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En 2008, l’ABF a initié un cycle d’actions de formation qui se poursuivront cette année De son côté la région Paca souhaitait réactiver des accords de coopération Ce voyage d’étude organisé par le

Dans le document 46 : C qui ? (Page 68-70)

groupe ABF-Paca et le Cobiac a embarqué quatorze bibliothécaires de la région travaillant en BM,

BDP et BU, désireux de découvrir à leur tour ce jeune réseau de lecture publique en plein essor.

> Un contexte

La création d’un réseau moderne de lec- ture publique au Maroc avait été décidée dans le cadre de la coopération franco- marocaine. L’attribution d’un fonds de solidarité prioritaire (FSP) géré par le service de coopération culturelle de l’Ambassade de France et le ministère de la Culture marocain a permis la mise en place de ce réseau, qui doit à terme voir la construction d’une médiathèque dans chacune des régions du Maroc (16 régions). 11 sont aujourd’hui réalisées, dont 9 sont d’ores et déjà ouvertes au public. Chaque établissement tête de réseau devrait être doté d’une dizaine de satellites. 60 de ces bibliothèques sont ouvertes ou en cours d’ouverture. En 2005, des bibliothèques de notre région ont accueilli pour des stages quelques-uns des futurs responsables de ces médiathèques, têtes de réseau de ce projet. La France a de plus accom- pagné la réalisation de la Bibliothèque

nationale du Royaume du Maroc (BNRM), la Médiathèque du complexe culturel de la Mosquée Hassan II de Casablanca qui sera la deuxième plus grande bibliothèque après la BNRM et enfin la Bibliothèque universitaire d’Aïn Chok à Casablanca. Ce voyage nous a permis de découvrir une par- tie de ce réseau, d’en mesurer les rapides progrès, de retrouver nos anciens sta- giaires dans leurs établissements et de pérenniser les actions de coopération entamées depuis plusieurs années. Pour le Cobiac (Collectif de bibliothé- caires et intervenants en action cultu- relle), il s’agissait plus précisément de réactiver les accords de coopération entre la région Paca et la région Tanger- Tétouan, et d’assurer un suivi de l’aide au développement de la lecture publi- que de cette région.

> Le voyage

Le circuit des visites a commencé à Casablanca avec ses trois grandes entités : la médiathèque du complexe culturel de la Mosquée Hassan II, la BU Mohamed Sekkat de l’Université Hassan II, toutes deux encore en chan- tier lors de notre visite, et la bibliothè- que privée de la Fondation du roi Abdul Aziz Al Saoud qui fait office de BU en

sciences humaines et sciences socia- les. Le voyage s’est poursuivi à Rabat avec la visite de la BNRM 1, inaugurée

en juin 2008 2 – deux niveaux ouverts

au public et une tour de 11 étages pour la conservation des livres précieux – et de deux bibliothèques de lecture publi- que : la bibliothèque El Youssoufia et la bibliothèque Mohammed Hajji à Salé. Une autre bibliothèque était au programme, la médiathèque du Centre culturel français de Rabat. Lors de cette visite, nous avons eu l’occasion de rencontrer François Larbre, respon- sable du Bureau du livre et des média- thèques pour le ministère des Affaires étrangères français. Celui-ci nous a présenté les missions du Bureau du livre : coordonner le réseau des média-

LE MAROC

446 550 km2 ; 34 435 719 hab.

• Régime : Monarchie constitution- nelle.

• Capitale : Rabat. Capitale écono- mique : Casablanca.

• Découpage administratif : 16 régions économiques rassemblant 45 provinces et 26 préfectures. Le pays est aussi divisé en 1 547 com- munes, dont 249 urbaines et 1 298 rurales.

• Langue officielle : arabe ; autres langues parlées : arabe marocain, berbère, français et espagnol dans la zone Nord du pays.

© Thierry

Kriegel

Le groupe.

1.www.bnrm.ma

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thèques des instituts français ; accom- pagner le réseau de lecture publique marocain ; promouvoir des auteurs et éditeurs marocains et le livre français au Maroc.

Notre minibus nous a ensuite emme- nés à Larache, où nous avons visité une de ces onze médiathèques du projet FSP, tête de réseau pour cette région. Nous avons été reçus par les élus de la commune.

À Assilah (petite ville au bord de l’océan, entre Larache et Tanger), nous avons découvert une bibliothèque (Bibliothèque Prince Bandar Sin Sultan) qui nous a à la fois émerveillés par son architecture, le luxe de son mobilier et de ses équipements informatiques et choqués par l’obsolescence de ses rares collections, l’absence de per- sonnel et d’usagers. En effet, cette bibliothèque dont la construction et l’équipement ont été financés par un prince saoudien n’a jamais ouvert ses portes au public par manque de bud- get de fonctionnement. La ville n’a pas les moyens de payer l’électricité pour la faire fonctionner ! Elle est seule- ment lieu d’exposition et accueille des conférences… une fois par an.

À Tanger, nos collègues du Cobiac ont découvert la bibliothèque générale et deux des bibliothèques de quartier. Notre voyage bibliothéconomique s’est terminé à Meknès avec la visite de la médiathèque Mohammed Lammouni. Et le voyage s’est conclu sur un accent touristique par la visite de la médina de Fès, sous une pluie battante.

> Politique, formation,

collections

Bouchra Latifi, responsable de la Division de la lecture publique au sein de la Direction du livre, nous a pré- senté la place du livre et de la lecture publique dans la société marocaine. Les obstacles à surmonter sont nom- breux : entraves culturelles à la lec- ture, analphabétisme d’une partie de la population, faiblesse du réseau de librairies et maisons d’édition, man- que de moyens pour pérenniser les

LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU ROYAUME DU MAROC

• Surface : 22 000 m2 : 2 niveaux ouverts au public, 2 sous-sols pour les ateliers

et les entrepôts, une tour de 11 étages pour la conservation des livres précieux et le dépôt légal.

• Langues : 60 % des ouvrages sont en arabe, 30 % en français et 10 % dans d’autres langues. Aucune séparation entre les livres en français et en arabe. Utilisation d’un système d’inspiration canadienne pour la cohésion du fonds : le « cutter table » qui permet de retrouver tous les livres d’un auteur quelle que soit sa langue sur la même étagère.

• Personnel : une équipe de 100 personnes dirigées par Driss Khouz. 24 postes sont à pourvoir depuis juin.

• Collections : Département des périodiques : 10 000 revues (dépôt légal et abonnements). – Département son et image : 3 000 titres Vinyles/CD/DVD et 15 postes de consultation ; le but de ce département est d’acheter la production internationale et surtout d’obtenir le dépôt légal car d’après la loi marocaine rien n’oblige les producteurs à le faire. – Département des manuscrits : 33 000 titres dont 13 000 déjà microfilmés, le reste est en cours de traitement et de numéri- sation. 3 personnes traitent environ 120 p./jour sur microfilms et 7 personnes participent à la restauration des manuscrits. – Département des collections particulières : cartes de géographie, photographies, cartes postales, affiches, dessins, estampes et tableaux. – Fonds de la banque mondiale en anglais et des publications de l’Union européenne.

• Dépôt légal : existe depuis 1932. 30 000 ouvrages proviennent de doubles du dépôt légal français (don exceptionnel de la BnF).

La BnF a largement soutenu ce projet tant au niveau des conventions, forma- tions, actualisation des textes des missions de la BNRM qu’à celui des réflexions sur le dépôt légal.

© Thierry

Kriegel

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premiers efforts. Les Marocains ne connaissent pas (encore) la « lecture plaisir », la fiction, l’emprunt de livres à domicile. Pour beaucoup le livre est un outil du savoir, un outil pour l’étude, même pour une partie du personnel ! Dans le réseau, seule la bibliothécaire de Meknès est « informatiste » (diplô- mée de l’École des sciences de l’infor- mation de Rabat – équivalent de l’INTD en France). Les autres responsables, dont nos stagiaires en région Paca, ont été recrutés par les municipalités et formés ensuite. Pour accompagner le développement des bibliothèques au Maroc, une licence profession- nelle Métiers du livre a été créée en 2007 à l’université Aïn Chok-Hassan II Casablanca, sur le modèle de la forma- tion dispensée à Mediadix (Paris-10).

La première promotion aux métiers du livre est sortie en juin 2009.

L’objectif de ces bibliothèques est de mettre à la disposition du public une offre documentaire équivalente à 10 000 documents avec une proportion d’un tiers de livres pour enfants, un tiers pour jeunes adolescents et un tiers pour adultes. La politique de représentativité linguistique tend vers 50 % de livres en langue arabe et 50 % en français. Toutes les BM ont reçu une dotation spéciale du FSP donnant ainsi naissance à leur fonds de base. Elles bénéficient aussi de crédits d’acquisition, bien souvent utili- sés lors des salons du livre. La difficulté de se fournir en ouvrages de langue française fait que les dons du Cobiac sont très appréciés, d’autant plus qu’ils répondent à des demandes précises et

permettent ainsi une complémentarité des collections.

Mais le personnel connaît mal le contenu de ces collections et les publics auxquels elles s’adressent, en particulier en littérature de jeunesse. Le classement des documents se fait souvent en fonction du format ; par exemple, des romans destinés aux adultes en format poche se retrouvent avec les romans destinés aux enfants. Nous n’avons pu juger pour le classe- ment des livres en arabe.

Les pratiques de lecture privilégient l’étude et, lors de leur ouverture, les bibliothèques n’offrent qu’un fonds de consultation ; le prêt n’est proposé que peu à peu. Toutes ces bibliothèques sont, à des degrés divers, en cours d’in- formatisation et toutes proposent des documents audiovisuels et des accès Internet. Relativement bien dotées en matériel, elles se trouvent hélas très vite confrontées à des problèmes de maintenance, et à de faibles débits.

> Les bibliothèques

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