• Aucun résultat trouvé

Influence du niveau des tarifs sur les demandes et sur les dépenses liées à la consommation

demandes et sur les dépenses liées à la consommation

en eau résidentielle.

Suivant l’analyse menée dans le premier chapitre et traitant des particularités attachées aux fonctions de demande des biens dits multifonctionnels et en utilisant les relations qui relient cette demande aux variations du prix, le caractère indispensable des besoins primaires entraînerait le fait que les variations à la hausse des tarifs permettraient, en théorie, de limiter les consommations à ce niveau seuil défini auparavant (QS). Nous

allons étudier plus précisément, dans ce qui va suivre, la relation qui existe entre le tarif et les quantités consommées quand les tarifs varient.

1 Approché par une valeur représentant le revenu moyen du quantile considéré. d = g(R)

niveau de revenu (R) d

Dans un autre temps, nous reviendrons, cependant et encore une fois, sur un autre type de relation, celui qui lie « tarif » et « dépenses de consommation en fonction du niveau de revenu », dont on a vu dans la section précédente qu’elles étaient liées au sein de la relation nommée d. Ceci ne pourra cependant se faire qu’à la lumière des enseignements dégagés de cette première section, puisque la nature de la relation qui lie P et Q va particulièrement influer sur d, fonction, non seulement, comme nous l’avons expliqué, du niveau de revenu, mais également de ces deux composantes déjà connectées1.

(A)

Analyse du niveau d’insensibilité des demandes

résidentielles en eau aux variations du tarif :

Nous avons expliqué, dans le premier chapitre, que la demande en biens multifonctions possède une composante inélastique aux variations de prix. L’eau étant, par définition, un bien de ce type, on pourrait supposer qu’une politique de hausse des tarifs de l’eau résidentielle aurait pour conséquence de faire disparaître les usages considérés comme superflus, entraînant souvent une consommation qui pourrait s’avérer moindre – on évitera ici d’employer le terme de « gaspillage », du moment où la ressource n’est pas considérée comme limitée. Peut-on supposer que la demande en eau à usage résidentiel visant à satisfaire des besoins primaires est supposée insensible aux variations de tarifs, à la hausse (mais comme à la baisse également)2 ?

Nous allons pour cela reprendre les éléments d’analyse du premier chapitre sur l’analyse de la relation qui lie la demande au tarif, représentée ici par la relation Q=h(P), dans le cas des biens multifonctions. En effet, le bien eau étant bien, ainsi que nous l’avons précédemment abordé, un bien multifonction qui a pour objet de satisfaire à des usages très variés, des plus élémentaires et vitaux à d’autres, moins courants et plus superflus, sa demande globale peut donc se décomposer en plusieurs sous-demandes, qui ne réagiront pas de la même manière aux variations de tarif, comme elles ne réagissaient déjà pas aux variations du niveau de revenu. En effet, et selon Barraqué, « la plupart des études européennes ont montré que la consommation d’eau pour les usages résidentiels – boire, faire la cuisine et se laver – ne varie pas en fonction du tarif demandé. Inversement les usages extérieurs – remplir la piscine, laver la voiture, arroser le jardin – y sont sensibles » [Barraqué, 1999].

1 d = f(Q, P, R), cf. premier chapitre.

2 La satiété étant facilement atteinte, toute baisse du tarif de l’eau devrait s’avérer incapable de promouvoir une augmentation en parallèle de sa demande, visant à ne satisfaire que les besoins primaires des individus.

Il existe, ainsi que Grima [1972] l’avait souligné, une hiérarchie des usages, qui fait que le consommateur délaissera les utilisations qui lui semblent les moins indispensables à satisfaire, et ce afin de concentrer ses consommations vers des usages plus difficilement compressibles. Nous allons par conséquent effectuer notre analyse en partant des demandes les plus dispensables (besoins secondaires) à celles qui le sont plus difficilement.

(1) Besoins secondaires et sensibilité de la demande aux variations de tarifs :

L’utilisation de l’eau visant à ne satisfaire que des besoins secondaires (c’est le cas de l’eau qui est utilisée notamment pour laver sa voiture, remplir une piscine, arroser ses plantes et son jardin…) correspond à un usage que l’on pourrait qualifier de luxe, bien différent de l’usage social de base, qui pourrait être facilement compressible en cas de hausse des tarifs, voire même d’indisponibilité temporaire de la ressource, puisque ces usages ne sont liés à aucune caractéristique vitale de la consommation humaine en eau (boisson, alimentation, hygiène), mais à l’utilisation de biens subordonnés à l’utilisation du bien eau.

Par effet de subordination1, ces consommations pourraient être assimilées à des consommations en biens de luxe, et peuvent être considérées comme superflues : elles en prendront les caractéristiques et la demande des individus deviendra, par conséquent, particulièrement élastique aux variations de tarifs. Elles correspondent alors à la fonction de demande nommée, dans le premier chapitre, D3. Évidemment, plus l’individu

considèrera ces consommations comme superflues, plus sa demande sera sensible aux variations de tarifs de l’eau.

Cette demande ne représente qu’une part de dépense relativement faible dans les budgets des classes de revenu principales, et n’apparaît, normalement pas, dans celles des classes revenu les plus basses, qui ne possèdent, en général, ni véhicule, ni jardin. Si l’on se réfère, une nouvelle fois, au tableau 2.6 (supra), elles concernent, en moyenne, désormais, 7% des usages d’eau quotidiens dans les pays de l’OCDE, mais tout de même près de 43% dans un pays comme les Etats-Unis, où les inégalités de revenu sont particulièrement fortes2.

1 Cf. premier chapitre.

(2) Besoins primaires et sensibilité de la demande aux variations de tarifs : analyse de la demande dans les pays industrialisés et recul de la valeur seuil.

Si le bien eau, dans ses consommations élémentaires, peut être assimilé à un bien social, il n’en reste pas moins qu’il est désormais devenu un bien économique, de par sa capacité à être également un bien multifonction, du moment où, on l’a vu, son usage peut satisfaire des besoins tout à la fois multiples et superflus. Ainsi, il serait légitime de penser que les consommations élémentaires, seraient bel et bien insensibles aux variations de tarifs, à la hausse, comme également à la baisse1. La fonction de demande, attachée à la satisfaction de ce type de besoins, sera donc celle représentée par une droite que l’on avait nommée D1 lors du premier chapitre, avec pour caractéristique d’être particulièrement

inélastique aux variations de tarifs jusqu’au seuil auparavant dénommé QS et qui

correspond au seuil vital.

On peut prendre comme exemple les populations défavorisées de certains endroits du globe, ne devant leur alimentation quotidienne nécessaire en eau qu’au passage de camions-citernes, qui ne leur vendent qu’une eau de qualité bien souvent impropre à la consommation humaine : le tarif payé pour ce service est de l’ordre de 20 à 40 fois supérieur au tarif payé par les populations les plus aisées de ces mêmes zones, qui bénéficient de l’eau des réseaux publics, pour des quantités même souvent inférieures à celles consommées par ces derniers [Fry, 2001, p. 128]. Cette inélasticité trouve son origine, ainsi que nous l’avons expliqué, à la fois dans les besoins métaboliques et hygiéniques que l’eau permet de satisfaire et qu’aucun autre bien de substitution ne vient remplacer, car :

• d’une part, il est difficile, voire même impossible, pour un individu habitant dans un pays appartenant à l’Union européenne, vivant en milieu urbain2, de substituer l’eau issue des réseaux publics, dont on a vu au début de ce chapitre qu’elle constituait une source d’approvisionnement en eau potable beaucoup plus répandue que les auto-approvisionnements, à des prélèvements directs en eau, pour des raisons pratiques notamment ;

1 Ce qui ne signifierait nullement qu’une baisse des tarifs n’augmenterait pas le volume des consommations. De par son caractère multifonctionnel, le bien « eau » permettant alors de remplir d’autres fonctions, plus superflues on l’a vu. Mais la demande en vue de satisfaire des besoins primaires, elle, n’évoluerait pas, et les consommations resteraient à leur niveau suffisant.

2 Désormais, deux tiers de la population de l’Union Européenne vit en ville. Cependant, on assiste, en France, au phénomène inverse, où se développe l’habitat hors des villes, quelquefois même hors de portée des réseaux publics en eau [Krinner et al., 1999, p. 23].

• d’autre part, les services de plomberie visant à réparer les fuites ne constitueront un substitut au bien eau « besoin primaire »1 que tant qu’il existera des pertes chez le consommateur, ce qui ne sera pas toujours le cas….

Seuls, de facto, le climat, la disponibilité des ressources en eau et les habitudes sociales (concernant les normes d’hygiène les plus couramment acceptées) pourraient influer sur la consommation, ces variables caractérisant alors la fonction d’utilité de l’agent, et toute modification du climat ayant pour conséquence de modifier la forme de sa fonction d’utilité, augmentant ainsi le seuil QS, pour des raisons métaboliques (figure 2.9,

supra).

La partie de la courbe correspondant à la demande appelée, toujours dans le premier chapitre2, D

2, et qui concernait la demande attachée à la satisfaction de biens de confort,

n’en reste donc pas moins la plus difficile des trois à décrire, en grande partie à cause du problème suivant, décrit plus longuement, précédemment dans ce chapitre : il n’est pas possible de ne pas inclure dans les besoins primaires, élémentaires, la satisfaction d’usages de certains biens d’équipement, de confort donc (toilettes à l’intérieur des logements, douches), désormais usuels dans les pays développés. Ceci va par conséquent introduire dans la demande en usage de l’eau, assimilée à un usage de biens de confort, une certaine inélasticité de la demande aux variations de tarifs, comme c’était le cas auparavant lorsque nous avons étudié la demande pour besoins primaires. Cette inélasticité va cependant atteindre un niveau seuil, désormais fixé à QS’ (figure 2.9, supra) et supérieur au niveau

précédent QS, puisqu’on a vu, précédemment dans ce chapitre, au travers d’une analyse

sociologique, que les modifications des modes de consommation ont fait qu’il est difficile, à un niveau d’équipement sanitaire donné, de retrouver le niveau considéré comme réellement essentiel et suffisant à satisfaire les besoins primaires (QS)3.

1 En effet, le tarif augmentant, le consommateur pourrait effectivement faire appel à un plombier pour détecter et, le cas échéant, colmater ces fuites : on verrait donc la consommation du substitut augmenter, et, en parallèle, celle du bien eau diminuer, ce qui en ferait alors un bien normal [Pouquet et Ragot, 1997, p. 102].

2 Cf. premier chapitre, figure 1.7.

3 Si l’on reprend le tableau 2.7 [Smets, 2002], on a observé qu’il était possible de supprimer les consommations issues de « demande de confort pour besoins primaires » en supprimant leur caractère dispensable, et en en limitant la consommation à des usages plus économes. On attendrait ainsi le niveau QS,

que Smets fixe arbitrairement ici à 50 lhj. Il ne traite justement pas, dans son modèle, de la demande en besoins secondaires (caractérisée par la demande D3), ce qui nous pousse par conséquent bien à affirmer

qu’elle ne concerne que des consommations, celles liées à la demande D2, qu’il serait possible d’éliminer, à

Le problème se pose également pour les appareils électroménagers, puisque si l’on considère, par extension, que la lessive et la vaisselle participent à la satisfaction de besoins primaires, en favorisant l’hygiène des individus, le développement de leur consommation depuis cinquante ans pose également le même problème, puisqu’ils ont entraîné des modifications dans les comportements vis-à-vis de la consommation d’eau, en contribuant à la favoriser, de manière tout aussi artificielle (équipements moins économes, fréquence d’utilisation supérieure). Cette demande, D2 comporte une composante jugée

désormais indispensable, et, à ce titre, n’est qu’une sous-demande, comme nous l’avons précédemment expliqué dans ce chapitre, de la demande en vue de satisfaire des besoins primaires, et que nous avions nommé « demande de confort pour besoins primaires ». Nous scinderons donc la droite de demande D2 en deux droites distinctes, correspondant :

D2’, qui possède les caractéristiques de la demande « besoins primaires », bien que

les consommations qui lui sont attachées puissent être réduites. Mais cette part est supposée difficilement compressible en raison des modes de consommation, désormais profondément ancrés dans les cultures et c’est pour ce motif que la demande qui lui est attachée est par conséquent particulièrement insensible au tarif (à R donné) ;

D2’’, qui possède, par contre, en grande partie les caractéristiques de la demande

D3, avec néanmoins une pente moins prononcée, puisque ces comportements de

consommation liés à cette demande peuvent être modifiés vers une utilisation de l’eau plus économe, des usages superflus (dus à la présence d’équipements peu économes) prenant alors une caractéristique moins incompressible.

(3) Construction de la courbe demande et tentative de détermination de la valeur-seuil d’insensibilité de la demande aux variations de tarifs :

Nous allons maintenant reprendre le schéma décrit dans le premier chapitre (figure 1.8) et qui symbolisait le rapport existant entre prix et consommation pour les biens multifonctions, en l’améliorant, suivant les enseignements théoriques que nous venons précédemment de tirer. Celui-ci (figure 2.11, page suivante) est inspiré notamment non seulement des travaux de Jeanneney et Collard [1950] sur la demande d’électricité, mais aussi ceux, précurseurs, de Grima [1972] sur la demande en eau résidentielle. La fonction de demande est, cette fois-ci, composée de trois parties distinctes :

la partie a) superpose sur le même schéma les quatre fonctions de demande (D1,

D2’, D2’’ et D3) qui apparaissent à l’intérieur de la fonction de demande générale

reliée à la consommation résidentielle en eau ;

la partie b), qui agrège ces demandes et fait apparaître autant de zones que de types de demande, selon la sensibilité de la demande aux variations de tarifs, zones allant de la plus insensible à la plus sensible au fur et à mesure que l’on va sur la partie droite de la courbe : zone A, zone B, zone C et zone D ;

enfin, la partie c), qui fait apparaître le fait que la zone A et la zone B semblent alors se confondre (en une zone A’), devant la relative inélasticité aux variations de tarifs de la demande D2’. Le seuil QS tend alors à se confondre avec le seuil QS’,

situé à un niveau de consommation supérieur. On se rapproche donc de la configuration abordée dans le premier chapitre et décrivant la fonction de demande attachée aux biens multifonctions, également caractérisée par trois zones.

Figure 2. Figure 2. Figure 2.

Figure 2.11111111 : courbe de demande en eau résidentielle.: courbe de demande en eau résidentielle.: courbe de demande en eau résidentielle. : courbe de demande en eau résidentielle.

Source : d’après Jeanneney et Collard (1950) et A. P. Grima (1972).

En fait, il semble que les modes de consommation ayant évolué dans les pays industrialisés durant ces cinquante dernières années, comme nous l’avons précédemment expliqué, ont fait que D1 a peu à peu intégré les besoins liés à la demande notée D2’ : ceux-

(consommations résidentielles en eau)

' p p D1 D2’ D3 q D p p q 0 0 zone A zone B zone D zone C D2’’ QS 0 QS’ q D zone A’’ zone D’ zone C’

a) b)

p

c)

QS

ci n’étant alors plus distinguables, il n’en va pas moins que D1 s’est déplacée (sur la droite

sur notre schéma), entérinant donc le fait que, en moyenne, la consommation quotidienne individuelle de base s’en est trouvée relevée, passant de QS à QS’. La zone A (figure b),

d’« insensibilité » de la demande aux variations de tarifs, devient la zone A’ (partie c), intégrant par conséquent les zones A et B de la figure b).

Enfin, on observe que, théoriquement, bien que les deux valeurs ne soient pas forcément proches, 'p tend à se substituer à p , qui représentait le tarif auquel l’individu devait, théoriquement, devenir insensible aux variations de tarifs à la baisse. De la même manière, le niveau minimal incompressible serait passé de QS à QS’. Ce phénomène

correspond bien à celui que nous avons décrit précédemment, et qui prouverait que, dans les pays industrialisés, l’évolution des modes de consommation en eau a entraîné une certaine insensibilité à la hausse des tarifs à un niveau supérieur, puisque les quantités consommées qui satisfont les consommateurs ont subi une certaine hausse en conséquence.

On peut ainsi agréger, au niveau individuel, chacune de ces trois fonctions, afin d’obtenir une fonction unique, caractéristique des biens multifonctions auquel le bien eau appartient, aux yeux d’un consommateur résidentiel. Ceci nous permet, à présent, d’établir une relation, tout au long de la courbe qui en découle, entre le tarif de l’eau1. On utilisera la courbe de demande suivante (figure 2.11, partie c, supra) symbolisant la réaction de la demande résidentielle aux variations de tarifs, et qui reprend la courbe que nous avions déduite des travaux sur la demande d’électricité de Jeanneney et Collard [1950], courbe à la convexité tournée vers l’origine, due à sa construction2, caractéristique des biens multifonctions.

Si sa première partie (figure 2.11, partie c, zone A, supra) est particulièrement inélastique, ce phénomène s’estompe au fur et à mesure que le tarif diminue (zone C), pour atteindre ensuite une élasticité importante lorsque le tarif est faible (zone D). Si l’on raisonne dans l’autre sens, on peut dire que si le tarif est trop bas, une augmentation permettra de faire diminuer les consommations tant que ce tarif restera inférieur à p ’. Mais si celui-ci devient supérieur ou égal à p ’, diminuer les consommations par une action sur les tarifs sera devenu quasiment impossible, puisqu’on rentre dans une zone où

1 On considèrera, ici, que l’eau est vendue au même tarif, quel qu’en soit son usage. Ce n’est pourtant, des fois, pas le cas, pour l’eau servant à arroser les jardins, qui réclame un comptage séparé, et une tarification plus avantageuse…

la demande est presque totalement inélastique (zone A’), zone qui correspond en fait à la courbe de demande visant à satisfaire les besoins primaires, malgré le fait qu’une partie de cette courbe correspond à la satisfaction de besoins, certes, élémentaires, mais à travers des usages induisant un certain gaspillage (demande D2’).

On peut alors considérer qu’à un niveau de consommation QS’, celui qui est atteint

lorsque tous les besoins que l’agent considère comme étant indispensables sont satisfaits, une variation du tarif à la baisse ne sera pas suffisante pour forcer le consommateur à davantage diminuer sa consommation. Seuls les besoins physiologiques ne peuvent, au mieux, être satisfaits, ce qui tient exclusivement à la disponibilité de la ressource, ou au climat. Toute hausse des tarifs, par seul effet de revenu, entraînera une modification de la structure des consommations des consommateurs à plus faibles revenus, leur permettant ainsi de maintenir leur niveau incompressible de consommation, au détriment des autres consommations, dont la baisse des quantités consommées sera causée par le fait qu’il n’y existe pas de substituts à l’eau consommée lorsqu’elle sert à satisfaire des usages primaires.

C’est justement en prenant comme hypothèse implicite que la demande « besoins primaires » en eau, même à travers des modes de consommation sources de gaspillages en situation de ressource limitée ou considérée comme devant être protégée, était justement inélastique aux variations de tarifs que Pouquet et Ragot [1997], dans leur étude menée pour le CREDOC en 1997 sur l’eau et ses usages résidentiels en France, ont segmenté, à partir d’une procédure itérative, leur échantillon en deux parties autour d’une valeur que nous avons nommée QS’, et qui correspondrait pour ces deux auteurs à une

valeur annuelle de 63 mètres cubes par ménage. Pouquet et Ragot ont en effet bel et bien observé que « seule la consommation d’eau réalisée par la fraction minoritaire de ménages de l’échantillon original situés sous cette limite apparaît inélastique au tarif ». Ce qui reviendrait donc à dire que, faisant l’hypothèse, que l’on peut considérer comme parfaitement acceptable au vu des caractéristiques associées à l’utilisation « primaire » du bien eau, que sa demande est inélastique au tarif, les deux auteurs trouveraient, à partir de leur estimation économétrique1, en France, en 1997, un seuil de consommation, Q