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Le modèle développé et présenté dans cette thèse utilise une structure assez complexe com-posée de différents modules, eux-même composés de plusieurs objets (au sens de la définition du

chapitreE) interagissant entre eux. Cette structure, bien que très modulable, impose la

concep-tion d’un programme logiciel. Or, une partie des méthodes de calcul et des données utilisées pour faire fonctionner le modèle est très basique. C’est le cas pour trois usages que sont l’AEP locale, l’AEP touristique et l’élevage. En l’absence de données plus précises, ces usages sont calculés de manière triviale en multipliant une population, un nombre de touristes ou un nombre de bétail par une consommation horaire. Dans une station de ski typique de moyenne montagne, comme celle de Megève, ces trois usages représentent environ 80% de la consommation annuelle sans prendre en considération les pertes du réseau et en retirant l’hydroélectricité du total, (qui reste un usage optionnel non-vital pour la survie socio-économique de la commune). Dès lors, on peut s’interro-ger sur la nécessité de développer un logiciel pour répondre aux problématiques d’adaptation aux

changements climatiques dans le domaine de la gestion de l’eau.

Le modèle développé dans cette thèse présente un intérêt majeur par rapport à une utilisation triviale de données. Il permet de mettre en cohérence tous les éléments essentiels de la gestion de l’eau de manière dynamique. De la prise d’eau par les captages jusqu’à la satisfaction des demandes en eau des usages selon des règles et des stratégies établies, en passant par le réseau d’alimentation en eau et ses caractéristiques, c’est l’ensemble des composantes de la gestion de l’eau qui sont mises en interaction.

Connaissant toutes ces caractéristiques, l’optimisation de la gestion de l’eau peut être abordée par le modèle. Dans le cas de figure de l’application à Megève, on constate que le modèle GemEve

répartit de manière différente la distribution d’eau que sur Megève (figureG.1), pourtant ce sont

les caractéristiques des captages de Megève (débit min, débit max, débit moyen) qui ont été utilisées pour simuler GemEve . Ainsi avec les mêmes caractéristiques de départ, on s’aperçoit que deux méthodes de gestion, au minimum, sont possibles pour satisfaire les usages de façon équivalente.

Au vue de ce résultat, il est donc tout à fait possible de vouloir modifier les règles de gestion et d’en tester une combinaison infinie, dans des conditions réalistes, afin de dégager éventuellement les "meilleures" stratégies pour distribuer l’eau et satisfaire les usages. Le modèle peut donc être un réel outil d’optimisation de la gestion de l’eau actuelle.

L’autre utilité que peut avoir le modèle sur l’amélioration de la gestion de l’eau actuelle est sur la simulation de problèmes techniques et/ou de pollutions. Le modèle peut simuler la pollution d’un réservoir, ou la panne d’une pompe, etc. et analyser l’impact sur la satisfaction des usages et l’organisation de la distribution d’eau. Ainsi, il est possible d’évaluer l’efficacité des mesures de secours mises en places ou d’en développer de nouvelles permettant de faire face à plusieurs crises possibles. Dans le cadre de l’application GemEve , cette simulation de pannes a été réalisée

(figure G.1) pour les captages de la Radaz et Plaine Joux. Le scénario envisagé pour la Radaz

est une pollution qui contamine également Plaine Joux, un captage à l’aval, tandis que pour le Planay une panne de vanne, par exemple, est simulée. C’est-à-dire que ces captages ne sont plus utilisables pour l’alimentation en eau potable. Les résultats de ces simulations montrent qu’en cas de pollution de la Radaz et de Plaine Joux, le captage du Planay, de Cassioz et les forages de l’Altiport suffiraient à satisfaire les besoins en eau des usages.

Cependant dans la simulation de pannes du Planay, des pénuries d’eau apparaissent (figure

G.2). Pendant la fin du mois de février et le début du mois d’avril, GemEve n’est pas en mesure

de capter suffisamment d’eau au milieu naturel pour satisfaire ses besoins prioritaires. Ainsi, les touristes qui se trouveraient dans la station de GemEve un jour de panne du captage du Planay ne seraient pas en mesure de satisfaire l’intégralité de leurs besoins en eau.

Le modèle développé peut donc présenter un intérêt certain pour la recherche d’optimisation de gestion actuelle et pour l’évaluation de l’efficacité des mesures de secours en cas de pannes et ou pénuries. Au cours de cette thèse nous ne sommes pas allés plus loin dans l’exploration de cette thématique mais il semble intéressant de poursuivre le développement de l’outil pour y intégrer cette fonction d’optimisation.

Figure G.1 – Résultats de la répartition de la distribution des captages suite à une simulation de pollution des captages de la Radaz et de Plaine Joux et une simulation de panne du Planay dans GemEve comparé au fonctionnement normal du modèle et de la Régie des Eaux de Megève

Figure G.2 – Apparition de pénuries en février et avril 2011 lors de la simulation de panne du captage du Planay dans GemEve

L’utilité majeure du développement du modèle est de pouvoir explorer les évolutions futures envisageables pour le territoire étudié. C’est ce qui est présenté dans la section suivante.