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complexe.

Bien que nous ayons expliqué, dans l’introduction générale, que les trois types d’usages (résidentiels, publics et commerciaux) qui caractérisent la demande domestique des réseaux publics ne soient pas clairement identifiables dans les études internationales dont nous disposons depuis de nombreuses années, nous nous concentrerons, dans ce chapitre, sur les demandes résidentielles. De plus, nous nous bornerons à étudier les demandes individuelles, bien que de nombreuses études se servent de données sur les ménages. Nous allons expliquer pourquoi l’analyse en termes de consommation par ménage peut introduire un biais que l’analyse individuelle cherche à éviter.

(A)

Besoins primaires minimaux :

D’aucun pensent, à l’instar des experts de l’OCDE depuis 1998 et la remise des synthèses des groupes de travail du Séminaire de Sydney, que la satisfaction de certains besoins élémentaires, notamment dans les domaines de la santé et des conditions sanitaires, doivent être au cœur des politiques de l’eau. On a justement et intuitivement le réflexe de classer la consommation du bien « eau », bien également dit de première nécessité, dans le groupe des biens de consommation permettant de satisfaire la première catégorie de besoins, celle des besoins primaires.

Les besoins moyens de l'homme sont, théoriquement, les suivants : 35 grammes d'eau par kilo par jour ; son corps contenant de 58 à 66% d'eau, il meurt s'il perd 12% de son eau. Sa privation conduirait par conséquent immanquablement l’individu à dépérir puis, inexorablement, à mourir. Ainsi, il ne faut pas négliger le fait que l’eau constitue réellement un bien social [Leclerc, Raes, 2001], lié à son usage, en l’occurrence, pour : l’alimentation, l’hygiène et la santé de l’homme, ce que l’on a nommé jusque là ses « besoins primaires ». Il est ainsi communément admis que la quantité nécessaire pour satisfaire les exigences strictement métaboliques serait fixée à 2,5 litres par jour et par personne [Collomb, 1995, p. 24]. Mais la survie ne se résume pas seulement aux fonctions métaboliques de l’homme et inclut les fonctions de base que permet d’accomplir l’eau, c’est-à-dire les besoins dits justement primaires : la boisson, l’alimentation, et l’hygiène1.

1 Beaucoup de maladies (trachome, lèpre, tuberculose, coqueluche, tétanos, diphtérie…) sont rangées dans la catégorie de maladies dues au manque d’eau, parce qu’elles prospèrent dans des conditions

Ceux-ci sont définis, en tant que « besoins élémentaires » par l’OCDE (1998) comme touchant le domaine de la santé et des conditions sanitaires. Y inclure, outre la boisson et la cuisine, l’hygiène corporelle, mais également la propreté du linge et de la vaisselle, ainsi que celle du logement ne semble pas contradictoire avec cette définition somme toute informelle. Déjà, à la fin du XVIIIème siècle, les hygiénistes estimaient les besoins résidentiels stricto sensu à 20 à 30 litres par jour et par personne [CIEau, 2003], alors qu’il n’y avait encore, à l’époque, ni salles de bain, ni sanitaires, ni eau courante, et alors que la consommation à Paris n’était encore que de 15 litres par jour et par personne [Smets, 2002, p. 8].

Selon Gleick [1996], on estime en général que 20 à 40 litres d’eau douce par personne et par jour sont, de nos jours, le minimum indispensable pour répondre aux seuls besoins en boisson, alimentation et hygiène de base1. On a, par conséquent, proposé divers chiffres comme minimum, caractérisant les quantités d’eau consommées en vue de satisfaire ce qu’on appelle les besoins exclusivement primaires. Ce même Gleick a proposé que les organisations internationales et les fournisseurs d’eau adoptent « un chiffre de base de 50 litres par personne et par jour » à titre de norme minimale pour répondre à ces quatre besoins fondamentaux [Gleick, 1996, p. 85]. Ceci constitue un seuil supérieur à la norme définie lors de la déclaration de Rio [Nations Unies, 1992], et qui n’était que de 40 lhj. Toutefois, l’O.M.S., a retenu comme acceptable cette valeur de 50 litres par personne et par jour, sachant toutefois qu’elle considère qu’en deçà de 20 lhj, un être humain ne saurait survivre (situation de « stress hydrique »).

On peut toutefois arguer du fait que le niveau d’utilisation exprime surtout le niveau d’urbanisation d’un pays : un faible emploi de l’eau pour usages résidentiels, dans de nombreux pays en développement, justement, s’explique souvent aujourd’hui par les difficultés que pose l’obtention d’eau douce. Souvent, les populations rurales de ces pays doivent faire de nombreux kilomètres à pied et consacrer de longues heures pour aller chercher de l’eau destinée à leur ménage [Population Information Program, 1998]. A titre d’exemple, en Afrique du Sud, on s’efforce de mettre les bornes fontaines à moins de 200 mètres des habitations : selon Wateraid, la distance journalière parcourue par les femmes en zone rurale en Afrique et en Asie pour chercher de l’eau serait de 6 kilomètres. Lorsqu’il faut parcourir plus d’un kilomètre à pied pour accéder à l’eau, la consommation de manque d’eau et d’hygiène médiocre : les infections se transmettent quand on n’a pas assez d’eau pour se laver les mains.

1 Activités qui englobent l’évacuation des déchets, la toilette corporelle, lessive et vaisselle, à des niveaux minimum.

quotidienne tombe à 10 litres par personne [Smets, 2002, p. 38] ! En Afrique, dans beaucoup de villes, la consommation quotidienne demeure alors de moins de 30 litres par personne1. Et dans le meilleur des cas, certaines populations sont alimentées non pas grâce à un réseau public directement chez eux, mais via des camions-citernes qui viennent leur vendre leur ration quotidienne. De facto, l’eau réellement consommée par ces derniers ne vise alors à ne satisfaire, au mieux, que leurs besoins primaires en eau. Ainsi, le chiffre à retenir pour les besoins fondamentaux dépend d’un contexte particulier comme de la nature de la distribution (borne-fontaine et seaux dans encore de nombreuses régions en Afrique, ou canalisations sous pression dans les logements dans les pays développés).

Néanmoins, pour Smets [1999, p. 7], le seuil de 50 lhj, préconisée par l’O.M.S., n’apparaît que comme un minimum pour les pays de l’OCDE très urbanisés, alors que la moyenne de consommation pour ces derniers, toujours par jour et par personne, était, en 1999, comprise entre 100 à 200 litres. En France, elle était de 150 lhj en 1995, alors qu’elle n’était encore que de 130 lhj en 19732. Pour en revenir à des pays africains, on notera qu’en Algérie, les quartiers aisés des villes disposent d’une dotation quotidienne de l’ordre de 200 à 300 litres par habitant, qui, peut-on le supposer sans risque de se tromper, ne servent pas qu’à satisfaire leurs besoins purement primaires ! Par contre, les quartiers pauvres ont moins de 100 lhj, les bidonvilles devant se contenter de 10 à 20 lhj aux bornes fontaines mises en place à leur porte [Mutin, 2000, p. 8]. On considèrera donc, dans cet exemple, que ce seuil est compris effectivement entre 20 et 100 lhj, sachant que les difficiles conditions d’accès à la ressource entraînent sûrement le fait que les besoins primaires ne sont même pas pleinement satisfaits…Ce phénomène se retrouve également dans le Maroc voisin, où, si, dans les quartiers aisés, la consommation quotidienne est comparable à celle des villes occidentales (également de 200 à 300 lhj), dans les quartiers défavorisés, elle tombe à 20 ou 30 litres [Mutin, 2000, p. 40].

S’il semble bien que l’eau reste un bien social pour les plus pauvres, qui sont conduits par nécessité à en faire un usage modéré, elle constitue, en revanche, pour la plus grande part de ses quantités consommées, un bien économique3 au fur et à mesure que ses consommateurs en font un usage plus large et qui dépasse, de beaucoup, les seuls besoins utiles, c’est-à-dire vitaux. A ce stade, le simple bien « eau » devient un bien beaucoup plus

1 CIEau, Comparaisons internationales, http://www.cieau.com/toutpubl/sommaire/texte/6/6133.htm. 2 Sachant qu’elle peut dépasser les 500 litres dans les grandes villes [Lecomte, 1998, p. 80].

3 L’eau a été ainsi définie comme étant un bien économique lors de la Déclaration de Dublin en 1992, oubliant par là même son caractère social, qui est notamment, on l’a vu, circonscrit à la satisfaction des besoins primaires essentiels.

complexe, puisque son usage permet de satisfaire à la fois des besoins multiples, des plus vitaux (usages de base) aux plus superflus (usages de confort et d’agrément). C’est ainsi que s’affirme sa caractéristique de « bien multifonction ». Ces usages sont alternatifs (comme peuvent l’être ceux de l’électricité par exemple). Cela revient par conséquent à considérer que l’eau permet de satisfaire, en premier lieu, les besoins primaires des consommateurs, et, ensuite, lorsqu’une certaine quantité vouée à la satisfaction de ceux-là est épuisée, les besoins secondaires de ceux-ci. Cette frontière, cette quantité que l’on qualifiera donc d’incompressible, car nécessaire, on la nommera ensuite « valeur-seuil ».

Si, à ce stade, l’utilisation de l’eau pour les appareils ménagers peut être assimilée à un usage de confort, qui remplit toujours toutefois des usages sociaux, son utilisation dans des activités telles que le lavage des voitures, l’arrosage des plantes ou du jardin, ou pour l’alimentation des piscines, correspond à des usages différents d’un usage social de base, mais à un simple usage d’agrément. Pour aborder l’analyse de cette multiplication des usages et de la croissance de la consommation qui en a suivi dans les pays industrialisés, nous allons examiner deux phénomènes, définis comme tels par l’OCDE [2001] : « pression d’échelle » et « intensité d’utilisation ».

(B)

Pressions d’échelle :

Selon l’OCDE [2001], les « pressions d’échelle » en matière de consommation d’eau sont consécutives à la croissance d’une demande liée à l’amélioration de la disponibilité des services relatifs à l’eau (comme le raccordement à un réseau public, par exemple). Si, par exemple, le ménage américain moyen utilisait à peine 10 mètres cubes par an, soit environ 27 litres quotidiens, c’était parce que la plupart des américains tiraient de l’eau du puits ou de bornes-fontaines publiques. La plupart des ménages ne disposaient pas de l’eau courante, sauf dans les villes, alors que la majorité des habitants vivait dans les zones rurales [Population Information Program, 1998]. Plus le développement d’un pays est avancé, plus son urbanisation est grandissante : ainsi, l’eau qui était précédemment employée à satisfaire les besoins du secteur agricole sert alors de plus en plus à des usages domestiques et industriels. Ainsi, le niveau d’utilisation de l’eau exprime également le niveau d’urbanisation d’un pays.

Si la population, dans les actuels quinze pays membres de l’Union européenne s’est accrue de plus de 72 millions depuis 1960, c’est entre 1960 et 1980 que le taux

d’accroissement a été le plus fort1. Désormais, deux tiers de la population de l’Union européenne vit en ville2. Ce sont les pays en développement qui ont pris le relais dans la décennie 80, puisque près d’un milliard de personnes, issues pour la majorité de ces pays, furent desservies par une eau saine (et 750 millions furent raccordées à un système d’assainissement) [Coisne, 2000, p. 128]. Avec, pour conséquence durant le siècle précédent, une augmentation de l’utilisation de l’eau pour usages domestiques, qui, bien qu’inférieure à celle des prélèvements en eau à des fins d’irrigation ou industrielles (énergie et production confondues), reste particulièrement importante (figure 2.1).

Figure 2. Figure 2. Figure 2.

Figure 2.1111 : croissance des usages en eau mondiaux au cours du XX: croissance des usages en eau mondiaux au cours du XX: croissance des usages en eau mondiaux au cours du XX: croissance des usages en eau mondiaux au cours du XXèmeèmeèmeème siècle par siècle par siècle par siècle par grands secteurs d’utilisation (agricole, industriel et domestique)

grands secteurs d’utilisation (agricole, industriel et domestique) grands secteurs d’utilisation (agricole, industriel et domestique) grands secteurs d’utilisation (agricole, industriel et domestique) ::::

Cependant, c’est à une décroissance des populations à laquelle nous assistons dans ces mêmes pays (et l’on peut même étendre cette affirmation à la plupart des pays industrialisés) depuis maintenant quelques années, et la tendance devrait s’affirmer encore pendant au moins les trente prochaines années [Krinner et al., 2001, p. 22].

Malgré les incertitudes non négligeables qui affectent la connaissance des demandes en eau présentes et de leur variation passée –surtout celles du secteur de l’irrigation généralement dominant (sauf en France et dans les pays balkaniques du Nord)-

1 En France, par exemple, la population a été multipliée par environ 50% en cinquante année, passant d’environ 40 millions d’habitants en 1946 à, à peu près, 58 millions en 1996. Dans le même temps, sa population urbaine est passée d’environ 22 millions à 36 millions, soit une augmentation de près de 75% [base de donnée Géopolis, 1998].

2 Cependant, on assiste, en France, au phénomène inverse, où se développe depuis vingt ans l’habitat hors des villes, quelquefois même hors de portée des réseaux publics en eau.

une tendance assez générale est perceptible dans leur évolution contemporaine et pronostiquée à court ou moyen terme : ralentissement de croissance, voire stabilisation ou même décroissance, un peu similaire aux tendances des évolutions de population. Les demandes en eau potable des collectivités, en particulier, sont presque partout en lente récession [Margat, 2002].

Cependant, si la pression d’échelle, liée donc à la croissance des raccordements des ménages à l’eau courante dans les pays industrialisés a, quasi-automatiquement, entraîné une croissance des consommations en eau résidentielle depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, une stabilisation du nombre du taux de ménages raccordés ramenée au nombre de ménages totaux ne sera pas suffisante malgré tout à diminuer les consommations totales. En effet, il convient alors de maîtriser la croissance par tête qui, en parallèle, a subi une forte hausse également dans le même laps de temps. C’est à travers l’étude du concept d’« intensité d’utilisation » que nous allons examiner ce phénomène.

(C) Intensité d’utilisation et croissance des

consommations individuelles :

(1) Évolution des consommations résidentielles dans les pays développés et ventilation par postes :

Si l’on étudie les habitudes de consommation des pays industrialisés depuis une quarantaine d’années, les consommations résidentielles en eau ont subi de profondes transformations, dont voici les deux principales :

• une hausse moyenne, dans les pays industrialisés, de la consommation résidentielle quotidienne par personne, avec, cependant, une certaine baisse entre 1990 et 1997 (tableau 2.1, page suivante) ;

• une profonde modification de la structure moyenne des usages résidentiels de l’eau : le tableau 2.2 (page suivante), qui analyse l’évolution, dans les Pays-Bas, des postes de consommation quotidienne et individuelle en eau résidentielle entre 1965 et 1995 en fournit un bon exemple.

On parlera alors non plus d’un phénomène de « pression d’échelle » (qui décrit, on l’a vu, un phénomène plutôt global) mais d’un phénomène d’« intensité d’utilisation ».

Tableau 2. Tableau 2. Tableau 2.

Tableau 2.1111 : consommation d’eau résidentielle moyenne dans les Pays: consommation d’eau résidentielle moyenne dans les Pays: consommation d’eau résidentielle moyenne dans les Pays: consommation d’eau résidentielle moyenne dans les Pays----Bas par Bas par Bas par Bas par usages entre 1965 et 1995 (en litr

usages entre 1965 et 1995 (en litr usages entre 1965 et 1995 (en litr

usages entre 1965 et 1995 (en litres par personne et par jour et en pourcentage es par personne et par jour et en pourcentage es par personne et par jour et en pourcentage es par personne et par jour et en pourcentage des postes). des postes). des postes). des postes). années années années années usages usagesusages usages 1965 19651965 1965 197319731973 1973 19801980 19801980 1992199219921992 1995199519951995 Boisson/cuisine Boisson/cuisine Boisson/cuisine Boisson/cuisine 5 5% 7 6,7% 2,6 2,4% 2,6 2% 2 1,5% Lavabo/baignoire/ Lavabo/baignoire/ Lavabo/baignoire/ Lavabo/baignoire/ douche douche douche douche 25 25% 27 26% 29,3 27,3% 47,5 35,2% 47,3 36,7% Toilettes Toilettes Toilettes Toilettes 30 30% 39 37,5% 30,9 28,8% 42,7 31,6% 39 30,2% Lessive Lessive Lessive Lessive 10 10% 17 16,4% 21,5 20% 25,7 19% 25,5 19,8% Vaisselle Vaisselle Vaisselle Vaisselle 10 10% 10 9,6% 11,9 11% 9,5 7% 5,8 4,5% Divers* Divers*Divers* Divers* 5 5% 4 3,8% 11,3 10,5% 6,9 5,2% 9,4 7,3% Total (lhj) Total (lhj) Total (lhj) Total (lhj) 100100100100 104104104104 107,5 107,5107,5107,5 134,9134,9134,9134,9 129129129129

(*) lavage de la voiture, arrosage du jardin, …

Source : J. van der Wal et K.J. Noorman (1998).

Tableau 2 Tableau 2 Tableau 2

Tableau 2....2222 : évolution de : évolution de : évolution de : évolution de la consommation en eau résidentiellla consommation en eau résidentiellla consommation en eau résidentiellla consommation en eau résidentielle (en lhj) de e (en lhj) de e (en lhj) de e (en lhj) de certains pays entre 1970 et 1997.

certains pays entre 1970 et 1997. certains pays entre 1970 et 1997. certains pays entre 1970 et 1997.

années annéesannées années pays payspays pays 19701970 197519701970 19751975 19801975 1980 199019801980 199019901990 1997199719971997 France FranceFrance France n.d. 127 135 157 137 Etats EtatsEtats

Etats----UnisUnisUnis Unis n.d. 295 (1977) 305 397 382 (1995) Canada CanadaCanada Canada n.d. 255 (1977) n.d. 350 (1991) 326 (1996) Angleterre et Angleterre et Angleterre et Angleterre et Pays de Galles

Pays de GallesPays de Galles

Pays de Galles 108 116 123 147 141 Allemagne Allemagne Allemagne Allemagne fédérale fédéralefédérale fédérale 106 120 127 130 (1991) 116 Italie ItalieItalie Italie n.d. n.d. 211 249 (1993) 213 Pays PaysPays

Pays----BasBasBas Bas 97 104 107,5 131 130

n.d. : non disponibles

Sources : US Geographical Survey (1995), J. van der Wal et K.J. Noorman (1998), EAA (1999), OCDE (1999, b).

Sachant que, comme l’explique l’OCDE, « l’infrastructure (par exemple (…) les réseaux de distribution d’eau (…) ) fait partie du « matériel » qui façonne les modes de consommation des ménages » [OCDE, 2002, b)], l’eau désormais courante a quasi- automatiquement appelé le développement et l’utilisation des « biens d’équipement », ou « biens de confort », dans les logements : les équipements sanitaires (W.-C., douches et/ou baignoires) et, ensuite, les appareils électroménagers (lave-vaisselle, lave-linge), contribuant alors à développer l’« intensité d’utilisation » de la ressource. Celle-ci, toujours selon l’OCDE [2001], est non seulement due au progrès technologique mais, encore plus, à l’évolution des comportements, consécutive à la diffusion de ce dernier dans toutes les couches de la société. Ce phénomène est donc, en fait, venu chronologiquement et logiquement après celui de « pression d’échelle ».

En effet, le niveau d’équipement moyen de l’habitat, et plus particulièrement des résidences principales a fortement évolué dans la plupart des pays industrialisés : celui-ci, en France, on l’a vu, depuis 1962 (tableau 2.3), s’est développé, au point où quasiment tous les logements, possèdent au moins une salle de bain avec douche et/ou une baignoire, et des toilettes intégrés au logement1 (cf. annexe A). Les tendances sont les mêmes dans les pays qui composaient également l’Union européenne de 1995 (tableau 2.4, page suivante).

Dans le même temps, le taux d’équipement en machines à laver (le linge et la vaisselle) a régulièrement augmenté, la France n’échappant pas à ce phénomène (tableau 2.5, page suivante). La technologie joue ici un rôle important dans l’orientation de la consommation et le comportement des ménages, en créant des conditions de vie quotidiennes des ménages, tout en élargissant, ou en réduisant, l’éventail des produits proposés aux ménages, à travers des biens dits de confort, satisfaisant malgré tout des besoins toujours élémentaires.

Tableau 2 Tableau 2 Tableau 2

Tableau 2....3333 : évolution du taux d’équipement des résidences principales françaises en : évolution du taux d’équipement des résidences principales françaises en : évolution du taux d’équipement des résidences principales françaises en : évolution du taux d’équipement des résidences principales françaises en eau courante, douches ou baignoire, et WC intér

eau courante, douches ou baignoire, et WC intér eau courante, douches ou baignoire, et WC intér

eau courante, douches ou baignoire, et WC intérieurs (en pourcentage).ieurs (en pourcentage).ieurs (en pourcentage).ieurs (en pourcentage). usages usages usages usages 1962196219621962 1982198219821982 1992199219921992 Eau courante 79,3% 99,2% 99,5% Baignoire ou douche 30,3% 84,7% 87,3% W-C intérieurs 41,2% 85,0% 88,0%

Source: S. Bernstein et P. Milza (1998), p. 319.

1 A l’instar, vingt ans plus tôt des Etats-Unis, où « les salles de bain ont évolué plus rapidement encore que les autres pièces de la maison, et son développement standard a été achevé en à peine une décennie » [Cowan, 1976].

Tableau 2 Tableau 2 Tableau 2

Tableau 2....4444 : taux d’é: taux d’é: taux d’é: taux d’équipement en douches ou baignoirequipement en douches ou baignoirequipement en douches ou baignoirequipement en douches ou baignoiressss, et WC intérieurs dans l’Union , et WC intérieurs dans l’Union , et WC intérieurs dans l’Union , et WC intérieurs dans l’Union européenne

européenne européenne

européenne (en pourcentage des résidences principales) en 1994. (en pourcentage des résidences principales) en 1994. (en pourcentage des résidences principales) en 1994. (en pourcentage des résidences principales) en 1994. Pays de membres de l’UE

Pays de membres de l’UE Pays de membres de l’UE Pays de membres de l’UE

(1994) (1994) (1994) (1994)

Habitations avec Habitations avecHabitations avec Habitations avec douche ou baignoire douche ou baignoire douche ou baignoire douche ou baignoire Habitations avec Habitations avec Habitations avec Habitations avec WC intérieurs WC intérieurs WC intérieurs WC intérieurs Belgique Belgique Belgique Belgique 95 96 Danemark Danemark Danemark Danemark 96 98 Allemagne Allemagne Allemagne Allemagne 97 98 Grèce Grèce Grèce Grèce 91 90 Espagne Espagne Espagne Espagne 98 98 Irlande Irlande Irlande Irlande 95 96 Italie Italie Italie Italie 97 99 Luxembourg Luxembourg Luxembourg Luxembourg 98 99 Pays Pays Pays

Pays----BasBasBasBas 99 99

Portugal Portugal Portugal Portugal 82 84 Royaume Royaume Royaume

Royaume----UniUniUni Uni 99 100

Source : Portrait Social de l’Europe, Eurostat (1998).

Tableau 2 Tableau 2 Tableau 2

Tableau 2....5555 : évolu: évolu: évolu: évolution du taux d’équipement des ménages français en lavetion du taux d’équipement des ménages français en lavetion du taux d’équipement des ménages français en lavetion du taux d’équipement des ménages français en lave----linge et lavelinge et lavelinge et lavelinge et lave---- vaisselle (1965 vaisselle (1965 vaisselle (1965 vaisselle (1965----1997).1997).1997).1997). années années années années 19651965 19651965 1973197319731973 1981198119811981 19861986 19861986 19901990 19901990 1994 199419941994 19971997 19971997 20002000 20002000 Lave Lave Lave

Lave----lingelingelingelinge 41,2% 65,7% 81,1% 85,4% 86,1% 89,4% 90% 93,2%