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L’influence des déterminants sur les types d’aide alimentaire

CHAPITRE 4 : RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

4.2 Analyses secondaires

4.2.1 L’influence des déterminants sur les types d’aide alimentaire

Tableau 4.10 Résultats par rapport à l’influence des différents facteurs sur les types d’aide (1988-2012)

Aide d’urgence Aide par

programme

Aide par projet Aide totale Modèle gravitationnel Distance 0.4996** -0.7743* -1.2619*** -0.6373*** (0.1628) (0.3177) (0.1452) (0.1101) Population -0.1241** 0.2241 0.1901*** 0.0934** (0.0447) (0.1202) (0.0462) (0.0334) Besoins récipiendaires Calories -3.2357*** -2.2675* -0.0833 -1.9045*** (0.4401) (1.0388) (0.4583) (0.3339) PIB récipiendaire -0.4308*** -0.5218* -0.4157*** -0.3807*** (0.0798) (0.2153) (0.0866) (0.0627) Réfugiés 0.0564*** -0.0632** -0.0303** 0.0044 (0.0095) (0.0206) (0.0094) (0.0071) Catastrophes naturelles 0.0176* -0.0553** 0.0104 0.0068 (0.0088) (0.0199) (0.0083) (0.0064) Intérêts économiques Flux commerciaux 0.1636 *** 0.0498 0.0070 0.0692*** (0.0187) (0.0598) (0.0198) (0.0144) Production canadienne 0.5854 0.0879 0.0927 0.4992 (0.3962) (0.8486) (0.3378) (0.2740)

73 Ouverture récipiendaire -0.1516 -0.8142** -0.2407* -0.3316*** (0.1124) (0.2581) (0.1121) (0.0840) Intérêts politiques Affinités politiques -0.9454* 6.6401*** 0.6111 -0.1980 (0.4430) (1.4087) (0.5226) (0.3330) Commonwealth -0.3709** 1.0508*** 0.0697 0.0287 (0.1181) (0.2700) (0.1225) (0.0903) OIF -0.4756*** 0.4446 -0.1615 -0.2355** (0.1189) (0.2789) (0.1236) (0.0894) Alignement É-U 0.1664*** 0.2175*** 0.1107*** 0.1482*** (0.0143) (0.0422) (0.0129) (0.0096) Religion 0.0309 0.5053 -0.5931 0.4134 (0.3580) (0.8212) (0.4158) (0.2775) Gouvernance Droits civils et politiques 0.1028** -0.2595** -0.0009 0.0774** (0.0354) (0.0976) (0.0351) (0.0264) _cons 10.0446 26.1864 6.8818 9.7904 (8.1153) (17.2151) (7.2857) (5.6719) ln_r _cons 1.3725** -1.9870*** -0.0796 (0.4822) (0.1457) (0.1903) ln_s _cons 11.1681*** 0.2303 9.1045*** (0.6128) (0.8246) (0.3566) lndelta _cons 12.3127*** (0.3356) N 2855 2855 2855 2855 ll -6313.4041 -1551.1213 -7421.5281 -1.143e+04

Erreur-type entre parenthèses

* p < 0.05, ** p < 0.01, *** p < 0.001

Modèle gravitationnel

Les résultats par rapport aux variables découlant du modèle gravitationnel semblent confirmer ce que nous avons avancé précédemment. Les types d’aide projet et programme sont négativement corrélés à la distance entre le Canada et le pays récipiendaire. De l’autre

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côté, l’aide d’urgence est positivement liée à la distance. On en déduit donc que lorsqu’on a le temps de sélectionner le pays ciblé, on en choisit un géographiquement plus proche. Toutefois, si un pays est en situation d’urgence le Canada envoie de l’aide même si celui- ci est plus éloigné. La tendance semble être la même en ce qui concerne l’impact de la population. L’aide par projet cible les pays plus populeux, alors que les pays moins populeux reçoivent plus d’aide d’urgence.

Besoins des pays récipiendaires

Encore une fois, les principaux indicateurs des besoins des pays récipiendaires (Calories) et (PIB récipiendaire) engendrent des résultats négatifs et ce, peu importe le type d’aide utilisé. Cela renforce l’idée que le programme d’aide alimentaire canadien porte une attention particulière à ces besoins lorsqu’il décide d’allouer son aide. En ce qui concerne les calories disponibles pour la consommation, la variable est spécialement importante pour ce qui est de l’aide d’urgence. Le coefficient négatif élevé montre que les pays qui ont une faible quantité de nourriture disponible pour leur population reçoivent beaucoup plus d’aide d’urgence. Une augmentation de 1% des calories disponibles à la consommation mène à une diminution d’environ 3,2% de l’aide d’urgence reçue. À nouveau, ces résultats sont très encourageants d’un point de vue humanitaire.

En ce qui a trait aux variables (Réfugiés) et (Catastrophes naturelles), c’est sans surprise que l’on remarque que les résultats sont significatifs et positifs pour ce qui est de l’aide d’urgence. Les pays qui font face à ces situations de crise reçoivent donc davantage d’aide d’urgence. Les résultats montrent aussi que ces pays reçoivent moins d’aide par programme et par projet. Dans l’ensemble, ces résultats semblent confirmer l’idée d’efficacité présentée dans la section précédente. Les modes de distribution locaux et régionaux semblent aller de pair avec l’aide d’urgence pour répondre à des situations de crises comme les catastrophes naturelles et la présence de réfugiés.

75 Intérêts économiques du Canada

Les résultats de la variable (Flux commerciaux) sont assez surprenants. On aurait pu croire que les partenaires commerciaux allaient soigneusement être ciblés par les types d’aide prévus à l’avance. Cela ne semble pas être le cas puisque c’est l’aide d’urgence qui engendre un résultat significatif positif. Il a été mentionné dans l’analyse principale qu’il pouvait être préférable pour le Canada d’envoyer de l’aide par achat local plutôt que d’envoyer ses propres grains afin d’éviter d’inonder les marchés locaux et ainsi nuire au secteur agricole du partenaire commercial. Dans cette optique, il n’est pas aussi étonnant de voir que l’aide par programme, qui correspond presque uniquement à de l’aide par transfert direct, n’engendre pas de résultats significatifs. Ce qui est surprenant, c’est de constater que les flux commerciaux n’affectent pas l’allocation de l’aide par projet. Financer des projets d’agriculture ou de développement pour les partenaires commerciaux apparaît comme étant une idée intéressante. Comment peut-on expliquer que ce soit l’aide d’urgence qui soit positivement corrélée aux flux commerciaux? Une potentielle explication est qu’après avoir fait un test de covariance des variables explicatives, il a été possible de déterminer que la variable (Flux commerciaux) est positivement corrélée aux variables (Réfugiés) et (Catastrophes naturelles). Cela veut dire que les partenaires commerciaux du Canada semblent avoir été particulièrement touchés par des situations de crises pour la période à l’étude. Dans cette perspective, il est probable que le Canada s’empresse d’aider ses partenaires lorsqu’ils se retrouvent dans ces situations.

Dans un autre ordre d’idée, les résultats par rapport à la variable (Production

canadienne) confirment ce que nous avons noté lors de l’analyse principale. La production

du pays n’a pas non plus d’effet sur le type d’aide envoyé. Il est plutôt clair que ce facteur n’a plus d’influence sur le processus de décision du programme d’aide alimentaire canadien.

Finalement, les résultats pour (Ouverture récipiendaire) confirment les pistes d’explications proposées précédemment. Les types d’aide programme et projet sont négativement liés à l’ouverture du pays récipiendaire. Cette observation suit l’argument

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que le Canada pourrait viser des pays plus fermés dans le but de développer des nouveaux marchés.

Intérêts politiques du Canada

Les résultats les plus intéressants se retrouvent assurément au niveau des affinités politiques. Dans l’analyse principale, nous avons vu que les transferts directs étaient très positivement corrélés à ceux-ci, alors que c’était tout le contraire pour les achats locaux et triangulaires. Pour tenter d’expliquer cette tendance, nous avons mentionné que la subtilité se trouvait peut-être au niveau du type d’aide choisi plutôt que du mode de distribution. L’hypothèse était que les pays avec lesquels le Canada a historiquement partagé des valeurs et des affinités politiques allaient être davantage ciblés par les modes planifiés longtemps à l’avance telle l’aide par programme. Comme on peut le voir dans les résultats, c’est définitivement le cas. L’augmentation d’une unité de l’indice de similarité du vote à l’ONU25 mène à une augmentation d’environ 66% de l’aide par programme. L’aide

d’urgence, pour sa part, est négativement liée à l’affinité. Le pays ne semble donc pas trop regardant lorsqu’un pays récipiendaire est en situation précaire et a besoin d’aide rapidement.

Dans un même ordre d’idée, il est possible de remarquer que la même tendance ressort lorsque l’on jette un coup d’œil aux résultats concernant l’appartenance au Commonwealth. En effet, les pays qui en font partie reçoivent 105% plus d’aide par programme et 37% moins d’aide d’urgence que les pays non membres. Il parait donc possible d’avancer que l’influence des intérêts nationaux, principalement au niveau des intérêts politiques, se fait ressentir lorsque l’on observe l’aide envoyée par les types d’aide plus lents comme l’aide par programme. Cependant, ces intérêts n’empêchent pas de réagir de manière plus altruiste lorsqu’un pays fait face à une situation de crise et qu’il a besoin d’aide d’urgence.

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Pour conclure l’observation de cette catégorie, mentionnons rapidement que comme c’était le cas pour les modes de distribution, la religion du pays récipiendaire ne semble pas avoir d’incidence sur le type d’aide envoyée. La recherche ne peut donc pas vraiment appuyer l’argument que les facteurs religieux entrent en jeu lors du processus de décision d’allocation de l’aide alimentaire canadienne.

Gouvernance du pays récipiendaire

Finalement, les résultats pour la variable (Droits civils et politiques) continuent dans la même lancée que les variables d’intérêts politiques que nous venons d’observer. Il est important de se rappeler que l’indicateur pour cette variable est inversé. On s’attend donc à un signe négatif lorsque le Canada envoie davantage d’aide vers un pays démontrant une meilleure gouvernance. C’est le cas en ce qui concerne l’aide par programme. La raison pour laquelle les pays avec un moins bon respect des droits civils et politiques reçoivent plus d’aide canadienne totale est que ces pays reçoivent plus d’aide d’urgence. On remarque donc, encore une fois, que lorsque le Canada prend le temps de cibler les pays récipiendaire, avec son aide plus lente, il va choisir les pays respectant les droits de sa population. Toutefois, il ne sera pas aussi regardant lorsque viendra le temps d’allouer de l’aide d’urgence.

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