret, pour l'armée majoritairement, et donc les dates exactes sont quelque peu complexes à définir. Aussi, nous tenterons de ne rien omettre ou, du moins, de ne pas trop nous contredire nous-même.

Une intelligence artificielle se base tout d'abord sur un programme, une série de lignes de codes (à l'heure actuelle) qui définit des paramètres de calcul. En d'autres termes, il s'agit d'un algorithme, c'est à dire une succession d'opérations à

réaliser pour accomplir une tâche. H. Bersini et M.-P. & R Spinette définissent le programme « […] comme une suite d'instructions issues d'un langage très précis et qu'eux et les membres de leur tribu sont les seuls à comprendre. Heureusement, ces programmes seront vérifiés, compris et traduits par un programme particulier (appelé le compilateur) dans un autre langage, fait d'instructions élémentaires qui, elles, seront les seules comprises et gérables par le processeur qui a la responsabilité finale de les exécuter. »121 Ce programme ne peut cependant pas exister sans corps dans lequel s'incarner, qu'il s'agisse d'un simple ordinateur ou bien d'un robot humanoïde. Au risque de perdre un peu notre lecteur, nous aborderons les deux composantes de manière séparée dans cette partie, tout en maintenant des renvois de l'un à l'autre. Si le corps et l'esprit du robot son séparables, il sont intrinsèquement liés et s'influencent, à la manière du corps et de l'esprit humain. C'est dans ces va-et-vient perpétuels, dans ce transfert constant, cette boucle de rétroaction que l'intelligence artificielle forge ses limites et dévoile ses possibilités.

Antoine Robitaille rappelle dans son livre, en date de 2007, que Ray Kurtzweil prédit pour 2019, qu'« un ordinateur de 1000 dollars sera aussi puissant qu'un cerveau humain », mais également qu'il « sera doté de la mémoire accumulée par un être humain, aurait une capacité d'autoprogrammation en réaction à des stimuli extérieurs et pourrait éventuellement développer une capacité de réaction. »122 Un ordinateur comme celui-ci, de plus à prix bon marché, n'existe cependant pas encore et si la puissance de calcul de l'ordinateur est supérieure à celle de l'Homme, il n'en est rien par rapport à ses capacités réflexives. De nos jours encore, l'ordinateur, surtout à bas prix, n'arrive pas à la cheville de l'Homme est reste et demeure un outil avant tout.

121 H. Bersini et M.-P. & R. Spinette, Les fondements de l'informatique, « du bit à l'internet », Paris, Vuibert, 2ème édition, 2008, p. 10.

122 Antoine Robitaille, Le nouvel homme nouveau, « Voyage dans les utopies de la posthumanité », Québec, Canada, Éditions Boréal, 2007, p. 31

a) Software

Si le hardware de la machine atteint rapidement ses limites, le software, donc le logiciel qui définit l'intelligence artificielle, est, quant à lui, à l'inverse bien plus impressionnant dans son développement. Nous sommes à l'heure actuelle bien loin du jeu de Nim de Turing, cette première petite expérience qui a l'époque attirait les foules. L'intelligence artificielle quotidienne qui nous entoure n'attire même plus notre attention et nous considérons désormais comme normal que nos moteurs de recherches suggèrent des complétions de questions qui correspondent à nos demandes, ou bien qu'un clic sur notre téléphone nous permette d'ajuster toutes les conditions de vie d'un bâtiment, de la température à l'humidité ambiante.

Les objets connectés et les wearables qui peuplent désormais notre quotidien forment ainsi un réseau dans lequel nous nous complaisons, connectant de la cafetière aux pantoufles chauffantes et générant ainsi un « techno-cocoon », pour reprendre le terme de Damasio. Au sein de ce si confortable cocon dans lequel nous évoluons, nous nous plaisons à croire que nous pénétrons nos techniques, mais celles-ci nous pénètrent également. Elles apprennent de nous, s'enseignent entre elles et s'améliorent. Les débuts de l'intelligence artificielle ressemblaient plus à une autonomisation qu'à une naissance d'intelligence.

Dans le prologue de son livre Mind Children, Hans Moravec prédit l'arrivée d'une ère postbiologique : « C'est un monde dans lequel la race humaine a été

balayée par une vague de changements culturels, usurpée par sa propre progéniture

artificielle. »123 Écrit en 1988, ce livre illustre parfaitement l'engouement pour l'intelligence artificielle ainsi que l'illusion massive que ce domaine projette d'une société dans laquelle l'intelligence artificielle est définie comme supérieure à l'intelligence humaine, nonobstant l'ingénuité requise pour perdurer. Si l'intelligence artificielle est effectivement plus rapide que l'intelligence humaine dans sa capacité analytique, elle n'en reste pas moins beaucoup plus limitée dans sa polyvalence.

Depuis Deeper Blue qui, rappelons-le, est le premier ordinateur a avoir battu un humain aux échecs, la science s'est fixée le but d'améliorer les connaissances du cerveau humain et de sa complexité afin de les appliquer à un cerveau de puces en silicone. Marvin Minsky, l'un des fondateurs de la recherche en intelligence artificielle,

123 Hans Moravec, Mind Children, « The future of robot and human intelligence » Cambridge, Massachusetts, USA, Harvard University Press, 1988, p. 1, « It is a world in which the human race has been swept away by

la définit comme la discipline qui consiste à « faire faire à des machines des choses qui, lorsqu'elles sont faites par des hommes, supposent de l'intelligence »124. Tout acte mécanique ne nécessitant qu'un bref apprentissage et une répétition, nous exclurons ainsi les tâches telles peindre la carrosseries d'une voiture ou bien assembler un ordinateur à la chaîne. Ces bras robotiques ne possèdent qu'une intelligence limitée, appelée intelligence artificielle faible, et sont de fait dénués de capacité d'adaptation.

Pour Michel de Pracontal, c'est après la victoire de Deeper Blue sur Gary Kasparov en 1997 que l'ordinateur révèle son véritable potentiel, poussant l'analogie jusqu'à définir l'ordinateur comme « supérieurement humain » puisque supérieurement intelligent. Il est vrai que l'Homme s'est de tout temps défini comme supérieur en comparant son intelligence à celle du reste du monde animal. Le singe, s'il est capable de se saisir d'un caillou pour briser une noix, n'en reste pas moins incapable de fabriquer des outils, encore moins de programmer une intelligence supérieure à la sienne. En tant qu'espèce, nous concevons notre perception du monde par rapport aux autres espèces. Puisqu'elles ne sont pas l'espèce dominante en terme de conscience de soi, elles ne sont pas intelligentes. Certes, ces dernières années, notre conception de l'intelligence a évolué, faisant apparaître la notion d'intelligence animale, une intelligence supérieure à la moyenne mais qui n'en reste pas moins jugée comme largement inférieure à la nôtre. Le dauphin ou bien l'éléphant gagnent ainsi un peu plus de hauteur sur l'échelle de l'intelligence par rapport au puceron ou au pinson, mais nous n'avons pas encore à ce jour rencontré d'espèce capable de nous défier sur le plan de l'intellect et de la conscience de soi.

C'est néanmoins en se basant sur cette structure de l'intelligence collective qui se dégage d'une fourmilière ou d'une ruche que naîtra en 1999 la swarm intelligence (littéralement l'intelligence en essaim), une branche de la recherche en intelligence artificielle qui se concentre sur l'interaction entre différents agents. Ainsi, le pari est que l'intelligence distribuée parviendrait a générer une intelligence collective. L'intelligence se composerait alors de multiples agents échangeant des données sur le monde qui les entoure pour prendre des décisions collectives et non individuelles, formant une multitude pensante au détriment de l'individu intellectuellement supérieur.

La pensée abstraite reste ainsi un domaine humain, dans le monde biologique,

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